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Il y a à peine plus d’un an, je découvrais Yakuza, culte pour certains, inaccessible pour d’autres, et pour moi, le début d’une histoire passionnelle avec une licence. Après Yakuza Zero et Kiwami, j’ai pris le risque de brûler les étapes et n’ai pas pu me résoudre à laisser cet ultime épisode de côté. Ce n’est plus un secret pour personne, si Yakuza 6 ne sera pas le dernier de la licence, il marque la fin de l’histoire du légendaire Kazuma Kiryu. A quelques jours de sa sortie, j’ai eu la chance d’y jouer, le savourer, le terminer pour pouvoir vous en parler.

Au risque d’en choquer plus d’un, Yakuza 6 est certainement le jeu que j’attendais le plus cette année, inutile de vous dire que son report d’un mois m’a peinée. Mais avec le recul, il en valait le coup. C’est avec une grande émotion que je souhaite remercier Koch Media France pour la confiance qu’ils m’accordent et leur soutien. Écrire sur Yakuza est extrêmement difficile pour moi, car il est allé à l’encontre de mes principes réfractaires à une quelconque non traduction française. Cet article sera bien évidemment sans spoiler. Le Dragon de Dojima a-t-il eu droit à une fin digne de lui?

1. Une histoire de famille

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L’histoire de Yakuza 6 débute en 2016, soit dix ans après les événements de Yakuza Kiwami (Yakuza premier du nom sur PS2). A sa énième sortie de prison, Kiryu-San court retrouver le foyer de son enfance à Okinawa où il y découvre la disparition de sa protégée, Haruka. Bien décidé à la retrouver, il retourne à Tokyo et met le quartier de Kamurocho sans dessus dessous jusqu’à ce qu’il apprenne l’hospitalisation de cette dernière suite à un grave accident de voiture. Mais il était loin d’imaginer que 3 ans d’absence auraient suffit à tout faire basculer dans la vie de la jeune femme. Avec l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille sous son aile, Kazuma Kiryu est bien décidé a connaître la vérité sur ce qui a mené sa fille adoptive entre la vie et la mort. Ses recherches le mènent à Onomichi, une ville non loin d’Hiroshima, où il va découvrir que la guerre mafieuse qui fait rage est bien plus dangereuse qu’elle n’y parait.

Une nouvelle fois, la licence a mis les petits plats dans les grands pour nous offrir une expérience scénaristique unique qui dépasse tous les entendements. Bien que je commence à être habituée à être surprise quant à la qualité narrative de Yakuza, j’ai une nouvelle fois été subjuguée par cette passion qui gravite autour de lui. Une passion qui casse tous les préjugés que l’on peut avoir envers ces vieilles licences qui peuvent avoir tendance à se perdre en chemin. Rappelons le, Yakuza a vu le jour en 2005 (2006 chez nous) et raconte depuis l’histoire d’un seul et même personnage. Yakuza, c’est sept épisodes numérotés autour de Kazuma Kiryu, et jusqu’à son dernier souffle le scénario ne perd jamais en route l’intensité de ses thèmes. Famille, fraternité, rage, tradition, c’est tout un vocabulaire à forte connotation d’union, de groupe soudé qui est mis au centre de cet épisode qui réussit avec brio à créer et défaire des liens avec une facilité étonnante.

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Si vous êtes comme moi encore un novice dans la découverte de la franchise, j’aimerai mettre un petit point au clair. Après quelques minutes de jeu, j’ai eu peur, peur de ne pas comprendre, peur d’avoir sauté trop d’étapes. Passer du début à la fin sans faire l’entre deux était risqué. Mais c’est là que tout le talent narratif de Yakuza montre qu’il n’a plus rien à prouver. Certains visages vous seront étrangers, certains faits également, et pourtant la compréhension de la globalité du jeu coule de source et l’écriture ne manque pas de nous faire quelques piqûres de rappel au travers de quelques flash-back pour nous en faire manquer le moins possible.

Ryu Ga Gotoku c’est une intensité de scénarios, c’est acquis. Mais sans la présence de personnages à leur hauteur, la série n’aurait sans doute pas la même place dans le cœur de ses joueurs. Autour de ces histoires gravitent une multitude de personnalités toutes plus fortes les unes que les autres, des charismes impressionnants auxquels on s’attache plus qu’on ne pourrait l’imaginer créant presque une certaine intimité entre le joueurs et ce casting de choix. Ajoutez à cela une ambiance qui lui est propre et des mises en scène quasi cinématographiques, d’une profondeur rare. Et c’est tout ça qui fait vivre la licence et particulièrement ce Yakuza 6 qui ne manque pas de nous faire réagir par la puissance de certaines scènes. Des rires aux larmes (oui, oui), c’est toute une ribambelle d’émotions que traversent le joueur. Et non de non, une fin! Une vraie qui raconte, qui explique, et qui achève le jeu comme il le mérite. Avec classe. Mais qui malheureusement arrive bien trop vite. Il faut compter une vingtaine d’heures en ligne droite pour avoir le fin mot de l’histoire et voir disparaître peu à peu toute une ère.

