Après 18 ans d’absence, la saga Gungrave a fait un retour improbable cette année avec un nouvel épisode nommé GORE. Après 2 épisodes sortis sur PS2, Gungrave et Gungrave Overdose, la saga a finalement fini par disparaître des écrans radars. Mais c’était sans compter sur le studio coréen Iggymob, sous l’égide de Prime Matter et Plaion, pour faire renaitre les aventures sanglantes de Grave dans un troisième épisode. Sorti le 22 novembre dernier, Gungrave GORE est disponible sur PS4, Xbox One, PS5, Xbox Series, et PC.

Gungrave GORE est-il le beat ’em all que l’on aimerait voir plus aujourd’hui? Après avoir terminé l’histoire en environ 11h, en quasi totalité en difficulté normale (je n’ai fait que la dernière heure en facile), je vous livre mon avis sur ce nouvel épisode des aventures de ce brave Grave. Il y a du bon et du beaucoup moins bon, allez on y va!

Cet avis est rédigé à partir d’une version physique commerciale dite « day one » fournie par l’éditeur Plaion France que je remercie pour leur confiance. Mon avis se basera sur la dernière version du jeu, 1.000.003 qui ajoutait le mode automatique.

Gungrave GORE fait directement suite aux épisodes précédents, on retrouve donc un petit onglet histoire présent dans le menu principal du jeu permettant de piqure de rappel pour les « anciens » ou tout simplement de mise en situation pour les nouveaux joueurs (dont je fais partie je l’avoue). Qui est Grave? Comment est-il devenu ce qu’il est? Pourquoi? Bref, on a les réponses à ses questions en regardant quelques minutes de vidéos récapitulatives.

Notre combat contre le SEED, une drogue permettant de décupler facultés physiques et mentales pour la faire courte, reprend donc de plus belle dans ce nouvel opus. Et dès le début du jeu, notre objectif est clair: vaincre le clan Raven mené par 4 barons qu’il faut décimer. Grave est donc le seul espoir de Mika, Quartz et Zell pour venir à bout de cette organisation malfaisante.

Si le genre de prédilection de Gungrave GORE ne lui impose pas un scénario digne d’un chef d’œuvre, le pauvre jeu s’en tire avec une histoire et une écriture bien trop pauvres pour qu’on ne lui en tiennent pas rigueur. Après une cinématique d’ouverture qui met clairement l’eau à la bouche, le tout s’avère être creux et sans âme. A juste titre pour ce pauvre Grave qui a déjà mis un pied dans la tombe il y a fort longtemps mais on aurait espéré que le studio coréen prenne le temps ne serait ce que de développer ses personnages pour qu’on s’y attache un minimum. Mais que nenni. Ici les personnages restent plats, sans aucune évolution, et sans véritable personnalité. Malheureusement, la comparaison avec d’autres titres du genre, tels que Devil May Cry, au hasard, est presque un réflexe, et fait par la force des choses beaucoup de mal à ce nouvel opus de Gungrave. Et notre protagoniste n’est pas exempt de cette décision. Bien que sa carrure soit impressionnante, quelques scènes plutôt bien chorégraphiées dans les cinématiques, le pauvre Grave en ressort sans prestance, sans charisme, et ne dégage absolument rien, pas même la parole. Il faut donc trouver son plaisir ailleurs dans ce titre.

Et ce qui peut le sauver c’est son gameplay. Le mélange beat ’em all et rail shooter fonctionne d’ailleurs plutôt bien… le temps de quelques heures. Car après les premiers émois de dégommer à tout va, le titre s’avère être incroyablement répétitif. Posons le tableau: Gungrave GORE est une accumulation d’une trentaine de niveaux, plus ou moins courts, durant lesquels on tire en continu (et surtout depuis la dernière mise à jour du jeu, nos Dualsense remercient le studio dans sa volonté de ne pas trop faire souffrir nos gâchettes) sur tout ce qui bouge (et ne bouge pas) pour arriver aux portes du clan Raven. Très clairement, Gungrave GORE défoule beaucoup et le fait bien. Jusqu’à une certaine mesure. Passés les premières heures de jeu, le gameplay lasse bien trop vite si on aime les longues sessions de jeu, 1h en parait 20, et c’est là que ça capote.

