8 ans après tout le monde, je me suis lancée dans Persona 4 Golden, épisode remasterisé de Persona 4 (PS2, 2009) sorti sur PS Vita en 2013. A l’image de Persona 5 Royal, P4G s’octroie quelques heures de jeu supplémentaires et une fin « Golden ». Mais contre toute attente, P4G s’est vu également doté d’une traduction de fans sur Steam: le Project Golden. De quoi donc me motiver à le faire pendant cette période creuse en nouvelles sorties pour moi.

Alors que mon expérience Persona ne se limitait jusqu’alors pour moi à Persona 5, Royal et Strikers, l’envie d’étendre ma culture et pourquoi pas mon adoration pour la licence était belle et bien là. En 2021, Persona 4 Golden peut-il aspirer à toujours être d’actualité? Si la réponse est sans aucun doute oui, j’ai décidé de lui dédier un article et vous dire tout ce qu’il faut savoir à son sujet. Par respect pour ceux qui ne l’ont pas fait et qui voudraient se lancer, cet article est garanti sans spoilers majeurs. Je vous parlerai également de sa traduction française, rappelons le non officielle, faite par une équipe de fans du jeu.

Stars du petit écran

Nous incarnons un adolescent, dont nous choisissons le nom, qui quitte sa vie urbaine pour passer une année de sa scolarité à Inaba, une petite ville sans histoires, chez son oncle et sa fille. L’heure est à l’adaptation à cette nouvelle vie, et se faire de nouveaux amis. Mais épisode de la série Persona oblige, vous vous doutez bien que la tranquillité initialement prévue se fera vite balayer.

Alors que nous commençons à fréquenter certains étudiants du lycée Yasogami, nous apprenons bien vite l’existence d’une mystérieuse légende urbaine: la Chaîne de Minuit. Il se dit à Inaba que si nous regardons cette chaîne à Minuit un jour de pluie, nous verrons apparaître à l’écran notre âme sœur.

C’est alors que le groupe de lycéens décident de tenter l’expérience. Ils découvriront alors que la Chaîne de Minuit est étroitement liée à la série de meurtres qui fait rage en ville, et que la petite lucarne permet de pénétrer dans un monde parallèle qui leur octroie les uns après les autres le pouvoir d’éveiller leurs Personae, et combattre les forces du mal: les Ombres. Rencontres inattendues, mystères en tous genres liés à l’étrange brouillard qui se lève sur la ville, Persona 4 Golden se transforme bien vite en enquête policière pour lever le voile sur le véritable coupable qui se cache derrière toute cette affaire.

Pour être tout à fait honnête, malgré l’excellente réputation que se traîne Persona 4 Golden (et Persona 4 évidemment) depuis tant d’années, j’étais loin de me douter que le scénario se dévoilerait être aussi riche. Et malgré les années qui séparent sa date de sortie officielle et maintenant, Persona 4 Golden n’a pas pris une ride, tant en termes d’écriture que des thèmes qu’il aborde et la cohérence avec laquelle il fait part de son message. N’oublions pas que 13 ans nous séparent de sa sortie sur PS2, et que la version Golden n’apporte finalement qu’une infime partie au scénario, bien que particulièrement intense si nous décidons d’exploiter son contenu au maximum (soit accéder aux différents donjons « cachés » et à la fin ultime).

Quoi qu’il en soit, j’ai passé 83 heures de jeu fantastiques, me permettant ainsi de découvrir l’étendue de l’inspiration que confère Persona à ses créateurs, aux côtés d’un groupe de personnages que j’ai appris à aimer dans son entièreté. Mention spéciale pour Yukiko et Kanji, clairement mes chouchous tant en termes de personnalités qu’en combat.

Pour ce qui est du contenu dit « Golden » et sa fin, il s’avère nettement plus subtile à débloquer que le contenu Royal de Persona 5. On ne s’en tient pas uniquement (il faut néanmoins le faire pour au moins un personnage) à « maxer » certains liens mais à passer par différentes étapes, comme un dialogue à tenir en particulier, ou rendre visite à un personnage en particulier à un moment donné. Mais la satisfaction de l’accomplir est présente.

