Fondé en 2012, Octeto Studios est un studio basé à Santiago au Chili. Après Cyber Ops: Tactical Hacking Support sorti en 2020 sur PC, le studio s’est lancé à la conquête du JRPG à l’ancienne, en compagnie de PQube, et de lui rendre hommage avec Sky Oceans: Wings for Hire, disponible sur PS5, Xbox Series S/X, Nintendo Switch et PC, bref la totale. Une version physique sera également disponible sur PS5 et Nintendo Switch, distribuée par Maximum Entertainment. Un nom et une promesse qui peuvent évidemment faire penser à un certain Skies of Arcadia, monument de son genre sorti sur Dreamcast en 2000. C’est donc avec cette petite lueur dans les yeux que je suis partie à sa découverte en amont de sa sortie. Mon verdict? On baigne dans un océan de bonnes idées rattrapé par une technique à faire pâlir une carlingue endommagée. Explications dans ce test.
Version | Numérique sur Xbox Series X, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 12h |
Histoire terminée | Non |
Complétion totale | 42% des succès |
Difficulté | Normal |
Genre(s) | RPG, Action, Aventure |
Date de sortie | 10 octobre 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 24€99 (et 39€99 en version physique) |
Plateforme(s) | PC, PS5, Xbox Series S/X, Nintendo Switch |
Voix | Anglais |
Textes | Français, Anglais, Allemand, Chinois simplifié, Espagnol, Japonais |
Connexion obligatoire | Non |
Nous suivons l’aventure de Glenn Marchevent. Fils d’un couple d’explorateurs dont la dernière expédition a très mal tournée, pilote chevronné et dévoué à sa tribu, Glenn n’a qu’une idée en tête: comprendre ce qui s’est passé ce jour là quand sa mère, Agnès, est revenue à Floraise sans son père et s’est depuis terrée dans son travail. Mais alors que tous les yeux sont rivés sur les nouveaux pilotes fraichement diplômés, la tribu subit une soudaine attaque de l’Alliance. Glenn réussit tant bien que mal à s’enfuir ce qui le poussera à suivre les traces de ses parents. En route vers l’exploration afin d’obtenir toutes les réponses qu’il souhaite en compagnie de ses fidèles amis.
C’est peu ou prou la première heure de jeu de ce Sky Oceans. Au programme beaucoup de mystères, autour de la disparition du père de Glenn, des secrets de sa mère, et de l’attaque inopinée de l’Alliance. Si Sky Oceans invite ses joueurs à s’en intéresser et à le suivre avec intérêt, malheureusement, en termes de narration et d’écriture, le tout reste très platonique, en surface, sans jamais réellement approfondir ses enjeux, et encore moins ses personnages. On peine donc à s’attacher au groupe, bien que certains réussissent malgré tout à sortir du lot mais toujours en restant sur une écriture qui manque de profondeur. On finit donc par se détacher un peu de ce qu’il raconte pour se concentrer sur la partie du gameplay.
Sky Oceans: Wings for Hire est un RPG en tour par tour mais, à la différence que les combats se passent dans les airs et non sur terre mais sans pour autant briser les codes du genre. En effet, dotés de plusieurs types d’attaques, chaque aéronef, comprenez donc chaque allié, a son propre style, du soigneur/soutien, en passant par les attaquants ou encore les éternels tanks. De plus, il dispose évidemment d’un système de faiblesses pour nos ennemis, un classique mais toujours efficace. De ce point de vue, Sky Oceans n’est pas un mauvais jeu, loin de là, les combats sont plutôt grisants avec une certaine dose d’exigence (bien que cela ne tienne que sur les premières heures de jeu, mais j’y reviendrai). En effet, plus que tour par tour bête et méchant (comprenez par là, les alliés attaquent avant l’ennemi, ou vice versa), les combats suivent un ordre d’attaquants. Ainsi, il faut être attentif à qui a prévu d’attaquer et quand, pour placer une belle esquive salvatrice. Une idée qui rajoute un certain peps au système de combat.
Pour ce qui est de l’exploration, le B.A BA pour un explorateur en herbe, elle se révèle finalement très en retrait, ou en tout cas il ne nous y invite pas vraiment. Si les missions principales se dévoilent à nous indiquées comme le nez au milieu de la figure, les quêtes secondaires, elles, sont plus « organiques ». Au détour d’un PNJ à qui nous allons parler, celui-ci nous confiera probablement une quête à accomplir. L’objectif quant à lui, manque clairement d’intérêt et on aura plus vite fait de rebrousser chemin pour continuer l’histoire. En dehors de cela, l’exploration manque à l’appel, et malheureusement, Sky Oceans ne nous y pousse pas vraiment, en est aussi principalement la cause sa voire ses plus grosses faiblesses: sa technique.
