Attendu depuis son annonce en 2019 aux Game Awards, Senua’s Saga Hellblade II est enfin là! Suite directe de l’exceptionnel Hellblade Senua’s Sacrifice sorti en 2017, précurseur dans sa façon de traiter la psychose sur fond de mythologie nordique, le jeu de Ninja Theory est enfin disponible ce jour 21 mai 2024 sur Xbox Series et PC, et bien évidemment dans le Game Pass. Quant à moi, j’ai eu l’immense honneur de pouvoir le finir en amont de sa sortie, me permettant de vous en livrer mon test (et, spoiler alert, déverser tout mon amour pour cette suite).
POUR NOUS ADONNER À LA RÉDACTION DE CE TEST DE SENUA’S SAGA HELLBLADE II, NOUS AVONS DÉCIDÉ DE VOUS PROPOSER UNE NOUVELLE FOIS NOTRE FORMAT TEST EN DUO. MAIS CETTE FOIS-CI, NOUS AVONS PRIS LA DÉCISION D’Y INCLURE PLUS DE DÉVELOPPEMENT DANS NOS AVIS DISTINCTS. VOUS POURREZ DONC RETROUVER LES AJOUTS FAITS PAR YOANN VIA LES TEXTES EN ITALIQUES.
Version | Numérique sur Xbox Series X fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 9h/ Environ 10 heures |
Histoire terminée | Oui/Oui |
Complétion totale | Non communiquée |
Difficulté | Normal/Normal |
Genre(s) | Action, Aventure |
Date de sortie | 21 mai 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 49€99 (dématérialisé uniquement) |
Plateforme(s) | Xbox Series X/S et PC |
Voix | Anglais |
Textes | Anglais, Français, Italien, Allemand, Espagnol, Arabe, Tchèque, Danois, Néerlandais, Finnois, Grec, Hongrois, Japonais, Coréen, Norvégien, Polonais, Portugais, Russe, Chinois simplifié et traditionnel, Suédois, Turc, Ukrainien, Hébreu, Islandais |
Connexion obligatoire | Non |
Il y a quelques semaines je me lançais dans la découverte de Hellblade Senua’s Sacrifice pour me préparer à la sortie tant attendue de sa suite. En a découlé un jeu qui m’a profondément marqué et touché, dans lequel nous découvrions l’histoire de Senua, atteinte de psychose, qui a vu son bien-aimé mourir des suites d’actes atroces des hommes du Nord. En quête de vengeance, nous suivions donc la jeune femme dans le royaume de Hel.
Lors de sa sortie en 2017, Hellblade Senua’s Sacrifice m’avait fortement impressionné. Par l’utilisation du son en 3D d’abord, puis par son personnage principal, Senua, accompagnée par sa psychose et son fort désir de vengeance teinté d’un amour aveugle envers son amant, sauvagement tué par les envahisseurs du Nord. Entre ses propres ténèbres et les ténèbres face à elle, la jeune femme m’avait scotché par son courage et sa rage. Sept ans plus tard, je la retrouve alors qu’elle se lance dans un périple pour affronter les envahisseurs chez eux, sur leur propres terres, leur propre coutume, leur propres ténèbres. S’ensuit alors un combat à la fois intérieur mais aussi face à un mal nouveau, sans foi ni loi. C’est alors que Senua s’érigera, d’elle même, comme un symbole d’espoir, alors même qu’elle a perdu le sien depuis bien longtemps.
Hellblade II est une suite directe de ce premier jeu. Grâce à un récapitulatif complet en début de jeu, il n’est pas nécessaire de l’avoir fait pour comprendre l’histoire de cette nouvelle aventure. Néanmoins, cela reste important, à mon sens, pour capter la teneur de l’entièreté de la licence.
