13 ans. C’est le nombre d’années qui séparent le dernier jeu estampillé Monkey Island d’un tout nouvel opus. En effet, après Tales of Monkey Island, sorti en 2009 et développé par Telltale Games, le mystère qui gravitait autour du secret de Monkey Island est resté irrésolu pour le plus grand désespoir des fans de la première heure de Guybrush Threepwood. Et pourtant, Ron Gilbert, papa de la licence qui n’a pas touché à sa saga depuis Monkey Island 2: LeChuck’s Revenge (1991), l’a fait: il a ressuscité sa saga légendaire avec l’aide de l’éditeur Devolver Digital pour donner naissance à un cinquième épisode majeur: Return To Monkey Island. Sorti sur Nintendo Switch et PC (via Steam) depuis le 19 septembre dernier, il s’est très récemment rendu disponible sur les consoles current gen, autrement dit la PS5 et les Xbox Series, soit le 8 novembre 2022. Un retour que les admirateurs de la saga n’espéraient plus et pourtant…

Après avoir bouclé l’histoire en une dizaine d’heures, je vous livre mon avis sur les nouvelles aventures du pirate le plus malchanceux de l’histoire du jeu vidéo.

Cet avis est rédigé à partir d’une version dématérialisée (unique version disponible à ce jour) sur PS5 fournie par l’éditeur que je remercie infiniment pour leur confiance.

Ne passons pas par quatre chemins, Return To Monkey Island est une première entrée dans la licence pour moi mais après avoir dévoré le livre dédié à la saga écrit par Nicolas Deneschau et publié chez Third Editions , je suis tombée sous le charme de cette licence sur laquelle je n’avais pourtant jamais mis les mains.

Des années après sa dernière aventure, Guybrush Threepwood et son épouse Elaine ont enfin trouvé un pied à terre et ont fondé une famille, donnant naissance à Boybrush. Et il temps pour le jeune garçon de connaitre la dernière folle aventure de son père, et ce dernier se décide enfin à lui raconter.

C’est ainsi que démarre ce retour inespéré de la licence pour nous introduire son scénario. Guybrush nous raconte donc tout au long de Return to Monkey Island comment il a tenté une nouvelle fois de résoudre le mystère du secret de l’île aux Singes. Est-il parvenu à faire la lumière sur ce secret qui l’a obsédé pendant toute sa longue carrière de pirate?

Ce retour se voit être un véritable hommage à l’entièreté de la saga, mais surtout aux épisodes créés par Ron Gilbert (Monkey Island et Monkey Island 2), tant il regorge de petits clins d’œil aux précédentes aventures de Guybrush que par le retour de nombreux personnages, le pirate zombie LeChuck en tête de liste tout en réussissant à nous en présenter de nouveaux. Pour les nouveaux venus rien d’insurmontable à comprendre, si effectivement les détails manquent, la compréhension globale se fait aisément tant l’écriture est soignée et assez explicite pour nous permettre de ne pas nous retrouver en terrain totalement inconnu.

Ici, la simplicité du scénario se dévoile être un véritable point fort du jeu qui bien que « prévisible » réussit malgré tout à nous tenir en haleine. L’humour y est exquis, et bien que les dialogues soient omniprésents, on ne veut pas en rater une miette. Le rythme est maitrisé pour ravir les anciens comme les nouveaux venus.

Côté gameplay, les bases de la saga sont reprises: le point’n click. Dialogues à outrance (mais qui n’ennuient pas), des objets clés à ramasser, et surtout… des énigmes à résoudre. Des énigmes travaillées comme on en voit peu aujourd’hui dans le jeu vidéo. Et bien que le mode normal propose des indices pour nous faciliter la résolution de ces dernières, force est de constater qu’elles tirent le meilleur parti de ce que le genre a à offrir. Une simple brosse dent placée entre les mains de la bonne personne, une action faite au bon moment, ou encore une poivrière volée, nous permettent doucement de nous approcher de notre but ultime.

Bien que je ne sois pas une habituée du genre, il est indéniable de dire que le génie de la série se trouve dans l’écriture de ses énigmes et comment chaque élément mis à notre disposition est exploité avec brio pour nous offrir une aventure aussi complexe dans son gameplay qu’addictive au possible. Le système d’inventaire est quant à lui tout à fait classique mais intuitif. Je n’avais jamais joué à un Monkey Island et pourtant j’ai eu l’impression de le connaitre par cœur.

Les combats « d’insultes » font leur grand retour, bien que trop peu nombreux à mon goût, sans oublier l’exploration des diverses îles qu’il faudra arpenter avant de toucher à notre but.

Visuellement, on quitte ici le pixel art qui faisait toute l’identité de la série pour quelque chose de plus « cartoonesque ». Si effectivement cela pourra dépayser les fans de la saga, Return To Monkey Island n’en offre pas moins un style graphique unique et une direction artistique fabuleuse. Return to Monkey Island a décidé de se moderniser mais sans se dénaturer et garde cet aspect un peu « rétro » qui a fait toute sa réputation il y a plus de 30 ans.

A la composition, nous retrouvons les pères fondateurs de ces musiques qui ont fait toute la superbe de la saga, à savoir Clint Bajakian, Michaël Land et Peter McConnell. Là encore c’est un véritable plaisir auditif qui s’offre à nous tant les mélodies se fondent avec le ton du jeu qui mêle drame, oui, mais surtout humour et burlesque.

Vous l’aurez compris, j’ai adoré Return to Monkey Island. Bien qu’il soit mon premier « Monkey Island », son vent de fraicheur fait du bien. Entre modernisme dans sa DA et retour à l’ancienne dans son gameplay, il est indéniablement l’une de mes plus belles surprises de cette année. Les énigmes sont écrites avec brio, se veulent souvent ardues sans pour autant être punitives grâce au système d’indices pour les cerveaux les moins habitués à la licence. Ce nouvel épisode tente aussi bien d’apporter du neuf tout en y incorporant un vent de nostalgie pour ses anciens joueurs et brille par son hommage à ses prédécesseurs. Sans oublier la bande son, qu’elle passe par ses doublages en VO (mais sous-titrés en français) ou par sa musique, Return To Monkey Island ravi nos esgourdes et nos mimines, qu’elles soient au clavier/souris ou à la manette.

Les plus

  • L’humour bien dosé et omniprésent
  • L’écriture des énigmes est un régal
  • Le système d’indices qui fonctionne par palier
  • L’inventaire intuitif
  • La DA exquise
  • Le doux mélange entre nostalgie et modernité
  • La rivalité Guybrush/LeChuck fait mouche
  • La bande son fantastique
  • Donne envie de (re) faire les anciens opus

Les moins

  • Trop peu de combats d’insultes à mon goût