Disponible depuis le 29 novembre 2023, Orten was the Case est le tout premier jeu de Woodhill Interactive, en collaboration avec Aurora Punks, et le projet d’Oskar Thuresson, ou Otres, et dont le développement lui a pris pas moins d’une décennie. Le jeu nous plonge dans une ville fictionnelle dystopique suédoise entièrement dessinée à la main et dans un univers unique. Orten was the Case est à retrouver sur PC, PlayStation 4 et 5, Xbox One et Series, et Nintendo Switch.

VersionNumérique sur Nintendo Switch fournie par l’éditeur
Temps de jeuEntre 6 et 8h environ
Histoire terminéeOui
Complétion totale76%
DifficultéFacile (options d’indices et combats faciles activés)
Mode de jeuNomade

Genre(s)Action, Aventure, Puzzle
Date de sortie29 novembre 2023
Prix (maximum conseillé)14€99
Plateforme(s)PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S/X, Nintendo Switch, PC
Voix/
TextesAnglais, Français, Espagnol, Suédois, Allemand, Portugais

Ziggy, un jeune homme dont nous ignorons tout, se réveille chez lui un matin à 11h05, sans aucun souvenir de la veille. Alors qu’il tente de trouver des réponses auprès de ses amis dans les rues de la ville d’Orten, une bombe explose à 11h17 décimant tous les habitants de cette bourgade aux allures délabrées. Ce que Ziggy ignorait jusque là c’est qu’il était coincé dans une boucle temporelle. Très vite, il se donne alors pour mission de trouver des réponses à sa situation, ainsi que les responsables de cette explosion et de ce fait empêcher la ville d’être détruite.

C’est ainsi que se dessine le scénario de ce jeu pas comme les autres. Les premières sessions de jeu déroutent aussi bien par ce scénario qui nous laisse livrés à nous-mêmes mais aussi par son aspect graphique et son character design peu communs, originaux, mais surtout son ton très décalé.

Les dialogues et les cinématiques dans Orten was the Case sont quasi inexistants tout au long du jeu, et pourtant il réussi à travers ses énigmes et son lore lors des quêtes principales et secondaires a en dire beaucoup sur ses thèmes pas franchement joyeux. Son ambiance peu accueillante, sombre et particulièrement décalée n’est pas vraiment une invitation à partir à l’aventure. Et pourtant, au fil des heures, on se prend au jeu de découvrir aux côtés de Ziggy ce qu’il se passe réellement à Orten, provocant sa fin. Les objectifs s’enchainent, de nouvelles énigmes font surface, et on n’a qu’une envie comprendre ce qu’il en est. Dans une ambiance parfois malaisante, le jeu de Woodhill Interactive se dévoile être un véritable OVNI de la scène indépendante tant il assume prendre un chemin qui nous est habituellement inconnu.

En matière de gameplay, Orten was the Case est un jeu qui nous plonge donc dans une boucle temporelle de seulement 12 minutes. Un laps de temps parfois frustrant, notamment pour ceux qui aiment explorer, mais qui finalement se dévoile brillant dans ses mécaniques. En effet, en si peu de temps autant vous dire qu’on a pas le temps de faire grand chose et pourtant assez assembler les pièces de ce lore et de ce scénario au préalable très flous. Orten est un gigantesque puzzle, dans lequel se dessinent une succession d’énigmes qui fait appel à notre logique mais aussi à notre mémoire. Car un lieu, un objet croisé en début de jeu peut ne pas servir à l’instant T mais pourra l’être plusieurs heures plus tard.

En découle un gameplay particulièrement addictif et intriguant, chaque énigme est pensée avec soin, le tout pour être résolue en 12 minutes voire moins. Bon, 12 minutes, mine de rien, ça passe très vite, il ne faut donc pas lambiner. Car c’est un fait vous ne pourrez faire qu’une seule mission par boucle. Un game design qui renforce le sentiment d’urgence à chaque instant, et c’est finalement vraiment grisant. Et la ville regorge de secrets, de passages, de souterrains, d’objets, d’interactions avec les PNJ et autres bizarreries en tous genres.

