Réalisé par Shu Takumi (Ace Attorney, Dino Crisis), sorti sur Nintendo DS en 2010 (au Japon, 2011 en occident), Ghost Trick Détective Fantôme est revenu sur Nintendo Switch, PlayStation 4, Xbox One et PC le 30 juin 2023. Un retour qui a permis de le remettre sur le devant de la scène qu’il mérite, puisqu’à l’époque les critiques élogieuses n’avaient pas suffit à le faire suffisamment connaitre. Quelques mois plus tard après cette ressortie, me voici donc partie à la découverte de ce jeu d’enquête au gameplay singulier, 13 ans après sa sortie initiale. Mon verdict dans les lignes qui suivent. Par souci de ne rien divulgâcher, les captures d’écran présentes dans ce test ne couvriront que les 3 premiers chapitres du jeu.

VersionNumérique sur Xbox One fournie par l’éditeur
Temps de jeuEnviron 18h
Histoire terminéeOui
Complétion totaleNon communiquée
DifficultéUnique

Genre(s)Aventure, Réflexion, Point’n Click
Date de sortie30 juin 2023
Prix (maximum conseillé)29€99
Plateforme(s)PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch, PC
Voix/
TextesFrançais, Anglais, Italien, Allemand, Espagnol, Japonais, Coréen, Chinois simplifié et Chinois traditionnel

L’histoire commence dans une sombre décharge d’une ville dont nous ignorons le nom. Il est 19h02. Une femme est en danger. En danger de mort avec un pistolet pointé sur elle. Très vite, nous faisons la connaissance de notre protagoniste. Un homme à la chevelure dorée, vêtu d’un costume rouge, lunettes de soleil posées sur le nez. Mais il y a un hic. Le sauveur que nous pensions être vient tout juste de mourir. Son corps inerte git tout à côté de là. Et pourtant, il est là, prêt à tout pour la sauver. Dans son impuissance, il découvre ses pouvoirs, ou plutôt ses tours de fantôme, qui lui permettront de déjouer les plans de cet homme armé, sur le point de tuer une innocente.

C’est ainsi que démarre Ghost Trick. Dans le plus grand mystère, nous posant les bases de son scénario. Nous incarnons un homme mort, qui a perdu tous ses souvenirs et qui n’a pas beaucoup de temps avant de devoir partir pour toujours. Et il est bien déterminé à utiliser ses « tours » pour découvrir son histoire, comment et pourquoi il est mort, ici, dans cette obscure décharge avec pour seule piste cette jeune femme aux cheveux rouges.

C’est sur ces quelques instants que s’ouvre l’aventure que sera Ghost Trick. Un jeu d’enquête atypique qui, du long de ses 18 chapitres, nous mènera à la vérité. Un court instant qui pose ses enjeux, et surtout sa richesse. La richesse d’une histoire bien ficelée, d’une enquête qui nous réserve bien des surprises, de rebondissements en révélations (en commençant par notre nom), menée par un casting de personnages tous plus déjantés les uns que les autres.

Alors que je voyais les noms des personnes impliquées dans le jeu, en commençant par son réalisateur, Shu Takumi, je me remémorais déjà ces quelques heures passées aux côtés de notre détective en herbe, désarçonné par le destin. Car Ghost Trick joue dangereusement avec le destin et ce que cela implique. Sans aucune fausse note, ce scénario se joue aussi bien de nous qu’il ne le fait avec ses personnages, pour nous tenir en haleine jusqu’à la dernière seconde. En découle une histoire captivante, haletante, teintée d’une bonne dose d’humour, rythmée de façon exemplaire par des rebondissements inattendus et surprenants. Son scénario jouit d’une écriture particulièrement soignée, avec tout juste assez d’indices pour nous captiver, qui se dévoilent petit à petit pour nous surprendre.

