En 2017, je découvrais Xenoblade Chronicles grâce à son deuxième épisode numéroté, Xenoblade Chronicles 2. Un jeu qui m’a transporté de bout en bout dans son univers incroyable aux côtés de personnages touchants. Il avait même été mon jeu de l’année de cette année là, tant l’expérience s’était avérée unique et envoutante (et ce malgré la sortie de Persona 5 quelques mois plus tôt). Si je vous raconte tout ça, c’est pour vous donner le degré de « hype » que j’ai eu lors du Nintendo Direct du 9 février 2022, date à laquelle Nintendo et Monolith Soft ont annoncé le très attendu Xenoblade Chronicles 3. Six moi plus tard, le 29 juillet 2022, Xenoblade Chronicles 3 était disponible chez nos revendeurs habituels exclusivement sur Nintendo Switch.

Après 81h de jeu, aventure principale terminée, ainsi que de nombreuses quêtes « normales » et de héros achevées, je vous livre mon avis sur ce troisième épisode numéroté (quatrième de la saga). Xenoblade Chronicles 3 réussit-il à être dans la lignée de son prédécesseur qui avait déjà mis la barre très haut? (N’ayant fait que le 2, je ne me baserai que sur mon expérience personnelle) Comme à mon habitude, je garanti cet article sans spoilers afin de vous réserver le plaisir de la découverte.

Cet article est rédigée à partir d’une version physique commerciale que je me suis procurée par mes propres moyens.

Le monde d’Aionios est en proie à une guerre perpétuelle entre les colonies de Keves et d’Agnus depuis la nuit des temps. Les soldats de chaque « camp » n’ont pour seule mission durant leur cycle de 10 ans de se battre inlassablement pour remplir leurs cadrans vitaux et ainsi garantir la survie de leur colonie respective. C’est ainsi que nous faisons la connaissance de Noah, un passeur d’âmes, et ses camarades de toujours Eunie et Lanz, tous trois soldats pour le compte de la colonie 9 de Keves. Lors d’une expédition ils tombent nez à nez avec un deuxième trio, combattants d’Agnus. Mais alors qu’ils sont résolus à accomplir leur devoir, ils font face à une nouvelle menace qui les obligent malgré eux à s’unir et combattre côte à côte. S’ensuit dès lors une aventure qui les poussera à braver tous les dangers pour sauver le monde.

C’est ainsi que démarrent les premières heures de Xenoblade Chronicles 3 dans un postulat de départ intriguant. Si vous êtes un habitué de la série, vous n’êtes pas sans savoir que ce nouvel épisode ne sera pas avare en rebondissements et en révélations en tous genres. Pour les autres, je vous l’annonce, si Xenoblade Chronicles 3 pose rapidement les enjeux de son scénario et il ne manquera pas de vous réserver quelques surprises. En effet, à l’image du deuxième épisode (et probablement des précédents), si Xenoblade Chronicles 3 s’inscrit en tant que suite dans la saga, il peut entièrement se faire sans en avoir fait les autres épisodes. Les néophytes passeront donc à côté de quelques références mais sans entacher leur compréhension globale du titre.

C’est donc un long périple scénaristique qui nous attend, aux côtés de 6 personnages (ou plutôt 8 si nous comptons le duo de Nopons) aux passés et aux personnalités différentes que tout semblait opposer, allant bon train pour nous servir ses explications au fur et à mesure que l’on avance avec la mise en scène que l’on attend de lui. Des scènes épiques et des thèmes matures, tels que la mort ou la guerre, sont bien évidemment au rendez-vous. Mais… (parce qu’il y a toujours un mais) alors que Xenoblade Chronicles 3 propose une quête principale solide et une écriture passionnante, il s’arme néanmoins de quelques clichés, notamment dans le ton utilisé, que l’on retrouve aisément dans d’autres œuvres nippones. Ainsi, si ces propos sont matures, il s’éloigne du ton dramatique qui avait pu être utilisé chez son prédécesseur, lui donnant un aspect légèrement plus « enfantin », plus « gnangnan » et naïf et malheureusement prévisible. Malgré tout, Xenoblade Chronicles 3 ne manque pas de nous transporter dans son univers, et dans son histoire. Jeu japonais oblige, il s’avère très verbeux, accumulant dialogues et cinématiques pour pousser son scénario dans ses derniers retranchements.

