La série Yakuza, devenue Like A Dragon en occident depuis 2023, a connu un revirement depuis 2020 et son épisode Yakuza Like A Dragon. Elle quitte son gameplay en beat’em all pour s’orienter vers un RPG en tour par tour, et abandonnant son personnage principal, Kazuma Kiryu, pour Ichiban Kasuga. Un revirement surprenant mais non moins efficace qui a su conquérir le cœur des fans. En 2022, le studio Ryu Ga Gotoku (RGG) annonce, lors d’un premier Summit, 3 nouveaux jeux de la franchise: un remake du spin off Ishin (sorti en 2023), Like A Dragon Gaiden (lui aussi sorti en 2023) qui fait lien entre Yakuza 6 et Yakuza Like a Dragon ainsi que son prochain opus majeur: Like A Dragon Infinite Wealth, autrement dit Like A Dragon 8. Disponible depuis le 26 janvier 2024, Like A Dragon Infinite Wealth et son million de ventes ont-ils réussi à faire aussi bien que son prédécesseur? Voici mon test du jeu après 85h.

VersionNumérique sur PS5 fournie par l’éditeur
Temps de jeuEnviron 85h
Histoire terminéeOui
Complétion totaleNon communiquée, 70% des trophées débloqués
DifficultéUnique

Genre(s)Action, Aventure, RPG
Date de sortie26 janvier 2024
Prix (maximum conseillé)69€99
Plateforme(s)PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox One, Xbox Series et PC
VoixAnglais, Japonais
TextesFrançais, Anglais, Japonais, Italien, Allemand, Espagnol, Coréen, Chinois traditionnel et simplifié, Portugais, Russe

Quatre ans se sont écoulés depuis la Grande Dissolution (Yakuza Like A Dragon). Ichiban Kasuga, le héros de Yokohama, et ses acolytes ont pu reprendre une vie normale, loin de la vie de criminels. Mais alors que tout semble se passer pour le mieux, un événement vient briser leur rêve de tranquillité et de réinsertion à Ijincho. Ichiban est alors envoyé à Hawaï, pour y retrouver et rencontrer une femme, longtemps disparue des radars. Sur place, il tombe nez à nez avec un vieil ami, prêt à lui prêter main forte pour accomplir sa mission. Mais poissard un jour, poissard toujours, le voyage d’Ichiban est bien loin des vacances tant espérées.

Yakuza Like A Dragon avait mis la barre très haute quant à son scénario bien ficelé. Et il en a été de même pour Like A Dragon Gaiden, conçu à la base pour n’être qu’une extension, qui s’est avéré être un épisode tout particulièrement réussi dans son écriture, signant le retour de Kazuma Kiryu en tant que personnage principal. Like A Dragon Infinite Wealth, quant à lui, était attendu au tournant pour proposer un épisode digne de la série. Très vite, il laisse entrevoir, entre deux lignes de scénario, quelque chose de bien plus profond et poignant.

Alors que je regardais la scène de fin d’Infinite Wealth, je pouvais comprendre la déception de certains joueurs quant à son histoire. En effet, au fil des heures, l’écriture s’est révélée moins grandiose que les épisodes précédents. Et moi? Suis-je déçue? Pour être tout à fait franche, non. Parce que derrière son scénario de surface, Like A Dragon Infinite Wealth s’est révélé prendre une dimension plus profonde. Au delà de son histoire principale, le jeu cache quelque chose de plus percutant, d’autant plus pour les fans. Nous faisant passer par de nombreux états d’âme, ce nouvel épisode montre à quel point elle peut encore surprendre et à quel point le studio est prêt à prendre des risques. Car c’est indéniable, il a pris d’énormes risques, celui de pouvoir décevoir ses fans.

Du rire aux larmes, de la nostalgie à la mélancolie, de la joie à la tristesse, Infinite Wealth est loin d’être un jeu tendre pour ses joueurs. Plus brutal dans certaines scènes mais aussi dans certains de ses messages, il se révèle d’autant plus critique dans son scénario principal et ses thèmes, mais aussi particulièrement moral et juste au service de ses valeurs. Infinite Wealth n’est indéniablement pas un épisode commun de la saga. Si son scénario principal peut effectivement en décevoir plus d’un, on ne peut enlever au studio l’amour qu’il porte à sa licence et à ses personnages. Car en découle d’Infinite Wealth un véritable hommage à ses épisodes précédents, et une lettre d’amour à ses fans, avec des révélations brutales, des scènes émouvantes, et une dimension déchirante. Dans sa volonté de briser ses codes, Infinite Wealth n’en a pas oublié d’où il vient et ce pourquoi la licence est tant aimée.

