Vingt trois ans après sa sortie initiale sur PlayStation 1, Square Enix a redonné une seconde vie à son RPG phare, Final Fantasy VII, dans une toute nouvelle mouture, entièrement revue et revisitée, voire même presque réécrite. Prévu pour être une trilogie, ce nouveau Final Fantasy VII s’est décliné en un premier épisode en 2020, Remake. En 2021, il s’est étoffé d’un contenu supplémentaire, INTERmission, sous forme d’extension, pour introduire le personnage de Yuffie. Un an plus tard, ce fut au tour de Crisis Core, épisode PSP centré sur le personnage de Zack Fair, de revenir sous un nouveau jour (graphique uniquement). La suite de tout ça, Final Fantasy VII Rebirth, dont nous allons vous parler aujourd’hui, est sortie le 29 février dernier. Une suite attendue par des millions de joueurs à travers le monde. Ce second épisode est-il à la hauteur de son prédécesseur qui avait mis déjà la barre très haut? Vous pouvez lire mon test de Remake ici-même afin de vous rafraichir la mémoire.

POUR NOUS ADONNER À LA RÉDACTION DE CE TEST DE FINAL FANTASY VII REBIRTH, NOUS AVONS DÉCIDÉ DE VOUS PROPOSER UNE NOUVELLE FOIS NOTRE FORMAT TEST EN DUO. VOUS POURREZ DONC RETROUVER LES AJOUTS FAITS PAR YOANN VIA LES TEXTES EN ITALIQUES.

VersionNumérique sur PS5 fournie par l’éditeur
Temps de jeuEnviron 68h/ environ 95h
Histoire terminéeOui/Oui
Complétion totale65% des trophées/ 64% des trophées
DifficultéFacile/Facile

Genre(s)Action, Aventure, RPG
Date de sortie29 février 2024
Prix (maximum conseillé)79€99
Plateforme(s)PlayStation 5
VoixAnglais, Français, Allemand, Japonais
TextesAnglais, Français, Allemand, Italien, Japonais, Espagnol, Portugais

Précédemment dans Final Fantasy VII Remake

Si un petit récapitulatif des événements est présent dans Final Fantasy VII Rebirth, une petite piqûre de rappel supplémentaire ne fait jamais de mal pour remettre les choses dans leur contexte. Cloud, ex-SOLDAT pour le compte de la Shinra, s’est fait enrôlé par Avalanche, un groupe considéré comme écoterroriste. Tous se sont donnés pour mission de combattre la multinationale pour protéger la planète et sa principale ressource, la Mako. Bien vite, ils découvriront que la Shinra n’est pas la menace qu’il faut craindre le plus. Un ennemi redoutable, Sephiroth, revenu d’entre les morts, fait son grand retour, bien décidé à mener son plan de destruction à bien.

Et maintenant

Après leur combat final, Cloud, Barret, Aerith, Tifa et Red XIII n’ont plus qu’une idée en tête, retrouver Sephiroth et le mettre hors d’état de nuire. Leur périple les conduira dans diverses zones du monde pour lui mettre le grappin dessus mais la tâche se révèle être bien plus difficile qu’ils ne l’imaginaient.

C’est peu ou prou le postulat de départ de Final Fantasy VII Rebirth qui fait directement suite à Remake. Malheureusement, impossible de vous en dire plus sans divulgâcher d’événements ou propos majeurs. Si les fans de la première heure le savent, les nouveaux joueurs, quant à eux, sont bien loin d’imaginer l’ampleur du scénario de Final Fantasy VII. Une histoire d’une densité époustouflante, et c’est dans Rebirth que le scénario atteint presque son paroxysme. Du long de ses 14 chapitres, cette suite retrace la partie la plus longue du jeu original (rappelons qu’en 1997, Final Fantasy VII tenait sur 3 CD). En témoigne sa durée de vie, une cinquantaine d’heures pour le terminer exclusivement en ligne droite. Mais c’est aussi dans ses enjeux et ses thèmes que Final Fantasy VII Rebirth dévoile une grande partie de son potentiel. Si son scénario principal est immense par sa narration et son écriture de toute part, son lore l’est encore plus, et cet épisode sert à le poser et surtout à l’expliquer. De plus, un système d’affinités entre Cloud et les autres membres du groupe, a été ajouté, qui évolue (ou pas) au fil des dialogues, et peut influer sur certaines scènes.

