A l’origine développé par le studio Looking Glass Studios et édité par Origin System pour une sortie en 1994 exclusivement sur PC, System Shock, malgré un retour presse (pour l’époque) très positif, n’avait pas connu le succès qu’il aurait pourtant mérité. Après bien des années, voilà que le titre fait son grand retour, des mains du studio Night Dive Studios (Shadow Man, Blade Runner). Un an après sa sortie sur PC, voilà que le fruit de leur restauration déboule sur consoles. Pourquoi je vous parle soudainement de System Shock ? Tout simplement parce qu’il est le titre fondateur du genre Immersive Sim, à l’origine de certains des meilleurs jeux vidéo sortis au cours de ces années comme Deus Ex, Dishonored, Prey et tant d’autres. System Shock mérite autant notre respect qu’il nous malmène dans notre course effrénée pour stopper la folie de SHODAN, une IA qui nous veut beaucoup de mal.
Version | Numérique sur PlayStation 5 fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | 15 heures |
Histoire terminée | Non |
Complétion totale | Non communiquée |
Difficulté | Facile dans les 4 options d’accessibilité des difficultés |
Genre(s) | RPG, FPS, Immersive Sim |
Date de sortie | 23 mai 2023 (PC), 21 mai 2024 (consoles) |
Prix (maximum conseillé) | 39€99 |
Plateforme(s) | PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox One, Xbox Series S/X et PC |
Voix | Anglais |
Textes | Anglais, Français, Allemand, Italien, Allemand, Espagnol, Japonais, Coréen, Polonais, Russe, Chinois, Turc, Portugais |
Connexion obligatoire | Non |
Avant de nous enfoncer plus profondément dans la station orbitale Sentinel, retour au commencement. Nous sommes alors dans les années 90, à l’aube du développement de System Shock. A l’époque, au sein du studio, à la fin du développement de Ultima Underworld II (entre décembre 1992 et janvier 1993), les équipes en ressortent épuisées, considérant avoir développé suffisamment de jeux « de donjons ». C’est au cours de la réunion de brainstorming avec la participation d’un certain Warren Spector (le papa du futur Deus Ex) que les premières bribes de ce que sera System Shock émergent. Tout d’abord, le studio laisse tomber la Fantasy et souhaite partir dans la Science Fiction. Après bien des péripéties, System Shock verra le jour en 1994 et deviendra le chef d’œuvre fondateur du genre Immersive Sim (ou Simulation immersive). Un genre où le gameplay est émergent, où le joueur est libre d’agir comme bon lui semble avec les outils mis à sa disposition pour le laisser conduire sa propre aventure à la place du concepteur qui pourrait lui indiquer la marche à suivre. System Shock sera donc, pour son époque, le précurseur (et/ou l’inspiration) de titres comme Metal Gear Solid, Resident Evil, Half Life, Deus Ex, Bioshock, Prey, Dishonored, pour ne citer que ceux là. Nous sommes en 2024 et cette version console débarque enfin. Il est temps de vous parler de l’histoire de System Shock.
Vous incarnez un(e) hacker en 2054. Alors que vous vous lancez dans le piratage informatique d’une gigantesque corporation appelée TriOptimum, vous vous faîtes capturer par l’un des chef de la corporation, Edward Diego, qui vous propose un marché. Pirater une IA appelée SHODAN en échange de sa liberté et un équipement de piratage dernier cri. Vous vous exécutez. C’est alors que les problèmes commencent, puisque vous vous réveillez à bord de la station Sentinel, déserte, après la prise de pouvoir de SHODAN qui à visiblement pété une durite, puisque devenue folle. Votre Objectif ? Survivre en affrontant une IA sans foi ni loi qui n’a qu’une seule envie, vous voir mort, comme le reste de l’humanité…
C’est peu (très très peu) ou prou le scénario, sans aucun spoilers, de System Shock. N’espérez pas de marqueur de quête, pas d’objectif de mission pour vous dire où allez, comment y aller, vous êtes livré(e)s seul(e) face à vous mêmes dans les couloirs labyrinthiques de la station orbitale. Le scénario vous sera contée au travers des journaux audio et écrits disséminés dans la station afin de vous éclaircir sur les évènements qui ont survenu pendant la prise de pouvoir de SHODAN. Pas de narration non plus puisque vous explorez la station comme bon vous semble et donc, de ce fait, l’aventure change d’un joueur à l’autre. Pour finir, si le scénario est extrêmement nébuleux (votre personnage ne parle pas, très peu, et aucune cinématique ou presque n’explique l’histoire), c’est bel et bien grâce à internet que j’ai pu comprendre le leitmotiv de notre personnage principal. Fort heureusement, les journaux audio aident pas mal pour comprendre que les habitants de Sentinel ont pris cher face à SHODAN, IA devenu folle, sans aucune pitié face aux humains et face à nous (mais j’y reviendrais plus bas). Si, pour l’époque, le scénario de System Shock devait être impressionnant, les standards de 2024 lui font extrêmement mal puisque le jeu se permet de ne rien nous dire, de nous laisser dans le flou constant, et on avance tant bien que mal dans ce dédale stellaire.
La vraie force de System Shock reste donc son gameplay qui nous offre une liberté ébouriffante et il faudra s’en accommoder très vite puisqu’étant livré à nous mêmes, il ne faudra que compter que sur nous. Si j’ai un conseil à vous donner : fouillez. Fouillez un maximum. Prenez le temps de fouiller les nombreuses salles qui n’attendent que vous pour vous offrir du loot qui vous servira. Malheureusement, force est de constater qu’après plusieurs heures à tenter de me frayer un chemin au travers des niveaux, l’exploration qui en découle est éreintante.
