Après le grandissime 13 Sentinels Aegis Rim sorti en 2020 sur PS4 (2022 sur Switch), Atlus et Vanillaware ont une nouvelle fois collaboré pour nous proposer un nouveau titre répondant au nom de Unicorn Overlord. Annoncé lors du Nintendo Direct de septembre 2023, nous découvrions ce nouveau jeu à la sauce 100% Vanillaware dans un univers médiéval et heroic fantasy. L’attente est donc terminée puisque Unicorn Overlord est disponible depuis le 8 mars 2024 et en voici mon test après presque 50h de jeu (et les 1000G en poche)!

VersionNumérique sur Xbox Series fournie par l’éditeur
Temps de jeuEnviron 48h
Histoire terminéeOui
Complétion totale100%/1000G
DifficultéNormal/Facile

Genre(s)Action, Aventure, Tactical RPG
Date de sortie8 mars 2024
Prix (maximum conseillé)59€99
Plateforme(s)PlayStation 5, PlayStation 4 (version digitale uniquement), Xbox Series, Nintendo Switch
VoixAnglais, Japonais
TextesFrançais, Anglais, Allemand, Espagnol, Italien

L’histoire prend place dans le royaume de Cornia sur le continent de Fevrith. Le général Valmore trahit sa souveraine, Ilénia, et mène une rébellion contre le pouvoir en place pour faire revenir l’empire disparu de Zenoira. Dans l’espoir de sauver son fils, Alain, elle se sacrifie et confie son descendant à Joseph, son plus proche confident et garde rapproché. Avant de les laisser partir elle confie également un mystérieux anneau à Alain, l’anneau de la Licorne, symbole de la royauté de Cornia. Dix ans plus tard, Alain a bien grandi, et pour honorer la mémoire de sa mère, la défunte reine, il décide de parcourir les différentes région de Fevrith et mener un groupe de rebelles, l’Armée Libératrice, pour détrôner Valmore et renverser l’Empire Zenoirien.

Après avoir exploré la science-fiction, avec brio, grâce à 13 Sentinels Aegis Rim, Vanillaware revient en terrain connu avec cette nouvelle aventure d’heroic fantasy (Odin Sphere, Princess Crown) tout en l’incorporant dans un univers de type médieval, toujours en visual novel. Un scénario plus classique pour ce périple mais qui n’en oublie pas d’être d’une densité comme sait la façonner le studio. En effet, si le postulat de départ se veut plus simple à comprendre, l’écriture de Unicorn Overlord et sa narration se dessinent autour de son immense monde, sa multitude de personnages, ses différentes classes et races de peuples qui fourmillent en Fevrith. En découle donc un nombre d’informations non négligeable à emmagasiner tout au long de notre aventure pour comprendre l’envergure de son scénario et de son univers. Un déluge d’informations qui pourra malgré tout nous perdre. Surtout que les plot-twist ne sont pas légion ici.

A l’instar de son prédécesseur, Unicorn Overlord révèle un casting de personnages immense qui nous fera parfois perdre un peu la boule lorsqu’il s’agira de se souvenir qui est qui et qui fait quoi dans le scénario. En effet, l’histoire des différentes régions fait partie intégrante de l’aventure, tant pour étoffer son lore que pour servir l’histoire principale. Malgré tout, ici, l’écriture de ses personnages et des liens qu’ils tissent entre ont restera plus en retrait. Un système d’affinités permettra donc de lier des personnages entre eux, mais reste anecdotique dans son intérêt à les « maxer ».

Pour Unicorn Overlord, Vanillaware est revenu sur un Tactical RPG plus traditionnel tout en le revisitant. Si vous me connaissez un tant soit peu, vous le savez, les tactical n’ont jamais été dans mes genres de prédilection. Et pourtant.

Dans la peau d’Alain nous parcourons donc les différentes régions de Fevrith à la recherche d’alliés pour étoffer l’Armée Libératrice et vaincre l’Empire Zenoirien. Se profilent donc à l’horizon de très nombreux combats en 2D comme l’aime le studio japonais. Mais alors que les combats en eux-mêmes se déroulent de façon automatique, toute la tactique et la stratégie se dessinent autour de la formation de nos unités et les classes utilisées. En effet, Unicorn Overlord regorge d’un nombre incalculable de classes, du lancier à cheval en passant par l’épéiste, l’archer mais aussi les sorciers, unités volantes, et j’en passe. Chaque classe à ses forces et ses faiblesses, il faut donc les placer au bon endroit dans notre unité (au maximum de 5 combattants) pour espérer ressortir victorieux.

Mais tout n’est pas si simple, puisque Vanillaware a poussé les possibilités de gameplay à leur paroxysme grâce à des tactiques avancées. Une fois notre formation de combattants faite (jusqu’à 5 combattants par unité au fil que nous améliorons notre réputation), nous avons la possibilité de leur « ordonner » quelle compétence/attaque lancer et quand. En outre, il faudra apprendre à frapper le bon ennemi au bon moment, mais aussi se protéger et se soigner quand c’est nécessaire. En résulte un gameplay parfois exigeant mais qui se montre également clément pour les néophytes du genre (en plus de proposer plusieurs modes de difficultés). Le tout permet donc d’avoir un gameplay fluide et dynamique, ce qui me manque souvent dans les TRPG classiques.

Au fil des heures, on découvre donc un gameplay évolutif, qui demande une certaine rigueur dans la formation de nos unités en fonction des classes rencontrées. Si le principe se veut être plutôt simple à comprendre, la pratique, elle, se révèle bien plus complexe au fil des combats. PA, PP, compétences actives, passives, niveaux, armes, équipements, accessoires, la teneur du jeu de rôle de Unicorn Overlord peut atteindre des sommets si toutefois on arrive à maitriser ses subtilités, notamment les points de Bravoure à utiliser sans modération.