Après avoir combattu les dieux à Hel, Senua embarque en tant qu’esclave pour rejoindre la terre de ceux qui ont sacrifié son bien-aimé: l’Islande. Arrivée à destination tant bien que mal, c’est un nouveau combat qui l’attend, un combat intérieur pour apprendre à contrôler ses « démons » et un combat qui lui permettra de prouver sa valeur de guerrière et de battante. Mais cette fois-ci, elle ne sera pas seule.
Bien que son thème principal reste vraisemblablement le même, Hellblade 2 met l’accent sur l’évolution de son personnage qui trouve son équilibre, qui apprend à vivre avec sa différence et y trouve une véritable force plus que des faiblesses. En découle donc la découverte d’une Senua nouvelle, grandit, mais toujours aussi poignante grâce à la prestation de Melina Juergens, une fois de plus exceptionnelle dans son rôle. L’épopée nous prend aux tripes à chaque instant. Mais Hellblade 2 se veut également drastiquement différent de par sa narration et son scénario qui explorent d’autant plus la mythologie nordique et ses créatures. Impossible donc de ne pas voir en Hellblade 2 une petite touche des derniers God of War à la sauce Ninja Theory, non pas par son gameplay ni son histoire, mais par les symboles qui se dessinent autour de ses personnages et les thèmes qu’il aborde. Ainsi, Hellblade 2 se veut être une suite à part entière qui ne tombe pas dans le piège de la redite.
Si le scénario de cette suite se veut être simpliste, il n’en est pas pour autant si simple que ça puisqu’il se concentrera à la fois sur le combat de Senua envers ses démons mais envers ceux d’un autre peuple que le sien. Forcément, la collision de deux croyances sera d’une violence sans commune mesure et les joueurs et les joueuses seront aux premières loges pour constater les conséquences des agissements de Senua. Que ce soit le scénario, son écriture, sa mise en scène très intimiste où on ne quittera jamais Senua d’une seconde, tout est une réussite absolue et est maitrisé à la perfection. Du début jusqu’à la fin de son épopée, cette suite ne laisse personne indifférent, moi le premier et vous fera ressentir un flot d’émotions allant de la peur à la colère, de la frayeur à la contemplation.
Il est important de signaler que Senua’s Saga se révèle bien plus violent dans certaines de ses scènes que le premier et n’est pas avare en thèmes particulièrement forts (claustrophobie, noyade, violence graphique, etc). Ninja Theory a pris le soin d’afficher un message d’avertissement pour prévenir les plus sensibles.
Quelques mots sur sa durée de vie. Oscillant entre 7 à 10h en fonction de la difficulté choisie, ou encore la volonté de chercher tous les collectibles, on pourrait pester sur sa courte durée. Oui, Hellblade 2 est court, à l’instar du premier. Néanmoins, il a, à mon sens, la durée de vie idéale. Dans un rythme effréné, qui ne prendra jamais de pincettes, ne nous laisse que peu de répit, Hellblade 2 se veut intense en toute circonstance. De plus, n’en oublions pas son thème principal, la psychose, qui peut mettre mal à l’aise, même si 7 ans après la sortie du premier, on peut savoir à quoi s’attendre, cela peut rester déroutant. Et en ce sens, je peine à l’imaginer plus long.
En termes de gameplay, cette nouvelle aventure reprend les bases du premier jeu. Notre avancée se veut donc relativement linéaire, dans des zones fermées dans lesquelles il faudra résoudre des énigmes et vaincre des ennemis pour continuer (en plus de pouvoir trouver les récits de Druth). Dans le premier jeu, les énigmes pouvaient être parfois peu lisibles, peu intuitives, mais en adéquation avec l’état d’esprit de Senua, torturée, meurtrie, et utilisaient des procédés en accord avec sa psychose (illusions, distorsions, etc). Ici, certaines énigmes ont été reprises et améliorées en termes de lisibilité et de nouvelles ont été introduites. Une façon d’appuyer une nouvelle fois sur la sensation d’évolution qui est au cœur de l’histoire.
