Douze après sa sortie initiale, l’opus PSP Legend of Heroes Trails From Zero a enfin franchi la frontière nippone pour débarquer dans nos rayons occidentaux. Développé par Falcom et édité par NIS America, cet épisode de l’arc Crossbell de la saga s’est doté d’un portage sur Playstation 4 et Nintendo Switch, disponible depuis le 27 septembre 2022. Après un Trails of Cold Steel IV que j’avais beaucoup apprécié, je me devais donc de céder à une nouvelle épopée Legend of Heroes.

Douze ans séparent donc ces 2 versions, est-il trop tard pour apprécier cet épisode? Voici les conditions de test qui me permettent de parler de ce portage: histoire principale terminée ainsi qu’une (petite) partie des quêtes secondaires pour un temps de jeu avoisinant les 50h en difficulté facile (par manque de temps surtout).

Cet avis a été rédigé grâce à une version dématerialisée sur PS4 fournie par PLAION France, que je continue de remercier chaleureusement pour leur confiance et leur gentillesse.

Nous incarnons Lloyd Bannings, 18 ans, qui vient de rejoindre les rangs du CPD (Crossbell Police Department). De retour dans sa ville natale pour suivre l’exemple de son défunt frère, il intègre la SSS (Special Support Section, littéralement la Section Spéciale de Soutien) aux côtés d’un trio de compagnons atypiques, Elie, Randy et Tio. A partir de là, la SSS va permettre de résoudre des enquêtes dont les sections principales du CPD ne peuvent s’occuper.

Découpé en plusieurs chapitres, le scénario de ce Trails From Zero propose une narration assez atypique. Chaque chapitre traitera une enquête majeure différente ainsi que plusieurs affaires mineures. Ainsi, l’histoire semble de prime abord déconstruite, décousue tant le traitement de chaque affaire est indépendant les unes des autres. Mais Trails From Zero, contre toute attente, passionne grâce à un certain mystère qui plane au dessus de lui. Des questions qui surgissent, un quatuor de personnage qui intrigue, et un lourd passé qui pèse sur la ville de Crossbell, voilà ce qui façonne le scénario de cet opus. On y découvre également un casting de personnage brillant dont le passé se voit étoffé au fil des chapitres. En somme, Trails From Zero peut sans le moindre doute séduire son public.

Malheureusement, le titre ne propose aucune localisation française. Il faut donc se contenter d’une VO sous titrée anglais. Si cet aspect peut être rédhibitoire (à juste titre) pour de nombreux joueurs, il faut néanmoins avertir ceux qui sauteront le pas: Trails From Zero est très très très bavard, et ce avec un langage particulièrement soutenu. Les néophytes de la langue de Shakespeare pourront donc parfois se perdre dans ses très nombreux dialogues, et la narration peut en effet en démoraliser plus d’un en court de route. Car ce sont des heures et des heures de lecture qui vous attendent. Parfois même au détriment du gameplay. En atteste le prologue, par exemple, d’une demie douzaine d’heures environ, pour seulement quelques combats à son actif. Oui, la narration est au cœur de cet épisode, pour le bonheur de certains mais aussi pour le malheur d’autres. Un rythme qui peut paraitre redondant tant on peinera parfois à cerner où il veut en venir. Mais rassurez vous, Trails From Zero réserve son lot de surprises, de révélations, pour aboutir à un final assez épique.

Fidèle à la saga, cet opus est un JRPG en tour par tour et pour ce qui est de ses mécaniques, il s’avère particulièrement complet. Attaque de base, Arts, Crafts, S-Crafts, avec la notion d' »orbments » qui doivent être équipés sur chaque personnage, si cela s’avère relativement simple à maitriser dans les premiers combats, Trails From Zero se dévoile bien plus exigeant qu’il n’y parait au fil des heures, notamment dans ses combats de boss (oui, même en facile). Avec tout ça à exploiter, il faut donc faire attention à nos différents points divisés en 3 barre distinctes: les points de vie, cela va sans dire, les EP, qui permettent de lancer les Arts (les attaques magiques du jeu) et les CP, qui permettent d’utiliser les Crafts des différents personnages, et que l’on peut faire « régénérer » en cours de combat. Aussi intuitif qu’exigeant, les combats pourront parfois vous donner quelques sueurs froides.

