De son nom complet Shin Megami Tensei Persona 3, il est le premier épisode de la série Persona à avoir atteint les pays européens en février 2008 (2 ans après sa sortie au Japon) en exclusivité sur PS2. Un épisode qui a profondément marqué ses joueurs par ses thèmes particulièrement matures. Une version FES (l’équivalent de Golden pour Persona 4 et Royal pour Persona 5) sort en 2007 au Japon et ne sortira qu’en octobre 2008 en Europe (soit, quelques mois à peine après la sortie de la version originale). Cette version accueille un donjon supplémentaire, portant le nom « The Answer » (La Réponse), censé répondre aux questions que les joueurs de la version vanilla pouvaient se poser en le terminant.
Les années passent et Atlus remettent celui que l’on appelle P3 sur les devants de la scène. En 2023, un portage de la version sortie sur PSP, Persona 3 Portable, voit le jour sur PS4, Xbox One, PC et Nintendo Switch avec pour la toute première fois, une traduction française officielle. Mais quelque chose d’autre se tramait dans les locaux de P.Studio: Persona 3 Reload, un remake de Persona 3. Et cette mouture arrive à grands pas, le 2 février pour être plus précise, et nous avons eu l’énorme chance de pouvoir vous proposer notre test, en duo, en amont de sa sortie. Persona 3 Reload est-il un élève modèle dans la catégorie des remakes? C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre aujourd’hui.
Pour nous adonner à la rédaction de ce test de Persona 3 Reload, nous avons décidé de vous proposer une nouvelle fois notre format test en duo. Mais cette fois-ci, nous avons pris la décision d’y inclure plus de développement dans nos avis distincts. Vous pourrez donc retrouver les ajouts faits par Yoann via les textes en italiques.
Version(s) | Numériques sur PS5 et Xbox Series X fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 67h/au minimum 60 heures à la sortie de ce test |
Histoire terminée | Oui/Non |
Complétion totale | 65% des trophées/Liste des succès non communiquée durant l’écriture de ce test |
Difficulté | Normale/Facile |
Genre(s) | RPG |
Date de sortie | 2 février 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 69€99 |
Plateforme(s) | PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, PC |
Voix | Anglais, Japonais |
Textes | Français, Anglais, Italien, Allemand, Espagnol, Japonais, Coréen, Polonais, Portugais, Russe, Chinois traditionnel et simplifié, Turc |
Suite au décès de ses 2 parents dans un tragique accident, Makoto Yuki (nom officiel du protagoniste) est transféré au Lycée Gekkoukan dans la ville d’Iwasotai. Alors que sa rentrée se fait de manière tout ce qu’il y a de plus banal pour un lycéen, il découvre à peine quelques jours plus tard, dans son dortoir, l’existence d’une 25e heure de la journée, appelée Heure Sombre et d’une mystérieuse tour peuplée d’Ombres, nommée Tartare. Capable de vivre et d’être conscient lors de l’heure sombre, il découvre qu’il lui est aussi possible d’invoquer sa Persona à l’aide d’un Evoker, tout comme une poignée d’autres élèves qui ont formé le SEES, Section d’Exécution Extrascolaire Spécialisée. Leur mission est de combattre ces mystérieuses entités, faire disparaître l’Heure Sombre, par la même occasion le Tartare, ainsi que le syndrome apathique qui sévit dans la ville.
Persona 3 est réputé pour avoir l’un des scénarios les plus sombres de la saga. En atteste ses thèmes principaux, qui s’orientent majoritairement vers la mort, son sens, la peur qu’elle engendre, en parallèle avec la vie. L’Evoker, arme de poing qui permet d’invoquer les Personae, en est la preuve la plus tangible. Son scénario est particulièrement dense, de par ses thèmes, ses personnages, et ses messages. Et c’est toujours d’actualité aujourd’hui. Le scénario de Persona 3, dans sa version d’origine ou dans son remake, propose un scénario captivant, mené par des sujets forts. Persona 3 est un jeu dur, qui prend ses joueurs au dépourvu, laissant place à des scènes déchirantes et émouvantes.
