One Piece, le manga aux millions d’exemplaires vendus, à l’anime de plus de 1000 épisodes s’est offert une nouvelle adaptation en jeu vidéo. Disponible depuis le 13 janvier 2023, l’équipage au Chapeau de Paille est prêt à en découdre dans une toute nouvelle aventure, entre histoire inédite et relecture d’anciens arcs avec la participation directe d’Eiichiro Oda lui-même aux côtés du studio japonais ILCA et Bandai Namco. One Piece Odyssey est jouable sur PS4, PS5, Xbox One et Series et PC.

Il m’a fallu une bonne trentaine d’heures pour terminer l’histoire principale et explorer une partie de son contenu secondaire. C’est donc dans ces conditions que je me permet de vous livrer mon avis sur cette nouvelle itération de One Piece. One Piece Odyssey, le meilleur jeu dédié à la saga mythique?

Cet avis est rédigé à partir d’une version numérique Xbox jouée sur Xbox Series X fournie par l’éditeur. Un grand merci à eux pour la confiance qu’ils m’ont accordé.

Monkey D. Luffy, Roronoa « tête d’algue » Zoro, Nami chérie, Robin d’amour, Chopper, Usopp, Supeeeeer Franky, Sanji « vrillé des sourcils », et Brook (c’est bon j’ai oublié personne?) sont en route vers une nouvelle aventure dans le Nouveau Monde. Mais une mystérieuse tempête fait échouer le Thousand Sunny sur une île: l’île de Waford. De nouveau réunis, Luffy et ses compagnons font la connaissance d’Adio et Lim, qui malgré elle les déleste de leurs pouvoirs et compétences. Pour les récupérer ils devront partir à Mémoria, un monde de souvenirs qui les fera revivre plusieurs de leurs combats passés. Mais ils sont loin de se douter que leur naufrage n’est pas fortuit et qu’un mystérieux secret entoure Waford.

C’est ainsi que se construit cet arc inédit du manga d’Oda. Une nouvelle île, de nouveaux compagnons et un nouveau secret à découvrir. Mais si le récit en lui-même est inédit, il réussit à se confondre avec une relecture et une revisite de certains des arcs les plus marquants de One Piece. Au nombre de 4 (et par souci de ne rien spoiler je n’en dévoilerait pas les noms), nous (re)découvrirons 3 arcs d’avant le Nouveau Monde et un après l’ellipse de 2 ans. Ainsi, si vous êtes à jour dans le manga/animé tout va bien, si non, attendez vous à potentiellement vous faire spoiler. Fort heureusement pour moi, le jeu semble avoir eu pitié de mon retard et n’a pas été plus loin que là où je me suis arrêtée. Tout ça pour dire que One Piece Odyssey allie avec une certaine dextérité nouvelle histoire et histoires déjà connues de l’univers et réussit à justifier ce mélange avec tact et cohérence, le tout en gardant les codes de la licence d’Oda. Car il ne faut pas non plus oublier que One Piece Odyssey s’arme d’un immense fan service pour le plus grand plaisir de ses lecteurs/spectateurs, sans pour autant aller dans l’overdose.

One Piece n’a pas été exempt de nombreuses adaptations vidéoludiques. Ainsi depuis un bon nombre d’années, ce sont les Pirates Warriors, World Seeker ou encore Burning Blood, pour ne citer que les plus récents, qui ont servis de porte étendard dans le jeu vidéo et l’univers semblait avoir épuisé toutes ses ressources pour proposer quelque chose de vraiment marquant. Mais il lui restait une carte à jouer: le JRPG en tour par tour aux airs de « tactical » RPG. C’est ainsi que le studio ILCA (aux commandes des remakes de Pokemon Diamant et Perle ou encore Dragon Quest XI, accessoirement) a décidé de faire virer de bord la licence, abandonnant les éternels Muso et autres jeux de combats, dont on pouvait commencer à se lasser. Et One Piece Odyssey est la preuve que la saga pouvait partir à la conquête du JRPG et donner un petit coup de (Gum Gum) fouet à la pléthore d’adaptations déjà existantes.

Les combats se déroulent donc en tour par tour avec une petite pointe d’aspect tactique pour pimenter le tout. Les combats commencent avec votre équipe de 4 personnages disséminée en plusieurs zones sur le terrain et chacun doit gérer ses ennemis avant de pouvoir quitter sa zone. Et la recette fonctionne plutôt bien. Des combats qui nécessitent parfois une certaine stratégie pour sortir les personnages les plus faibles d’une mauvaise passe. De plus, One Piece Odyssey explore également un système de faiblesse/résistances propres aux JRPG mais à sa sauce. Les éléments à proprement font leur sortie pour mettre en avant les compétences des Mugiwara. Ainsi, Luffy et Chopper maitrisent la Force, pendant que Zoro et Brook usent de leur Technique et Franky et Nami de la Vitesse, par exemple. Si les premiers combats ne sont pas forcément intuitifs, au fil des chapitres, les combats prennent une saveur particulièrement addictive.

