Sorti le 18 novembre 2022, The Devil In Me est le quatrième épisode de la série The Dark Pictures Anthology de Supermassive Games en collaboration avec Bandai Namco. Série annualisée depuis 2019, le studio continue dans sa lignée de proposer des jeux d’horreur interactifs, et chaque épisode se veut être devenu un rituel à chaque fin d’année pour les aficionados du genre.

Alors que le studio nous avait également proposé une nouvelle super production, The Quarry, en juin dernier, The Devil In Me peut-il réussir à trouver sa place en cette fin d’année particulièrement chargée? Je vous propose donc mon avis sur ce quatrième épisode de l’anthologie Dark Pictures grâce à un run terminé en un peu moins de 15h.

Cet avis est rédigé à partir d’une version dématérialisée du titre sur Xbox Series X fournie par l’éditeur que je remercie infiniment pour leur confiance.

The Devil In Me démarre sur les chapeaux de roues en 1893. Nous y rencontrons Mary et Jeff, un couple de jeunes mariés venus passer leur lune de miel au World’s Fair Hotel. Cet hôtel (connu sous le nom le Château des Meurtres) est tenu par un bonhomme fort peu rassurant du nom de Henry Howard. Holmes. Vous l’aurez compris, ce nouvel épisode de la série se base dans un premier temps sur une histoire vraie: celle de l’homme considéré comme étant le premier tueur en série des Etats-Unis que l’on accuse de pas moins de 200 meurtres. Malheureusement, le séjour des deux tourtereaux tourne bien vite au vinaigre et sont tous deux assassinés par l’homme au chapeau melon.

Mais l’histoire que nous sommes amenée à suivre se déroule à notre époque. Nous sommes en octobre 2022, Charlie, Mark, Jamie, Erin et Kate, une équipe de vidéastes connue pour leur émission les Architectes du Meurtre, sont invités par un certain M. Du’Met pour venir produire le dernier épisode de leur émission dans un réplique exacte de ce sinistre hôtel qui a vu bon nombre de litres de sang couler. Mais le tournage tourne vite au cauchemar pour notre équipe en mal d’audience.

L’idée de choisir une histoire tirée de faits réels est particulièrement intéressante et renforce l’aspect morbide et inquiétant des couloirs de cet hôtel fort peu accueillants. Au delà de découvrir une fiction tout droit sortie de l’imagination des développeurs, l’histoire se veut être énormément basée sur le passé de H. H. Holmes et son « héritage », énorme point fort quant à son ambiance indéniablement réussie.

Les dialogues et la recherche d’indices quant à ce qui est en train d’arriver à notre équipe de protagonistes permet d’alimenter un lore fourni pour nous plonger dans un thriller psychologique horrifique. Témoignages et interrogatoires seront de la partie pour nous permettre de faire la lumière sur cette mystérieuse affaire. Malheureusement, bien que pavé de bonnes intentions, l’écriture de The Devil In Me fait énormément défaut. Si les différents personnages s’arment de leur personnalité qui leur est propre et d’une évolution certaine, le jeu s’avère avoir un arrière goût de trop peu et manque d’aller en profondeur dans ses propos. En résulte finalement un scénario, qui, dans sa volonté de proposer un univers dense se révèle être un peu trop expéditif dans son développement. On note l’importance de trouver les divers documents et autres collectibles pour nous expliquer le pourquoi du comment. Malheureusement, bien que j’ai trouvé environ 75% des secrets, certaines questions subsistent au défilement du générique de fin et c’est franchement dommage.

Le rythme, quant à lui, est également perfectible. Le jeu peine à trouver un juste milieu entre calme et tempête, laissant ainsi place à de nombreuses longueurs dont on pourrait aisément se passer. En ce qui me concerne, ça me va, la flippette que je suis a eu sa dose de jumpscares et d’angoisse pour les 6 prochains mois tout en laissant les battements de mon petit cœur ralentir.

En termes de gameplay, Supermassive gardent les bases de son genre de prédilection et nous propose donc de contrôler chaque protagoniste. Au nombre de 5, nous sommes amenés à vivre leur mésaventure de plusieurs points de vue différents dans des situations plus effrayantes les unes que les autres. Mais contrairement aux précédents opus, le studio tente d’innover dans ses mécaniques de gameplay. Ainsi il a mis en place un système d’inventaire propre à chaque personnage leur permettant ainsi à chacun de déjouer les plans de leur némésis à leur manière. Par exemple, Charlie est équipé d’un briquet pour s’éclairer et d’une carte magnétique pour ouvrir des tiroirs fermés alors que Kate s’éclaire grâce à son téléphone et peut se calmer avec son améthyste. Ainsi, The Devil In Me tente de proposer une certaine diversité dans le contrôle de ses personnages.