Mais si la qualité d’écriture de la saga n’a plus à prouver ses forces, Persona 3 Reload a malgré tout su l’étoffer. D’une part grâce à la présence de nouveaux liens sociaux avec de nouvelles histoires de personnages à écouter. D’autre part, grâce à des scènes supplémentaires qui permettent d’approfondir certains personnages récurrents du jeu et ses antagonistes. Pour autant, Persona 3 Reload n’a pas à vocation de réécrire son histoire. Tout en voulant l’étoffer, certes avec parcimonie, il a conservé son identité si singulière, et ne l’a pas dénaturée. De ce fait, si comme moi vous avez fait le portage sorti l’année dernière, peu de réelles surprises vous attendent scénaristiquement parlant. Mais Reload se veut être un remake de bien d’autres manières.
A mon sens, ce Reload est de la même qualité que le Remake de Resident Evil 4 paru en mars 2023. C’est à dire qu’en ne dénaturant en rien ses propos de base, il se permet toutefois de magnifier et de moderniser l’œuvre afin de la relancer en 2024. Si les thèmes, leur écriture, le scénario, la narration, les personnages sont tous d’une franche réussite, le reste y est suffisamment travaillé pour nous donner envie de s’y plonger. Ce sera donc là l’occasion pour Atlus de vous proposer son Persona 3 de la plus belle des manières, c’est à dire entre tradition et modernité.
En effet, après avoir bouclé Persona 3 Portable, il était indéniable de remarquer qu’il avait pris un certain coup de vieux à bien des égards. On attendait donc de Reload qu’il se modernise manette en main. La mission est-elle accomplie?
Dans ses nombreux trailers, on ne peut ignorer la volonté d’Atlus et P.Studio de le Persona cinq-iser. Le cinquième opus étant aujourd’hui devenu une référence pour la saga, notamment en termes de gameplay et d’interface, il était évident que le studio allait orienter cette nouvelle mouture de Persona 3 vers quelque chose de similaire. C’est pourquoi nous retrouvons donc dans Reload de nombreuses fonctionnalités reprises de Persona 5. De ce fait, la possibilité de « passer le relais » à l’un de nos camarades lorsqu’on touche le point faible d’un adversaire fait son apparition. L’interface de combat, quant à elle, est quasiment la copie conforme de celle de Persona 5, la prédominance du bleu en plus. Un moyen de ne pas dépayser les joueurs qui ont découvert la saga avec cet épisode.
Pour autant, et j’insiste sur ce point, Persona 3 Reload ne se résume pas à être Persona 5 avec des skins différents. Car si modernité dans le gameplay il y a, Persona 3 reste ce qu’il est, et s’est modernisé de façon naturelle tout en conservant son identité, et peut-être quelques uns de ses défauts. En effet, la première grosse nouveauté en combat, c’est la Théurgie. Une nouvelle mécanique, propre à Persona 3 Reload, amenée de la meilleure des façons qui soit. Je pourrai vous en dire plus, mais je vous laisse le plaisir de la découvrir par vous-mêmes. Mais elle est pour moi, le meilleur ajout fait pour Reload.
En ce qui me concerne, j’ai tout de même un petit grief à émettre. Cela concerne la Théurgie de notre personnage principal. Sans vouloir trop en dire, nous nous sommes rendu compte d’un petit détail le concernant. Un détail qui s’est débloqué de façon naturelle pour Mary, mais pas du tout pour moi. Après 60h de jeu, je n’exploitais pas la Théurgie du protagoniste de façon optimale. Il aurait été intéressant qu’Atlus propose quelques explications supplémentaires, pour nous mettre sur la voie, sans forcément nous prendre par la main. La frontière entre faire confiance à son joueur en le laissant se débrouiller tout seul comme un grand (l’une des choses que j’aime dans Persona d’ailleurs) et taire sciemment un élément de gameplay pratiquement déterminant est assez fine et poreuse. N’ayant pas la science infuse, j’ai eu la chance d’avoir une experte de la saga sous la main.
L’une des plus grosses faiblesses de Persona 3 était évidemment sa répétitivité dans le Tartare. Des niveaux qui se succédaient les uns après les autres, avec peu d’enjeux hormis avancer sans relâche. C’est probablement l’aspect qui m’inquiétait le plus dans Reload et la façon dont le studio allait pouvoir gommer cette impression de refaire inlassablement la même chose. Mon verdict? Avec un peu d’ingéniosité, P.Studio a ici réussi à redonner un peu d’intérêt à cette immense tour de plus de 270 étages dont l’exploration est au cœur du jeu. Si notre façon de l’aborder reste vraisemblablement la même que dans Persona 3 Portable (pour vous parler du seul Persona 3 que j’ai fait), il a le mérite d’avoir voulu instaurer quelques nouveautés.