Pour ce qui est des combats, là encore, Hellblade 2 reprend son système qui avait déjà fait son effet en 2017. Des combats percutants, parfois difficiles, et c’est d’autant plus vrai une fois de plus. Si les mécaniques de gameplay ont été reprises (de l’esquive à la parade en passant par le miroir de Senua), on remarque une amélioration significative des animations, et des chorégraphies des combats. La difficulté a légèrement été revue à la hausse par la parade, moins intuitive et plus punitive et peut rendre les affrontements un peu plus coriaces. Pour ma part, je regrette qu’ils ne se déroulent qu’en un contre un à chaque fois. En effet, dans Hellblade premier du nom, nous pouvions parfois nous faire acculer par plusieurs ennemis à la fois, ici, n’attendez pas qu’un ennemi vienne vous mettre un coup dans le dos. Si cela permet une certaine fluidité dans les scènes, cela rend aussi « nos voix » plus discrètes, plus mises à l’écart. Si cela donne une certaine sensation de contrôle, en résulte parfois des combats un peu moins immersifs.
Du côté du gameplay, si vous avez déjà accompli le premier épisode, vous savez à quoi vous en tenir avec cette suite. Cela étant dit, le studio a amélioré le gameplay des combats, les rendant plus lisibles, plus viscéraux, plus personnels, en optant pour des combats en un contre un mais en nous faisant, parfois, affronter un flot incessant d’adversaires variés nous demandant donc, de nous adapter à l’équipement de l’ennemi du moment. De plus, comme en 2017, vous aurez affaire à des énigmes environnementales où il vous faudra chercher des symboles dans le décor pour pouvoir continuer votre chemin. Au contraire du premier épisode, le studio a, cette fois-ci, souhaité rendre les énigmes plus « intelligentes » et plus réfléchies, rendant l’expérience des énigmes plus logique et plus agréable. Enfin, les collectibles, comme le premier, sont de la partie, mais de vous à moi, je me suis avant tout concentré sur l’histoire, tant celle-ci m’a accroché dans ses filets.
Que dire de plus de Hellblade 2 qu’il est d’une beauté écrasante. L’Unreal Engine 5 est maitrisé avec talent et dextérité pour proposer une expérience cinématographique et immersive à son paroxysme. Et grâce à lui, la Xbox Series tient sa vitrine qu’on attendait tant. De la motion capture et les expressions de visages des personnages, des animations, en passant par ses panoramas islandais capturés directement sur la place, Senua’s Saga nous subjugue, nous émerveille. Sa mise en scène et sa photographie sont dignes des jeux du genre. Son ambiance alternant entre liberté et oppression est aussi dépaysante que parfois anxiogène. La seule différence est, qu’ici, il abandonne les prises de vues réelles du premier pour de la capture complète, que cela soit les visages, mais aussi des costumes.
Du côté des graphismes, j’ai pris une claque immense, tant cette suite est magnifique. Qui plus est, le 30 FPS ne gène en rien l’immersion tant nous avons affaire à une expérience à la fois vidéoludique et cinématographique, les deux mondes nous offrant ce qu’ils ont de meilleur en étant en corrélation l’un avec l’autre.
L’expérience sonore n’est pas en reste et Ninja Theory a réitéré avec sa prise de son binaurale. De ce fait, là encore, si vous en avez la possibilité, il est préférable et fortement conseillé d’y jouer au casque. L’immersion auditive est une nouvelle fois au rendez-vous, et même plus. L’OST de David Garcia Diaz est une nouvelle fois une valeur sûre. S’est joint à la composition le groupe de folk expérimental Heilung, qui ne pouvait pas être mieux choisi pour coller à l’univers. Réputé pour utiliser des instruments peu conventionnels (tambours, os, antiquités, coupe en argent viking, un Ravanhatta, un ancien instrument indien), le collectif de 3 musiciens n’a eu aucun mal à s’approprier l’univers de Hellblade 2.
