Ace Attorney est une série de visual novels à succès développée et éditée par Capcom. Après avoir ramené les deux trilogies dédiées à l’avocat Phoenix Wright (Phoenix Wright Ace Attorney Trilogy) et son associé Apollo Justice (Apollo Justice Ace Attorney Trilogy) sur consoles actuelles, c’était au tour du procureur Benjamin Hunter de revenir sur les devants de la scène dans son diptyque initialement sorti sur Nintendo DS: Ace Attorney Investigations: Benjamin Hunter (2009) et Ace Attorney Investigations 2: Le Pari du Procureur (2011). Nommé Ace Attorney Investigations Collection, le duo d’aventures du célèbre procureur est disponible depuis le 6 septembre sur PS4, Xbox One, Nintendo Switch et PC. Et sans aucune objection, voici mon test!
Version | Numérique sur PS4, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 59h (27h pour le premier épisode, 32h pour le second) |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 38% des trophées |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Visual novel |
Date de sortie | 6 septembre 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 39€99 |
Plateforme(s) | PS4, Xbox One, Nintendo Switch, PC |
Voix | Français, Anglais, Allemand, Chinois simplifié, Japonais, Coréen |
Textes | Français, Anglais, Allemand, Chinois simplifié et traditionnel, Japonais, Coréen |
Tout commence lorsque Benjamin Hunter se fait agresser dans son propre bureau. Alors que le malfrat réussi à se faire la malle, notre bon procureur n’est pas au bout de ses surprises. A quelques pas de lui, un corps, inanimé et ensanglanté gît sous ses yeux. A peine rentré de voyage que le voilà donc à la tête d’une affaire dont il se serait bien passé. Une enquête qui va raviver de vieux (mauvais) souvenirs, et le ramener à sa toute première affaire, en tant que jeune procureur, 7 ans auparavant.
Deux semaines après les événements du premier épisode, Benjamin Hunter reprend du service aux côtés de ses fidèles acolytes, inspecteurs et autres grandes escamoteuses. Alors que le président Wang de Zheng-Fa est en plein discours, il est victime d’une tentative d’assassinat. Mais ce sont bien d’autres coup de théâtre qui nous attendent dans ce nouvel épisode, dont ce premier événement referme bien des révélations!
Tout au long de ces deux épisodes ce sont pas moins de dix affaires qui nous attendent et mettront notre logique à rude épreuve. Sans vous divulgâcher quoi que ce soit de ces affaires, une chose est certaine, elles jouissent toutes d’une certaine profondeur, tant dans leurs propos, dans leurs thèmes que dans leur écriture et celle de leurs nombreux personnages hauts en couleurs et particulièrement excentriques. Des enquêtes menées tambour battant par un procureur qui ne jure que par la vérité, et son indéfectible logique, enfin la notre surtout, mais non moins sans un petit grain de folie et d’humour.
Sachez que ce diptyque s’inscrit dans la chronologie de la trilogie Phoenix Wright. Cela implique donc plusieurs références, que cela soit à des personnages déjà rencontrés ou même à certaines affaires dont a pris part notre chasseur de vérité. Pour autant, cela ne reste que dans la référence, du fan service, n’empêchant donc aucunement la compréhension des différents scénarios.
Comme rappelé en début d’article, la série des Ace Attorney sont des visual novels (romans visuels, littéralement) ce qui implique donc peu de gameplay mais beaucoup de dialogues et donc beaucoup de lecture. Si le principe même est récurrent dans le jeu vidéo japonais (13 Sentinels Aegis Rim, Doki Doki, Danganronpa, etc), il faut bien avouer qu’ici, après 60h de jeu pour terminer les deux épisodes, le générique de fin commençait à se faire attendre.
