Nouveau format: Quand nous le pourrons Yoann et moi-même vous proposeront un test dit en duo. Que cela implique-t-il pour vous? Pour toute la partie développement des différents aspects du jeu, rien, il n’y aura pas plus de lecture qu’à l’accoutumée. En revanche, c’est sur la conclusion que nous donnerons chacun nos avis sur le jeu, qu’ils soient différents ou s’ils se rejoignent. Pour ce test, c’est moi qui suis en charge de la plus grosse partie de la rédaction de l’article, mais il se pourra que ce soit l’inverse. Quel est l’intérêt? Premièrement, renforcer notre collaboration sur le blog, puis, vous proposer un format différent, qui pourra vous aiguiller plus en profondeur sur la qualité d’un jeu et évidemment avoir au sein d’un même article 2 avis, ce qui implique 2 points de vue potentiellement différents.
Depuis 2017, Persona 5 est au cœur de nombreuses productions d’Atlus. Après Persona 5 en 2017, et Persona 5 Dancing in Starlight en 2018, ce fut au tour de Persona 5 Royal de se montrer en 2020 (proposant une traduction française pour la première fois de la licence), puis Persona 5 Strikers, une suite en musou sorti en 2021, et enfin, le dernier jeu mettant en scène les Voleurs Fantômes, Persona 5 Tactica sorti le 17 novembre 2023, qui, comme son nom l’indique, explore le tour par tour tactique (sans oublier les nombreuses collaborations dans d’autres jeux, mais si je pars sur ce terrain là, la liste va être longue). Ca fait beaucoup de Persona 5, non? Effectivement, Atlus semble ne pas avoir voulu s’arrêter en si bon chemin avec le groupe qui a permis de démocratiser la licence, notamment en occident. Mais si le nombre de jeu est effectivement inédit, les spin-offs des jeux Persona ne sont pas une nouveauté. Si les épisodes « Dancing » étaient déjà dans les mœurs de l’éditeur, Atlus et P.Studio ont toujours eu à cœur d’explorer de nouveaux genres pour leur licence phare: les jeux de combats grâce aux Persona 4 Arena, ou encore le dungeon crawling avec les Persona Q et Q2 sortis exclusivement sur 3DS. Tout ça pour dire que la fréquence de jeux Persona n’est pas anodine ni inédite, elle fait partie intégrante de la vie de la licence en attendant le prochain opus majeur. Après l’excellente suite qu’était Persona 5 Strikers, un nouveau jeu était-il nécessaire?
Version(s) | Numériques sur PS5 et Xbox fournies par Plaion France |
Temps de jeu | Environ 35h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 100% des quêtes principales et secondaires terminées |
Difficulté | Normale pour moi et facile pour Yoann |
Genre(s) | RPG tactique |
Date de sortie | 17 novembre 2023 |
Prix (maximum conseillé) | 59€99 |
Plateforme(s) | PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S/X, Nintendo Swicth, PC, |
Voix | Japonais, Anglais |
Textes | Français, Anglais, Italien, Allemand, Espagnol, Chinois traditionnel et simplifié, Japonais, Coréen |
L’histoire de Persona 5 Tactica prend place quelques mois après les événements de Persona 5, durant les d’hiver qui suivent, faisant donc suite également suite à l’histoire de Persona 5 Strikers (si le jeu ne nous le dit pas clairement, quelques allusions permettent de le comprendre). L’équipe des Voleurs Fantômes se retrouve donc une nouvelle fois pour ces vacances bien méritées au café LeBlanc. Mais alors que tout semble se dérouler le plus normalement possible, ils se retrouvent soudainement dans ce qu’ils pensent être le Metavers. Déboussolés par l’endroit qui les entoure, les ennuis ne tardent pas à arriver, menés par une certaine Marie. En bien mauvaise posture, ils sont secouru contre toute attente par une mystérieuse jeune femme, à la tête d’une armée révolutionnaire, prête à tout pour détrôner et sauver le royaume. C’est donc une nouvelle mission pour Joker, Ann, Morgana, Ryuji, Haru, Makoto et Yusuke.
Le scénario de Persona 5 Tactica se révèle au fil des heures particulièrement dense, et si les Voleurs Fantômes ne sont plus vraiment au cœur de l’histoire comme nous en avons l’habitude, ils feront ici office de mentors pour 2 nouveaux personnages, introduits très rapidement dans l’histoire. Mais si l’écriture du groupe est mise en retrait, ce ne sera pas le cas de ces nouveaux alliés, et P.Studio reviennent une nouvelle fois avec plus d’un tour dans leur sac pour nous proposer une écriture encore une fois particulièrement réussie. Tantôt prévisible, tantôt surprenant, le scénario de Persona 5 Tactica nous accroche à nos manettes pour se révéler d’autant plus poignant, bourré d’émotions, tout en faisant le plein de rebondissements et de surprises, et en se dessinant autour de son dicton/slogan « Si vis pacem, te ipsum vince » (dérivé de « si vis pacem, para bellum », « si tu veux la paix, prépare la guerre »). Sans oublier évidemment un fan-service non négligeable qui ravira les fans de l’équipe.
