Pour célébrer les 35 ans de Final Fantasy, Square Enix a décidé de nous gâter avec un nouveau jeu. Ce nouveau jeu c’est Stranger of Paradise Final Fantasy Origin. Un nouvel opus atypique, peu conventionnel pour la licence, qui a été confié à la Team Ninja, une division de Koei Tecmo, que l’on connait pour Ninja Gaiden, Dead or Alive, ou encore les très récents Nioh. Et il n’est pas anodin de mentionné ces noms puisque ce partenariat a permis à la saga de sortir de sa zone de confort, pour le meilleur ou pour le pire?

Alors que les deux démos semblent ne pas avoir séduit grand monde, j’ai pour ma part fait l’impasse sur ces dernières. Aujourd’hui, mon aventure s’est achevée après environ 16h de jeu, en difficulté Flegme (facile), histoire principale terminée ainsi qu’une très grosse partie des quêtes secondaires, je vous propose donc de lire mon avis sur ce Final Fantasy pas comme les autres.

Cet avis est rédigé à partir d’une version dématérialisée sur PS5 fournie par l’éditeur que je remercie infiniment pour sa confiance.

Commençons par donner un contexte à ce Stranger of Paradise. Pourquoi Final Fantasy Origin? Grossièrement on pourrait qualifier ce nouvel opus de spin-off à la saga, se situant dans un univers alternatif au tout premier FF sorti sur NES. Je me passerai de faire toute comparaison des deux titres, n’ayant pas fait la version originale.

Nous incarnons Jack, une brute épaisse dont la seule motivation de son existence est de donner une bonne rouste à Chaos, ennemi iconique du tout premier Final Fantasy, le voici notre lien. Porteur d’un mystérieux cristal noir, il décide de s’allier, par hasard, à Jed et Ash, eux aussi porteurs d’un de ces objets, pour venir à bout de ce Mal. Et finalement, si je ne veux pas vous spoiler, c’est tout ce que je peux vous dire du scénario de Stranger of Paradise, étant le pitch de départ.

Car c’est un fait, dans son entièreté, ou presque, le scénario de Stranger of Paradise n’a pas grand chose d’autres à proposer. Il peine donc à passionner, à captiver, à titiller notre intérêt et notre curiosité tant son écriture et sa narration sont simplistes et manquent d’un peu de folie, bref d’un semblant de touche de Final Fantasy.

Et pourtant… (oui, vous me connaissez, il y a toujours un « et, pourtant »), il ressort de Stranger of Paradise un dernier tiers scénaristique inattendu, épique, et intéressant dans ses événements, son action, ses propos, et (enfin!) un semblant d’évolution de ses personnages. Un dernier tiers qui arrive à relever le niveau que l’on n’espérait plus. Mais pour cela il faut ne pas l’avoir lâcher avant. Mais fort heureusement, il réussit à s’armer d’un aspect essentiel: son gameplay.

Si Nioh a été cité en tout début d’article ce n’est pas un hasard. En effet, ce Final Fantasy Origin adoptera certaines mécaniques du « Souls-like » exclusif à Playstation, notamment dans ses combats. Des combats dynamiques, fluides, nerveux, qui s’arment d’une certaine exigence et une certaine difficulté, parfois même dans son mode le plus bas. Il faut donc apprendre à maitriser les attaques, la jauge de rupture et l’esquive. Dans son aspect le plus basique, la comparaison à Nioh est facile et évidente.

Malgré tout, Stranger of Paradise se devait de justifier son affiliation à la saga Final Fantasy, et pour se faire, la Team Ninja a décidé d’opter pour un système de jobs plutôt bien diversifié grâce à la présence d’une petite trentaine de classes « basiques » et « supérieures » de Gladiateur, Epeiste, en passant par les différents Mages et j’en passe. Globalement, ce système se voit être très efficace, notamment par le nombre proposé que par leur prise en main changeante. Combat rapproché ou à distance, ou même les deux, bref, les possibilités sont nombreuses, et permettent ainsi à chaque joueur de trouver son style et sa façon d’aborder les combats. En résulte un gameplay grisant, violent et addictif, et malgré son scénario convenu et simple, on y retourne sans forcer.

