Trois ans après son accès anticipé, Baldur’s Gate 3 débarque tel un raz de marée sur PC et PS5 (et en fin d’année sur Xbox aux dernières nouvelles). Tout de suite devenu un chef d’œuvre pour les uns, une immense surprise pour les autres, BG3 pour les intimes, a de suite fait forte impression en s’en tirant avec des tests dithyrambiques. C’est avec une confiance certaine dans le bébé de Larian Studios que je me suis lancé dans la troisième aventure (sans compter les 2 spin off Dark Alliance). Hélas, parfois il arrive qu’on tombe de très haut en ce qui concerne l’appréciation d’un titre avant de s’y plonger…

VersionPS5 numérique fournie par l’éditeur
Temps de jeuenviron 30 heures
Histoire terminéeNon
Complétion totale25% (de l’histoire)
DifficultéExplorateur (Facile)

Editeur et développeurLarian Studios (Divinity Original Sin I et II)
Genre(s)Jeu de rôle, RPG, tour par tour, vue isométrique
Date(s) de sortie3 août 2023 sur PC, 6 septembre sur PS5, plus tard sur Xbox Series S/X
Prix (maximum conseillé)69.99€ sur PS5, 59.99€ sur PC
Plateforme(s)PC (Steam), PS5
VoixAnglais
TextesAllemand, Anglais, Chinois – simplifié, Chinois – traditionnel, Espagnol, Espagnol (Mexique), Français (France), Italien, Polonais, Portugais (Brésil), Russe, Turc, Ukrainien

Parler de raz de marée pour Baldur’s Gate 3 est un doux euphémisme tant il est sorti en force une première fois sur PC début août puis début septembre sur PS5. A l’heure où je vous écris ce test, il en est à 96 sur Metacritic dans sa version PC et PS5 en ayant des notes dithyrambiques de la part de la presse internationale, le retour des joueurs est lui couvert de louanges à son égard et il faut bien avouer que j’ai été en parti influencé par les avis de joueurs et de joueuses sous son charme ténébreux. C’est pourquoi, en plein dans Starfield, la proposition de vous en faire un test a été une occasion bénie des dieux pour moi. Ni une, ni deux, me voilà lancé dans le phénomène vidéoludique de cette rentrée 2023, à quelques encablures d’une fin d’année qui s’annonce rock and roll.

Maintenant que vous connaissez le contexte, place à mon avis qui, je le sais, est différent de l’opinion populaire faisant la pluie et le beau temps sur la vie d’un jeu vidéo.

Baldur’s Gate 3 se situe narrativement un siècle après l’histoire de ses aînés. Située dans l’univers des Royaumes oubliés de Donjons et Dragons, vous commencez votre aventure alors que vous êtes en prise avec les Illithids (les flagelleurs mentaux), des créatures maléfiques qui vous laisseront un petit cadeau dans le crâne avant de subir une sombre fin. Vous vous réveillez sain et sauf sur une plage et vous devrez coûte que coûte trouver un moyen de vous débarrasser de votre nouveau compagnon. Pour cela, vous vous ferez de nombreux ami(e)s et accomplirez de multiples quêtes, qu’elles soient principales, secondaires et annexes dans 3 actes qui vous occuperont durant de très multiples heures.

Si le menu de création du personnage est l’un des plus complets que j’ai pu voir depuis des années et que le début de l’aventure est vraiment spectaculaire, la lune de miel s’est finie de façon assez brutale de mon côté, au bout de 15-20 heures. A partir de ce moment là, je n’ai eu de cesse de lutter contre un jeu qui me voulait du mal à chaque fois que je tentais de faire une quête principale ou secondaire, pire, devoir me résoudre à me faire les dents sur de petits mobs pour engranger de l’expérience a fini par me tuer tout plaisir de jeu dans l’acte 1, qui n’est autre que le tutoriel du jeu. Pour moi, BG3 n’est pas uniquement un jeu sur lequel on peut se détendre une fois en vacances ou alors après une dure journée de travail, c’est aussi et avant tout une expérience psychologique à mon égard. A la place de mon écran, j’ai eu l’impression d’avoir affaire à un psychologue qui me pose des questions, attend ma réponse et participe à son expérience avec un « hum, hum » quand je lui répond et passe à une autre question et ainsi de suite. Comme si les rôles s’étaient inversés, le jeu me testait plus que je ne le testais, testait mes limites plus que je ne testais les siennes. C’est comme ça que je perçois l’œuvre de Larian Studios et depuis que je me suis fait cette réflexion, elle ne m’a plus jamais quitté une fois lancé dans une session.

Dire que BG3 est mal écrit serait faire preuve de mauvaise foi, tant son scénario, ses dialogues, ses personnages sont tous écrit avec une extrême justesse. La bande son s’en sort aussi avec les honneurs puisque là encore, c’est un sans faute pour les oreilles. Du côtés des graphismes, la production de Larian s’en sort haut la main et est vraiment superbe, dans ses cinématiques avec champ et contre champ que dans ses paysages et multiples détails dans ses intérieurs, Larian Studios a abattu un travail de fous furieux sur ce point très précis. Tous les points positifs ici énumérés pèsent énormément dans une balance oscillant entre l’amour et la haine.

