Neuf ans après avoir clôturé la trilogie Batman Arkham avec Batman Arkham Knight, Rocksteady est (enfin) de retour. Après le démenti de la rumeur sur le jeu solo des aventures de Superman, il aura fallu attendre 2020 pour voir enfin l’officialisation du projet du studio : Suicide Squad Kill The Justice League. Bien des déboires et des reports plus tard, il est enfin là, prêt à dégommer du super héros par paquet de douze. Maintenant le jeu terminé et après exploré un chouïa son endgame, voici donc mon test du dernier né du studio.

Avant de lire ce test, je vous propose de vous (re)plonger dans mes 2 articles sur Suicide Squad Kill The Justice : la preview ici et le dossier .

VersionNumérique sur PS5 fournie par l’éditeur
Temps de jeuEnviron 27h
Histoire terminéeOui
Complétion totaleNon communiquée, 52% des trophées débloqués
DifficultéFacile/Normale

Genre(s)Action, TPS
Date de sortie2 février 2024
Prix (maximum conseillé)79€99
Plateforme(s)PlayStation 5, Xbox Series et PC
VoixAllemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Portugais
TextesAllemand, Anglais, Arabe, Chinois simplifié et traditionnel, Coréen, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Polonais, Portugais

Si vous ne connaissez toujours pas le pitch scénaristique de départ de ce Suicide Squad Kill The Justice League (SSKTJL), laissez moi vous l’expliquer. Situé dans l’Arkham-verse, nous sommes 5 ans après la triste fin de Batman Arkham Knight. Bruce Wayne, afin d’endiguer une bonne fois pour toute la menace qui planait sur Gotham tente un dernier coup de poker qui fonctionne. Suite à ça, il accepte la proposition de Superman et rejoindra la Justice League composée de Flash, Green Lantern, Wonder Woman, Superman (et donc Batman). Il n’est stipulé à aucun moment contre quels adversaires la JL a fait face durant toutes ces années, mais ce qui nous intéresse, ce sont les évènements qui lancent l’intrigue de SSKTJL. A la suite de l’invasion de Brainiac, ce dernier se retrouve à faire face à la Justice League et remporte son combat (contre toute attente) et transforme (presque) tous ses ennemis en garde du corps de luxe. La situation est devenue critique, à tel point que la résistance se crée mais ne peut faire face à cette Justice League contrôlée mentalement par Brainiac. C’est ainsi qu’une certaine Amanda Waller active donc la Task Force X et va chercher ce qui lui reste sous la main pour mener son dernier combat. King Shark, Harley Quinn, Captain Boomerang et Deadshot sont donc « conviés » aux réjouissances et sont envoyés derrière les lignes ennemies : Metropolis. S’en suivra un combat féroce pour la survie de la planète entière. Pour plus de détails, je vous invite à aller lire ma preview et mon dossier sur le sujet, afin d’avoir un complément d’informations.

Après avoir vu le générique de fin, j’ai trouvé que le scénario et son écriture étaient tous deux d’excellentes surprises. L’histoire, qui se passe donc 5 ans après les évènements de BAK (Batman Arkham Knight) n’oublie donc pas son lourd héritage et sème ici et là pas mal de références à la trilogie Arkham. Comme en témoigne l’utilisation discrète mais très efficace du fameux main theme de Arkham Asylum au tout début de l’aventure. Si le titre du jeu est assez équivoque, ne vous attendez pas non plus à un rapport de force unilatéral entre la Suicide Squad et la JL puisque le ou les scénaristes ont conscience de l’écrasante puissance de l’un sur l’autre groupe et le récit se relancera plusieurs fois sur la question de savoir avec quel procédé le groupe de Waller pourra aller se confronter contre un des membres de la JL, procédé scénaristique du McGuffin en puissance, qui sera donc utilisé plus d’une fois au cours du récit mais aussi dans le endgame (dont je parlerai plus tard).

Ce sera donc l’occasion pour Argus et la Suicide Squad de se constituer un petit groupe de soutien logistique qui fournira moultes équipements au groupe dont il faudra augmenter la puissance au cours de missions de soutien très intéressantes et lucratives à réaliser. Si parfois, certains passages du scénario m’ont fait tiquer (l’apparition d’un certain personnage normalement disparu dans Arkham Knight) ou encore un détail bien précis concernant un des membres de la JL, j’ai trouvé que la justification scénaristique du premier tenait particulièrement bien la route. Bon nombre d’éléments troublants du scénario restent encore à élucider et je trouve, qu’en tant que fan assidu de DC (Batman V Superman à jamais dans mon cœur), le scénario de ce SSKTJL tient vraiment la route et surtout la dragée haute (toute proportion gardée) à la trilogie Batman Arkham. Toutefois, on ne peut pas vraiment se lancer dans la comparaison. Je finirais par évoquer un certain Injustice 2 qui avait à peu près le même scénario avec la présence de Brainiac et qui lui aussi peut se targuer d’avoir une histoire cohérente avec les mêmes éléments de scénario.

J’ai donc réellement passé un bon et agréable moment manette en main devant ce scénario bien écrit, à la narration classique et efficace et qui m’a fait réfléchir plusieurs fois durant l’aventure et même lors de son endgame.

