Sorti au Japon en 2020 sous le nom Sôsô no Frieren, Frieren, de son titre occidental, a fait son entrée en France le 3 mars dernier grâce au dur labeur des éditions Ki-Oon pour nous en proposer la publication et la sortie simultanée des 2 premiers tomes dont le premier est également disponible en édition collector. Acclamé par son public nippon, Frieren est l’œuvre scénaristique de Kanehito Yamada et dessinée par Tsukasa Abe. Sa sortie française a été un véritable événement pour l’éditeur, et sans que je m’y attende, j’ai finalement craqué pour le tome 1 dont voici ma critique.

  • Genre: Shonen
  • Univers: Heroic fantasy
  • Prix: 7.90€ en version simple, 10.95€ en version collector
  • Nombre de pages: 192
  • Nombres de tomes prévus: toujours en cours au Japon avec 6 tomes

Synopsis

Après une aventure longue de 10 ans dont la finalité à été leur victoire contre le roi des démons, le héros Himmel, le nain Eisen, le prêtre Heiter, et Frieren l’elfe retournent au bercail pour retrouver une vie normale.

Mais toujours aussi assoiffée d’aventures et d’acquérir de nouveaux sorts de magie, Frieren repart pendant plusieurs décennies promettant à ses frères d’armes de revenir… dans 50 ans. Cinq décennies qui ne sont pour elle qu’une poignée d’années, mais elle tient promesse. À son retour, elle retrouve ses compagnons affaiblis par le temps qui passe, à l’aube de leur dernière heure. Elle comprend bien vite l’importance qu’est le temps pour les humains alors qu’en tant qu’elfe, cela ne portait que peu d’intérêt. Après avoir vu ses comparses quitter ce monde l’un après l’autre, Frieren décide de partir en quête pour trouver sa part d’humanité et comprendre ce qui jusque là lui échappait.

L’heroic fantasy revisitée

Sans grande surprise, aux vues du titre de l’œuvre, c’est Frieren qui est au cœur de ce récit fantastique. Le pourquoi du comment? C’est le rôle de ce premier tome de poser les bases de ce scénario d’heroic fantasy. Jugée comme froide et sans cœur, de par son ignorance face à l’aspect éphémère de la vie, la faute à son insouciance dû à son incroyable longévité, elle trouve bien vite un sens à son désir d’aventure.

Ici, pas de combats contre des méchants démons, seul celui contre le roi des démons est évoqué en début de tome et le manga du duo Yamada/Abe préfère se focaliser sur l’après, permettant ainsi dès les premières pages de nous happer dans une nouvelle vision du genre aux côtés d’une héroïne désireuse d’évoluer. Raconté sous forme d’ellipse constante, alternant entre passé et présent, pour accentuer cet aspect de l’importance du temps et sa fatalité, Frieren livre dans ce premier tome un récit émouvant, qui permet de poser les enjeux d’une aventure plus spirituelle orientée vers les regrets de son personnage central.

Si les souvenirs sont au cœur de cette épopée, il faut aussi compter sur l’arrivée de nouveaux personnages qui définissent la tournure que prend ce premier tome, lui permettant ainsi de ne pas tirer sur la longueur et pose les bases de son postulat très rapidement. Calme, sans fioritures et sans artifices, Frieren propose un scénario original pour le genre qui pourra aussi bien contenter les habitués que les neophytes. Ce premier récit se découpe en plusieurs petites aventures qui annoncent la douceur de l’œuvre.

La justesse des mots de Géraldine Oudin y est sans l’ombre d’un doute pour beaucoup mais c’est sans compter sur la beauté des dessins de Tsukasa Abe, qui rend l’univers aussi enchanteur que poétique, tant par la finesse des traits, par ses environnements que par son character design simple mais soigné. Si les mots auront parfois pour effet de vous esquisser un sourire, il faudra aussi compter sur leur absence pour absorber la profondeur des propos du récit.

C’est par les précieux conseils d’une libraire que le premier tome de Frieren (en version collector de surcroît) s’est retrouvé entre mes mains. Et contre toute attente, j’ai été agréablement surprise par celui-ci qui a réussit à me convaincre dès les premières pages. De l’heroic fantasy oui, mais à contre courant de ce qui se fait habituellement. On comprend très vite son succès auprès de son lectorat japonais. Un récit original, émouvant, et parfois même drôle qui je l’espère aura le succès qu’il mérite en Occident. Et autant vous dire que le tome 2 n’a pas traîné à retrouver ma mangathèque.