Le destin, le deuil, la culpabilité, le regret, Final Fantasy VII fourmille d’une multitude de thèmes explorés tout en se servant de ses personnages pour les traiter. Alors que Final Fantasy VII Remake nous proposait, en cohérence avec le jeu original, un casting plus réduit, cette suite propose un « roster » de personnages jouables (et non jouables) bien plus fourni, avec leur histoire qui les suit tout au long de l’aventure. Un casting complexe par la diversité de personnalités et de caractères, et touchant par l’histoire et le passé de chacun d’entre eux, voilà ce qui compose le plus gros de Rebirth. Un scénario de premier plan bien plus complexe qui nous laissera parfois dubitatifs quant à certains passages et scènes, et un lore d’une extrême densité exploré aussi bien dans le contenu principal mais surtout dans le contenu secondaire.

Le scénario ici raconté est exceptionnel. Je pourrais malgré tout légèrement critiquer la narration qui le complexifie inutilement, qui nous embrume un peu l’esprit, notamment à la toute fin. Cependant, les thèmes traités et leur profondeur, l’attachement que l’on ressent envers les personnages de notre groupe (mention exceptionnelle à Barret, Cloud, Tifa et Aerith) et le dépaysement ressenti dans les zones en semi monde ouvert que l’on traverse fait que le tableau n’est pas totalement noir. Ni totalement blanc à mon grand désarroi.

Car si Final Fantasy VII Remake se voulait un tantinet linéaire, Rebirth, quant à lui, s’est lâché en termes de générosité de contenu secondaire. Entre les quêtes scénarisées, et les quêtes d’exploration, ce nouvel épisode se dévoile pantagruélique, pour le bonheur des uns mais aussi pour le malheur des autres. En effet, pas de demie mesure ici, le jeu est immense en tous points, et il fallait exploiter cette grandeur au service de sa narration mais aussi de son gameplay.

Néanmoins, qui dit quantité ne dit pas forcément qualité. Puisque la grande majorité des quêtes secondaires et annexes (en incluant ce que vous demandera Chadley) ne brille pas pour son intérêt dans leur complétion. Des tours à aller activer comme dans un Far Cry (ou Assassin’s Creed), des missions de combat avec 3 objectifs à accomplir à chaque fois, sans parler d’aller accomplir des QTE (quick time event) pour réduire la puissance des Espers, Final Fantasy VII Rebirth porte plutôt bien son nom de ce côté là puisqu’il recycle ce que je ne veux plus voir dans un RPG en (semi) monde ouvert. Ce qui est dommage, dans cette histoire, c’est que parfois au détour d’un contenu ou d’une quête secondaire/annexe, la magie opère parfois et on se surprend à se dire que nous n’avons pas fait tout ça pour rien, pour peu que nous sommes attachés aux membres de notre groupe si adoré.

En découle donc un vaste monde à explorer, avec des zones plus ou moins grandes, avec leurs particularités d’environnements et de level design. Un aspect qui ne fera pas forcément l’unanimité dans son exécution. Car si l’exploitation du contenu secondaire se voit nécessaire pour comprendre une partie de l’univers de Final Fantasy VII et ses personnages, la pratique se dévoile quant à elle en demi-teinte. On lui regrette une certaine répétitivité dans les quêtes d’exploration (même nombre par zone, mêmes activités sans relâche, Chadley tu parles trop, des mini-jeux à outrance), ainsi que des quêtes dites « FedEx », sans oublier l’écriture de certaines qui se veut parfois perfectible. En résulte donc parfois dans son exploration une impression de « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ». Et pourtant, en contradiction avec ces défauts, Final Fantasy VII Rebirth appelle ses joueurs, et les encourage même, à arpenter ses différentes zones. A vouloir en faire trop, il oscille entre plaisir et frustration, et peine malheureusement à trouver un juste milieu pour ne pas pencher vers l’indigestion et l’overdose.