Son level design d’une part, mais j’y reviendrai un peu plus bas, mais aussi de nouvelles zones à explorer: les portes et passages Monade. Totalement facultatives, ces zones ont pour but de casser un peu la routine de notre ascension et de nous faire relever de nouveaux défis et obtenir des récompenses qui leur sont exclusives. De quoi nous redonner un peu goût à l’exploration du Tartare. Pour autant, le Tartare reste ce qu’il était et si une certaine cassure de la répétitivité est présente, son ascension n’en reste pas moins parfois fastidieuse et longuette notamment lors des deux derniers mois de notre aventure. Mais les efforts pour revoir la répétitivité à la baisse sont à saluer.
Si de base, l’exploration du Tartare n’est pas évidente, tout est fait pour vous aider dans cette épreuve ô combien éprouvante.
Le tirage des cartes en fin de combat a été revu et amélioré pour plus de simplicité et moins de frustration. En effet, il s’apparente ici bien plus à celui de Persona 4 Golden, on voit les cartes du tirage et on a plus qu’à choisir celle(s) qui nous convient le mieux. Plus de tirage à se faire mal aux yeux en fixant LA carte qu’on veut pendant qu’elles se mélangent. On apprécie également la possibilité de mettre à niveau les personnages que nous n’avons pas mis dans notre équipe pendant un certain temps en un seul combat. Une fonctionnalité qui évite la perte de temps d’un farming intensif. Beaucoup d’améliorations apportées à Persona 3 Reload ne sont finalement que des petits détails implantés ci et là. Des détails qui pourtant font une réelle différence dans l’expérience de jeu qui avait pris quelques rides au fil des années.
Vous le savez si vous me suivez depuis mes débuts sur mon blog, j’ai découvert la série Persona avec Persona 5 Royal et j’ai, lors de sa sortie, pris une immense claque, à tel point que je place aisément la saga à la même table que mon RPG de cœur : Cyberpunk 2077. Avoir la chance de pouvoir mettre la main sur les Remastered de P3P et P4G l’année dernière (sans toutefois pouvoir les finir, par manque de temps pour P4G et d’envie pour P3P) m’a donc fait me pencher sur ce Reload. Et si je ne m’attendais pas forcément à de réelles nouveautés, je dois bien admettre qu’Atlus à gommé ce qui était pour moi le gros défaut de P3P : le fait qu’il a rudement vieilli en termes de plaisir de jeu et d’ergonomie.
Tout cela est bien beau, on a beaucoup parlé du donjon du jeu mais parlons maintenant du reste. De la partie « monde réel ». Inutile de vous présenter en détail cette autre partie qui constitue le gameplay de la licence. On retrouve donc l’indémodable gestion du temps. Et dans Persona 3 Reload, elle se voit améliorée. Ou plutôt étoffée.
La plus grosse nouveauté de Reload est la possibilité de s’adonner à des activités avec nos camarades du SEES (jardinage, lecture, cuisine, etc), ce qui, d’une part profite à leur personnalité et leur histoire, mais aussi à leur fonctionnement en combat. Ajoutons à cela l’ajout de nouveaux personnages avec lesquels passer du temps. De cette façon, nos journées sont bien remplies, du matin au soir, pour pouvoir tirer partie de nos liens sociaux dans le Tartare. Malgré tout, là encore, les deux derniers mois de notre aventure paraissent longuets et répétitifs, et ce malgré les nouveautés instaurées.
Visuellement parlant, Persona 3 a été entièrement remis au goût du jour, cela va de soit. On se retrouve donc face à un jeu digne de Persona 5 (encore lui), avec des animations modernes, qui ravissent nos pupilles, et des cinématiques à couper le souffle, le tout agrémenté d’une mise en scène des plus soignée. La partie point’n click de Persona 3 Portable est de l’histoire ancienne, et l’exploration d’Iwatodai et de Gekkoukan est totalement libre.