On ne peut pas vraiment dire que Sky Oceans soit un beau jeu. Loin de là. Character design très simpliste, textures datées, aliasing, il coche toutes les cases d’un jeu visuellement très en deçà de ce qu’on pourrait espérer (à hauteur de son ambition, cela va de soi). Si on peut s’en accommoder de par son ambition première d’être un hommage à l’âge d’or du JRPG, et si on peut malgré tout lui trouver quelques jolis panoramas, le tout se révèle de surcroit très vide, rejoignant cette non-invitation à l’exploration, ne proposant d’une part aucune activité qui mérite qu’on s’y attarde, ni même des zones qui éveilleraient vraiment notre curiosité.
Là où le bas blesse vraiment, c’est donc du côté de sa technique. En mode « exploration », hors mission donc, c’est le popping qui viendra nous agresser les mirettes à tout bout de champ. Certains éléments s’affichent petit à petit dans une épaisse texture bleuté quand d’autres îles se contentent d’apparaitre comme par magie devant de nos yeux. Mais encore ce n’est pas le pire.
Chaque combat est une vraie montée d’adrénaline, non pas qu’ils soient intenses à ce point là mais plutôt parce que la peur que le jeu plante sans sommation, affichant un bel écran blanc, nous envahit. Oui n’importe quel combat peut tout simplement freezer, n’importe quand sans prévenir et à fortiori sans raison. Si je pense avoir trouvé une pirouette pour les éviter (NE SURTOUT PAS UTILISER D’ATTAQUES DE ZONE), ce n’est évidemment pas une science exacte. De surcroit, et c’est la raison pour laquelle je me suis résignée à devoir l’abandonner au bout d’une douzaine d’heures, le jeu ne prend pas en compte le nombre d’ennemis vaincus. Pour vous schématiser le contexte, une mission (principale, sinon c’est pas drôle) me demandait d’abattre 16 ennemis. Je vide la zone de tous mes assaillants jusqu’à ce qu’il n’en reste aucun. A ma grande surprise (quoi que non plus vraiment), le compteur était resté à…0/16, à savoir que j’avais également eu le tour dans un objectif secondaire de mission, mais je ne m’en étais pas franchement inquiétée.
Je vous parlais un peu plus haut de l’exigence des combats mais que cela ne concernait véritablement que les premières heures de jeu. En effet, Sky Oceans souffre d’un équilibrage douteux et d’une progression indécente. Du niveau 8, je suis passée niveau 60 en un boss, et à peine une heure plus tard, niveau 99 (niveau maximum), et ce avant le chapitre 10. Autant dire qu’on roule, ou plutôt qu’on vole au dessus du jeu.
On mentionnera également les menus qui ne s’affichent pas toujours (menus de compétences, menus d’humeur des personnages, etc), mais ils restent finalement très anecdotiques puisque leur nécessité rejoint finalement la progression hasardeuse mentionnée ci-dessus. Sans parler des nombreuses erreurs de traduction, orthographe, etc. En somme, la conclusion s’avère être un véritable crève-cœur: Sky Oceans Wings For Hire est une catastrophe.
Sky Oceans se rattrape à peu près côté bande son avec des pistes entrainantes mais sans pour autant être inoubliables.
Après 12 heures de jeu sans avoir pu le terminer (arrivée aux portes du chapitre 14), il est clair qu’il ne ressort de Sky Oceans pas grand chose de positif. Si on lui accorde un système de combat qui titille la nostalgie des JRPG d’antan, malheureusement le reste ne brille pas assez pour lui redorer le blason. Graphiquement très en retard, mais on peut encore lui pardonner, c’est du côté de sa technique que le jeu du studio chilien nous fait frémir et soupirer (de désespoir). Plantages intempestifs, progression indécente, bugs en tout genre (dont par exemple son incapacité à comptabiliser le nombre d’ennemis vaincus), popping, aliasing, bref, rien ne va dans le bon sens. Sur le papier, Sky Oceans Wings For Hire aurait pu et dû être un bon jeu, à la hauteur de sa promesse d’être un hommage à l’âge d’or du JRPG, mais dans son exécution il coche toutes les cases d’un jeu qui manque de temps de développement et surtout de QA (pour Quality Assurance, assurance qualité). En l’état, le jour de sa sortie, j’ai le regret d’avoir à dire qu’il vous faut le fuir…
- Le gameplay aérien en tour par tour
- L’OST rattrape un peu tout le reste
- Graphiquement très daté
- Techniquement très à la ramasse (plantages intempestifs, popping, aliasing, bugs)
- Progression indécente
- Un jeu qui traite l’histoire d’un explorateur qui n’invite pas à l’exploration, c’est un comble