Si les jeux ont pris à cœur de développer chaque parcelle de leurs enquêtes, leurs personnages, leur psychologie, leur histoire, chaque recoin de leurs indices, il en résulte parfois un sentiment d’indigestion, et d’un rythme qui aurait peut-être mérité d’être un tantinet accéléré. En effet, il faut compter environ 25h pour le premier épisode et plus de 30h pour le second, ce qui est, d’après moi, un chouïa trop long pour des visual novels. On finit parfois par décrocher de la narration, nous embrumant l’esprit lorsqu’il s’agit de faire appel à notre logique et résoudre les nombreux mystères qui entourent nos enquêtes. Il est donc préférable de les consommer par petites sessions de jeu (chaque enquête est divisée en plusieurs parties, tel un épisode d’une série policière).
Manette en main donc, Ace Attorney se consomme avant tout comme une histoire qu’on lit avec toutefois quelques phases de gameplay. Au programme, une inspection méticuleuse des scènes de crime et leurs alentours à la recherche d’indices, leur examen, leur lien entre eux, ainsi que de nombreux interrogatoires tout cela relié à une barre de logique qui se vide lorsqu’on répond à côté de la plaque. Ici, le but sera d’innocenter certains suspects et en incriminer d’autres en retranchant tous les indices acquis au fil de notre avancée sans jamais passer par la case procès.
Les deux épisodes proposent foncièrement les mêmes fonctionnalités en termes de résolution des affaires à la différence près que le second, n’ayant jamais franchi la frontière nippone jusqu’à aujourd’hui, et donc totalement inédit pour le commun des joueurs occidentaux, instaure « l’échiquier mental ». Un interrogatoire un peu particulier qui se sert du talent oratoire de notre procureur pour soutirer des informations à ses interlocuteurs. Une fois notre adversaire mis en échec et mat, la partie est terminée, nous permettant d’y voir un peu plus clair dans notre affaire.
Datant des années 2010 sortis sur la Nintendo DS, la question de la qualité visuelle se pose donc pour cette réedition. Si l’identité des jeux n’a pas bougé d’un poil, Capcom a fait du Capcom quant au travail fourni pour les rendre au goût du jour. Ainsi, si nous avons la possibilité d’y jouer en pixels, le principal intérêt est évidemment d’y jouer en HD avec un retravail complet, réalisé par Tatsura Iwamoto, des personnages, des zones d’enquêtes mais aussi de l’interface générale du jeu. En découle donc une modernisation des 2 titres qui les rendent visuellement impeccables.
De plus, le jeu se dote d’un mode histoire, qui permet aux joueurs de suivre l’intrigue sans faire appel à leurs cellules grises. Enfin, l’historique, qui permet de relire les derniers dialogues au cas où quelque chose nous aurait échappé (et c’est franchement pratique).
La localisation française est ici présente dès le lancement du jeu (à l’instar de la réédition des Apollo Justice, mais contrairement à celle dédiée à Phoenix Wright qui ne l’avait instauré que lors d’une mise à jour ultérieure). Si le geste est à remercier, sa qualité néanmoins laisse à désirer. En effet, lors des différents échanges nous feront face à plusieurs fautes, qu’elles soient orthographiques ou de frappe. Un soin approfondi aurait été le bienvenu.
Jusqu’alors je ne m’étais jamais vraiment penchée sur la série et ai donc pu m’y atteler grâce à cette duologie centré sur Benjamin Hunter. Si je n’ai pas été déçue par la proposition des 2 épisodes, tant par la variété des enquêtes que par leur résolution qui promettent toujours des rebondissements et des personnages hauts en couleurs, j’émet malgré tout une petite réserve sur la durée de vie de cette collection ou plutôt sur son rythme. En effet, la complétion des deux jeux m’a paru être une éternité et ce malgré l’habitude des jeux japonais et aux visual novels en général. Cependant cela n’enlève en rien la qualité d’écriture des deux jeux et des enquêtes à mener. D’ailleurs, je pense malgré tout découvrir les 2 précédentes trilogies dès que j’en aurais l’occasion.
- Benjamin Hunter, un personnage marquant
- Des enquêtes qui se lient entre elles
- L’écriture des personnages
- Visuellement modernisé et impeccable
- L’humour omniprésent
- De rebondissements en coups de théâtre
- Une traduction française perfectible
- Un tantinet trop longs pour des visual novels (je trouve)