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Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, l’heure est grave. Je suis sur le point d’écrire l’avis le plus difficile que j’ai eu à rédiger jusqu’à maintenant tant je ne trouve aucun mot assez fort pour définir l’expérience de jeu que je viens de vivre.

Je n’ai jamais eu l’occasion de faire les précédents opus de cette saga, mythique pour certains, méconnue pour d’autres, que ce soit à ses débuts sur PlayStation 2 ni même sur la PS3. Mais une nouvelle année a démarré, ma principale résolution étant de jouer à un maximum de jeux différents. Je me suis donc lancée à la découverte de Yakuza 0, initialement sorti il y a presque deux ans au pays du soleil levant. Une chose est sûre, je démarre l’année très fort et je remercie de tout cœur l’équipe de Koch Media France pour leur gentillesse et leur confiance. Merci énormément.

Je vous l’accorde, les premières lignes ont quelque peu dévoilé mon ressenti sur le jeu, mais ne vous attendez pas à ne pas avoir de quoi lire sur cet article, tellement il y a de choses à dire. Je n’en sais même pas par où commencer. Pas de question à se poser, je me suis lancée dans l’inconnu, dans un univers tout nouveau pour moi.

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Japon, décembre 1988

Yakuza 0 est un épisode prologue au tout premier opus sorti il y a maintenant 12 ans (11 dans nos contrées européennes) sur la seconde génération de console de Sony. En d’autres termes, les débutants comme moi ne se perdront pas dans les bas-fonds du scénario.

Notre aventure démarre à Tokyo dans le quartier de Kamurocho, à la fin des années 80, l’époque où la mafia japonaise fait rage dans les rues, et terrorise les habitants. Nous incarnons, Kazuma Kiryu, un jeune homme fraichement accueilli dans les rangs d’une des familles de Yakuza les plus puissantes de la ville, la Dojima Family, appartenant au Clan Tojo (la hiérarchie chez les Yakuza est un vrai casse-tête chinois). Alors qu’il ne fait qu’exécuter les ordres, le jeune Kiryu se voit enrôler dans une sombre histoire de meurtre dont les conséquences pourraient être irréversibles pour lui, et son mentor, Shintaro Kazama. Et si la seule solution qui se présente à lui était de quitter la famille ?

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1. Deux ans et toutes ses dents

Parlons tout d’abord sens visuel. Cet opus de la licence a déjà 2 ans, et n’oublions pas que son développement s’est fait sur 2 supports bien différents : la PS3 et la PS4, ce qui pourrait lui attribuer un vieillissement prématuré pour nos yeux européens mais il n’en est rien. Yakuza 0 malgré ça, reste tout à fait appréciable et agréable à l’œil. J’en viendrai même à dire que mes yeux ont été émerveillés tant j’ai aimé vagabonder dans ces rues japonaises, brillant de mille feux. Alors, non il n’est pas sans défaut pour autant, on remarquera facilement des textures certes un peu dépassées et un aliasing accentué par moment, mais il n’en reste pas moins très net et loin de faire son âge. En soit, Yakuza n’est pas un monde ouvert à proprement parlé, notre (nos, plutôt) terrain de jeu étant très restreint, ce qui permet facilement son très joli level design.

Ce qui m’a particulièrement époustouflée c’est indéniablement la qualité des visages des personnages principaux. On ressent une motion capture travaillée, permettant aux protagonistes de nous faire part de leur moindre sentiment. Chapeau aussi à la synchronisation labiale de qualité.

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Malgré quelques défauts graphiques, cet épisode de la licence n’en reste pas moins digne de cette nouvelle génération, et saura nous convaincre de bien des manières.

2. De leurs poings ils périront

Yakuza est un beat’em all à la croisée des chemins de Shenmue et, par la force des choses, de GTA. Et ce qui a fait toute la réputation de la licence c’est bien son gameplay. A partir d’ici, ce n’est plus le moment de décrocher, alors posez-vous, une bonne tasse de ce que vous voulez à la main et passons aux choses sérieuses.

En tant que ma première expérience dans cet univers, je ne saurai dire si cela a toujours été le cas, mais soyons clairs, ce jeu a la jouabilité la plus variée et la plus jouissive que j’ai pu avoir à prendre en main. Et c’est peu dire, puisque nous incarnons deux personnages emblématiques de la saga : le légendaire Dragon de Dojima, Kazuma Kiryu et le plus déluré des Yakuza mais non moins sympathique, j’ai nommé Dogo Majima. Attendez-vous donc à devoir maîtriser des styles de combats bien distincts.

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Et pour cause, nous n’aurons pas moins de 8 façons différentes de combattre, soit 4 par personnage, grâce à des techniques apprises à mesure que l’on avance dans le scénario. De la plus basique à la plus « dansante », le sang de vos ennemis coulera à flot quel que soit celle que vous préférez. Car il faut l’admettre, les mafieux japonais sont des hommes sans pitié dont le seul plaisir est de voir leurs adversaires terrassés par la force de leurs poings, ce qui en fait un bon gros défouloir, d’un dynamisme énorme.

En plus de ça, je tire mon chapeau à son excellente stabilité, n’ayant eu absolument aucun bug, aucun crash, rien qui ne m’est coupé dans mon élan de violence, cela se fait de plus en plus en rare, c’est donc une qualité à féliciter grandement.

