En ce début d’année 2024, c’est Ubisoft qui ouvre le bal des sorties avec le retour d’une licence que l’on a trop longtemps attendu: Prince of Persia. Et si à date nous n’avons toujours pas de nouvelles de la part du remake des Sables du Temps, le studio français de Montpellier s’est attelé à un retour à l’ancienne d’une des licences phare de l’éditeur. Avec Prince of Persia The Lost Crown, on quitte la 3D des derniers épisodes sortis (le reboot Prince of Persia et Prince of Persia les Sables Oubliés, tous deux sortis sur la génération PS360), pour retrouver son genre de prédilection en 2D, avec une nouvelle petite touche: le Metroidvania.

Prévu pour le 18 janvier 2024, et le 15 pour les détenteurs de la version Deluxe, j’ai eu l’incroyable chance de pouvoir vous en proposer mon test avant la date fatidique. De plus, sachez qu’une démo jouable est dorénavant disponible sur les plateformes sur lequel il sera disponible.

VersionNumérique sur PlayStation 5 fournie par l’éditeur
Temps de jeuEnviron 22h30
Histoire terminéeOui
Complétion totale57,51% 
DifficultéFacile 
Mode de jeuSalon + nomade grâce au PlayStation Portal
Patch Day OneIndisponible au moment du test

Genre(s)Action, Aventure, Puzzle, Metroidvania
Date de sortie18 janvier 2024 (15 janvier en version Deluxe)
Prix (maximum conseillé)49€99
Plateforme(s)Nintendo Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S/X, PC, Amazon Luna
VoixAnglais, Français, Allemand, Espagnol, Farsi
TextesAnglais, Français, Allemand, Italien, Espagnol, Russe, Japonais, Chinois traditionnel et simplifié, Polonais, Coréen, Arabe, Farsi

Prince of Persia The Lost Crown nous raconte l’histoire de Sargon, un des membres des Immortels, un groupe restreint de guerriers capables de braver tous les dangers pour rétablir l’ordre à Persépolis. De retour victorieux contre un ennemi puissant, Sargon et les Immortels sont peu après témoins de l’enlèvement du Prince Ghassan, fils de la Reine Thomirys, emmené tout droit au Mont Qaf. Son sauvetage est une priorité pour ces hommes et ces femmes dévoués à la Perse et d’autant plus pour Sargon, en voyant le commanditaire de cet acte. Mais, alors qu’il se rend au royaume du Symurgh pour retrouver le Prince, Sargon est loin de se douter de ce qui les attend, lui et ses acolytes. Ce qui se cache derrière cet enlèvement se révèle bien plus complexe que ce qu’il imaginait.

Alors que la saga du Prince de Perse nous a toujours habitué à suivre des aventures palpitantes, ce nouvel opus ne déroge pas à la règle. S’il s’égare quelque peu en ne nous faisant pas contrôler le Prince comme dans les opus précédents, The Lost Crown introduit un scénario digne de ses prédécesseurs sous le regard d’un guerrier, celui de Sargon. Tout en s’appropriant l’univers si singulier de la saga qu’est le sien depuis 1989, ce nouvel épisode tente une nouvelle approche scénaristique en s’émancipant de ses codes mais n’en oublie pas d’explorer les thèmes si chers à la série.

Car s’il s’essaye à quelque chose de nouveau dans son histoire, il n’en oublie pas les fondamentaux qui font toute l’identité de la licence créée par Jordan Mechner. En découlent une histoire et surtout une écriture surprenantes pour cet épisode dont le traitement quasi philosophique de ses thèmes profite aussi bien au fond qu’à la forme de son scénario. Sargon, quant à lui, se révèle être un personnage profondément attachant dont l’histoire et les révélations réserve bien des surprises.

Prince of Persia The Lost Crown est indéniablement un nouvel opus de la saga, qui sait tout aussi bien traiter les thèmes récurrents de ses prédécesseurs tout en réussissant à se mettre au goût du jour et à les renouveler à sa façon pour redonner un coup de souffle à l’univers. Et c’est ce qu’a tenté Ubisoft Montpellier pour faire de ce nouvel épisode un véritable renouveau pour la licence. Et au delà de son aspect scénaristique, il tente de le faire aussi manette en main. Un pari qui lui réussit?

