Il y a 7 ans, Naughty Dog nous proposait de découvrir The Last of Us, une nouvelle licence centrée sur la survie dans un environnement post-apocalyptique. Les années passent et le jeu reste dans les mémoires, son scénario, ses personnages, leur histoire, aujourd’hui encore The Last of Us garde son statut de chef d’oeuvre de la génération précédente et pour certains joueurs, meilleur jeu de la décennie.

Les demandes d’une suite par les joueurs s’accumulent mais aucune annonce ne semble se dessiner à l’horizon. Jusqu’au 3 décembre 2016, lors de la Playstation Experience, le développement de The Last of Us Part II est officiellement annoncé. Le temps passe et alors que le jeu vit les pires mésaventures de développement, mêlant reports, surmenage, et polémiques en tous genres, il réussit malgré tout à montrer le bout de son nez le 19 juin dernier. Cette suite peut-elle aspirer à détrôner son prédécesseur? Était-elle nécessaire? Article garanti sans spoilers.

Précédemment dans The Last of Us

Une épidémie décime peu à peu l’humanité. Joel, un survivant parmi une poignée d’autres, devient contrebandier après la perte tragique de sa fille Sarah. Il est alors chargé d’une livraison inattendue pour le compte des Lucioles, un groupe de survivants indépendant: une jeune fille, âgée d’une quinzaine d’années, Ellie. Peu à peu l’enjeu de cette livraison très spéciale se dessine, l’adolescente n’est autre que le dernier espoir pour l’humanité. Ainsi, nous suivons le duo dans sa traversée de l’Amérique, dans un périple pour la survie, la leur et celle des derniers survivants, une aventure forte en émotion et en rebondissements.

4 ans plus tard

The Last of Us Part II est une suite directe de l’épisode de 2013. Après l’ultime cinématique de ce dernier, Joel et Ellie trouvent un pied à terre dans le camp de Jackson, où leur vie peut reprendre un cours « normal ». Et c’est ici que démarre cette deuxième partie. Les premières minutes éblouissent, tant par la beauté du jeu que par le côté nostalgique du récit de Joel à son frère Tommy, à qui il explique sa décision au sujet d’Ellie. Une petite heure de jeu plus tard, c’est le drame, et c’est là que le scénario de cette deuxième partie trouve son point d’encoche.

Pour la petite histoire, l’annonce de The Last of Us Part II m’a laissé de marbre, à l’image d’un certain God of War, le premier se suffisant à lui-même. Sans spécialement redonner confiance à cette suite, il y avait pour moi une erreur à ne pas commettre, malheureusement le peu d’espoir qu’il me restait a été balayé en une poignée de secondes et façonne ainsi mon avis sur cette suite en laquelle j’avais peur de croire.

Un plat qui se mange froid

Le scénario de TLOU Part II est le fruit d’un événement tragique. Et pour palier à un effet de déjà-vu, Naughty Dog joue la carte du changement de personnage jouable: Ellie. C’est elle et sa quête de vengeance qui seront au cœur de cette suite. Si tant est que Naughty Dog assume le choix de ce thème, tant par la violence qu’il peut impliquer que par l’impact scénaristique qu’il devrait avoir.

Malheureusement pour moi, jusqu’à la dernière minute, je me suis sentie mise à l’écart, impuissante face aux événements du jeu. Durant la trentaine d’heures que je venais de vivre, je ne me suis à aucun moment identifié à notre personnage principal mais à celui que l’on ne voit, à mon grand regret, que trop peu. Je vous le dis sans mâcher mes mots: j’attend encore de voir le regard de cette jeune femme qui arbore la jaquette du jeu.

Evidemment, je ne saurai aller à l’encontre de certaines scènes marquantes, qui défient les limites de la violence souvent bridée dans le jeu vidéo en général. Pour autant, que cela rassure les plus sensibles, ces scènes se comptent sur les doigts d’une main, et on peut vite retirer l’étiquette que l’on a collé au jeu de purement violent. Il n’en est rien. Le jeu est bien moins violent, sanguinolent, que sais-je encore que ce qu’on a bien voulu nous faire croire. Il n’en reste pas moins qu’à mon sens, le thème abordé, et l’écriture du scénario ont été sous exploité, mal amenés et surtout m’ont donné ce goût amer d’avoir pour but de remettre en question les enjeux majeurs du premier opus.

Vous l’aurez sans doute compris, la déception quant à l’histoire de cette seconde partie est bien ancrée en moi. Ce n’est pas tant ce que le jeu me raconte mais plutôt comment il le raconte et comment il a tenté en vain, de m’inculquer l’acceptation de l’inacceptable, menée par une première partie platonique, durant laquelle j’espérais voir Ellie se réveiller, une seconde qui tente de renverser la tendance quant aux méchants de l’histoire, et une fin trop peu satisfaisante, bien que le débat quant à cette dernière soit légitime pour tous les avis. A mon goût, le scénario manque avant tout d’aller au fond des choses, et du « wow » auquel j’aurais pu m’attendre.