Les personnages sont tous hauts en couleurs et sont tous dans leur rôle, mention spéciale à Harley Quinn et King Shark, dont j’ai vraiment apprécié leur humour un peu borderline… A noter que le scénario m’a fait passer par toutes les émotions, que ce soit le (sou)rire, la joie (après un certain combat de boss, j’ai ressenti une certaine fierté, j’admets) mais aussi beaucoup de tristesse à un passage bien particulier (sans rentrer dans les détails). Un passage qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. En ce qui me concerne, je trouve le trouve à la hauteur de son héritage mais aussi des enjeux qui se jouent au premier plan ainsi qu’au second plan. N’oublions pas que pas mal de zones d’ombres du scénario sont encore à élucider, par nous-mêmes, ou dans les saisons à venir.

Du côté du gameplay, SSKTJL est un TPS (jeu de tir à la troisième personne) et vous propose 4 façons de jouer totalement différentes pour chacun des personnages jouables mais reposant sur un même socle de gameplay. Par exemple, si la façon de vous déplacer reste la même pour chacun des membres de l’escouade, la façon que vous aurez de vous battre en l’incarnant sera différente. Deadshot étant le sniper du groupe, fera office de soutien en retrait alors que King Shark est la brute par excellence. De mon côté, j’ai joué du début jusqu’à la fin avec ce bon vieux Nanaue, au combo fusil à pompe/arme lourde (sulfateuse) et j’ai vraiment adoré le gameplay de ce dernier. La possibilité de rentrer dans le tas à chaque baston se révèle être un excellent défouloir, qui nous amuse comme des petits fous, surtout après une dure journée de travail. A l’heure où j’écris ce test, étant donné que mon King Shark est au niveau maximum, j’ai décidé que j’allais monter de niveaux Deadshot, puisqu’il faut savoir deux choses (en solo, en tout cas). La première, vous avez accès à tout moment aux membres de votre escouade sans aucune contrepartie. La seconde, vous pouvez gagner de l’expérience à longueur de temps, sans être obligés de refaire la campagne principale. Une décision plutôt judicieuse à mon sens, si on se permet la comparaison avec d’autres jeu du genre (The Division, Destiny) qui nous demandent de tout refaire si on veut avoir plusieurs personnages à niveau.

Néanmoins, si le gameplay est particulièrement grisant manette en main, une fonctionnalité fait plouf: les arbres de compétences. Chaque personnage en possède 3, puissance de feu, défense, et spécialité. Jusque là vous me suivez, rien de neuf sous le soleil (de Métropolis). Malheureusement, le studio a décidé de ne pas nous laisser la liberté d’étoffer ces arbres à notre guise. En d’autres termes, à chaque prise de niveau, il nous impose de déverrouiller un point de compétence dans un arbre précis. En résulte un personnage très équilibré, certes, mais qui peut manquer d’un peu de folie.

Un mot sur les objectifs de missions exigés par le jeu, sachez que même si le studio a essayé du mieux qu’il pouvait de les rendre le moins répétitif possible, on arrive hélas à une boucle d’objectifs à réaliser qui se veut redondante. Entre les défenses de base(s), les sauvetages d’innocents à accomplir pour les ramener à bon port, les bases ennemies situées sur les toits à conquérir et j’en passe volontairement, il n’y a que dans la manière d’accomplir les objectifs qui diffère d’une mission à une autre. Afin d’accomplir un objectif, le jeu vous demande de tuer vos ennemis d’une façon bien précise (par exemple, pour tuer vos ennemis, seules les grenades peuvent être utilisées, seul un tir critique peut faire des dégâts et ainsi de suite), ce qui m’a offert des moments assez mémorables parfois et a donc influé sur mon plaisir de jeu sans me lasser une seule minute. Je finirais par évoquer les combats de boss, que j’ai trouvé vraiment dantesque et spectaculaire.

Graphiquement, ce SSKTJL, développé à partir de l’Unreal Engine 4 nous offre des visages absolument magnifique (mention à Wonder Woman, Superman, Batman ainsi qu’à notre Suicide Squad cela va de soi) mais aussi une Metropolis, pourtant ravagée par Brainiac, vraiment belle, balayée par un soleil chaud ou une pluie diluvienne, que ce soit en plein jour ou dans une nuit sombre. J’aurais aimé un mode photo, puisque certains panoramas cassent la rétine (la tour du Daily Planet par exemple), si vraiment je veux être tatillon.

Du côté de la technique, je n’ai eu aucun souci, mis à part un fort ralentissement (quand on est en 60 FPS constant) lors d’un combat de boss. De plus, bien que cela soit en adéquation avec le genre, la connexion obligatoire reste une fonctionnalité dispensable, surtout quand on ne joue qu’en solo. Je me suis heurté à une maintenance des serveurs, m’empêchant donc de faire mes quelques kills hebdomadaires. Non pas que ça ait une incidence sur mon avis mais je tiens à être le plus franc possible dans mon test, une marque de fabrique à laquelle je tiens particulièrement.