Après d’excellents épisodes 3D, menés par la trilogie sortie sur PS2 et Xbox (Les Sables du Temps, L’Âme du Guerrier et Les Deux Royaumes), ainsi que par le reboot de 2008 ou Les Sables Oubliés de 2010, Prince of Persia est revenu, contre toute attente, à sa vue de prédilection en 2D. Rappelant indéniablement le tout premier épisode de Prince of Persia, datant de la fin des années 80, The Lost Crown s’ajoute une petite touche que la saga n’avait jusqu’alors pas exploré: le Metroidvania. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le genre lui va à ravir.

Armé de ses 2 sabres, Sargon se met donc en quête de retrouver le Prince Ghassan coûte que coûte. Divisé en plusieurs grandes zones, le Mont Qaf nous réserve bien des surprises et surtout beaucoup d’obstacles et de dangers. Et pour les braver, Sargon va devoir compter sur les pouvoirs du Symurgh ainsi que sur son entrainement en tant qu’Immortel pour aller au bout de sa mission.

Le terme Metroidvania (mot composé de Metroid et de Castlevania, précurseurs dans le genre) peut parfois faire peur, notamment pour la difficulté que cela évoque. Et bien sachez que Prince of Persia The Lost Crown porte son genre excellemment bien sur ses épaules. Alors que les premières minutes du jeu nous invitent à prendre une certaine confiance, ce nouvel épisode a décidé d’être à la hauteur de son genre: un jeu exigeant, parfois même difficile, qui vous fera, comme on dit souvent dans le jargon, un tant soit peu roté du sang.

Avancer dans un Metroidvania, et dans le cas présent, dans Prince of Persia The Lost Crown, n’est pas chose aisée. Entre les combats et les phases de plateformes, on se retrouve vite dans la boucle du die and retry (littéralement mourir et recommencer). Esquiver, parer, sauter, enchaîner les compétences pour arriver d’un point A à un point B. Notre manette est malmenée, notre cœur bas la chamade, et chaque petite étape atteinte est une victoire.

Et c’est là, malgré son indéniable difficulté, que Prince of Persia The Lost Crown brille. Il se révèle incroyablement addictif et son aspect die and retry en devient une véritable force tant il nous propose un gameplay dynamique, nerveux et varié grâce aux nombreuses compétences que nous acquérons tout au long de notre aventure (afin de garder la surprise intacte, je n’en dévoilerai aucune ici) . Un gameplay qui sait évoluer aux bons moments et sait tirer partie des possibilités de son univers et de ses thèmes avec brio. Oui, j’en ai parfois bavé, les boss me faisant parfois mordre la poussière, le level design me faisant perdre la boussole (comme d’habitude), et ses phases de plateformes m’ont aussi fait m’arracher quelques cheveux. Et pourtant, j’y retournais avec un plaisir indéfectible.

Alors que je suis habituellement plutôt hermétique au genre, je me suis vue enchainer les heures sans les voir passer. Car si Metroidvania il est, il n’en a pas oublié la volonté d’être un Prince of Persia, et un jeu accessible. Doté de nombreux modes de difficultés, de 2 modes de jeu (exploration ou guidé), et de nombreuses options d’accessibilité, Prince of Persia The Lost Crown n’a pas mis de côté les novices du genre pour autant, et on l’en remercie grandement, tout en s’adressant aux joueurs les plus émérites.

Mêlant combats et exploration, le jeu d’Ubisoft Montpellier se dévoile incroyablement complet, tant par la taille de son terrain de jeu, immense, que par la diversité de ses mécaniques, et les possibilités d’évolution de Sargon, que cela passe par l’amélioration de ses équipements, le port d’amulettes, ou encore ses éclats d’Athra, éparpillés et à trouver aux quatre coins du Mont Qaf.