Toujours comme le premier épisode, il vous faudra obligatoirement y jouer au casque pour découvrir par vous-mêmes ce que souhaite vous faire vivre cette suite et le studio. Et je peux vous garantir qu’une fois immergé de la sorte, le son 3D ne vous lâchera pas d’une semelle, des voix que Senua garde en elle que les bruits extérieurs.
Un mot sur la partie technique, si je n’ai essuyé aucun souci quel qu’il soit, un problème de transition entre le chapitre 1 et le chapitre 2, qui se manifeste par un freeze, est connu par le studio qui est déjà sur le pied de guerre pour le résoudre. Si vous vous trouvez face à ce problème, la solution à l’heure actuelle est de quitter et relancer le jeu. Cela devrait régler le problème en attendant une mise à jour. |
Un dernier mot sur le mode photo qui sublimera les scènes que vous voudrez immortaliser. Complet au plus haut point, avec un nombre de fonctionnalités hallucinantes, le mode photo de Senua’s Saga est une franche réussite pour s’adonner à de la photographie virtuelle tant ses possibilités sont infinies.
Un mot sur la technique, je n’ai rien à vous remonter de négatif, tout s’est très bien passé, chapeau bas au studio. Pas de ralentissements, pas de freezes, pas de bug. Mention exceptionnelle au mode photo, présent dès la sortie du jeu, qui est l’un des meilleurs mode photo que j’ai pu voir depuis au minimum Marvel’s Spider Man 2 (sorti en 2023).
Pour les joueurs en situation de handicap, Hellblade 2 s’est armé de nombreuses options d’accessibilité qu’elles soient visuelles, sonores, ou encore en rapport avec le gameplay ou l’interface.
Je ne vais pas vous mentir, trouver des défauts ou des faiblesses à Senua’s Saga Hellblade 2 est une mission impossible pour moi. S’il est indéniable qu’il en a, ils ne sont que des microcosmes dans cette avalanche de qualités et de forces, en faisant à mes yeux un sans faute. Fraichement terminé et j’ai déjà envie de me refaire une seconde partie de cette suite qu’il y a quelques mois je n’attendais pas forcément. Hellblade 2 est la digne suite de Senua’s Sacrifice qui met l’accent sur l’évolution de son personnage, tout en explorant un scénario foncièrement différent de son prédécesseur teinté de mythologie nordique et ses créatures, fourmillant de symboliques, qui peut rappeler un certain God of War. Inoubliable, prenant, poignant, Senua’s Saga nous prend aux tripes à chaque instant, à chaque pas, chaque combat, chaque ligne de dialogue dans un rythme effréné. Chef d’œuvre dans son genre, Ninja Theory tient sa déesse de la guerre, unique, inégalable.
Pour être tout à fait franc avec vous, je n’attendais absolument pas ce Hellblade 2. Il n’était pas du tout prévu dans mon agenda alors que j’avais adoré le premier épisode. Pas de raison vraiment précise derrière, juste que je n’avais pas plus envie que ça. Au sortir de mon premier run, Hellblade 2 décroche mon coup de cœur tant j’ai pris une immense claque. De ses propos, de son scénario, à son ambiance et les paysages que l’on traverse dans cette suite, tout est une réussite absolue sur tous les tableaux. Mention plus qu’honorable à Melina Juergens qui campe une nouvelle fois une Senua humaine, tiraillée entre ses démons intérieurs et ceux qui l’attendent patiemment en Islande. Xbox tient donc là une œuvre qui mérite notre attention, notre soutien, notre amour de joueurs et joueuses. Soutenons Ninja Theory, jouons à son œuvre qui nous raconte l’épopée de Senua, une guerrière unique en son genre.
- Une suite qui ne tombe pas dans la redite
- L’évolution de Senua
- La prestation de Melina Juergens toujours incroyable
- Une cinématographie époustouflante
- Une vitrine graphique
- L’ambiance sonore binaurale exceptionnelle
- Les énigmes plus intuitives
- Le système de combat toujours aussi percutant
- La parade plus punitive
- Des combats en un contre un uniquement
- Pas de version physique