Mais One Piece Odyssey ne fait pas dans le copier/coller du JRPG grand public pour que son gameplay fonctionne. Ainsi, on quitte les arbres de compétences à proprement parler et encore les équipements bêtes et méchants par membres du corps. En effet, il faut d’un côté récupérer les cubes verts disséminés dans tous les mondes que nous sommes amenés à visiter pour améliorer nos compétences automatiquement débloquées à chaque fin de chapitre, mais aussi fouiller les nombreux coffres pour obtenir des équipements à placer dans un cube propre à chaque personnage qui s’agrandira au fil de l’aventure. On peut donc y privatiser la santé, les PT (points de technique), le cran, ou tout simplement harmoniser tout ça. Et globalement, le système fonctionne plutôt bien pour avoir une vraie sensation de puissance notamment contre les ennemis les plus coriaces du jeu.

Manette en main, il est indéniable que One Piece Odyssey se targue d’idées fabuleuses pour nous proposer un gameplay aussi inédit qu’il est intuitif pour les aficionados du genre. Et si je n’ai pas grand chose à lui reprocher, quelques détails m’ont quand même chiffonnée en termes de game design. Le rythme est bien souvent cassé par 2 cinématiques/dialogues entrecoupés par 3m de marche (sans exagération), l’impossibilité de passer les animations des compétences qui sont parfois assez longues, les 4 arcs « originaux » peinent à trouver un rythme convenable (ils sont soient trop longs soient trop courts) ou encore l’obligation d’attendre que le nom de la mission disparaisse du milieu de l’écran avant de pouvoir avancer mais aussi le fait de devoir regarder le « Yoisa » des voyages rapides disparaitre avant de pouvoir reprendre la route, sans oublier les nombreux allers/retours, notamment dans le deuxième chapitre et enfin certains boss bien trop résistants (bien que pour certains c’est cohérent avec l’œuvre). Ce n’est pas grand chose, je vous l’accorde, ce sont des infimes détails dans une foultitude de qualités mais qui au bout de 30h de jeu sont largement dispensables.

La partie exploration quant à elle se veut être également en demie teinte. Si l’idée d’utiliser les nombreux personnages de l’équipage et leurs compétences diverses permet de se déconcentrer de Luffy ne serait-ce qu’un peu est plutôt bien trouvée (Chopper par exemple peut passer sous des passages exigus, Zoro peut trancher des portes et des grilles, Franky rebâtir des ponts, etc), on reprochera surtout d’être trop pris par la main durant les quêtes principales. En effet, une fois dans une quête majeure, impossible d’en découdre et de vaquer à des occupations plus secondaires, le jeu veut qu’on aille là, il faut donc aller là et pas ailleurs. Une fois celle-ci terminée on peut redevenir maitres de nos manettes (jusqu’à la prochaine).

D’ailleurs en termes de contenu secondaire, il est assez généreux et se divise en 3 types de missions. Les histoires secondaires qui permettent bien souvent de jouer les bons samaritains envers les habitants (à la Luffy quoi), les chasses de primes qui consiste à vaincre des pirates recherchés par la Marine et les missions dites « Hysteria » qui permettent d’acquérir des attaques combinées. Ainsi, One Piece Odyssey propose son lot d’activités plus ou moins intéressantes dans leurs récompenses.

Graphiquement parlant, One Piece Odyssey est indéniablement très réussi. Cohérent avec l’œuvre original dans son level design, dans un style entre cel-shading et réalisme, il est clair que le jeu fait honneur notamment à l’animé dans sa direction artistique. Se déroulant dans un monde semi-ouvert, les nombreux panoramas y sont nombreux et font plaisir à nos pupilles. Malgré tout, là encore, le jeu d’ILCA présente quelques faiblesses notamment dans la diversité de son bestiaire ou encore de ses PNJ. Chaque ruelle semble être un déjà-vu de personnages, et le bestiaire se limite bien souvent à un changement de couleur. Concernant la bande originale, abandonnant toute mélodie connue de l’animé, One Piece Odyssey réussit à innover dans ses plages musicales proposant ainsi une OST inédite et particulièrement qualitative.

One Piece Odyssey n’est absolument pas un jeu parfait. En ce qui me concerne, je lui reproche surtout beaucoup de petits défauts mais qui font que la liste peut être longue. Pour autant, il n’en reste pas moins un très bon jeu au fan service plutôt bien dosé pour les lecteurs et spectateurs de la saga d’Eiichiro Oda qui mêle histoire inédite et revisite de certains arcs majeurs. Je n’ai pas vu ces 30 heures passer, entre un gameplay en tour par tour qui fonctionne parfaitement avec l’univers, sa physique presque impeccable, ou encore sa bande originale. Il réussit à transpirer les bonnes idées tout en se munissant de faiblesses indéniables notamment dans son bestiaire ou son game design qui auraient pu être évitées. Quoi qu’il en soit la formule en tour par tour fonctionne plutôt très bien avec l’univers.

Les plus

  • Entre histoire inédite et revisite de certains arcs passés, un mélange qui fonctionne
  • Le fan service présent mais bien dosé
  • Le gameplay en tour par tour se fond très bien dans l’univers
  • Une OST inédite et qualitative
  • Techniquement et graphiquement maitrisé
  • L’exploitation de l’ensemble de l’équipage
  • Le système d’évolution des personnages (compétences et équipements)

Les moins

  • Le gameplay souvent perturbé par quelques lenteurs (dialogues souvent trop rapprochés, immobilité tant que le jeu n’en a pas décidé autrement)
  • Certains adversaires trop resistants
  • Un monde semi-ouvert qui nous prend trop par la main
  • Un bestiaire et des PNJ trop peu diversifié
  • Un équilibrage de la longueur des arcs à améliorer