Parce que je suis partagé entre ces deux sentiments quand je parlerai de Baldur’s Gate 3 dorénavant. Autant, j’aime l’univers que les nouveaux personnages (Astarion, Sombrecoeur et Karlach à jamais dans mon petit cœur). Autant je n’ai pas peur de dire que BG3 est beaucoup trop élitiste pour en retirer le moindre plaisir que ce soit à y jouer. Si au début, j’ai dû faire avec un gameplay à la manette que je qualifie d’austère, avec des menus très peu ergonomiques en termes de navigation, j’ai fait avec au bout de quelques heures. La suite de mes aventures s’est avérée être un remake HD du Titanic, le gros bateau en moins, sans que je n’en m’aperçoive. J’ai très vite compris que BG3 nous propose une aventure avec un rythme lent, avec beaucoup de dialogues, beaucoup de quêtes secondaires et annexes et beaucoup d’exploration. J’ai dû faire avec ça et l’accepter. Une fois cette étape franchie, je me suis rendu compte qu’il me faudra aussi faire avec une psychologie des combats aux antipodes de ma façon de voir les choses et là encore, j’ai réussi à me plier aux exigences du jeu en réussissant à insuffler ma façon de voir les choses. Je pensais à ce moment là que je réussirai à suivre un jeu vidéo hors norme, en dehors des standards actuels, prêt à les tordre pour proposer quelque chose de nouveau pour notre bien et celui de l’industrie. Je le crois toujours, mais avec la mort dans l’âme, j’ai dû me résoudre à m’arrêter au bout de 30 heures, dans l’acte 1.

Je vais tenter de vous parler du gameplay le plus précisément possible. Si vous avez déjà joué à un Divinity Original Sin, vous serez dans vos petits souliers. Pour les autres comme moi qui débarquent sur le jeu en ayant vu de la lumière, BG3 se joue au tour par tour en vue isométrique avec un compteur de pas pour chacun des acteurs du combat et la possibilité de faire au minimum une action puis un déplacement par tour (quand je dit au minimum, si vous avez les sorts ou votre compteur d’action requis, vous pouvez faire un certain nombre d’actions). Sachez que vous pouvez aussi bien lancer des attaques au corps à corps qu’à distance (avoir un archer dans votre groupe est limite obligatoire) afin d’avoir la possibilité de palier à toute déconvenue ou alors de tirer avantage du terrain sur lequel vous vous battez, sachant que vous pouvez sauter sur des hauteurs afin de prendre un peu de hauteur (badum tss) sur vos ennemis. De plus, outre vos sorts et/ou vos attaques, vous pouvez aussi vous servir du décor (et ses objets), pousser un ennemi dans le vide, vous prendre une petite potion pour peu que ayez pris le temps de personnaliser votre menu radial et ainsi de suite, rentrer dans les détails rendrait ce test beaucoup trop long à lire mais sachez que le gameplay en combat de BG3 est complexe à prendre en main mais une fois ses subtilités assimilées, il faut se rendre compte que le studio à vraiment bosser son sujet en profondeur, ce qui m’aura permis de créer un certain nombre de stratégies pour essayer de me sortir du pétrin.

Ainsi, passé quelques heures, j’ai compris que pour progresser, outre la maitrise du système de combat, il me fallait de l’expérience afin de gagner au minimum un petit niveau. Je m’étais donc décidé à ratisser la carte en quête d’ennemis pour avoir de l’expérience afin d’accomplir la quête du camp des gobelins pour le compte du Bosquet, c’est a dire de leur venir en aide et de leur débarrasser de trois chefs gobelins (conditions sine qua none pour œuvrer pour le « bien », ce que je voulais faire). Malheureusement, même en faisant cela, je n’ai pas pu récolter assez de points d’expérience pour être niveau 5. C’est donc avec un poil d’insolence que j’ai commencé à réfléchir à des stratégies pour me débarrasser du trio là encore avec des surprises (j’ai réussi à en un tuer un avec de la chance). Mes stratégies pêle-mêle : tuer les renforts à l’extérieur du camp, ce fut un échec d’un court cheveu. Faire le ménage salle par salle à l’intérieur du donjon en espérant empêcher tout renfort, ce fut une semi réussite mais pas assez viable pour continuer l’opération surtout vu l’agencement du donjon, continuer sur cette lancée aurait fatalement tourner en ma défaveur en plein combat. Me débarrasser du second chef en faisant 2 groupes de 2 : le premier en hauteur, le second au sol, ça a failli fonctionner mais la balance a penché du côté ennemi. Tenter le troisième (et plus fort chef avec 2 niveaux de plus que moi), là ce fut un carnage en même pas 3 tours.