Opus de 2010 oblige, cet opus se dote d’un aspect assez old-school plaisant pour les dévoreurs de ce type de jeu, mais qui a néanmoins pris un léger coup de vieux, notamment dans sa connotation stratégique. L’ordre d’attaque affiché sur le côté de l’écran, permettant ainsi d’avoir un visuel sur comment pourra se dérouler le combat. Ce n’est pas une science exacte et la finalité pourra s’avérer fatale si nous ne sommes pas assez attentifs. Mais dans l’ensemble, ce système de combat se veut être particulièrement efficace, si tant est qu’on le remette dans son contexte temporel.

Pour ce qui est du contenu, là encore, Trails From Zero se veut être assez classique. Une quête principale durant laquelle on peut s’adonner à des enquêtes annexes qui se limitent dans le temps. En effet, si vous vous lancez dans le contenu secondaire, sachez qu’il ne sera pas possible de le terminer si vous avancez dans l’histoire. De plus, le jeu met en place un degré d’urgence permettant ainsi de nous donner un ordre d’idée sur le laps de temps qu’il nous est attribué pour les terminer.

Pour ce qui est de leur contenu brut, ces quêtes permettent d’étoffer énormément le lore du jeu, et se dessinent à la manière d’une enquête (hors extermination de monstres) afin de palier au sentiment de « quête fedex » qui sont souvent au rendez-vous des RPG.

Graphiquement parlant, Trails From Zero ne reste qu’un portage assez classique ne proposant ainsi qu’un simple filtre HD pour lui donner un aspect légèrement plus net qu’il y a 12 ans. Forcément, on est donc loin des épisodes plus récents de la saga, bien qu’ils aient eux-mêmes gardé un petit côté « oldies ». Malgré tout, on aime ce côté un peu rétro qui n’empêche en rien de nous offrir de bien jolies panoramas et des « donjons » plaisants à arpenter.

En termes de bande originale, sans être inoubliable, elle se fond parfaitement au décor et à la narration, permettant une expérience auditive plaisante.

Je répète que le jeu n’a pas eu droit à une localisation française (à l’image des Trails of Cold Steel) excluant ainsi une partie de son potentiel public. Pour la petite anecdote, des petits malins se sont amusés à traduire en anglais la version PC sortie en Chine en 2011, et ont donc pu proposer une « fan trad » en 2020, qui a permis a NIS de s’en inspirer afin de proposer cette mouture 2022.

Si le fait de voir arriver cet opus PSP dans nos contrées 12 ans après sa sortie initiale au Japon est particulièrement appréciable, il n’en demeure pas moins que Trails From Zero ne restera pas forcément dans les annales pour tout le monde. L’absence d’une traduction française se coupe indéniablement d’une grosse partie des joueurs potentiels, mais sa narration particulièrement lourde en langage et en dialogues peut sans nul doute en démoraliser une autre. Fort heureusement pour ceux qui tiendront jusqu’au bout, le scénario de Trails From Zero se voit particulièrement riche et intriguant. Côté gameplay, bien que victime de son âge, il n’en demeure pas moins prenant et efficace. Son aspect rétro ravira les adeptes du genre aussi bien dans ses mécaniques que dans son aspect graphique. Malgré tout, à l’heure actuelle, malgré ses nombreuses qualités, difficile pour lui de se placer réellement dans les incontournables du genre.

Les plus

  • Un scénario qui intrigue, et réserve son lot de surprises…
  • Un jeu qui dépasse la frontière nippone c’est toujours un plaisir…
  • Un gameplay en tour par tour efficace…
  • Son aspect graphique rétro très plaisant…
  • Un quatuor de personnages attachant dont le passé est raconté avec brio
  • Un contenu secondaire plutôt bien amené à la façon d’enquêtes
  • Une durée de vie honorable (50h sans faire le 100%)

Les moins

  • …mais qui souffre malheureusement de ses très nombreuses longueurs
  • …avec une localisation française, ça aurait été encore mieux
  • …qui a malgré tout pris un coup de vieux
  • …mais qui aurait mérité un peu plus travail