En juin 2022, Playstation tenait un de ses fameux « State of Play », un court moment durant lequel les joueurs attendent des nouvelles sur les jeux à venir et pourquoi pas de nouvelles annonces. Ce fut l’occasion pour Studio Sai, avec à sa tête le développeur coréen Jae Hyun Yoo, de présenter son tout premier jeu: Eternights. Au doux mélange de « dating sim« , d’action et de RPG, les aficionados de JRPG voient en lui une future belle surprise. En juin de l’année suivante (cette année donc), Eternights propose, à l’occasion du Steam Next Fest, une démo sur Steam permettant de découvrir environ la première heure du jeu. Un hands-on qui a pu nous éclairer sur son système de combat et la présence de ses « liens sociaux ». Initialement prévu de sortir le 21 septembre 2023, Eternights a finalement été avancé au 12 septembre sur PC (Steam) et consoles Playstation.

VersionNumérique sur PC (Steam) fournie par Studio Sai
Temps de jeuEnviron 16h
Histoire terminéeOui
Complétion totale57% des succès Steam (15/26)
DifficultéNormal + Facile

GenreSimulation, Action/aventure, RPG
Date de sortie12/09/2023 en version numérique, 16/11/2023 en version physique (distribuée par Just For Games) sur PS4/PS5
Prix (maximum conseillé)29€99 en version standard, 39€99 en édition Deluxe (PC uniquement), 29€99 pour la version physique
Plateforme(s)PC (Steam), Playstation 4, Playstation 5
VoixAnglais, Japonais, Coréen
TextesAllemand, Anglais, Chinois – simplifié, Chinois – traditionnel, Coréen, Espagnol , Français, Japonais, Portugais
JouabilitéCompatible manette, compatible Steam Deck

Nous faisons la rencontre de notre personnage (que nous nommons à notre guise), et de Chani, son (notre) meilleur amis lors d’une conversation. Les 2 ados sont en mal d’amour, et utilisent donc tous les moyens mis à leur disposition pour trouver l’âme sœur. Inscrits sur de nombreux sites de rencontres, rien n’y fait, l’amour ne frappe pas à leur porte. Jusqu’à ce fameux soir, où nous rencontrons notre âme sœur… pendant un rêve.

Mais cette rencontre est aussi synonyme de fin du monde durant laquelle le monde tel que nous le connaissons ne sera plus le même. Hormis quelques courageux survivants, tout le monde a été victime d’une mystérieuse infection, le rendant avide de destruction et de mort. L’heure est au sauvetage du monde et d’éradiquer ce mal qui fait rage grâce au réveil d’un pouvoir.

Le scénario d’Eternights ne s’éternise pas pour poser les bases de qu’il va nous raconter et ce de façon plutôt efficace. Dès la première heure, son histoire nous intrigue et nous pousse à en connaître la suite. Au fil des heures, alors que nous avançons dans l’histoire vers son point final, Eternights met aussi l’accent sur ses « social links » (ou liens sociaux), qui priorisent évidemment l’écriture des nombreux personnages avec lesquels nous nous allions, leur évolution et les liens qu’ils tissent tous entre eux (jusqu’à atteindre pourquoi pas une romance, parce que l’amour c’est bien aussi).

En découle une narration et une histoire plutôt bien ficelées mais qui, de par sa courte durée de vie, se déroule de façon abrupte et très rapide, manquant donc parfois d’aller au bout de ses idées, on aurait aimé connaître un peu plus en profondeur notre personnage et son histoire, par exemple, ou encore la petite Eunji, qui fait acte de présence sans que le jeu ne s’attarde réellement sur elle.

Teintée d’un certain humour, parfois un tantinet lourd disons le, Eternights ne manquera pas de nous esquisser quelques sourires alors que la fin du monde se profile à l’horizon. Une légèreté bienvenue mais souvent mal dosée et à de maintes reprises mal placée. On manquera donc de prendre au sérieux certaines scènes pourtant joliment mises en scènes, dont le fond se veut sérieux et même dramatique. En contradiction avec cela (parce que sinon c’est pas drôle), Eternights c’est aussi un peu d’eau de rose, des romances, des moments d’affection, d’amour, et mine de rien, ça fait du bien.

Si le créateur d’Eternights ne cache pas son amour pour la saga Persona, et si les inspirations à la saga d’Atlus pullulent dans cette production indé, Studio Sai n’en a pas pour autant fait une pâle copie. Les liens sociaux, stats sociales (expression, courage, acceptation et confiance), ainsi que le système de gestion du temps rappelleront sans nul doute la saga de P.Studio, qui a marqué un réel tournant pour le JRPG. Sous couvert de faux-airs de visual novel, il faut dire que le jeu est nettement moins bavard, Eternights propose un gameplay en action-RPG.