I am thou, thou art I

Comme à l’accoutumée, Persona 4 Golden propose un gameplay en tour par tour. Ainsi, si vous vous êtes déjà attelés à Persona 5, vous maitriserez déjà le gros de sa jouabilité. Attaques physiques, invocation de Persona, attaques magiques, faiblesses, forces, bref tout ça n’est que routine, mais la petite étincelle durant les phases de combats est toujours là. On note également la présence d’un tirage de cartes en fin de combat, permettant entre autre de débloquer de nouvelles Personae pour le protagoniste.

Découverte des différents rôles, façonnage de l’équipe, implication dans les liens sociaux (notamment pour TOUS les membres de l’équipe même inactifs), tout ce qui fait que malgré une connaissance certaine du gameplay, Persona 4 Golden demande de l’investissement en termes de temps et de maîtrise pour arriver au bout. Car c’est un fait, des fails j’en ai eu, face à des boss, par manque de niveaux (c’est le propre du RPG), par manque d’équipements, et parfois par excès de confiance (notamment face au vrai boss de fin).

Ainsi, au delà du simple tour par tour, P4G a prévu quelques phases de gameplay en combat très appréciables. Ce qui s’apparente au « All-out-attack » de Persona 5, une fois tous les ennemis mis à terre, est toujours de la partie, ainsi que des actions qui se déclenchent aléatoirement: attaque en duos, attaque d’un membre de l’équipe inactif ou encore Rise, membre soutien, véritable sauveuse quand il s’agit de se manifester en cas d’extrême urgence. Autant dire qu’aucun combat, malgré la potentielle impression de répétitivité du tour par tour, ne se ressemble vraiment.

Mais évidemment, Persona ce n’est pas que se fritter contre les ombres de l’autre monde, c’est également vivre dans le monde réel. Et le système de temps est toujours de la partie, chaque jour se divise en plusieurs moments clés de la journée (de l’aube au soir) durant lesquels nous avons plus ou moins le temps de vaquer à nos occupations et à l’exploration d’Inaba. Et il faut de toute évidence savoir concilier le tout pour exploiter au maximum tout ce que le jeu propose et parfaire l’expérience. Du petit boulot à mi-temps, à l’après-midi passée avec un camarade ou encore étudier à la bibliothèque (pour ne citer que quelques activités), Inaba propose un large choix d’activités et de requêtes secondaires. Gérer son temps s’avère être une tâche pas forcément évidente surtout quand on doit rester vigilants pour atteindre les objectifs majeurs de cette version Golden.

Petit défaut, une broutille je vous l’accorde, le fait de devoir former son équipe à chaque fois que l’on entre dans un donjon.

8 ans, et toutes ses dents

Jeu de 2013 oblige, cette remasterisation de la version PS2 remasterisée sur PC ne sera évidemment pas aussi clinquante qu’un jeu actuel. Pour autant, il reste visuellement très agréable et n’a mine de rien pris que quelques rides, sa direction artistique très orientée « manga » y étant pour beaucoup.

Malgré tout, sa mise en scène soignée, épique dans ses cinématiques « animées », le protègent d’un statut de « visuellement daté » et le propulsent sans mal à indémodable.

Rapport à ma configuration PC (i7 – 8750H, 16Go RAM, NVidia Geforce GTX 1060), je le faisais tourner quasi constamment à 120 FPS, le tout à fond de chez à fond comme on dit dans le jargon. Pourquoi quasi? Car durant certaines phases de combats, notamment lors de la possibilité de passer en « All-out-attack », certaines baisses de framerate à 85-90 FPS se manifestaient. Rien de méchant on reste sur une optimisation plus que correcte mais mes soucis se sont avérés liés à autre chose dont je vous parlerai un peu plus bas.

Outre cet aspect « daté » tout ce qu’il y a de plus normal pour un jeu de cet âge, l’ambiance en générale est maitrisée. Le plus gros du jeu se passant dans différents donjons aux ambiances différentes, il est de mise de parler de leur diversité et des émotions, sensations qui peuvent en découdre. Si l’anxiété liée au temps est présente, la tension palpable à chaque changement de décor, l’ambiance visuelle liée à chaque donjon se veut diversifiée.