Faut-il avoir fait Persona 5 et Persona 5 Strikers pour comprendre l’histoire? Evidemment, c’est toujours mieux, notamment pour comprendre les allusions faites à ces épisodes précédents, mais pas obligatoire. Faut-il avoir fait Persona 5 et son contenu dit Royal? Clairement, non. En effet, aucune allusion au troisième semestre n’est faite. Néanmoins, Atlus s’est donné la liberté de sortir en même temps que le jeu, un DLC (payant tant qu’à y être à pas moins de 20€ seul ou inclus dans la version digitale Deluxe) proposant un nouveau chapitre avec la présence de Kasumi Yoshizawa et Goro Akechi. Une pratique qui devient un peu trop récurrente chez Atlus (la même chose avait été proposée pour Soul Hackers 2) et qui, ne mâchons pas nos mots, commence à tout doucement être à la limite de l’inacceptable.
Maintenant que j’ai passé ma vive protestation, revenons en au scénario de Tactica. Passionnant, émouvant, voire même surprenant, Persona 5 Tactica réussit à introduire avec brio un nouveau duo de personnages, à l’écriture particulièrement travaillée, dont la présence de flashbacks est utilisée avec grand soin, et dont le développement au fil des heures ne passe pas inaperçu, et qui réussissent même à défier les lois du Metavers (mais je ne vous en dirai pas plus). S’il n’est pas indispensable à l’histoire des Voleurs Fantômes, il se révèle néanmoins d’une excellente qualité.
Après le gameplay en Musou de Persona 5 Strikers, très bien exploité mais parfois un tantinet brouillon visuellement, P.Studio s’est cette fois-ci attelé au RPG tactique en tour par tour (me semble que c’est un pléonasme cela dit). Dans une équipe de 3 maximum (jusqu’à un certain moment crucial du scénario, mais motus et bouche cousue), les Voleurs Fantômes vont donc parcourir 4 mondes aux thèmes et décors différents, mais j’y reviendrai plus tard.
Pour les néophytes au genre, un RPG tactique se déroule en tour par tour, certes, avec la possibilité de se déplacer sur le terrain mais avec une restriction par nombre de « cases », et comme son nom l’indique, il faut donc être fin stratège et tacticien dans l’âme pour venir à bout de tous les ennemis présents sur le terrain. Et il faut dire qu’ici, le genre est particulièrement bien exploité tout en proposant les mécaniques phares des Voleurs Fantômes, proposant un aspect assez original pour le genre tout en étant en parfaite adéquation avec l’univers: le 1 More, le All Out-Attack et évidemment l’utilisation de Personae, ainsi que la Fusion dans l’éternelle Velvet Room. Ceux qui me connaissent savent qu’habituellement j’avance plutôt à reculons quand il s’agit de faire un tactical RPG (mais là, bizarrement quand il s’agit de Persona 5, tous mes aprioris disparaissent, comme c’est bizarre).
Quoi qu’il en soit, Persona 5 Tactica propose ici un gameplay tout à fait accessible aux débutants dans le genre, ce qui peut être une très bonne chose pour profiter au maximum de l’histoire, mais qui peut vite trouver ses limites sur le long terme. En effet, si j’ai trouvé le gameplay particulièrement grisant et addictif au possible, malgré mes réticences vis à vis du genre, il n’empêche que le gameplay s’est révélé peu évolutif au fil que l’on avance dans les mondes. Mis à part quelques nouveautés liées au level design des terrains, la boucle de gameplay se révèle peu innovante dès le deuxième monde. Seule la stratégie, elle, change, ainsi que les patterns des boss. En découle, certes un gameplay peu prise de tête pour les néophytes mais qui pour les habitués peut être un tantinet trop simpliste. En ce qui me concerne, je n’ai moi-même pas vraiment ressenti de difficulté, et ce même en normal, jusqu’à la fin du jeu, le tout en complétant une bonne partie des objectifs secondaires des niveaux principaux (terminer le niveau en x tours et sans aucun membre de l’équipe KO), ainsi que toutes les missions secondaires (qui pour la plupart demandent de terminer un niveau en 1 voire 2 tours maximum).
La seule particularité ici contrairement aux précédents épisodes: l’utilisation des Personae. Alors que nous étions habitués à avoir un Joker muni de nombreuses Personae, ici, chaque personnage aura le droit à 2 Personae maximum, leur Persona principale (Arsène, Carmen, Captain Kidd, etc, etc) qui n’est pas fusionnable et une Persona secondaire au choix. Une idée plutôt bien trouvée qui permet à chaque personnage d’obtenir un plus large panel de compétences (passives ou actives) qu’à l’accoutumée.
