Le 22 février 2014, le Japon accueillait enfin la PlayStation 4 dans ses rayons, avec en prime dans son line-up, Yakuza Ishin (également disponible sur PS3 à l’époque). Jusqu’alors, ce spin-off à la saga principale Yakuza n’a jamais été exporté en Occident, jusqu’à ce que le studio Ryu Ga Gotoku et PlayStation s’allient pour annoncer, le 14 septembre dernier lors d’un State of Play, Like A Dragon Ishin Kiwami. Les fans occidentaux ont enfin eu droit à leur annonce coup de cœur: un remake du jeu sorti 8 ans auparavant exclusivement au Japon et… traduit dans plusieurs langues, dont le français. Ce n’est que quelques mois plus tard, le 21 février 2023, que Like A Dragon Ishin s’est vu enfin être disponible chez nous, sur PS4/5, Xbox One/Series et PC. Et vous savez tous pertinemment que je serai obligatoirement au rendez-vous!

Après 29h de temps de jeu, histoire terminée, une trentaine de quêtes annexes bouclées, Like A Dragon Ishin s’achevait devant mes yeux, pleins d’émotion. Et une fois n’est pas coutume, après vous avoir livré mes avis sur tous les jeux Yakuza sortis depuis Yakuza 0 en 2017, voici donc venir celui sur ce spin-off qu’on n’espérait plus voir arriver chez nous. Like A Dragon Ishin, un spin-off dans la lignée de la saga principale?

Cet avis est rédigé à partir d’une version physique PS5 commerciale fournie par Plaion France, que je remercie pour leur confiance et leur gentillesse, une fois de plus.

1868, période du shogunat Tokugawa, ou Bakumatsu, Tosa. Nous faisons la connaissance de Ryoma Sakamoto (sous les traits de Kazuma Kiryu) dont la vie va basculer en un claquement de doigt. Il voit son mentor et père adoptif se faire assassiner sous ses yeux, impuissant. Accusé à tort, et emprisonné, à sa remise en liberté il décide donc de quitter sa ville natale pour rejoindre Kyo (aujourd’hui Kyoto), afin de démasquer (au sens propre comme au figuré) le meurtrier et venger son père. Ses recherches le mènent au Shinsen-Gumi, une faction de guerriers d’élites, dont la particularité est de manier le sabre avec un technique bien spéciale, celle qui fut utilisée contre feu son maitre. Sous un faux nom, Ryoma infiltre donc le Shinsen-Gumi afin de connaitre la vérité. Mais son histoire ne s’arrêtera pas là…

Si le récit de Like A Dragon Ishin est purement fictionnel, il en ressort également des enjeux politiques et historiques liés à la fin de l’ère Edo. Mais Like A Dragon (anciennement appelé en occident Yakuza) ne serait pas la licence que l’on connait aujourd’hui sans ses rebondissements en tout genre et sa narration épique. Et ce spin-off au temps des samouraïs n’en est pas dénué. Ainsi, Like A Dragon Ishin s’arme de tous les codes habituels des épisodes modernes, du scénario passionnant, à l’écriture fabuleuse en passant par les nombreuses révélations qui seront faites au cours des 14 chapitres qui forment l’histoire. Les thèmes abordés rappelleront dans une certaine mesure un certain Ghost Of Tsushima, et comme dans les habitudes du studio, avec une justesse et une écriture sans pareil. Du Yakuza, aujourd’hui Like A Dragon, pur et dur comme on les aime.

Mais l’une des particularités de ce spin-off, au delà de son époque, c’est son casting. Je vous parlais de Ryoma Sakamoto dont les traits sont ceux de Kazuma Kiryu, mais ce n’est pas le seul personnage à avoir un visage familier. En effet, on retrouve énormément de visages iconiques de la saga principale dont par exemple celui de Goro Majima, pour ne citer que lui. Et ce remake a fait en sorte d’intégrer des visages qui n’étaient alors pas encore connu en 2014, intégrant donc ceux de Yakuza 0, Yakuza 6 et Yakuza Like A Dragon. Au delà du fan service indéniable lié à ces personnages que l’on a aimé et que l’on aime encore aujourd’hui, ce casting donne une tout autre dimension, bien plus profonde qui va bien plus loin que de simples clins d’œil à la saga.

En termes de gameplay, on retrouve le genre beat’em all qui à l’époque de la sortie initiale du titre en 2014 n’avait pas encore été remplacé par le RPG en tour par tour. On retrouve ici toute la bestialité des coups de notre protagoniste à la différence prêt que le style de combat « Bagarreur » (à mains nues) n’est pas celui préconisé par le jeu et est presque anecdotique. En effet, comme à l’accoutumée, ce sont 4 styles de combats qui nous sont proposés: le Bretteur, armé d’un sabre, le Tireur dont l’arme de prédilection est un revolver, le Bagarreur qui n’a besoin de rien d’autre que de ses poings, et le Danseur Endiablé qui allie combat au corps à corps et à distance. En résulte des styles variés, aux attributs divers, mais dont le dynamisme ne fait aucun doute et qu’il faut faire évoluer grâce aux orbes à débloquer et à placer dans 4 arbres de compétences bien distincts.

A ce gameplay plutôt classique pour la licence, se mêle les fameuses cartes de soldats. A chaque style on attribue son lot de compétences spéciales (du soin, au lancement de boules de feu, par exemple) qui peuvent se déclencher pendant les combats pour nous sortir d’une mauvaise passe ou tout simplement donner une toute autre dimension aux affrontements. Et si Sega avaient annoncé la présence de Kenny Omega ou encore Rahul Kohli dans les cartes de généraux, ce système cache un casting bien plus dense et bien plus surprenant qu’on ne l’imagine.