FPS oblige, le jeu vous permettra de vous défendre à l’aide d’armes à feu ou d’armes de corps à corps face à un bestiaire varié de mutants et de cyborg qui rappellent (vraiment) des titres comme Doom (de l’époque, soyons clairs) pour ne citer que cette belle saga. De plus, des phases de shoot’em up en 3D sont de la partie lors des phases de piratages et quand on remet le jeu dans son contexte temporel, c’est vraiment impressionnant. Le gameplay, à la manette, est irréprochable et je n’ai pour ainsi dire rien à vous remonter de négatif sur ce point bien précis et y jouer fut un régal.
Sur la partie technique, là encore, c’est un sans faute puisque je n’ai essuyé aucun bug mineurs ni majeurs, pas de freeze ni de ralentissements. Un mot sur les graphismes, si au début, je l’avoue, j’ai été à la fois choqué et déçu des graphismes que j’avais sous les yeux, il faut bien avouer qu’avec du recul, le studio a souhaité nous offrir un remake le plus fidèle graphiquement parlant, en conservant par exemple une palette de couleurs très représentative des années 90. Bonne ou mauvaise idée, à vous de voir, moi j’ai trouvé qu’on peut s’habituer très vite.
Le vrai défaut de ce remake, c’est malheureusement son accessibilité sur la difficulté. J’ai voulu commencer en normal dans ses 4 options de difficultés. J’ai très vite déchanté et recommencé une partie en facile et après 15 heures d’intenses souffrances, j’ai décidé que j’allais arrêter le massacre. Et encore, je suis soft dans mes propos puisque c’est simple, je considère que ce remake de System Shock est indigne d’une œuvre aussi magistrale, à une époque où le genre de l’Immersive Sim tire peu à peu sa révérence (entre fermetures de studios et abandons de licences).
Alors que je sors tout de même de Rise Of The Ronin et Stellar Blade (qui, niveau difficulté ont une certaine réputation), ce remake de System Shock m’a fait abandonner son aventure. Durant 15 longues heures, à cause d’une difficulté de la part des ennemis (des ennemis lambda qui tuent en un coup pour ne citer que cet exemple), des pièges de la part de SHODAN qui m’ont pris dans le dos, sans possibilité de réagir à temps et surtout un manque cruel de loot et de stuff (pourtant après avoir bien fouillé mais le problème étant la barre de vie des ennemis où même en facile il fallait que je lâche un nombre non négligeable de munitions, à force on se retrouve très vite à sec). Bref, alors que j’étais à un ou deux niveaux de la fin et devant une situation où je devais affronter un boss sans munitions, j’ai décidé d’arrêter les frais.
J’en ressors donc relativement déçu, non pas de moi, mais bien du travail de restauration du studio qui n’a pas dû comprendre l’utilité de remettre une œuvre sortie des années auparavant au goût du jour pour la proposer à nouveau maintenant. Le travail de restauration donc, vise tout simplement à nous proposer, au public, de (re)découvrir, une œuvre d’antan afin que le plus grand nombre puisse comprendre ce qui faisait d’elle une œuvre aussi magistrale lors de sa sortie. En l’état, effectivement, ce remake de System Shock est vraiment fidèle mais 30 ans se sont écoulés entre sa sortie initiale et ce remake. En 30 ans l’industrie a évolué, les joueurs aussi, un jeu doit donc être capable de s’adapter et avoir le recul nécessaire pour nous proposer un remake de façon fidèle à son œuvre originale tout en la modernisant (comme savent le faire par exemple Capcom et ses remakes de Resident Evil). Malheureusement, bien que pavé de bonnes intentions, Night Dive Studios n’a pas su capter cette nécessité.
La note de l’oeuvre
La note de ce remake
Exceptionnellement, ce test a 2 notes bien distinctes: celle de l’œuvre en tant que tel et celle de sa refonte. Je me languissais de pouvoir enfin découvrir le chef d’œuvre intemporel qu’est System Shock, qui était l’un des derniers titres que je rêvais de faire pour ma culture personnelle. Qu’elle ne fut pas ma profonde déception quand il a fallu prendre la décision de stopper net mon aventure au bout de 15 heures, aux portes des tous derniers niveaux, la faute à un équilibrage catastrophique de la difficulté, pourtant en facile. Ne vous trompez pas, je n’ai rien à dire de négatif sur l’œuvre en elle même où j’ai pu, enfin découvrir par moi même, alors que je le savais plus ou moins, comprendre pourquoi, même encore maintenant, System Shock tient une si bonne réputation. Le problème qui se pose est que le studio n’a malheureusement pas compris le vrai sens de restaurer une œuvre vieille de 30 ans pour la proposer à nouveau maintenant, pour d’anciens mais aussi de nouveaux joueurs. C’est à mon sens une preuve d’irrespect envers le jeu et ce qu’il a pu apporter en son temps à l’industrie ainsi qu’aux joueurs qui seraient tentés de le découvrir.
- Le retour de System Shock 30 ans après et sur consoles, une aubaine pour les joueurs qui n’ont pas pu le faire à l’époque
- SHODAN, un des meilleurs méchants du jeu vidéo
- Une liberté ébouriffante
- Une maniabilité à la manette exemplaire
- Une narration via les journaux audios révolutionnaires pour l’époque
- Les phases de shoot’em up en 3D
- Un équilibrage de la difficulté bien trop mal dosé
- Un travail de restauration qui n’est pas en accord avec notre époque
- Inaccessible pour les nouveaux joueurs
- Bien que fidèle à l’œuvre, un peu plus de polish graphique aurait été un plus
- L’exploration éreintante