Parlons maintenant ambiance sonore et surtout bande originale. Rien à voir avec celle de Persona 5, c’est un fait, qui a mis la barre très haut et à laquelle je me suis habituée, celle de Persona 4 Golden n’en reste pas moins proche du génie musical. Plus orientée pop, les rythmes varient en fonction des situations mais relèvent d’une ambiance parfaite lui permettant de confirmer son identité somme toute particulière. Petit coup de coeur pour le morceau « Heartbreak » interprété par Shihoko Hirata, que l’on entend principalement « Après l’école ». Le pouvoir de la musique de la série, s’arrêter de jouer le temps de quelques minutes et écouter son OST dantesque.

Project Golden

Si l’envie de vous rédiger un avis complet sur Persona 4 Golden me tenait particulièrement à cœur, notamment parce qu’on est en 2021 et que la perception d’un jeu peut être différente plusieurs années après, le but était aussi de vous donner mon (humble) avis sur le Project Golden: la traduction française faite par des fans.

Le Project Golden, c’est une équipe de passionnés, de fans du jeu, qui se sont attelés corps et âme pendant 8 mois pour travailler sur une traduction française. Uniquement disponible sur PC, ce travail acharné a permis à Persona 4 Golden d’être accessible aux non anglophones, et aux anglophones d’avoir un confort certain lié à notre langue maternelle.

Quoi qu’il en soit, le projet n’était pas sans risque, la cohérence de langage étant de mise et la difficulté à ne pas partir dans la traduction littérale se voulant être plus difficile qu’on ne le pense. Et dans l’ensemble, c’est une traduction d’une qualité certaine qui nous est proposée. On notera néanmoins quelques coquilles, entre fautes de frappe et fautes d’orthographe, mais rien qui n’entache réellement l’expérience et restons indulgents, la traduction est totalement gratuite.

Malgré tout, j’ai rencontré beaucoup de soucis de stabilité, en effet je ne compte plus le nombre de fois où le jeu a freezé, surtout à l’intérieur même des donjons. Cependant, je ne peux pas affirmer à 100% que c’est la traduction, car le tout était très aléatoire, je pouvais jouer plusieurs heures d’affilée sans problème et le lendemain faire l’expérience de freeze très fréquemment. Autant dire que quand je repassais le jeu en anglais et que je n’avais eu aucun souci, impossible de dire si j’avais joué assez longtemps pour écarter ou confirmer la faute sur la traduction.

Alors que jusqu’à maintenant je me cantonnais à la seule expérience de Persona 5 en général, la belle occasion s’est présentée pour que je me mette enfin à changer d’air. Après 83h de jeu, je ne peux que confirmer que c’était certainement la meilleure idée que j’ai eu en ce début d’année. Si j’ai retrouvé l’essence même de la licence que je connaissais déjà grâce au 5 et malgré le poids des années, Persona 4 Golden s’est révélé être une découverte fascinante, passionnante, et indéniablement exceptionnelle. Aujourd’hui, l’heure est à me décider quel épisode je préfère et je vous avoue que je n’ai pas envie de choisir. Et à la question de savoir si Persona 4 Golden est indémodable, ma réponse est: sans l’ombre d’un doute. Tant par sa jouabilité en tour par tour intemporelle, que par son écriture et son scénario qui restent dans l’ère du temps. Malgré tout, on peut pointer du doigt quelques défauts, comme l’obligation de reformer son équipe à chaque entrée dans un donjon, ou encore les ombres rares qui fuient beaucoup trop vite (ça c’est juste parce qu’ils m’ont fait rager quand je voulais farmer). On ne saura que trop peu remercier l’équipe du Project Golden pour sa traduction, bien que non officielle et souvent parsemée de quelques fautes mais qui permet au plus grand nombre de découvrir cette pépite.

Les plus

  • Un scénario prenant, rempli de mystères et de questions
  • L’utilisation d’une légende urbaine pour cacher la vérité
  • La durée de vie incroyable (pour un jeu PS2 de base, j’était époustouflée)
  • Un groupe de personnages tous plus attachants les uns que les autres
  • Le contenu Golden, bien que subtil à débloquer, permet de finir en beauté
  • La possibilité d’une traduction française pour la version PC (gratuite)
  • L’OST toujours aussi géniale
  • Intemporel

Les moins

  • Devoir reformer notre équipe dès qu’on entre dans la télé
  • Quelques phases de farm obligatoires assez redondantes, faute d’un nombre limité d’ennemis dans les donjons
  • Beaucoup de freezes, possiblement liés à la traduction