Mais les cartes ne sont pas la seule façon pour Like A Dragon Ishin de se démarquer de la saga principale. En effet, une dimension RPG montre le bout de son nez avec un système de loot avec un code couleur de rareté, et un système de craft. Le premier permet d’obtenir différents objets, armes, équipements, mais également matériaux qui serviront pour le deuxième. En effet, Ryoma a la possibilité de fabriquer et améliorer ses armes et équipements. Si la première possibilité se veut plutôt simple d’accès, la deuxième quant à elle demande un peu plus d’investissement dans le contenu secondaire, et notamment son arène et les donjons. Car une arme spéciale se doit d’être fabriquée avec des matériaux spéciaux. Et cet aspect du jeu peut s’avérer particulièrement chronophage.

Mais la saga ne serait pas ce qu’elle est sans contenu gargantuesque. Au programme, en supplément de son scénario d’une vingtaine d’heures environ, Like A Dragon Ishin nous propose un contenu secondaire pantagruélique. Les éternelles histoires secondaires, qui permettent de changer un peu du ton dramatique du scénario, le Karaoké, la piste de danse, les donjons, l’arène, mais également la ferme, dont la très jeune propriétaire ne nous est clairement pas inconnue, bref Kyo regorge d’activités en tous genres et en très grande quantité.

De son nom complet Like A Dragon Ishin Kiwami est, à l’instar de Yakuza Kiwami et Yakuza Kiwami 2, un remake. Un remake d’un jeu PS4 sur PS4 (et PS5), c’est on ne peut plus original me direz vous. Le première grosse nouveauté de ce remake est sans nul doute, ses diverses localisations dont le français. S’il faut saluer et encourager cette pratique, celle ici présente est malheureusement loin de la qualité de celle des Judgment par exemple ou de Yakuza Like A Dragon. De nombreuses coquilles sont en effet présentes dans les sous-titres, telles que fautes d’orthographe mais également soucis de traductions ou emplacements de mots inappropriés (je n’ai malheureusement pas eu les réflexes nécessaires pour en capturer des exemples). Néanmoins, on apprécie le langage un peu cru mais bien dosé qui donnent une certaine modernité au titre.

L’autre nouveauté également déjà mentionnée: la présence de personnages, ou du moins leurs traits, qui n’existaient pas encore à la sortie du titre en 2014. Ainsi, on retrouve des visages connus des 3 opus sortis ultérieurement que sont Yakuza 0, Yakuza 6 et Yakuza Like A Dragon.

Mais à la surprise générale, ce n’est pas le moteur « Dragon Engine » qui a été utilisé pour cette mouture. En effet, c’est l’Unreal Engine 4 qui a été mis à l’honneur. S’il est visuellement a couper le souffle en matière d’expressions faciales et d’environnements (le Kyo du XIXe siècle est somptueux), il reste légèrement en deçà de la qualité d’un Lost Judgment ou d’un Yakuza Like A Dragon, pour ne citer que les plus récents. Autre aspect qui m’a stupéfaite: la présence de quelques bugs. Rien de bien méchant mais ce n’est pas dans les habitudes de la série de voir les pieds des personnages quitter le sol, par exemple. Il est d’ailleurs plutôt rare pour la saga de voir plusieurs patch débarquer après la sortie du jeu.

Pour ce qui est de son terrain de jeu, Kyo est particulièrement dépaysante quand on a connu l’entièreté de l’ère Kiryu et Kamurocho. On y apprécie le contexte d’époque, ses infrastructures, ses rues, ses marchands, et ses passants. On regrette uniquement la présence de quelques temps de chargement entre certaines zones, certes particulièrement courts sur PS5 mais dont les zones qu’ils séparent sont énormément utilisées pendant le scénario (je pense notamment à celui qui nous mène au QG du Shinsen-Gumi où nous allons très souvent).

Je ne remercierai jamais assez le studio et Sega d’avoir décidé d’exporter Like A Dragon Ishin 8 ans après sa sortie au Japon. Son contexte historique, son gameplay, son scénario, son écriture, ses personnages, ce spin-off se dévoile être un incontournable dans la saga principale aussi exceptionnel que ses prédécesseurs. Malgré il présente bien plus de faiblesses qu’à l’accoutumée. Si on remercie la présence d’une localisation française, on déplore toutefois de nombreuses coquilles. Sa qualité graphique quant à elle est impeccable, mais légèrement en deçà que d’habitude, on déplore malheureusement quelques bugs, une première pour la saga. Mais globalement, Like A Dragon Ishin reste dans la lignée des épisodes précédents et prouve une fois de plus que la saga est inépuisable. Alors que cela ne fait que quelques heures que j’ai quitté Kyo, le sentiment de manque se fait déjà ressentir. Plus qu’à attendre un certain Like A Dragon Gaiden The Man Who Erased His Name pour retrouver cet univers que j’aime tant tout en espérant une nouvelle mouture de Yakuza Kenzan.

Les plus

  • Une fiction à la dimension historique
  • La traduction française
  • Les codes de la licence toujours présents malgré le changement d’époque
  • Un aspect RPG avec la forge et le système de loot
  • Le contenu secondaire toujours aussi énorme
  • L’incorporation de personnages récents
  • Les styles de combats variés et dynamiques
  • Les cartes de soldats, un système inédit dans la licence

Les moins

  • L’Unreal Engine un tantinet plus faiblard que le Dragon Engine
  • Quelques coquilles dans la localisation française (fautes, problèmes de traduction)
  • Quelques bugs à prévoir, une première dans un épisode de la licence
  • Des temps de chargements entre certaines zones du jeu