En termes de jouabilité, Xenoblade Chronicles 3 reprend les bases de ses prédécesseurs et instaure de nouvelles mécaniques qui lui sont propres. Ainsi, c’est le retour de l’éternel mode de combat automatique mais également du système de « rôles » (DPS, tank, soigneur). Si les premières heures sont déroutantes pour les non-initiés, donnant l’impression d’être spectateurs des affrontements et non pas acteurs, la saga a su prouver qu’elle pouvait y incorporer un certain dynamisme grâce aux Arts. D’un côté les Arts de notre classe, de l’autre les Arts acquis grâce à la maitrise d’autres classes mais j’y reviendrai plus tard, et enfin l’Interlien (qui évoque par son nom un système de lien, mais je préfère ne rien en dire de plus) sans oublier les enchainements qui nous demande d’exploiter tous les personnages de l’équipe. Ainsi, à l’instar de son prédécesseur, Xenoblade Chronicles 3 étoffe ses mécaniques de gameplay pour rendre les combats bien plus dynamiques qu’ils ne paraissent à première vue.

Malgré tout, et ce n’est qu’une impression liée à mes souvenirs d’un jeu que j’ai fait il y a 5 ans tout de même, j’ai trouvé le gameplay et le combat automatique légèrement plus lourd et moins fluide. Cela n’en reste pas moins un détail.

Au passage, profitons en pour parler du fameux ATH de Xenoblade Chronicles 3. C’est un fait, c’était déjà le cas dans le second épisode, l’ATH de Xenoblade est réputé pour être chargé, très chargé. Entre la liste des personnages, les Arts, la barre de vie de l’ennemi, le nombre de dégâts infligés par tous les personnages, la jauge d’enchainement, il faut dire ce qui est: nos yeux en prennent plein la figure à chaque combat, pouvant dans le même temps ternir la lisibilité de tout ça. En ce qui me concerne, c’est une habitude à prendre, mais c’est un fait, on adhère ou on adhère pas.

J’évoquais brièvement précédemment le système de classes, me permettant ainsi maintenant de rebondir en même temps sur l’importance de l’exploration et du contenu secondaire. Xenoblade Chronicles 3 nous livre son aventure dans un gigantesque monde ouvert dans lequel il ne faudra pas ignorer son contenu annexe. Ainsi, l’exploration prend sans nul doute une place particulièrement importante dans l’aventure, aussi bien en faveur du lore qu’en faveur du gameplay. Le contenu secondaire se divise en 2 types bien distincts: les quêtes « normales », très classiques dans leurs déroulements dont les objectifs varient, et les quêtes de héros, qui nous permettent aussi bien d’étoffer notre équipe mais également les classes jouables.

Les quêtes dites normales sont tout ce qu’il y a de plus classique, on vient en aide aux différentes colonies de manières différentes, mais qui s’avèrent pour la plupart peu intéressantes. Si elles se fondent assez bien dans le scénario, elles servent surtout à amasser de précieux points d’expériences pour augmenter les niveaux de nos personnages, et leurs objectifs n’apportent finalement pas finalement pas grand chose (mention spéciales aux quêtes de récoltes qui peuvent vite être indigestes).

Les quêtes de héros en revanche, vont permettre d’étoffer le lore ainsi que l’histoire des différents personnages. Mieux écrites, mieux scénarisées, elles font partie intégrante du scénario tout en restant facultatives. Mais elles sont surtout primordiales pour débloquer de nouvelles classes à utiliser par notre joyeuse équipe, proposant donc de maitriser de nouveaux Arts mais également diversifier un peu plus le gameplay en combat. Le jeu compte en tout 25 classes jouables, dont 19 récompensées par les quêtes de héros, et en ce qui me concerne j’en ai donc débloquées 15, et avait donc à ma disposition 21 classes différentes, me permettant aisément de construire une stratégie solide pour les dernières quêtes principales.

