En plus de 20 ans d’existence, on ne compte plus le nombre de jeux Pokémon et leurs variantes sortis. Et en 20 ans d’existence, Game Freaks n’ont jamais pris le risque de sortir un Pokémon RPG sur console de salon et pourtant, c’est pas la demande qui manquait. Jusqu’au 15 novembre de cette année. Le cap est franchi. La Nintendo Switch, à la fois console de salon et console portable, accueil son premier vrai Pokémon RPG, sous les dénominations Épée et Bouclier. Ce nouveau duo est-il un digne successeur aux opus précédents? Annonce t-il un avenir prometteur de la licence sur la petite hybride? Pour ma part, j’ai opté pour la version Épée, mais cet article conviendra tout aussi bien à la version Bouclier.

A tout nouveau Pokémon, une nouvelle génération de monstres de poche et une nouvelle zone. Ainsi, nous avons l’occasion de découvrir 94 nouveaux Pokémon dont quelques nouvelles variantes de petits monstres existants, à l’image des Pokémon d’Alola de Lune et Soleil. Cette génération ne manquera pas de diviser les avis, en termes de physique pur et/ou de puissance. J’ai malgré tout réussi à me trouver quelques coups de cœur dans cette gen.

Dans Pokémon Épée/Bouclier, Game Freaks nous emmènent à Galar, une région s’inspirant des villes et paysages d’outre Manche, dans laquelle le décor mélange petites villes, campagnes, désert, bref on compte un bon nombre de paysages à arpenter et découvrir au fil de l’aventure. Galar est une région où il fait bon vivre, et dans laquelle les combats d’Arène et championnats sont devenus une tradition. Nos premiers pas dans cette nouvelle région ne manquent pas de nous impressionner. Sans être à la hauteur d’un Luigi’s Mansion 3 et même sans la DA de Pokémon Let’s Go, ce nouveau Pokémon est loin de n’être que de la 3DS améliorée à mon goût. L’aspect so english est réussit et on aime vagabonder dans les Terres Sauvages, zone en pseudo monde ouvert aux biomes divers assez dépaysante pour la licence.

Mais la région recèle de nombreux secrets autour des formes Dynamax et une mystérieuse légende. C’est autour de cette légende que le scénario d’Epée et Bouclier se concentre. Article garanti sans spoil, je ne m’étendrai pas plus sur le fond mais plutôt sur la forme. Sans réellement se renouveler en termes de narration, Pokémon Epée et Bouclier ont le mérite de tenter de s’éloigner du train-train habituel. On lui remarque bien vite l’envie de grandir et de mûrir dans une certaine mesure. On ne peut d’ailleurs que s’émerveiller devant l’ambiance générale du jeu. Tantôt concentrée sur le grand spectacle que sont les combats officiels, tantôt plus sombre et mystérieuse quant à la légende de Galar, le tout sublimé par une bande son qui alterne entre musiques d’antan revues et corrigées et nouvelles mélodies plus actuelles.

Plus loin, le duo de versions change de discours et de vocabulaire et si certains termes en « verlan » restent discutables quant à leur présence, on ne peut qu’apprécier l’aspect foncièrement moins gnan-gnan des opus précédents. Ainsi, oubliez les termes « dresseurs » et « Ligue Pokémon », nous devenons des Challengers en route vers la Poké Masters dont le but reste, pour le coup, de battre et détrôner le Maître Invaincu. Le déroulement de notre périple quant à lui ne change pas d’un iota, nous combattons un à un les Champions d’Arène et chaque nouveau badge est un pas de plus vers la qualification aux Poké Masters, notre étape finale. Tout au long de l’aventure, nous rencontrerons bon nombre d’autres Challengers, plus ou moins attachants ou au contraire s’avèrent être de véritables têtes à claque. On leur accorde néanmoins un character design réussit relevant d’une réelle nouveauté esthétique. Notons de plus la possibilité de personnaliser notre dresseur/dresseuse.