Des combats dynamiques saupoudrés d’une certaine lourdeur dans ses chorégraphies, il a l’audace de réussir à être malgré tout addictif. Alors que seul notre protagoniste est jouable, le gameplay s’agrémente de quelques fonctionnalités sympathiques, sans être transcendantes, avec notamment un système d’affinités d’éléments, bien que limité, possible avec nos différentes alliées les maitrisant (feu, glace, ou encore électricité) ou encore quelques QTE lors des affrontements. L’esquive, utilisée avec un timing précis, permet de ralentir le temps et donc nos ennemis se voit être une fonctionnalité essentielle pour ne pas échouer lors des combats. En effet, très vite, le système de combat dévoile une certaine exigence et un certain « skill » nécessaire au risque de le trouver rapidement « difficile », me valant dès les premiers boss de réduire la difficulté.

Les donjons, soit dit en passant peu nombreux, ne servent que d’arènes de combats et de chemins vers notre point de chute qu’est la fin. En effet, leur exploration y est quasi inutile, tant ils ne proposent que peu de ressources à collecter, et leur level design, parfois labyrinthique mais vide, ne laisse que peu de doute quant à la direction qu’il faut prendre. D’ailleurs, le chemin est très clairement indiqué d’une flèche pour dire « c’est par ici ». On leur accorde néanmoins la présence de quelques énigmes, pas forcément compliquées à résoudre, qui ont le mérite d’être variées pour avancer.

En dehors de ces derniers, nous passons le plus clair de notre temps dans notre QG, un train. Un hub, donc, où les quelques survivants se retrouvent pour passer du temps ensemble ou s’entrainer, pendant la journée, et la possibilité d’aller chercher des objets le soir. Les journées sont donc uniquement scindées en 2 parties, la première permettant d’augmenter le rang des liens sociaux avec les différents personnages, débloquant donc de nouvelles compétences dans les différents arbres prévus à cet effet, et la deuxième (si toutefois nous trouvons les objets demandés), permettra d’augmenter nos différents attributs (attaque, défense, PC, etc) et de récolter la précieuse énergie blanche (qui avec l’énergie obscure forment les 2 monnaies du jeu). L’idée est ingénieuse mais malheureusement le schéma se révèle répétitif, et la récolte d’objets, (limitée à 3 lieux explorables) reposant avant tout sur votre mémoire, plutôt qu’à une certaine cohérence, trouvera elle aussi bien vite ses limites.



Petite production indépendante oblige, Eternights révèle une partie visuelle modeste mais non moins honorable. Si son character design se révèle des plus simples, on lui accorde une direction artistique réussie, une ambiance qui l’est tout autant, parsemés de quelques jolis effets de lumière et une palette de couleurs originale lui donnant de ce fait une belle identité. Ses teintes violettes entremêlées avec la froideur du bleu lui donnent un certain cachet particulièrement agréable à regarder.

Force est de constater également une technique solide, qui garantie fluidité de framerate, et absence de bugs.

On ne saura également que trop féliciter la présence de localisation française (entre autres) pour les dialogues et interface, lui permettant donc une certaine accessibilité à un large public.


Eternights ne rivalisera assurément pas avec Persona, et il n’en a pas la prétention. Mais on lui accordera de belles inspirations à la licence d’Atlus, parfois pour le meilleur mais aussi pour le moins bon. Se perdant dans sa volonté de proposer une expérience de jeu s’en rapprochant et de se forger sa propre identité, Eternights manque d’une certaine expérience pour être réellement solide en matière de RPG. Pour cette fin du monde teintée de romance(s), il sera parfois difficile de le prendre au sérieux même dans les moments les plus dramatiques, tant son humour se voit souvent lourd et répétitif. Pavé de très bonnes intentions dans son gameplay, cela ne suffira pas pour autant à le rendre incontournable sur la scène indépendante. Malgré tout, il réussira sans nul doute à trouver son public, cherchant une certaine légèreté dans son écriture et une durée de vie qui ne dépasse pas les 20 heures. On accordera néanmoins à Studio Sai un résultat honorable pour un premier jeu.

  • Le développement des personnages grâce aux liens sociaux…
  • L’humour omniprésent…
  • Le gameplay des combats addictif
  • Visuellement réussi grâce à sa palettte de couleurs
  • Quelques jolis moments à l’eau de rose
  • La découpe des journées ingénieuse…
  • De bonnes idées pour les énigmes
  • La localisation FR
  • …mais qui manque aussi de profondeur pour certains personnages
  • …qui tourne vite à la lourdeur des thèmes abordés
  • Des scènes qu’on peinera à prendre au sérieux
  • Une esquive pas toujours réactive
  • Les donjons qui manquent d’une dimension d’exploration
  • …qui souffre qu’une certaine répétitivité sur le long terme