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3. Deux histoires en une

J’ai encore du mal à m’en remettre et c’est là que je manque de vocabulaire adéquat pour définir tout ce qu’a pu me faire ressentir le scénario de ce Yakuza 0. J’en suis restée pantois jusqu’à la dernière seconde par la puissance de ce scénario. Ce qu’on peut dire, c’est qu’il met un peu de temps à se mettre en place, mais dès qu’il est parti, on ne l’arrête plus. De rebondissement en rebondissement, alors qu’on enchaîne les chapitres pensant que l’histoire de nos protagonistes ne pourra plus évoluer, on ne cesse de s’en prendre plein la figure. Un seul mot : grandiose.

D’une incroyable complexité, chaque chapitre est un véritable ascenseur émotionnel, prenant à chaque fois une tournure qu’on n’aurait pu imaginer. Alors qu’on pourra lui reprocher certains défauts graphiques ou de jouabilité, le scénario de ce titre n’en est pas moins sa plus grande force et son plus gros point fort.

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De surcroît, l’équipe de développement n’a pas été avare en cinématiques de qualité et en quantité plus qu’exceptionnelle, propulsant son titre à un rang quasi cinématographique, le tout ayant une bande son des plus magnifiques, pouvant aller d’un talentueux coup de gratte électrique au doux chant d’un piano.

Je l’évoquais précédemment, nous incarnons deux grands noms de la licence, et cet épisode nommé « Zéro » nous plonge dans leurs débuts dans le monde de la redoutable mafia japonaise. A première vue, nous sommes plongés dans deux scénarios bien distincts, l’un dans la belle ville de Tokyo, l’autre à Osaka, et tout semble séparer nos deux personnages, et pourtant… nous sommes loin du compte. Bien évidemment, je m’arrête là, je ne veux gâcher le plaisir de personne.

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4. Durée de vie et activités

Parlons un peu de temps. En ce qui me concerne, j’ai bouclé le scénario en une quarantaine d’heures, une durée de vie non négligeable juste pour le mode histoire en n’oubliant pas qu’il n’y a pas moins de 100 quêtes annexes (60 pour Kiryu et 40 pour Majima). Un temps de jeu plutôt honorable.

A cela, ajoutez des phases en « gestion », dans lesquels nos héros deviendront de vrais chefs d’entreprise. Alors que les didacticiels de ces nouvelles activités sont obligatoires, votre implication dans ces objectifs seront néanmoins facultatifs, si le style ne vous plait pas, vous pourrez totalement passer à côté.

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En tout cas, les deux villes de l’archipel mises en avant, en ont à vous offrir grâce à leurs « substories » toutes plus délirantes les unes que les autres, permettant de ne pas trop tomber dans la routine. Je vous l’accorde, certaines sont loin d’être passionnantes et ont un petit côté « Fedex ».  Mais vous avez bien d’autres manières de faire une petite pause dans le scénario, entre salles d’arcades proposant de nombreux titres mythiques de Sega, tels que… et puis non, je ne dirai rien, ou encore des activités un peu olé olé, réservées aux joueurs masculins sans oublier les mythiques passages aux karaokés du coin. Bref, tout ça pour dire qu’il y de quoi faire pour les 100 prochaines heures. Je n’ai moi-même terminer le jeu qu’avec 9% de progression totale et je n’ai pas lambiner.

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5. L’ombre au tableau

Ce Yakuza 0 aurait, à mes yeux, pu être parfait, mais malheureusement, je n’y couperai pas, je suis dans l’obligation de parler de son plus gros et quasi impardonnable défaut : la barrière de la langue. Car oui, à ce niveau-là, la saga n’a jamais évolué. Depuis ses débuts, les joueurs les plus courageux se contentent de la version originale sous-titrée anglais. Malheureusement, il faut bien l’avouer, la complexité du scénario ne permet pas à un joueur novice en anglais de se lancer dans l’aventure, tant il y en a à lire et surtout à comprendre. Et sans son scénario, cet opus de la saga ne serait pas ce qu’il est. Bien des joueurs auraient aimé devenir fans de la saga, ces mêmes joueurs ayant espéré une évolution sur cette nouvelle génération de la part de Sega. Mais non, ils n’y ont rien fait, et qu’on se le dise bien, alors que les ventes européennes, et dans notre cas, françaises, pourraient atteindre des sommets, nous ne sommes qu’une petite poignée d’anglophones à pouvoir profiter de cette merveille. Un vrai gâchis. Je me sens presque coupable de faire partie de ces joueurs privilégiés.

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Ce début d’année a été très fort en émotion, et il faut bien l’admettre, la PlayStation 4 a eu de l’exclusivité tout le tour du ventre. Après un exceptionnel Gravity Rush 2, je me suis découvert une nouvelle passion pour la licence Yakuza avec ce prologue. J’ai tant bien que mal essayé de vous transmettre au mieux mon ressenti. L’expérience a été intense du début à la fin, frôlant presque la perfection s’il n’y avait pas eu encore et toujours l’absence de traduction textuelle localisée, délaissant bien trop de joueurs désireux de découvrir au même titre que les autres cette saga mémorable. J’en viendrai même presque à lui reprocher sa qualité globale, tant cela me chagrine qu’il ne soit pas accessible à tous. Cela étant dit, j’attends de voir ce que 2017 à de plus sous le capot, mais ce Yakuza est pour l’instant très bien parti pour être au moins dans mon top 5 de cette année. Il a été mon premier, mais ne sera certainement pas mon dernier.