Rentrons maintenant dans le vif du sujet de ce premier Pokémon RPG sur Switch. Game Freaks gardent leurs mécaniques habituelles. On retrouve donc les combats en tour par tour, le système d’équipe de 6, les éternelles 4 attaques par Pokémon, et les affinités de types. La recette prouve une nouvelle fois son efficacité même si on lui remarque quelques simplifications, notamment sur les affinités de types affichées clairement sur chaque attaque de vos compagnons (dans la mesure où vous avez déjà rencontré le Pokémon ou capturé). A côté de ça, on nous propose un petit lot de nouveautés appréciables. La première, la plus évidente en passant, étant les formes Dynamax. A l’image des méga évolutions, et d’une certaine manière des capacités Z, elles sont les formes ultimes de nos Pokémons de ces épisodes. D’une taille gigantesque et aux attaques surpuissantes, j’ai particulièrement apprécié leur utilisation. Malheureusement, on peut leur reprocher une possibilité d’utilisation trop limitée durant l’aventure et un schéma d’utilisation identique durant les combats.

Quoi qu’il en soit, que ce soit du côté purement esthétique ou en termes de plaisir de gameplay, les formes Dynamax sont particulièrement réussies et s’intègrent parfaitement à l’aventure.

Parmi les nouveautés, nous retrouvons le Poké Camping. A son annonce, je n’étais pas particulièrement ravie, cette fonctionnalité me donnant l’impression de cet éternel côté enfantin qui commençait à me lasser. Mais la réalité est tout autre. Oui, on fait la popote, mais on décide de se prendre au jeu ou non. Certains Pokémon demanderont d’avoir leur amitié avec vous à son maximum pour évoluer. Mais finalement, le Poké Camping se dévoile indispensable en termes de gain de temps quant à notre exploration en terres galariennes. Plus besoin de passer par un centre Pokémon en cas de coup dur, ce qui révèle un côté purement pratique.

Comptez environ 25h pour devenir maître Pokémon mais Pokémon Epée/Bouclier ne comptent pas s’arrêter là. Une fois les Poké Masters terminés, le duo introduit une courte nouvelle phase de scénario annexe de quelques heures supplémentaires menant à l’aboutissement de l’aventure, une sorte de endgame particulièrement appréciable.

Côté contenu, là encore on peut admettre un gros effort de la part de Game Freaks. L’éternelle Shasse (chasse aux Shiny) revient ainsi que la complétion du Pokédex pour les plus acharnés. Et l’une des méthodes est de passer un nombre incalculables d’heures dans les Terres Sauvages et de s’adonner aux Raids. Jouables seul avec 3 IA ou avec d’autres joueurs (l’abonnement au Nintendo Online étant requis, tout comme pour les échanges), les Raids proposent une toute nouvelle expérience plus ou moins difficile à accomplir et permettent également l’obtention de nouvelles attaques, et autres objets bien pratiques. Bref, il y a de quoi faire sous le soleil de Galar en attendant les compétitions officielles à venir.

Sans grande surprise, ce nouveau Pokémon a incontestablement séduit la Pokémaniac que je suis. Son ambiance festive, son discours plus mûr, les formes Dynamax, sa nouvelle région, l’utilisation surprenante du Poké Camping en passant par un nombre incalculable de qualités qui en font un excellent nouvel opus. Bien évidemment, il n’en est pas pour autant dénué de défauts. On peut lui reprocher son aspect visuel bien en deçà des capacités de la Switch ou encore l’utilisation limitée du Dynamax. Malgré une recette quasi identique à chaque nouvel épisode, la licence, son gameplay et son univers n’en restent pas moins intemporels et particulièrement agréable à découvrir.

Les plus

  • Galar et son inspiration des villes anglaises
  • Les formes Dynamax…
  • Sa narration moins enfantine
  • Le contenu plutôt varié et sa durée de vie
  • Le character design repensé
  • La bande son qui mêle nostalgie et nouveautés
  • L’ambiance générale
  • Graphiquement très joli

Les moins

  • Nabil, notre meilleur ami et rival en tête de liste, un peu trop collant
  • … dont l’utilisation est trop limitée
  • Une huitième génération dans l’ensemble décevante