Après une excellente introduction avec Remake et son extension INTERmission (mais aussi le remastered de Crisis Core), je l’ai (vraiment) attendu ce Final Fantasy VII Rebirth. Après l’avoir bouclé au bout de 95 heures de jeu, mon avis aurait pu et dû être plus positif qu’il ne l’est. Hélas, et je suis le premier attristé, mais ce Rebirth regorge de points négatifs et d’aspects datés voire dépassés, pour une production de 2024, plus particulièrement dans son contenu secondaire. Après un certain Cyberpunk 2077 (je le redit encore et toujours mais en ce qui me concerne, il y a un avant et un après CP2077 dans le genre du RPG), mon ressenti sur FFVII Rebirth est bien plus mitigé que la moyenne des avis, des tests et des critiques. Ce qui m’attirera les foudres de certain(s) et de certain(e)s j’en conviens bien. Ses nombreuses qualités sont contrebalancées par un système de semi monde ouvert dépassé par son temps de par son système d’exploration, certaines quêtes secondaires inintéressantes, la qualité de son contenu annexe répétitive et anecdotique et enfin par ses multiples pertes de temps incessantes pour trois fois rien.

On félicite tout de même l’introduction de son jeu de cartes en « deck building ». Après le Gwynt de The Witcher 3, Final Fantasy VII a maintenant le Queen’s Blood. Et comme tout le reste du jeu, même le jeu de cartes a son histoire et son intégration brillante dans le lore du jeu.

Pour ajouter un mot sur le Queen’s Blood, si il est facilement compréhensible dans ses règles de jeu, de mise en place et dans sa construction de deck, il faut bien féliciter Square Enix pour avoir réussi à rendre vivant l’univers propre de son jeu de cartes au sein même de l’aventure de FFVII Rebirth en rendant cette partie vraiment spectaculaire. Je rêverais donc d’un Yu-Gi-Oh ! avec cette ampleur tant je me suis surpris plusieurs fois à rêver d’une œuvre dans l’univers de Kazuki Takahashi avec un budget important.

Suite oblige, ce nouvel épisode reprend les bases de son prédécesseur manette en main. Des combats pensés en action-RPG (mais la jouabilité classique peut également être choisie), dont le dynamisme n’a plus rien à prouver. Mais pour cette seconde partie, Rebirth s’est tout de même doté de quelques nouveautés de gameplay. Outre la diversité des personnages jouables (qui s’est fortement agrandie depuis Remake) qui permet de passer d’une maniabilité différente à une autre dans les combats, s’ajoutent les attaques combinées qui permettent à deux personnages de lancer une attaque dévastatrice. Une mécanique qui ajoute un peu de peps et de stratégie lors des phases d’affrontements notamment lors des combats de boss.

Ensuite, les Espers. S’ils étaient invocables à seulement de rares passages dans Remake, on peut ici les invoquer à notre guise, tant que l’ennemi a atteint son état de Choc, permettant donc d’exploiter Shiva, et autres Ifrit et Chocobo Mog (je ne vais pas tous les citer) tout au long de notre aventure. Un niveau de groupe fait également son apparition, permettant d’étoffer les différents arbres de compétences des personnages (jouables évidemment) au fur et à mesure que l’on acquiert un niveau supplémentaire. Quoi qu’il en soit, ce gameplay se révèle être une nouvelle fois grisant dans sa dynamique de groupe mais aussi dans sa profondeur.

Développé à l’aide de l’Unreal Engine 4, Final Fantasy VII Rebirth nous gratifie de graphismes beau à se damner le pion. Que ce soit dans ses cinématiques en temps réel et d’autres préenregistrées (surtout ces dernières d’ailleurs), dans ses environnements (y compris dans leur DA qu’en termes de graphisme pur), les visages, les textures des armes et des vêtements, tout est magnifique et le tout appelle constamment à l’aventure, à l’évasion, à la découverte, des valeurs propres aux RPG d’antan et de maintenant. Pour vous la faire courte, oui Final Fantasy VII Rebirth assure le spectacle de ce côté là.