Tous ces échecs essuyés les uns après les autres aura réussi, dans un premier temps, à me faire allumer la console à reculons, pour au final ne plus ressentir le moindre plaisir de jeu une fois devant l’écran. C’est une fois toutes les stratégies que j’avais mises en place qu’il fallait que j’admette l’impensable pour une personne ayant un gros égo : BG3 n’est pas fait pour moi. J’ai beau avoir réussi, quand j’étais gosse, à faire les 2 premiers et les 2 Dark Alliance, ce nouvel opus est beaucoup trop exigeant pour le joueur que je suis. De plus, je ne verrais pas pourquoi je devrais investir plus de mon temps à aller suivre des tutoriels sur Youtube alors que le jeu ne fait aucun effort pour être un minimum accessible, même dans sa difficulté la plus « facile ». Je rajouterai aussi que le lancer de dès pour un oui ou un non, basé sur un hasard tout ce qu’il y a plus de hasardeux (j’affirme même que nous joueurs sommes systématiquement désavantagé par les dès au profit de la machine. Mais rassurez vous, c’est toujours la même chose, peu importe le jeu).

Que vous soyez averti(e)s : si vous souhaitez vous lancer dans Baldur’s Gate 3, il vous faudra être à jour vis à vis des règles de Donjons et Dragons, il vous faudra être investis pleinement dans votre partie et surtout il faudra que vous ayez l’envie de devoir être tout le temps testé par un jeu qui vous résistera en permanence. En clair : BG3 n’est pas à mettre entre toutes les mains, surtout si vous n’avez personne de plus calé sur le sujet pour le faire en coop avec vous. En effet, c’est la seule méthode que j’ai en stock pendant l’écriture de ce test : si vous pouvez y jouer avec une autre personne, faites le ainsi. Ou alors, attendez vous à en baver.

Pour la bande son, elle sait être discrète quand il le faut et être épique dans les combats. Je vais être franc avec vous, ce n’est pas ce que je vais retenir le plus de mon expérience sur Baldur’s Gate 3. Gros point positif sur le doublage en VO, d’une immense qualité.

Je finirai par la technique. J’ai choisi d’y jouer en 60 FPS sur PS5 et mis à part quelques petits ralentissements sporadiques ici et là, je n’ai rien à dire mis à part une caméra un peu folle en combat. Le reste, tout s’est très bien passé de ce côté là. Enfin, j’ai juste deux petits regrets à émettre : j’aurais aimé que BG3 nous propose un doublage français pour augmenter notre confort de jeu et un mode photo, histoire de pouvoir nous faire des fonds d’écran qui en jettent.


Jamais une conclusion n’aura été aussi difficile à coucher sur le papier tant Baldur’s Gate 3 est bourré de qualités qui font qu’il marquera très certainement l’industrie de son empreinte pour les années à venir, du moins dans le genre auquel il appartient. Mais dans le même temps, m’y être cassé les dents dessus et dans les circonstances décrites plus haut me fait vous dire qu’il n’est pas à mettre dans toutes les mains non plus tant il s’avère que Larian Studios, au contraire de Bethesda par exemple, nous propose au final une œuvre élitiste, fermée, repliée sur elle même, qui ne s’ouvrira qu’à celles et ceux qui souhaiteront s’y investir en termes de temps d’une part et en termes d’investissement d’une autre part. Non pas que ce soit péjoratif venant de ma part mais j’aurais aimé que le studio fasse en sorte que son bébé s’adresse à tout le monde, pas seulement celles et ceux ayant le temps et les moyens de se donner corps et âme dans un seul jeu durant des jours, des mois et même des années puisque je pense que c’est la seule condition, pour moi, de vraiment comprendre pourquoi BG3 reçoit un tel retour : parce qu’il marque un public restreint, très exigeant d’habitude obligé de se farcir des œuvres grand public en serrant fort les dents et à même d’être capable d’énuméré l’ensemble de ses soucis en prenant le temps d’en énerver d’autres qui jugeraient les suggestions hors de propos. Si vous souhaitez tout de même vous lancer dans BG3, allez-y, quelques soient les retours vous êtes seuls maitres de vos goûts et ressentis.

  • Un univers revenu d’entre les morts presque 20 ans après sa dernière apparition
  • Une durée de vie gargantuesque
  • Une écriture remarquable, que ce soit les dialogues, le scénario, les quêtes secondaires et annexes
  • Graphiquement somptueux
  • Des compagnons attachants, mention spéciale pour Astarion, Sombrecoeur et Karlach
  • Ca foisonne de détails partout, tout le temps
  • Une oeuvre non censurée, c’est cool
  • Des possibilités en combats ébouriffantes
  • Encore une œuvre où il faut faire l’assistante sociale pour les PNJ
  • Une œuvre exigeante, élitiste, pas du tout accessible qui demande énormément en termes d’investissement
  • Un hasard pour tout et n’importe quoi omniprésent
  • J’aurais aimé avoir une VF et un mode photo