Mention honorable quant au doublage français du jeu, puisque ce dernier fait des merveilles. Si, de prime abord, entendre la voix de Donald Reignoux dans le rôle de Lex Luthor surprend un peu (surtout quand on est infichu de se rendre compte de suite qu’il est aussi sa VF dans BvS*), son interprétation ainsi que son investissement fait que j’ai fini par m’y habitué (alors que j’y étais déjà habitué depuis BvS*), même son de cloche pour Valérie Siclay et son jeu dans la peau de Harley Quinn. Son investissement est tel qu’on pourrait la confondre avec Dorothée Pousséo (VF de Margot Robbie, et exceptionnelle en Harley). Le reste du casting de doublage français n’est pas en reste et nous offre un grand moment. Mention spéciale à Maïk Darah (voix iconique de Whoopi Goldberg) dans le rôle de notre chère Amanda Waller (même au cinéma), toujours aussi convaincante.

Quant à la bande son du titre, si l’utilisation du main theme de Batman Arkham Asylum est à saluer, le reste de la bande son nous offre tantôt des morceaux qui collent parfaitement à la situation mais aussi des titres très rock qui achèvent le moment pour le rendre parfaitement épique. J’aurais tout de même apprécié un vrai main theme comme a su le faire le studio par le passé pour par exemple son Batman Arkham City dont le thème principal résonne encore dans un petit coin de mon cœur.

Un mot sur le endgame. Une fois le générique de fin passé, SSKTJL n’est pas finit et la lutte contre les forces de Brainiac se poursuit. Là encore, je n’entrerais pas dans les détails, mais sachez que vous devrez, en attendant la première saison qui arrivera vite, vous lancer dans le farm d’une ressource précise afin d’accomplir les missions les plus intéressantes pour obtenir de l’équipement infâme (soit l’équipement le plus puissant du jeu) afin de vous monter le build le plus puissant possible. De mon côté, si je dois mettre le jeu de coté pour cause d’impératifs, je sais que j’y retournerais quand j’aurais du temps libre avec un immense plaisir et j’ai vraiment hâte de voir ce que le studio nous concocte pour sa première saison.

De ce fait, je veux supporter du mieux possible ce SSKTJL puisque j’ai vraiment aimé ce à quoi j’ai joué durant environ 27 heures. A la question de savoir si je vais néanmoins m’y investir comme j’ai pu le faire avec The Division 2, je vous répondrais que je ne sais pas quoi vous répondre. La problématique n’étant pas la qualité du jeu en lui même mais bien de trouver du temps à lui consacrer entre mon travail, et mon temps libre utilisé pour écrire des tests d’autres jeux. Mais j’aime profondément ce SSKTJL, tout comme j’aime la trilogie Batman Arkham. C’est certes différent entre les 4 jeux mais pouvoir incarner des personnages qui, d’ordinaire, sont en face de nous et que nous devons les combattre change un peu des habitudes et le fait de pouvoir entrer dans la peau de Harley ou de King Shark, finalement c’est vachement cool en fait !

*note de la rédactrice en cheffe


Je vous le dit très sincèrement, même si le dernier né de Rocksteady n’est pas aussi solide que je l’aurais espéré, il n’est pas non plus aussi mauvais qu’on voulait bien nous faire croire. Oui, c’est très différent des habitudes du studio mais son expertise dans l’écriture de ses productions est toujours présente, et la partie gameplay n’est pas en reste. Ce SSKTJL m’a offert 27 merveilleuses heures, entre un scénario que j’ai dévoré, tel un requin au large de l’Afrique du Sud et un gameplay aux petits oignons qui m’a bien défoulé tel un tireur à la fête foraine. S’il n’est pas dénué de défauts, il est clair que Suicide Squad fait partie de ces jeux dont je n’espérais rien (avant de toucher à son alpha) et qui pourtant m’a fait forte impression à l’arrivée. A peine ce test rédigé que je n’ai qu’une hâte, c’est d’y retourner, signe que le jeu me laisse avec une forte envie de le poursuivre sans cesse. J’ai envie de supporter du mieux possible le studio lors du lancement de sa première saison et je sais que je relancerais fréquemment Suicide Squad avec la forte envie d’en découdre avec Brainiac et ses sbires. De quoi se requinquer après une grosse journée de travail, ce SSKTJL est devenu mon jeu de chevet par excellence, un titre que je cherchais depuis un petit moment maintenant.

  • Un scénario captivant
  • Une narration classique mais particulièrement efficace
  • Des personnages hauts en couleurs et marquants
  • Un rapport de force qui nous met constamment dans le doute
  • Métropolis, cohérente quant au dessin animé Superman
  • Une conclusion de l’Arkham-verse touchante
  • La durée de vie honorable
  • La VF époustouflante
  • Le main theme de Batman Arkham Asylum
  • Pas de mode photo (ça aurait été un vrai plus)
  • Les collectibles au goût de déjà-vu
  • La répétitivité des activités, trop peu de variété
  • Le déblocage des compétences imposé
Le studio n’a pas manqué de rendre un dernier hommage à Kevin Conroy, voix originale iconique de Batman. Foutue poussière dans l’œil.