On peut aisément lui regretter un rythme parfois moins effréné qu’à l’accoutumée. Pour autant, on sait aussi lui féliciter un timing quasi parfait quant à ses révélations. Elles arrivent au bon moment, au bon endroit, pour continuer de nous tenir en haleine jusqu’à sa toute fin. Like A Dragon Infinite Wealth n’en a pas oublié l’âme de la licence.

Comme évoqué précédemment, la saga a connu un véritable revirement dans son gameplay. Le 1er avril 2019, RGG a fait forte impression avec son poisson d’avril. Dans une vidéo publiée ce jour là, on y découvrait ce qui semblait être l’avenir de la licence: un nouveau protagoniste et un gameplay en tour par tour. Un poisson d’avril qui s’est avéré ne pas en être un et qui a permis à Yakuza Like A Dragon de voir le jour. Alors que le studio avait préféré conservé le beat’em all pour Gaiden, Infinite Wealth, lui, reprend donc les mécaniques de l’épisode principal précédent, mais en mieux.

Ce qui frappait quant au tour par tour de RGG, c’était sa volonté de vouloir garder le dynamisme du beat’em all. Pari réussi puisque la brutalité des combats s’est révélée à la hauteur de la tâche. Pour ce nouvel épisode, RGG a donc réitéré l’expérience tout en la peaufinant. En effet, la plus grosse nouveauté en matière de gameplay est ici la possibilité de déplacer les membres de notre équipe dans une petite zone circulaire. De cette façon, le jeu nous permet de contrôler notre angle d’attaque, permettant donc de diriger nos coups pour faire un maximum de dégâts à nos adversaires. On retrouve également le système de jobs, façon Hawaï, avec ses excentricités mais qui se révèle toujours aussi efficace.

Si tour par tour il est, il n’en est pas un conventionnel, statique, lui permettant de s’adresser à tous les types de joueurs. Son dynamisme dans ses déplacements et ses animations est irrévocable et irrémédiablement efficace. Pour ce qui est de notre binôme, Kazuma Kiryu, RGG lui a octroyé plusieurs styles de combat, à l’image de son gameplay original.

D’ailleurs, point de niveaux de difficulté ici, pas de mode facile, normal, légendaire. Ce qui peut faire peur quand on a fait Yakuza Like A Dragon et gouté à ses pics de difficultés. Mais là encore, RGG a su apprendre de ses erreurs et s’est franchement amélioré sur la gestion de la difficulté de cet épisode. En effet, je n’ai ressenti de réel besoin de farmer à outrance pour vaincre un boss par exemple. En tout cas, je me suis retrouvée naturellement à niveau pour les phases les plus à risque de me mettre des bâtons dans les roues.

De plus, il instaure un système d’amitié avec les membres de l’équipe, qu’ils soient nouveaux ou déjà connus. Un système qui se rapproche, histoire de faire un grossier raccourci, vraiment très grossier, aux « social links » de Persona, et qui, si bien exploité, s’avère particulièrement utile lors des combats en plus de proposer un approfondissement de leurs histoires respectives.

Mais la plus grosse nouveauté de ce Infinite Wealth, c’est évidemment son terrain de jeu. On quitte Kamurocho et Ijincho pour le sable blanc et les rues bondées de Hawaï. Un changement qui s’est avéré nécessaire au fil des années. Et qui dit changement de ville, dit également changement de taille. Car, c’est un fait, la carte est immense, en tout cas, pour un Like A Dragon. Et forcément, une grande carte, il faut la remplir avec son lot de contenu secondaire. Si le contenu annexe de la saga était déjà fort généreux, Like A Dragon Infinite Wealth l’est encore plus.

