En ce début d’année 2024, au delà d’un catalogue de jeux qui s’annonce époustouflant, Third Éditions a également commencé cette nouvelle année en nous proposant 2 nouveaux ouvrages. L’histoire de la Dreamcast écrit par Oscar Lemaire et Les Dossiers Alone in The Dark de Nicolas Deneschau, ouvrage dont je vais vous parler aujourd’hui. Si vous êtes un peu attentifs à l’actualité de la maison d’édition toulousaine, Nicolas Deneschau est loin d’en être à son premier coup d’essai chez Third, puisqu’il signe ici son sixième ouvrage. Après Monkey Island, The Last of Us, Godzilla, Jurassic Park et Uncharted, Nicolas Deneschau s’est attelé à un projet des plus ambitieux consacré à la licence créée par Frederick Raynal dans les années 90.
Un projet pantagruélique dans son approche. Ici pas d’analyse de l’ensemble de l’œuvre, point par point, jeu par jeu. Les Dossiers Alone in The Dark Enquête sur les Origines du Survival Horror est, comme son nom l’indique, une enquête complète sur la création de la licence. Quand? Comment? Nicolas Deneschau a traversé la France entière, et est parti à la rencontre de tous (ou presque) ceux grâce à qui les aventures d’Edward Carnby ont vu le jour. Mais pas que.
Editeur | Third Editions |
Prix | 24€90 |
Date de sortie | 10 janvier 2024 |
Nombre de pages | 388 |
Format | 160 x 240 mm |
Illustration | Mathieu Lauffray |
« C’est alors que j’ai joué à Alone in the Dark, qui se composait de décors fixes. C’était très intéressant, car il y avait une expressivité plus importante. L’étape suivante a consisté à adapter Resident Evil à ce modèle. »
Shinji Mikami, Resident Evil
Quand on évoque le genre du survival horror, on pense forcément à Resident Evil, licence créée par Shinji Mikami, à l’époque chez Capcom, ou encore à Silent Hill. Et pourtant, avant ces monuments du genre et de l’industrie, il y a eu un jeu, français, créé par Frédérick Raynal, programmeur dans un petit studio lyonnais, Infogrames, devenu dans les années 2000, Atari Inc. (Test Drive Unlimited).
Les Dossiers Alone in the Dark s’ouvre sur les mots de Frédérick Raynal, papa de la licence. Une préface émouvante, qui fait appel à ses souvenirs et à son amour pour son jeu mais aussi ses joueurs. Le livre raconte comment est née cette licence devenue un grand nom, comment est venue l’idée de créer le manoir de Derceto, lieu emblématique du premier jeu, qui hantera Nicolas Deneschau pendant de nombreuses années. Retranscrivant chaque étape, presque chaque échange entre les différents membres de l’équipe, les contraintes, les idées, le savoir-faire, au fil que les pages se tournent, le récit de l’auteur se dévoile être une marque indélébile pour le patrimoine vidéo-ludique français. Une profonde lettre d’amour, au jeu mais aussi à ses créateurs.
« Frédérick Raynal est en train d’inventer quelque chose. Son cerveau bouillonne. »
Les Dossiers alone in the dark, page 72
Si une bonne partie de l’ouvrage consacre de nombreux chapitres à la création du premier jeu, il n’en oublie pas ses suites, ses réussites mais aussi ses échecs (j’en ai découvert l’existence d’un certain Alone In The Dark Illumination en 2015). Certaines lignes nous font esquisser un sourire, d’autres nous font bondir de nos chaises, mais sans jamais nous faire lâcher notre lecture.
La lecture se suit et ne s’essouffle jamais tant la plume de Nicolas Deneschau retranscrit son amour pour la licence qui a créé un genre, celui que l’on connait aujourd’hui, celle qui a permis à d’autres développeurs de nous proposer leur vision de l’horreur. L’épreuve a été rude. Il a fallu retrouver un nombre incalculable de « suspects », comme il aime les appeler, qui ont œuvré sur la licence, de simples programmeurs, en passant par les compositeurs sans oublier les scénaristes.
De plus, c’est un immense travail de recherches qui s’est profilé pour Nicolas Deneschau, qui a regroupé de nombreux documents, photos, images conceptuelles, dont certaines se retrouvent entre deux pages, entre deux paragraphes durant notre lecture.
Chaque phrase, chaque anecdote, permet de comprendre comment a vu le jour Alone in the Dark et comment elle a disparu au fil des épisodes. Jusqu’à ce l’annonce d’un nouvel épisode en 2022, dont la sortie est prévue pour le 20 mars 2024. C’est d’ailleurs sur les mots de Mikael Hedberg, directeur créatif de ce nouvel opus, auteur de Soma et Amnesia, que se clos notre lecture.
Le travail abattu pour avoir le résultat aujourd’hui publié par Third Editions est incroyable, que ce soit en termes d’écriture, de recherches et de mise en page. En résulte un ouvrage inédit, original, passionnant et même parfois déchirant dans ses révélations.
« Le genre du survial horror, comme le baptise le marketing de Capcom, est né. Et c’est bien Resident Evil qui en sera l’instigateur ! Pour le grand public, Alone in the Dark n’existe tout simplement plus. »
Les Dossiers alone in the dark, page 188
Après la lecture de ses quasi 400 pages, Les Dossiers Alone in the Dark s’est dévoilé être un véritable coup de cœur. D’une part par sa dimension d’enquête, sa volonté de laisser une marque, celle d’Alone in the Dark dans le patrimoine vidéo ludique français mais aussi en tant que précurseur du genre. Les pages se tournent, le temps défile, et on en ressort émus, parfois même bouleversés. Une lecture des plus somptueuses tant par son contenu que par ce qu’elle nous apporte, en tant que joueurs et passionnés.