Mais derrière ce scénario singulier et original se cache un gameplay qui l’est tout autant. Imaginez donc incarner un mort, un esprit, sans véritable moyen de se déplacer. Derrière ce visual novel se cache un vrai jeu de réflexion aux allures de point’n click. Notre aventure se déroule sur 2 plans bien distincts. Le monde des vivants, celui où le temps passe et les événements se déroulent normalement, et le monde fantôme, où le temps s’arrête et celui dans lequel chaque étape est cruciale.

Capable uniquement de « posséder » les objets, et de se déplacer d’un lieu à un autre grâce aux lignes téléphoniques, notre homme au costume rouge a peu de marge de manœuvre pour changer les choses et passer à l’étape suivante de son enquête. Chaque chapitre se concentre sur un lieu et/ou un événement particulier. Très vite, Ghost Trick nous demande d’affuter nos méninges pour résoudre ses énigmes ou plutôt pour activer des réactions en chaine qui nous permettront de passer à la suite.

Evidemment, les premiers chapitres coulent (presque) de source, les énigmes sont relativement intuitives, et se résolvent de façon assez naturelle, mais plus les chapitres passent, plus notre matière grise et notre logique sont mises à mal avec de surcroit le déblocage de nouveaux « tours » comme la possibilité d’échanger des objets de forme similaire un peu plus tard, venant complexifier un peu tout ça.

Quoi qu’il en soit, le gameplay de Ghost Trick est un véritable tour de passe passe d’une originalité inégalée, qui demandera autant de logique que d’un sens de l’observation particulièrement développé pour déjouer les plans de nos nombreux adversaires qui ignorent tout de notre présence, jusqu’à défier la mort elle-même, quelques minutes avant qu’elle ne vienne faire son remue-ménage. En découle une maniabilité brillante, dont le temps fait partie intégrante de l’aventure.

Des plans et des scénettes plus nettes, des décors plus détaillés, des animations modernisées, c’est ce que promet le RE Engine (Resident Evil, Monster Hunter) pour rendre honneur à cette version remasterisée. Pas de fioritures, pas d’artifices clinquants, Ghost Trick n’ a pas besoin de ça pour reprendre un vrai coup de jeune. Car dans sa plus pure simplicité se cache son identité, celle qui ne doit pas être entachée par des effets visuels superficiels. Et on ne lui en demande pas plus. Sa direction artistique colorée fait son travail à merveille pour nous plonger dans son univers digne d’un bon polar.

Malgré tout, on regrette la résolution en 4/3 et ses affreuses bandes sur les côtés. Un détail me direz-vous, mais qui peut aussi faire perdre un peu en immersion. Le système de sauvegarde aurait également pu être revu et modernisé puisque la sauvegarde manuelle ne nous permet de reprendre qu’à certains points de passage désignés par le jeu. Ce n’est ici qu’un point de vue de confort pour tous ceux qui ne peuvent se permettre de longues sessions de jeu.


Si sa sortie initiale a été peu remarquée par les joueurs il y a de ça 13 ans, Capcom a fait revenir Ghost Trick d’entre les morts pour notre plus grand plaisir. Oscillant entre le point’n click et le visual novel, cette aventure dans le monde fantôme est d’une ingéniosité sans pareil. Un scénario riche en rebondissements et surprises, un casting déjanté, des énigmes à résoudre, et un protagoniste des plus mystérieux, voilà ce qu’est Ghost Trick Détective Fantôme. Un univers de polar teinté d’un humour bien à lui, cette aventure singulière dans le monde fantôme s’est révélée être une petite pépite bien trop méconnue. On regrette quelques petits désagréments datés, comme la résolution en 4/3 ou un système de sauvegarde un peu archaïque. Malgré tout cette folle nuit a de quoi marquer les plus curieux d’entre nous. En espérant que ce retour éclair révèle une suite dans les mois à venir.

  • Un scénario palpitant
  • Le casting de personnages déjantés
  • Une direction artistique soignée
  • Le destin au cœur de l’histoire
  • L’originalité du gameplay
  • Qui sert son univers
  • Le game design brillant
  • Le 4/3 pique un peu
  • Le système de sauvegarde un peu archaïque
  • Pas de version physique en Occident