Le loot à la Nioh fait également son grand retour. Des équipements de la tête aux pieds, un système de couleur pour la rareté, des stats en veux tu en voilà, et un système d’affinités pour les différentes classes qui permettent de débloquer de nombreux bonus au fil que l’on augmente ce pourcentage. On pourrait presque parler de build, et de le parfaire au fil des heures et des combats, malheureusement, trop de loot tue le loot. En effet, le drop est ici totalement démesuré, et tombe presque à chaque ennemi. On finit par se perdre dans ce trop plein d’informations à lire. En ce qui me concerne, j’ai vite opté pour l’optimisation automatique, viable en mode facile, mais pas forcément dans des difficultés plus hautes, ainsi il faut se farcir le défilement des nombreuses pièces d’armures et armes pour trouver celles qui pourra changer la donne. Et ça peut être long et fastidieux.



En termes de contenu, il se dévoile assez pauvre. Là encore, on retrouve la patte de la Team Ninja pour Nioh, où nos missions sont sélectionnables sur la carte du monde. En ligne droite, il ne faut que quelques heures pour terminer l’histoire principale, dont les missions ne sont finalement pas si nombreuses, mais il propose également son lot de quêtes annexes qui ne demandent en fait que d’accomplir un objectif précis (surtout tuer tant de « ajouter le nom d’un ennemi » ou tuer untel) en arpentant des niveaux en sens inverse. Ce n’est pas forcément passionnant, mais on se prête facilement au jeu, surtout quand il s’agit de se mesurer aux ennemis iconiques de la saga.

Car on ne peut pas lui enlever son côté fan service à sa saga mère, tant les références sont nombreuses. Cela peut être le fait de croiser des ennemis mythiques de la licence, ou encore arpenter des environnements connus et reconnus ou encore rencontrer des personnages que nous avons pu déjà croiser (mais ne vous attendez à rien de fou fou non plus).

Graphiquement, n’y allons pas par quatre chemins, il est indigne de la saga qu’il tente de représenter. Si les Final Fantasy ont pour habitude d’être au dessus de la moyenne visuellement, aussi bien dans sa physique pure que dans sa DA, Stranger of Paradise ne fait clairement pas honneur ni à la licence ni aux machines qui le font tourner.

On se retrouve ainsi face à du graphiquement daté, et une direction artistique parfois un peu douteuse, le tout pour un déroulement très linéaire dans ses donjons, bref, de ce côté là, c’est un Final Fantasy qui a oublié d’être un Final Fantasy. Jack, aussi sympathique soit-il a le charisme d’une huître, et n’impose sa présence que par sa carrure, malgré son regard d’un bleu profond, et ses acolytes manquent cruellement d’expressions faciales. Heureusement qu’une figure du royaume de Cornélia est là pour relever un peu le niveau. En termes de bande son, il réussit un tant soit peu d’être inventif et propose quelques pistes musicales intéressantes même si je cherche encore le pourquoi du comment de la présence d’une chanson d’un célèbre interprète américain bien qu’on puisse juger que ses paroles collent parfaitement à notre protagoniste, mais admettons.

Techniquement, et je finirai là dessus, Stranger of Paradise souffre de quelques chutes de framerate, pas forcément nombreuses, j’en convient, et de quelques bugs de collisions, là encore rien de bien méchant. Je n’ai pour ainsi dire pas eu de souci techniques outre mesure, rien de bloquant, ni de crash intempestifs.

Stranger of Paradise n’a malheureusement pas grand chose pour lui. Un scénario qui ne décolle qu’en fin de jeu, un univers qui peine à nous happer, une DA douteuse, graphiquement daté, des personnages auxquels on ne s’identifient pas spécialement et qui manquent cruellement d’afficher leur présence par leur charisme, heureusement il lui reste son gameplay nerveux et addictif, sa violence et son semblant de fan service. En résulte finalement que ce Final Fantasy qui n’en est pas vraiment un est un bon défouloir et surtout un plaisir coupable. On lui trouve un nombre incalculable de défauts et de choses qui ne vont pas et pourtant on y retourne sans se forcer. A l’heure actuelle, très difficile qu’il ressorte gagnant de cette période de sorties gargantuesque.

Les plus

  • Un gameplay nerveux et addictif
  • Une exigence présente mais accessible grâce à des modes de difficultés
  • Un fan service non négligeable
  • La dernière partie scénaristique intéressante
  • Le système de jobs efficace et très varié

Les moins

  • Un scénario trop simpliste
  • Graphiquement très daté
  • Des personnages dénués de charisme
  • Un déroulement trop linéaire, sans feintes
  • Un contenu principal et secondaire trop légers
  • Des chutes de framerate notables même sur PS5