Mais c’est le Tartare qui est le plus impressionnant. En effet, chaque palier a ses propres décors, dynamiques, évolutifs grâce à la génération procédurale (déjà existante à l’époque). Mais son level design se révèle un tantinet moins linéaire, plus labyrinthique si je puis dire. Des niveaux plus grands, plus de récompenses, plus d’ennemis à combattre, des humains et même des chats à sauver, le Tartare sait mettre à profit son potentiel lors de nos nombreuses explorations.
L’OST quant à elle est une nouvelle fois une grande réussite. Alors qu’il reprend énormément de pistes présentes dans le Persona 3 original, il s’étoffe également de nouvelles musiques/chansons. L’impact musical n’en reste pas moins toujours impactant tout au long de notre aventure. L’opening quant à lui, Full Moon Full Life, composé par Atsushi Kitajoh et interprété par Lotus Juice et Azumi Takahashi, est à écouter sans modération. Tout beau, tout neuf, il n’en oublie pas d’où il vient: Burn My Dread de Persona 3 composé par Shoji Meguro.
Ayant fait le jeu avec le doublage anglais, je ne parlerai donc ici que de ceux-ci. Une fois n’est pas coutume, Persona signe un casting de doublages anglais des plus réussis. A l’instar de ses prédécesseurs, Persona 3 Reload propose un doublage anglais des plus qualitatifs, mené par Aleks Le (que l’on peut entendre dans un certain nombre de jeux et animés) dans le rôle du protagoniste. Si le casting est inédit, il s’est lui aussi beaucoup inspiré de Persona 5 pour donner vie aux personnages. Le Junpei de Zeno Robinson, par exemple, rappelle Ryuji dans ses intonations. De bout en bout, les comédiens sont impliqués dans leur rôle et ne perdent en crédibilité à aucun moment.
Le doublage en anglais fait des étincelles, la bande son est marquante et laisse des frissons le long de l’échine, même après 30000 écoutes et la direction artistique et les graphismes purs offrent leur moment de bouche bée, le tout sans aucun souci technique.
Dire de Persona 3 Reload qu’il est une franche réussite ne serait qu’un doux euphémisme. Si l’épisode original est une valeur sûre à lui seul, cette nouvelle mouture lui a redonné le coup de jeune dont il avait besoin. Sans le dénaturer, P.Studio a su le moderniser avec brio. Dans son gameplay, grâce à une revisite de l’interface et à de nouvelles fonctionnalités comme la Théurgie mais aussi dans son scénario, qui apporte un certain approfondissement de ses personnages (au travers de nouvelles scènes et nouvelles activités).
L’exploration du Tartare a elle aussi été corrigée et améliorée. Son ascension est indéniablement bien plus intéressante grâce à ses décors changeants, son level design un peu plus labyrinthique mais aussi grâce à de nouvelles zones à explorer. Malheureusement, si la répétitivité du Tartare a bien été revue à la baisse, elle ne s’en voit pour autant pas complètement effacée. Visuellement, Persona 3 Reload resplendit. Plus beau, mais aussi mieux mis en scène, plus impactant dans ses propos et ses scènes les plus marquantes (l’éveil d’une Persona, c’est toujours les frissons). Persona 3 était déjà un jeu exceptionnel, Reload ne fait que le rendre encore meilleur.
Du haut de mes 60 heures de jeu, sans avoir vu la fin à l’heure de l’écriture de ce test (j’ai été occupé par le test de Hitman Blood Money Reprisal sur Nintendo Switch), je me permet toutefois de vous recommander chaudement ce Persona 3 Reload, que vous soyez à l’aise, ou non, avec les RPG japonais. Vous y découvrirez une œuvre intelligente dans ses propos, ses thèmes, ses personnages, tout en étant immergé dans un univers singulier et atypique. Un incontournable de ce début d’année 2024, voire même de cette année, tout simplement.
- Persona 3, plus beau que jamais
- Le scénario poignant, déchirant, émouvant
- Le Tartare est devenu un plaisir à explorer…
- L’histoire de certains personnages approfondie
- La Théurgie, meilleure nouveauté de gameplay…
- L’OST, entre reprises et nouvelles pistes, du bonbon pour les oreilles
- Le doublage anglais toujours aussi qualitatif
- Les deux derniers mois toujours un peu longuets
- …Mais dont la répétitivité n’a pas été totalement effacée
- L’absence de The Answer dommageable
- …Mais qui aurait mérité plus de précisions