Le jeu met également en place un système de chronologie dont les événements changent en fonction de nos actions, nous laissant donc parfois quelques indices quant à certains choix à faire à certains moments précis de l’histoire. En découle un gameplay particulièrement dense et inattendu, donnant une multitudes possibilités, un aspect renforcé par son level design.

En surface, Orten est une petite ville mais plus on avance plus on se rend compte que malgré sa petitesse, les possibilités de déplacement sont incroyables si tant est que nous nous adonnons aux nombreuses quêtes secondaires nous permettant de faire la lumière sur quelques raccourcis fort pratiques. Car au delà de la logique imposée par les énigmes, le jeu demande de faire un gros travail d’observation de notre environnement. Une fenêtre ouverte, un passage dans un mur, un objet avec lequel interagir, Orten se dévoile bien plus dense qu’elle n’y paraît et regorge finalement d’une multitude d’endroits à découvrir et explorer.

Si le dessin d’Orten was the Case est particulièrement impressionnant et une franche réussite, son ambiance morbide et souvent malaisante, ses scènes totalement improbables et son character design mené par Ziggy, ses yeux démesurés, et son accoutrement peu conventionnel, ne feront pas forcément l’unanimité. Evidemment, cela fait partie de l’identité du titre, qui sait se démarquer des autres productions, mais adhérer à sa direction artistique n’est pas forcément systématique. Moi la première ai eu beaucoup de mal à m’immerger dans cet univers si singulier.

Plus loin dans son aspect graphique, certes unique, la perception de certaines perspectives est malheureusement souvent illisible, ce qui ajoute une certaine frustration dans notre aventure qui se dessine comme une course contre la montre.

Techniquement, le jeu se révèle néanmoins tout à fait honorable. Hormis les temps de chargement qui sur Switch sont un tantinet longs, le jeu révèle une fluidité remarquable, ainsi que l’absence de bugs exceptionnelle.

ATTENTION: à l’heure où j’écris ces lignes, une mission secondaire ne peut actuellement pas être terminée vers la fin du jeu, la faute à un souci de mapping sur Switch. Le jeu nous demande d’appuyer à de nombreuses reprises sur la touche B, placée au même endroit que A ou X sur respectivement Xbox et PlayStation, mais son utilisation première est conservée, à savoir « annuler », « quitter ». Toutefois, une mise à jour est d’ores et déjà en cours de développement pour régler ce souci.


De vous à moi, la première fois que j’ai lancé Orten was the Case, je me suis vraiment demandée dans quoi j’étais tombée. Son character design déroutant, son ambiance bizarroïde, son ton très décalé, rien ne disait que j’allais apprécié les prochaines heures aux côtés de Ziggy. Et si effectivement son ambiance, ses scènes complètements improbables et son character design ne feront clairement pas l’unanimité, Orten was the Case propose tout de même une expérience de jeu assez unique en son genre, et s’assume pleinement en tant qu’OVNI. Son game design autour d’une boucle de 12 minutes est brillant, ses énigmes demandant mémoire et logique sont franchement bien pensées, son scénario et le message qui se cache derrière en sont une force, bref, Orten was the Case a énormément de choses à offrir malgré son design surréaliste. Si le dessin et le level design d’Orten sont impressionnants, cela peut également être au détriment d’une certaine lisibilité des perspectives, ce qui pourra parfois accentuer une certaine frustration dans notre quête des plus urgentes. Si vous êtes joueurs sur PC, une démo est disponible sur Steam afin de vous essayer à cette aventure qui dépasse les limites du commun.

  • Le dessin de la ville impressionnant…
  • Une ambiance singulière…
  • La boucle de 12 minutes, une idée brillante
  • C’est un OVNI et il l’assume
  • Les énigmes d’une grande inspiration
  • Le message de fond poignant
  • Le level design qui explore horizontalité et verticalité
  • Les chronologies qui servent la densité du gameplay
  • … au détriment de la lisibilité de la perspective
  • … mais qui peut parfois être très malaisante
  • Un problème de mapping lors d’une quête secondaire sur Switch
  • Les temps de chargement très longs (toujours sur Switch)