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2. L’aboutissement de toute une vie

La communication autour de Yakuza 6 de la part de Sega a énormément parlé du fait que ce dernier épisode autour du Dragon de Dojima serait le plus abouti de la saga. Promesse tenue? Inutile de creuser pour que les nouveautés apportées au titre sautent aux yeux. Qu’elles soient graphiques, techniques, que ce soit une jouabilité presque entièrement retravaillée, ou les nouvelles activités annexes, la licence dévoile clairement une évolution énorme en raccord avec son temps. Même Yakuza Zero semble être à des millénaires malgré une petite année d’écart. Voyons cela ensemble.

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Contrairement à l’épisode Zero, la première particularité de Yakuza 6 réside dans son développement exclusif à la nouvelle génération Playstation. Pas de doublon avec la Playstation 3, c’est ainsi que le Dragon Engine fait une entrée fracassante et montre ce qu’il a dans le ventre. Yakuza n’a jamais été aussi beau et finement détaillé. De Tokyo à Hiroshima, nous découvrons deux mondes opposés, brûlants de réalisme à quelques défauts techniques anodins près (léger aliasing et clipping sur des plans lointains). Mais au delà de la beauté purement physique donnée à ces deux villes si différentes, Sega leur a insufflé une véritable âme vivante. Passages automobiles fréquents, foules piétonnes dans les rues, activités en tout genre, et j’en oublie certainement.

Je vous parlais de l’importance donnée aux différents personnages qui fait vivre la licence. L’impressionnant pouvoir du Dragon Engine les sublime d’autant plus par les détails qui leurs sont apportés. Grain de peau, expressions faciales, larmes, gouttelettes de sang ou de sueur. Il n’y a que très peu de jeux où je passais plusieurs minutes à analyser l’expression des yeux des personnages, celui m’ayant le plus marqué à l’époque étant L.A. Noire. Plus loin encore, j’ai trouvé la synchronisation labiale nettement plus aboutie et en harmonie avec les voix.

Mais la qualité de ce septième épisode ne s’arrête pas au simple fait d’être incroyablement beau. Dès les premières phases de gameplay, impossible de ne pas voir que tout ou presque à changé. On oublie les différents modes de combats, on ne choisit plus le style, tout a été regroupé dans un seul et même Heat Mode dont l’arbre de compétences scindé en différentes listes et à des codes couleurs familiers, nous permettra de gagner en puissance et choix d’actions.

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Je l’avoue, j’ai été surprise de ce choix. Allait-il dénaturer le jeu? Absolument pas, bien au contraire. N’abandonnant pas pour autant son identité, Yakuza 6 dévoile des déplacements moins rigides et des combats presque chorégraphiés, permettant ainsi de mieux profiter visuellement de nos coups dans les dents et la fluidité des actions.

3. Activités WTF? Oui, mais pas que

Là où Yakuza (quelque épisode que ce soit) peut ne pas toujours plaire c’est du côté de ses diverses activités et quêtes annexes complètement décalées et totalement facultatives mais qui ont le mérite de donner le sourire. Ainsi vous pouvez vous adonner à quelques soirées Karaoké, vous octroyer un peu de bon temps dans des bars olé olé, ou encore faire resurgir un peu de nostalgie dans les salles d’arcades rétro. Mais surtout méfiez vous en vous baladant en ville, vous risquez de croiser certains spécimens bizarroïdes vous demandant de leur rendre quelques services inattendus qui attisent la curiosité. Mais il y a des heures pour s’amuser et d’autres pour combattre le crime et sauver la ville de ses malfrats et fauteurs de troubles. Yakuza 6 renouvelle son contenu pour proposer de nouvelles activités sympathiques.

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La première, Troublr, une application installée sur votre smartphone qui vous permet de recevoir en temps réel les messages d’internautes virtuels vous demandant de vous occuper des troubles fêtes de la ville ou de venir en aide aux citoyens en danger. Et vu que toute occasion est bonne pour obtenir un peu de points d’expériences et étoffer votre arbre de compétences, le peu de temps qui vous est demandé pour accomplir ces petites missions ne vous fera pas perdre le fil de vos occupations.

La deuxième et plus importante: le Kiryu Clan. Formé dans le but de faire taire le groupe JUSTIS et les Six Lunatics qui imposent leurs lois dans les rues de Tokyo et Onomichi, Kiryu y prend la place de leader antagoniste menant un groupe de combattants recrutés dans la rue. Prenant une forme plus stratégique, vous gérez, déployez et améliorez des unités pour affronter les lieutenants du clan JUSTIS. Disponible en mode hors ligne ou en ligne, ce nouveau mode ravit les joueurs friands de tactique.

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Le moment fatidique est arrivé, celui où je vous dévoile haut et fort avec un peu de retenue mon amour pour cet épisode. Le plus abouti, le plus beau, mais aussi le plus poignant (de ceux que j’ai fait). Je n’ignore pas cette éternelle barrière de la langue qui freine net ces joueurs qui rêvent de voir un jour un semblant de sous-titres localisés. Fainéantise? A en voir la qualité du jeu, je pense que c’est plus la peur du risque et la peur des joueurs. Malheureusement, si son plus énorme défaut peut être qualifié de honteux, Yakuza fait partie des rares jeux qui transmettent des messages forts, et propose des scénarios de qualité et une réalisation qui prend aux tripes.