Avant tout, The Last of Us se veut être un jeu de survie dans un univers post-apocalyptique, rempli d’infectés en tous genres, notamment les très célèbres claqueurs. Ainsi, le jeu vous donne votre lot de jump-scares et pourtant, il a réussi à me laisser stoïque face à certaines scènes non pas de peur mais par l’absence d’une mise en scène trop discrète à mon goût et la faute a une certaine rancœur, je ne vous le cache pas.

L’apogée d’une génération

Il est indéniable de reconnaître la prouesse graphique de The Last of Us Part II. Magnifique est le mot juste tant par les décors extérieurs, les intérieurs que nous sommes amenés à fouiller tout au long du jeu, ou encore le détails des visages. S’il m’a manqué de voir l’expression plus prononcée de certaines émotions, il n’en reste pas moins que la motion capture des visages relève d’un travail de maître.

A l’aube d’une nouvelle génération de consoles, Naughty Dog a mis les petits plats dans les grands et fait perdurer la tradition d’une fin de gen toujours plus grandiose pour un jeu toujours plus réaliste. The Last of Us Part II marque avec brio la fin de l’actuelle grâce à une maîtrise inconditionnelle de sa plateforme, tant visuellement que techniquement. Mis à part celui de départ, on note des temps de chargements moindres et l’absence quasi totale de bugs.

J’ai néanmoins été victime de quelques uns, un qui m’a valu de recharger le dernier point de contrôle (heureusement, le jeu en regorge) car impossible d’interagir avec l’objet qui me permettrait d’avancer, ou un autre, qui est plus un défaut d’IA qu’un bug à proprement parlé, qui m’a désigné cible prioritaire des infectés pendant que les membres de la WLF pouvaient se promener sans encombres au milieu de tout ce petit monde.

Pour la survie avant tout

En termes de gameplay, cette suite garde les bases solides de son prédécesseur et se concentre sur la survie. On fouille sans relâche les moindres recoins de notre environnement, à en devenir peut-être même une obsession, pour grappiller le moindre objet indispensable à la fabrication, l’amélioration de notre (assez) vaste arsenal, la complétion de nos différents arbres de compétences, ou encore la chasse aux (trop) nombreux colléctibles.

La jouabilité en elle-même reste une valeur sûre. On assimile facilement les différentes approches possibles face à nos ennemis et pourtant, je ne vais pas le cacher, au fil des heures, mon cerveau avait toujours du mal à se dire qu’il faut esquiver avec L1 et recharger avec R2. Je me suis fait violence pour jouer au jeu tel que les créateurs l’avait imaginé parfois non sans mal.

Sans se révolutionner lui-même, il a réussi à s’apporter quelques nouveautés qui tend à améliorer l’approche furtive qu’il ne faut pas négliger durant la trentaine d’heures de jeu qui vous attend et qui nous permet parfois de s’adonner à un peu de rentre dedans défoulant qui casse la routine.

Alors que les premières minutes de jeu semblaient m’annoncer un jeu que j’allais immanquablement adorer, mon avis final en est tout autre et mon objectivité m’a peu à peu abandonné au fil que les heures passaient. Ce n’est pas l’envie d’accepter le choix de Naughty Dog quant au fond de cette Part II qui me manquait mais la forme et la façon qu’ils ont utilisé pour me faire changer d’avis tant bien que mal a fait mouche. Un grand jeu? Graphiquement, indéniablement. Techniquement, aussi malgré quelques couacs pour ma part mais rien de méchant. Le gameplay, quant à lui, reste une valeur sûre bien qu’il manque parfois d’être intuitif. Scénaristiquement, le studio californien a pris un risque, qu’il assume, force est de le constater, mais qui a divisé les joueurs, ceux qui ont aimé et ceux qui n’ont pas aimé. Ma plus grande déception? Etre de ceux de ce second groupe de joueurs. Ou en tout cas, de ceux qui préfèrent le premier opus et qui de base ne lui voyait pas de suite. Au plus profond de moi, je souhaitais que The Last of Us Part II soit mon God of War bis, celui que je n’attendais pas, que je craignais, et qui a su me rabaisser le caquet.

Les plus

  • Le sujet principal intéressant
  • La PS4 exploitée dans ses derniers retranchements
  • La bande son envoûtante
  • Le gameplay efficace
  • Tommy

Les moins

  • … mais inexploité
  • Le fond de l’écriture qui tend à renverser le bien du mal
  • La mise en scène parfois trop discrète