Pour ce qui est des arbres de compétences, là encore, chaque personnage a le droit au sien (contrairement aux niveaux qui sont uniques à l’équipe). Les compétences se débloquent grâce aux PA, obtenus au fil des combats, mais également en grand nombre en terminant les missions secondaires ou tout simplement en lisant les dialogues secondaires. Cela va d’augmenter la puissance des attaques, à la possibilité de produire une attaque en chaine plusieurs fois par niveau en passant par la possibilité de récupérer des PV et/ou des PC à la fin de chaque tour. Le tout se révèle assez classique tout en étant efficace et intuitif, malheureusement il est fort dommage de ne pas pouvoir débloquer l’entièreté des arbres de compétences à la fin du jeu. Il faut donc choisir scrupuleusement nos compétences, bien que ce soit évolutif en fonction de nos besoins.
Visuellement parlant, Persona 5 Tactica opte pour un character design en « chibi » sans pour autant dénaturer les personnages le moins du monde. On regrette néanmoins un certain manque dans les expressions faciales, notamment celles de Joker dans les phases de dialogues (qui sont nombreuses, on parle de Persona 5). A côté de ça, l’univers et ses couleurs sont toujours aussi prenantes et accrocheuses, pour un résultat particulièrement réussi (en rouge et noir).
Tout à l’heure, j’évoquais une aventure dans 4 mondes différents, avec leurs décors qui leur sont propres. En effet, nous passerons d’un royaume, celui de Marie, à d’autres mondes, tels qu’un village au Japon féodal, pour ne citer qu’eux pour éviter de trop vous en dire sur le déroulement du scénario. Au delà d’un gameplay qui peine à évoluer au fil de l’aventure et malgré une diversité certaine des mondes, on ne peut passer à côté d’un manque d’inspiration quant à leur level design. En effet, s’ils changent d’un monde à l’autre, que ce soit en termes d’environnements et de décors, les niveaux au sein même d’un monde manquent de diversité et on retrouve finalement les mêmes stratégies encore et encore. Peut donc s’installer une certaine répétitivité au fil des heures (le jeu a une durée de vie d’environ 30h, un peu plus si vous faites les 15 missions secondaires).
Du côté de la bande originale, celle ci se révèle une nouvelle fois dantesque! Entre nouvelles pistes propres à cette nouvelle aventure (mention spéciale à Revolution in your heart) et musiques de l’épisode original revisitées (notamment Beneath the Mask), l’OST de Persona 5 Tactica n’a pas à rougir face à celle de Persona 5, Royal, ou encore Strikers. Les flashbacks sont d’autant plus poignants par les notes de piano de « Tragedy« . L’univers est une nouvelle fois sublimé par sa musique toujours aussi exceptionnelle.
Il est indéniable que j’avais énormément de choses à dire sur Persona 5 Tactica, du bon, voire même du très bon, et du moins bon et quelques regrets quant à ce nouveau spin-off, cette nouvelle suite. Si le scénario et son écriture sont une nouvelle fois à la hauteur des Voleurs Fantômes tant par le développement des nouveaux personnages et leur histoire respective que par les propos tenus par ses thèmes et par les tenants et les aboutissants de cet étrange Metavers, un gameplay grisant et addictif, malgré un genre qui a tendance à me rebuter, une OST une nouvelle fois grandiose, mon cœur ne peut que s’avouer vaincu par cette nouvelle aventure, qui m’aura fait verser quelques larmes et ce à maintes reprises. Pour autant, il est loin d’être parfait, et ses faiblesses sautent tout autant aux yeux. Notamment dans son gameplay, qui peine à évoluer au fil des mondes, ou encore par la redondance certaine du level design qui manque parfois d’inspiration. En découle de ce spin-off qui pourra aussi paraître indispensable aux yeux de certains joueurs, que dispensable aux yeux d’autres.
- L’écriture des nouveaux personnages poignante et émouvante
- Le gameplay grisant même pour les néophytes
- Un métavers pas comme les autres
- L’OST sublime
- La variété des mondes et leur stratégie
- Les mécaniques du jeu original diablement bien exploitées
- Le contenu secondaire, tout juste ce qu’il faut
- On peut arrêter avec les DLC d’histoire le jour de la sortie, s’il vous plait? Ca fait pingre.
- Le level design de chaque monde qui manquent d’inspiration
- Le gameplay qui peine à évoluer à partir du deuxième monde
L’avis de Yoann
Si je n’attendais pas du tout ce Persona 5 Tactica (j’ai tout de même adoré Persona 5 Royal et Persona 5 Strikers), étant réfractaire au gameplay tactique, il faut de même vous dire qu’au final, j’ai adoré mon aventure d’une bonne trentaine d’heures et ce, dans la difficulté « cool ». En faisant fi de son gameplay qui n’est pourtant pas ma tasse de thé en temps normal, j’en suis ressorti conquis par une histoire très bien écrite, aux thèmes profonds porté par un fond de réflexion auquel nous habitue depuis longtemps la saga. Enorme et probablement dernier coup de cœur de cette année 2023 en ce qui me concerne, Atlus a réussi une fois de plus à me surprendre positivement parlant en m’offrant une nouvelle aventure de haute volée aux côtés de nos très chers voleurs fantômes de cœurs adorés. Une réussite incontestable pourtant (légèrement) entachée par une politique de DLC que je juge volontiers de singulière.