On retrouve évidemment également les dialogues à choix multiples, les phases de QTE sans oublier les nombreuses énigmes à résoudre pour tenter de fuir cette endroit de malheur. Si les premiers points permettent une nouvelle fois de construire le déroulement de l’histoire à notre façon, tout en instaurant un sentiment d’urgence, les énigmes quant à elles, sont tout ce qu’il y a de plus classiques. Un meuble à bouger pour trouver une corniche à agripper, un générateur à trouver, et j’en passe, tout cela manque un peu de fantaisie pour éviter un sentiment de déjà-vu.

En termes de réalisation, impossible de ne pas le comparer à The Quarry qui est encore très frais dans nos souvenirs (rappelons que le jeu succédant à Until Dawn n’est sorti qu’en juin dernier). On retrouve donc un jeu d’acteur très série B, qui s’assume certes, mais qui commence à être un poil redondant. Les personnages sont une nouvelle fois assez clichés et stéréotypés dans leur comportement, peinant ainsi à nous y attacher. Si un décès est obligatoirement une déception dans notre run, on s’en remet un peu trop vite à mon sens.

De plus, The Devil In Me conserve les défauts graphiques des productions de Supermassive. Si son budget explique le côté un peu daté de son aspect visuel en général et pour leur lequel on ne lui en tiendra finalement que peu rigueur, on lui reproche une nouvelle fois une motion capture encore très en retard. Les expressions faciales manquent d’émotions dans les regards, les animations ne sont également pas au rendez-vous, certains dialogues manquent d’un peu de punch, sans oublier des doublages qui manquent d’investissement. D’ailleurs, en parlant des doublages, on note la présence de certaines phrases qui ne sont toujours pas traduites et sont encore doublées en anglais. Cela nous esquisse quelques rictus mais nous sort finalement totalement de l’instant présent.

Rassurez-vous, j’ai quand même trouvé du positif à ce The Devil In Me, et tout particulièrement dans son ambiance. Je suis particulièrement bon public pour ce genre de production, et un environnement aux jeux de lumières et à la photographie un tant soit peu travaillés, ce qui est le cas ici, me font vite me sentir très mal à l’aise. Je suis également très réceptive aux huis clos, autant vous dire que la recette de The Devil In Me a particulièrement bien fonctionné sur moi malgré un rythme pouvant être qualifié de mal dosé. Les nombreux moments de répit installé par ce rythme perfectible était finalement une aubaine pour moi.

Bien que je sois la cible parfaite pour ce genre de productions, tant je me sens vite impliquée dans ces histoires horrifiques, The Devil In Me manque cruellement d’un petit coup de jeune pour pouvoir séduire les aficionados du genre. Un rythme qui fait défaut instaurant de nombreuses longueurs, une écriture qui manque d’aller en profondeur surtout à la toute fin du jeu, des animations et expressions faciales qui peinent à nous attacher aux personnages, des énigmes trop simplistes et classiques, il est indéniable que ce quatrième épisode des Dark Pictures Anthology n’est pas aussi tonitruant qu’on l’aurait espéré. L’évolution entre chaque épisode se veut de moins en moins marquée au fil des années, ce qui est dommage. Pour autant, The Devil In Me a fait mouche sur moi. Une histoire inspirée de faits réels, un huis clos angoissant, une photographie et une ambiance au rendez-vous, malgré quelques couacs de doublages. Le gameplay est quant à lui plutôt bien exploité grâce au système d’inventaire des personnages mais manque peut-être lui aussi d’un peu de profondeur et d’être exploité à son maximum. Le titre peut néanmoins sans mal trouver son public tant la recette reste, bien que vieillissante, efficace.

Les plus

  • Le scénario qui gravite autour de H. H. Holmes, une idée surprenante mais intéressante
  • Une ambiance qui fait mouche sur les plus sensibles d’entre nous
  • Un huis clos angoissant et maitrisé
  • De bonnes idées de gameplay: le système d’inventaire propre à chaque personnage
  • Un lore bien exploité par les secrets à trouver (et pourtant je suis hermétique aux collectibles)
  • Une série B qui s’assume
  • Une durée de vie pour un premier run satisfaisant (une quinzaine d’heures en trouvant 75% des secrets environ)

Les moins

  • Des doublages toujours pas traduits
  • Une écriture trop approximative
  • La motion capture qui commence à être un poil trop datée en termes d’expressions faciales
  • Un rythme perfectible
  • Des énigmes déjà-vu devenues bien trop classiques pour le genre