On retrouve donc des activités déjà bien connues, que ce soient les missions secondaires, écrites avec la patte totalement délirante du studio, ainsi que les éternels mini-jeux, des bornes d’arcades au karaoké. On retrouve les Sujimon, et le Sujidex du septième épisode, avec en prime la ligue qui va bien avec, une application de rencontres, ainsi que le donjon du jeu. Et il y a le fameux jeu de gestion: Dodonko Island, l’Animal Crossing à la façon RGG. Oui, Hawaï renferme un nombre incalculable d’activités annexes, en tous genres, pour notre plus grand plaisir mais aussi frustration. Si vous me connaissez un tant soit peu, vous savez que les cartes qui m’agressent les yeux, c’est pas du tout ma tasse de thé. Malgré tout, à ambition d’être plus grand, il faut ajouter un contenu proportionnel à la taille de notre terrain de jeu mais pas au détriment du reste.

Ce qui m’a frappé lors de mon aventure c’est l’affluence de vie qui règne à Hawaï. Chaque quartier est bondé et regorge de passants. Passants qui semblent vivre leur vie de leur côté. Et c’est franchement impressionnant à quel point RGG a tenu à faire vivre cette ville virtuelle. A quel point elle est réaliste, cohérente, et pleine de surprises. On pourra croiser un passant au coin d’une rue, et le retrouver à l’autre bout de la ville quelques heures plus tard (on peut facilement s’en rendre compte grâce à Aloha Links, encore une activité secondaire).

Et on en vient au point où l’on peut dire qu’Infinite Wealth est un jeu somptueux. Le Dragon Engine fait toujours des miracles, notamment en termes d’expressions faciales, mais aussi en matière de terrain de jeu. On lui regrette quelques petites inégalités, quelques petits détails qui font pâle figure ci et là mais rien qui ne peut entacher cet effet wow, cet émerveillement dès qu’on lance le jeu et qu’on se retrouve dans cette ville immense, bourrée de détails et de vie. La mise en scène et la photographie sont toujours aussi soignées et épiques, sans fausses notes. Couplées à une OST toujours aussi exceptionnelle et marquante.

Le casting fait toujours autant d’étincelles. Si les membres déjà connus sont toujours aussi attachants, les nouveaux acteurs qui viennent agrémenter l’aventure d’Infinite Wealth s’ajoutent à cette affiche avec brio, antagonistes ou non. Quant aux doublages, japonais un jour, japonais toujours pour ce qui est de Yakuza/Like A Dragon en ce qui me concerne, le duo Kazuhiro Nakaya (Ichiban Kasuga) et Takaya Kuroda (Kazuma Kiryu) règne en maitre sur cet épisode. Leurs acolytes ne sont pas en reste, et s’intègrent parfaitement à cette bromance, qui deviendra culte à mon sens.


Like A Dragon Infinite Wealth ne sera probablement l’épisode préféré de personne. Moi la première. Un scénario moins grandiose, rythmé parfois par quelques longueurs, mais qui pourtant n’en a pas perdu l’âme de la licence. Si l’histoire principale se veut moins percutante qu’à l’accoutumée, il n’en oublie pas pour autant d’être profondément critique, et de véhiculer certains messages, une morale et une profonde justesse dans ses propos. Un talent qui n’est pas donné à tout le monde, surtout quand on veut traiter des thèmes particulièrement forts. Infinite Wealth est un hommage à la licence et une lettre d’amour à ses joueurs, marquée par une seconde partie qui nous mettra dans tous nos états (si tant est que l’on explore un peu le contenu secondaire, ce qui devrait se faire naturellement). On lui accorde également la volonté de s’améliorer et d’évoluer. Cela se ressent dans le changement de ville et même de pays, ainsi que dans la direction de son système de combats et la gestion de sa difficulté. Infinite Wealth n’est pas parfait, loin de là. Là, où on pouvait peiner à trouver des défauts aux épisodes précédents, on en trouvera plus aisément à lui reprocher ici. Et pourtant, il reste malgré tout un jeu que j’ai profondément aimé, et respecté pour toutes ces fois où il m’en a mis plein la figure.

  • Un changement d’environnement nécessaire
  • Hawaï, une ville bondée et vivante…
  • Le duo Kasuga/Kiryu, la bromance qu’on imaginait pas
  • Le gameplay amélioré, insistant sur le dynamisme du beat’em all
  • Un véritable hommage à son passé
  • Les nouveaux personnages particulièrement bien intégrés
  • Le système d’amitié qui sert le gameplay
  • Les pics de difficultés de l’opus précédent effacés
  • Un jeu critique, moral et juste
  • Un scénario moins percutant
  • …Mais qui par sa taille implique un trop plein de contenu secondaire
  • Rythmé par quelques longueurs dispensables