D’un point de vue graphique, l’évolution entre Xenoblade Chronicles 2 et sa « suite » est incroyable. En effet, en 2017 (et en mode nomade), on pouvait aisément reprocher au monde d’Alrest d’avoir vite trouvé les limites de la Switch. Un aliasing omniprésent entachant la lisibilité du jeu, cela avait été un des seuls points noirs que je lui avais trouvé. Cinq ans plus tard, quelle belle surprise de voir que Monolith Soft ont appris de leurs erreurs pour parfaire l’aspect visuel de Xenoblade Chronicles 3. En mode nomade (toujours), le jeu se dote d’une qualité visuelle assez incroyable pour la grandeur du monde d’Aionios. Evidemment, la Switch reste une console à la puissance limitée, obligeant donc à faire quelques concessions sur les textures et leur chargement ou encore la distance d’affichage. Mais Xenoblade Chronicles 3 n’en reste pas moins un jeu indéniablement somptueux, par ses panoramas, ses couleurs, et son univers. Bon, petit bémol sur les temps de chargement assez longs, mais quand on sort de la PS5, c’est un peu normal, je vous l’accorde.

J’ai été encore plus été surprise par le peu de chutes de framerate (je ne le répèterai pas assez, en mode nomade) que j’ai du croiser. Avec parfois un certain nombre d’ennemis à combattre simultanément et l’ATH chargé, j’imaginais que le jeu serait bien moins stable, et pourtant…. et pourtant, il a su me prouver le contraire. J’ai néanmoins fais l’expérience d’un seul et unique crash du jeu (seul et unique dans le jeu et seul et unique depuis que je possède la Switch soit dit en passant), donc oui cela peut arriver, pour ma part à petite échelle.

Pour finir, impossible de passer à côté de la bande son du jeu, aussi bien en termes de doublages qu’en termes de mélodies. En ce qui me concerne, je joue à Xenoblade avec le doublage anglais, déjà très qualitatif dans le 2, le jeu réitère l’expérience avec celui du 3 et ses accents britanniques qui font toute l’identité du titre. Pour les joueurs non anglophones, c’est également le retour des sous titres français très qualitatifs. Certains peuvent émettre une réserve sur la « censure » du langage grossier et ses fameux « brasier », « braise », ou encore « bourbeux » mais qui pour ma part ont donné une certaine consonnance humoristique bienvenue et bien implantée.

Que dire sur sa bande originale, si ce n’est qu’elle est absolument fabuleuse avec une mention toute particulière pour la musique des passeurs qui ne manque pas de me donner la chair de poule à chaque utilisation. Se fondant parfaitement avec les actions en cours, l’OST du jeu ravira les oreilles musicales, par ses mélodies tantôt mélancoliques, épiques et émotionnellement fortes.

Xenoblade Chronicles 3 est indéniablement l’un des meilleurs jeux auxquels j’ai pu joué cette année (à date, évidemment). Son scénario et son univers font une nouvelle preuve de maitrise de la part de Monolith Soft de sa saga et des messages qu’ils veulent transmettre. Néanmoins, je garde une certaine préférence pour Xenoblade Chronicles 2, par son ton légèrement plus adulte et mature (étant un tantinet plus « cliché » et plus naïf dans le 3). Mais ce troisième épisode n’en reste pas moins un incontournable et un must-have de la Switch. Côté gameplay, malgré le côté très passif du combat automatique, le titre a su tirer partie de ces nombreuses mécaniques pour éviter la lassitude et sait proposer un certain dynamisme. Pour finir, en termes de contenu, si je n’ai « que » 81h à mon actif, le jeu peut largement proposer le double de durée de vie tant son contenu annexe est gargantuesque. On peut émettre néanmoins une certaine réserve quant à l’importance de certaines quêtes « normales » et leurs objectifs parfois indigeste. Mais Xenoblade Chronicles 3, malgré ses défauts, reste une valeur sûre de la saga et du genre.

Les plus

  • Un scénario qui pose ses bases tout en réussissant à s’étoffer avec brio
  • Des thèmes matures abordés
  • Un groupe de personnages varié par leurs histoires et leurs personnalités
  • Le système d’Interlien, nouvelle mécanique de ce troisième épisode
  • Le combat automatique et les Arts, un mélange dynamique
  • Un gap graphique certain avec Xenoblade Chronicles 2
  • Un contenu annexe gigantesque, mention spéciale aux quêtes de héros qui développent les personnages et le lore
  • Le système de classe qui diversifie le gameplay
  • Doublages et bande-son toujours exquis

Les moins

  • Quelques faiblesses graphiques toujours présentes
  • L’ATH chargé pouvant entacher la lisibilité
  • Les quêtes de récolte vite indigestes
  • Le ton naïf et « cliché » qui pourra en rebuter certains
  • Une certaine lourdeur dans le combat automatique qui peut se faire ressentir