Car malgré sa volonté de nous faire apprendre de nouveaux tirs de démolitions, compétences et statistiques générales de Grave au labo, le gameplay de Gungrave GORE se repose sur ses acquis et stagne. Les niveaux s’appréhendent de la même façon, et seuls les boss peuvent éventuellement se démarquer de tout le reste. Ou pas. Car à la longue, tous les niveaux finissent par se ressembler, tant dans leur narration que dans leur exécution. L’overdose montre donc assez vite le bout de son nez, et c’est franchement dommage. Ainsi, on peut éventuellement préférer les courtes sessions, après une dure journée ou juste parce qu’on a besoin de poser le cerveau, pour mieux l’apprécier.

Les déplacements de Grave sont quant à eux d’une rigidité sans précédent tant dans sa façon de déambuler, que de sauter et esquiver. Bon, on accordera le bénéfice du doute quant à cet aspect vu la carrure du bonhomme. Mais alors qu’on arpente parfois des couloirs vides, les quelques mètres à parcourir paraissent être des kilomètres tant notre personnage se traine. Même le 60 FPS du mode performances ne semble finalement pas en être. Bon, la bonne nouvelle, c’est que Grave n’est pas le seul personnage jouable, ce qui permet le temps de quelques niveaux de regoûter un peu à une certaine dynamique dans le gameplay.

Pour ce qui est de sa difficulté, Gungrave GORE ne réussit pas à trouver de juste milieu. Si la stratégie reste de toujours rester en mouvement et abuser des « éxécutions » et tirs de démolitions pour ne pas voir notre santé et notre bouclier tomber à 0, le jeu se dote d’un gros souci de game design. Tantôt facile en normal, tantôt difficile même en facile, il tente de nous apporter une certaine dose de défi mais bien trop souvent mal dosé. Globalement, malgré quelques « retry » en normal, je m’en suis plutôt bien sortie dans cette difficulté, et n’ai succombé au mode facile que pour la dernière heure de jeu. Contre des ennemis « basiques » ça coule plutôt bien de source, si tant est qu’on a amélioré Grave en conséquence, mais les boss eux peuvent s’avérer être bien plus tendancieux pendant leurs combats notamment dans leur patterns. Si on a de la chance, ils ne seront pas trop agressifs dès le début de l’affrontement, sinon, c’est la mort quasi assurée.

Visuellement, là encore, Gungrave GORE se ramasse de plus belle. Si on peut lui accorder un aspect rétro qui peut être perçu comme son identité instaurée depuis les opus PS2, sa direction artistique fait malheureusement pâle figure. Rien ne fait effet wow, pas même sur current gen. Alors bon, soyons conciliants, et mettons cela sur le dos d’un budget probablement pas assez gonflé pour arriver à un résultat plus impressionnant. Les différents niveaux quant à eux réussissent tant bien que mal à se diversifier dans leurs décors, ouf, ce qui éventuellement peut réussir à nous sortir de la répétitivité du gameplay et de sa narration.

Mais… parce qu’il y a toujours un mais, il réussit à tirer son épingle du jeu grâce à sa bande originale, très hard rock, cela va de soi (dommage qu’elle soit envahie par des tirs continus), et ses doublages de très bonne facture (dommage que les visages de nos personnages ne collent pas avec leur engouement vocal cela dit).

Je crois que c’est la première fois que j’utilise cette barre de notation sur le blog. Malheureusement, Gungrave GORE n’a pas réussit à me faire lui en extraire le meilleur de ce qu’il a à proposer tant il ne parvient pas à avoir des qualités qui nous feraient oublier ses défauts. Outre un scénario anecdotique, ce qui est normal pour le genre, on se retrouve face à des personnages dénués d’émotions, de charisme, et d’une quelconque prestance. Le gameplay bourrin et défouloir peut certes le sauver si on réussit à lui retirer sa répétitivité et sa redondance dans sa trentaine de niveaux. Car sans évolution de gameplay, impossible de faire abstraction de cela. Visuellement c’est malheureusement pauvre aussi, et sa DA ne réussit même pas à regonfler le blason de son faible budget. Gungrave GORE défoule et pose le cerveau c’est un fait, malheureusement son game design quant à lui se dévoile bien trop frustrant.

Les plus

  • Un défouloir qui ne sollicite pas notre cerveau…
  • Une certaine dose de défi…
  • Court (si, si c’est positif)
  • L’OST bourrine…
  • Le mode « automatique » de la dernière mise à jour

Les moins

  • …Trop ponctué par sa répétitivité
  • … Souvent mal dosée et frustrante
  • Des personnages dénués de tout
  • … trop camouflée par les tirs en continu
  • Le manque d’évolution du gameplay
  • 60 FPS? Ah bon?
  • Visuellement pauvre