Malgré tout, on lui regrette également, de temps à autres, quelques pics de difficulté qui pourront en frustrer plus d’un. L’une de ses faiblesses, la parade, est particulièrement complexe à maitriser face aux boss du jeux, notamment. De plus, si les collectibles se fondent parfaitement à l’expérience de jeu, devenant indispensables pour le gameplay et le lore, on leur reconnaitra bien ça, peuvent une nouvelle fois dans une production Ubisoft avec un petit arrière goût de trop. Les completionnistes auront donc quelques heures de jeu à faire pour tout trouver.

Pour ce qui est de sa partie visuelle, Prince of Persia The Lost Crown est impeccable dans sa version PlayStation 5. Si sa physique pure y est pour beaucoup, grâce au moteur Unity, de par sa netteté, ses jeux d’ombres et de lumières. Sa mise en scène particulièrement soignée, et sa direction artistique n’est pas en reste. Le tout est très épuré, si AAA il est, il ne part à aucun moment dans l’hollywoodien, dans le surfait ou le surjoué. La diversité de ses environnements lui fait également honneur, tout comme la variété de son level design et de ses « parcours » tous plus assassins les uns que les autres. Alors que l’éditeur français est souvent réputé pour proposer des expériences techniques en demi teinte, menées par la très forte présence de bugs, Prince of Persia The Lost Crown est étonnant. En ce qui me concerne, je n’ai aucun souci à faire remonter: aucun bug, aucune chute de framerate, il est impeccable et ça fait plaisir!

Côté bande son, ce sont les compositeurs Mentrix et Gareth Cocker qui ont œuvré sur l’ambiance musicale de ce Prince of Persia. Le premier, d’origine iranienne, mêlant instruments traditionnels à la modernité de ses sonorités, propose une bande originale des plus immersive? Le deuxième, compositeur de Ori and The Blind Forest et sa suite The Will of Wisps, est en charge des pistes sur les combats de boss, réussi lui aussi le même exploit, rendant l’OST de Prince of Persia The Lost Crown particulièrement rythmée et épique.

Quant au doublage français, il est rondement mené par Stevie Tomi, jeune talent du doublage français, déjà entendu dans une production Ubisoft, Avatar Frontiers of Pandora, mais aussi dans Horizon Forbidden West Burning Shores. Une chose est sûre l’intonation de sa voix correspond parfaitement au personnage de Sargon.


Prince of Persia The Lost Crown était l’un des jeux que j’attendais le plus de ce mois de janvier 2024. Pour ce qu’il représente, le retour tant espéré de la licence, mais aussi pour ce qu’il semblait avoir à proposer en termes d’expérience vidéo ludique. S’il avait déjà ma confiance, j’étais loin de me douter que j’allais en ressortir conquise! Entre difficulté et accessibilité, le jeu d’Ubisoft Montpellier sait s’adresser à tous les publics, novices ou expérimentés. Tout en brisant les codes de la licence, il a su en implémenter de nouveaux, au travers de Sargon, mais aussi de son gameplay mené par le Metroidvania. Si ce coup d’essai est à féliciter, ce nouvel opus n’est pas dénué de défauts. Je lui reprocherai une parade parfois trop peu réactive et un nombre de collectibles un peu trop élevé. Le studio de Montpellier signe ici un retour de haute volée pour cette licence que nous n’avions pas revue depuis 14 ans.

  • Un scénario rondement mené par les thèmes récurrents de la licence
  • Sargon, pas un prince, mais un personnage profondément attachant
  • Le Metroidvania va si bien à Prince of Persia
  • Le Mont Qaf, immense, plein de surprises
  • Le mode portable lui va si bien
  • Techniquement irréprochable
  • Une DA exquise
  • L’OST brillante
  • Entre difficulté et accessibilité, tous les publics sont visés
  • Quelques pics de difficulté mal gérés
  • La parade, à retravailler pour le futur
  • Les collectibles, indispensables au gameplay et au lore, mais encore un peu nombreux.