Il propose également la possibilité de passer les combats, puisque dès nos rencontres avec les unités ennemis, un écran de statistiques de victoire ou défaite s’affiche. Si cela permet de gagner un peu de temps (mais de passer à côté de la beauté des écrans de combats en 2D), cela peut aussi nous aider à comprendre nos erreurs dans la formations de nos unités et agir pour les améliorer.

Car il faut bien savoir que les batailles ont la part belle durant la cinquantaine d’heures de jeu qui peuvent constituer le périple d’Alain et son Armée. Alors que le « mode bataille » de 13 Sentinels était un mode à part du mode histoire et plus « anecdotique » en termes de gameplay, Unicorn Overlord, lui, a tout misé sur ses combats, prenant une place énorme dans l’aventure, directement incorporés dans l’histoire. Et l’exploration se dévoile elle aussi être au cœur du jeu. Entre quêtes principales, quêtes libératrices, quêtes secondaires et quêtes supplémentaires, le nouveau jeu de Vanillaware propose un contenu particulièrement généreux, permettant au passage d’étoffer les personnages et classes jouables pour la suite (ou pas d’ailleurs, le jeu vous donnera certains choix à faire de façon ingénieuse au cours de votre avancée mais je n’en dirai pas plus).

Libérer et reconstruire les différentes régions de Fevrith, tel est votre objectif principal et le jeu nous invite donc à nous en tenir à ce but. Libérer les villes du joug de l’Empire, les reconstruire grâce à de nombreuses livraisons de matériaux, l’exploration a la main mise sur le gameplay sans pour autant dénaturer le scénario principal et même le servir. Se servant d’un semi monde ouvert, l’exploration de Unicorn Overlord se révèle particulièrement addictive, voire même naturelle dans notre approche. Malgré tout, il n’est pas dénué de défauts. On lui regrette notamment la quasi nécessité de farmer certains matériaux, ou encore le manque de diversité dans le déroulement de ses batailles, notamment dans les conditions de victoire/défaite qui sont vraisemblablement toujours les mêmes.

13 Sentinels Aegis Rim, Odin Sphere, Dragon’s Crown, voire même GrimGrimoire (ressorti en 2023 sur consoles actuelles), ils ont tous un point commun: leur patte graphique et une direction artistique qui fait toute l’identité de Vanillaware. Et Unicorn Overlord ne s’en est aucunement éloigné pour le plus grand plaisir des admirateurs du studio. Un dessin reconnaissable entre mille, un character design qui l’est tout autant, Fevrith et ses régions sont un bonheur à contempler, tout comme les batailles qui sont d’une beauté singulière.

L’OST de Basiscape (Odin Sphere, Muramasa, Dragon’s Crown, 13 Sentinels) est une nouvelle fois une valeur sûre pour nous immerger dans l’aventure et nous accompagner dans l’exploration toujours en accord avec l’univers qui nous est proposé. Là encore, la densité des pistes musicales du titre est au rendez-vous, et se révèle d’une cohérence folle avec le jeu. Mention spéciale à la musique de Cornia entrainante et épique à la fois.

Une fois n’est pas coutume, la collaboration entre Atlus et Vanillaware a permis d’avoir une localisation française (contrairement à NIS America pour GrimGrimoire OnceMore qui n’en possède pas). Si sa présence est à saluer et à féliciter, on peut avoir quelques griefs en termes de qualité à lui reprocher. Non pas qu’elle manque de clarté, mais les doublages anglais ne se révèlent pas toujours en accord avec les sous-titres français. Par exemple, il arrivera parfois d’écouter des phrases complètes en anglais (doublages que j’ai choisi pour le faire) alors que la traduction française se cantonnera à un simple prénom. De quoi parfois manquer quelques subtilités dans les dialogues, qui n’entachent certes pas la compréhension globale du titre mais dont les défauts sont à évoquer.


Si je ne suis de base pas une grande adepte des tactical RPG en temps normal, Unicorn Overlord s’est payé le luxe de me reconcilier avec le genre (tout comme Persona 5 Tactica l’année dernière). Si l’écriture et le scénario se révèlent un tantinet plus en retrait que dans 13 Sentinels Aegis Rim, le gameplay tactique quant à lui se voit être nettement plus mis en avant, et exploité à merveille si tant est qu’on prend le temps de le peaufiner au fil des heures. Mêlant visual novel, RPG tactique, et exploration dans un semi monde ouvert, Vanillaware et Atlus ont une fois de plus visé juste pour proposer une aventure singulière et addictive. Sans être parfait, Unicorn Overlord reste un joyau du studio japonais qui sait tirer parti de son savoir faire tout en le faisant évoluer dans l’approche de ses différents genres.

  • L’identité visuelle de Vanillaware toujours aussi exceptionnelle
  • Un tactical abordable pour tous les types de joueurs
  • L’univers mediéval heroic fantasy prenant
  • Les stratégies et tactiques évolutives au fil des heures
  • La possibilité de passer les combats
  • Le casting de personnages et classes dantesque
  • L’exploration du semi monde ouvert est un régal
  • Un contenu particulièrement généreux
  • L’OST, une valeur sûre auditive
  • La présence de la localisation française à saluer
  • Un manque de diversité dans le déroulement des batailles
  • Une écriture plus en retrait (le système d’affinités qui présente peu d’intérêt)
  • Le farm des matériaux parfois redondant
  • La traduction entre l’anglais et le français qui manque de précision