Même si du côté de la technique, certains chargement de textures tardifs pourraient toucher au plaisir de jeu de certain(e)s, de mon côté, même s’ils sont voyants, cela ne m’a pas gêné plus que cela puisque mis à part ce petit écueil, mes multiples sessions sur le jeu se sont toutes, dans l’ensemble, très bien passées. Pas de ralentissements ni de freezes.

Un mot sur la bande son. Composée par le quatuor Nobuo Uematsu, Masashi Hamauzu, Mitsuto Suzuki et Shotaro Shima, l’OST de Final Fantasy VII Rebirth est un bonbon pour les oreilles. Tantôt spectaculaire, tantôt intimiste, la bande son est l’une des forces de ce FF VII, qui lui permet de contrebalancer ses trop nombreux points faibles dans ses autres secteurs et lui permet de s’en tirer sans (trop) de casse.

Je finirais par évoquer sa dernière grosse force, c’est bien évidemment son doublage français qui me fait vous dire qu’en France, nous avons des comédiens et comédiennes de doublage exceptionnel(lle)s. Que ce soit Tanguy Goasdoué (Cloud), Céline Melloul (Aerith), Jessica Barrier (Tifa), l’exceptionnel Frédéric Souterelle (Barret), Fabrice Fara (Red XIII) ou bien Bruno Choël (Sephiroth) et bien d’autres, la version française de Final Fantasy VII Rebirth est un caviar pour les oreilles. Rien que ça.


Final Fantasy VII Rebirth est un jeu spectaculaire et d’une générosité indéniable. De son scénario qui saura mettre en avant l’histoire de ses personnages et leurs caractères bien distincts, à sa beauté immuable, et ses thèmes rondement bien traités. Son lore quant à lui est omniprésent tout au long de notre voyage, que cela passe par le Queen’s Blood que par son contenu secondaire pantagruélique. Cette suite de Remake est d’une densité en de nombreux points. Néanmoins, à vouloir être sur tous les fronts, Final Fantasy VII Rebirth s’étouffe dans une exploration occidentalisée à outrance pour peu qu’il nous pousse à l’indigestion. Car si son contenu secondaire reste facultatif, il se révèle bien souvent nécessaire à la compréhension de son univers et servira de nombreuses fois ses propos, son scénario et le développement de ses personnages. Son exécution datée, parfois obsolète dans son exploration en semi monde ouvert nous laissera parfois sur le carreau à force de toujours manger la même soupe.

Mis à part son scénario, son Queen’s Blood, sa bande son, son doublage français et son dépaysement permanent, je suis ressorti de mon aventure Final Fantasy VII Rebirth relativement déçu. Il se révèle beaucoup trop long pour son bien, j’aurai préféré qu’il se rapproche de son prédécesseur pour mieux se concentrer sur son histoire principale et moins sur son contenu secondaire souvent inintéressant. Ce qui est dommage puisque Final Fantasy VII Rebirth comporte tout de même pas mal de moments magiques entre ses personnages ainsi que des sujets appelant à la réflexion, ce qui rend mon avis définitif compliqué. Compliqué puisque je ne veux plus voir ça dans un RPG moderne, encore plus dans un Final Fantasy mais dans le même temps, je ne peux pas dire que ce soit un mauvais jeu puisque ce n’est pas vrai. Final Fantasy VII Rebirth est un « bon » jeu sorti beaucoup trop tard, puisque coincé dans des mécaniques vieilles de plus de 20 ans.

  • Un scénario époustouflant
  • Magnifique
  • La diversité des environnements
  • Le gameplay dynamique
  • Le lore omniprésent
  • Le Queen’s Blood
  • Un dépaysement sans relâche au fil du voyage
  • L’OST épique
  • Le doublage français toujours une franche réussite
  • Quêtes d’explorations trop répétitives
  • Trop de mini-jeux tue les mini-jeux
  • Chadley, tu parles trop
  • Certaines quêtes secondaires inintéressantes dans leur écriture
  • Le level design de certaines zones trop alambiqué
  • Une générosité qui peut le desservir