Loop 8 est le nouveau jeu de Marvelous Inc., que l’on connait entre autres pour la saga Story of Seasons, Rune Factory ou encore Daemon X Machina. Mais avec Loop 8, le studio a décidé de se tourner vers un aspect du JRPG que j’affectionne tout particulièrement et ces quelques mots vont vous mettre la puce à l’oreille: une simulation de vie étudiante avec des combats en tour par tour. Disponible le 6 juin 2023 sur PS4, Xbox One, Nintendo Switch et PC, Loop 8 promet une aventure inédite dans une boucle temporelle à l’aube de la fin du monde. Il ne reste plus qu’un mois avant la fin du monde, comment passerez-vous chaque jour? Et je vais tenter de répondre au mieux à cette question!

Conditions de test:

  • Version: numérique sur Nintendo Switch
  • Fournie par Marvelous Europe
  • Histoire terminée: Oui
  • Temps de jeu: 25h
  • Complétion totale: 5 boucles pour une seule fin débloquée et beaucoup de statistiques maximisées (j’évoquerai évidemment tout ça dans les lignes qui vont suivre)
  • Difficulté: Unique
  • Mode de jeu: Docké + nomade

Nous sommes en août 1983. Nous incarnons Nini, un lycéen qui débarque à Ashihara, une petite ville côtière du Japon, quittant la station spatiale internationale. Il y est accueilli par Nonoha, qui l’héberge pendant son séjour dans la maison familiale. Ashihara est une toute petite ville où seuls quelques habitants vivent et qui possède une certaine particularité: elle est coincée dans une boucle temporelle un mois avant la fin du monde provoquée par les Kegai. Alors que Nini prend ses marques, il découvre qu’il est doté d’un mystérieux pouvoir: la vue démoniaque qui le rend capable de combattre ces mystérieux ennemis.

Loop 8 est sans l’ombre doute inspiré des célébrissimes Persona et Shin Megami Tensei. Et son scénario à première vue plutôt simple confirme cette comparaison à quelques détails près. Si le ton et les propos du jeu se veulent être assez similaires aux mastodontes en la matière d’Atlus, Loop 8 tente une approche différente: la boucle temporelle mais également le jeu de rôle à choix. Dans cette optique, chaque dialogue pourra avoir une incidence sur la suite de cette course contre la montre, permettant notamment de découvrir chaque personnage de bien des manières notamment leurs personnalités diverses, qu’ils soient introvertis ou extravagants, leurs visions, et même leur humeur. Car tout se dévoile être basé sur l’humeur et vos relations avec les autres habitants d’Ashihara. En résulte une écriture et un développement des personnages assez incroyables et évolutifs en fonction de nos choix et de notre approche du jeu.

Le jeu se veut également particulièrement énigmatique notamment sur le passé et l’histoire de Nini, et en fonction de votre approche et de vos liens créés, vos questions trouveront leurs réponses ou au contraire pas du tout.

Mais tout en se voulant proche des licences précédemment citées, Loop 8 a plus d’un tour dans son sac pour briser les codes du genre. Vraie bonne idée ou manque t-il d’expérience pour véritablement rivaliser? Contrairement à Persona, au hasard, les journées ne sont pas coupées en « moments » comme nous pourrions avoir l’habitude de voir. Pas de matin, pas d’après l’école, pas de soir, non, ici les heures passent quelques soient vos activités et vous faites ce que vous voulez de vos journées. Et les journées peuvent vite être bien remplies entre la possibilité d’augmenter nos liens sociaux avec les autres habitants (liens qui sont divisés en 3 sentiments majeurs: l’amitié, la tendresse et la haine), mais aussi augmenter nos statistiques (de l’intelligence à la force en passant par le charme et autres traits de caractères) ou encore passer du temps dans le monde d’en bas. Bon là, nul doute que vous avez senti la petite « vibe » Persona qui coule dans les veines de Loop 8. Mais il excellera dans sa façon d’évoluer en fonction de vos choix, permettant ainsi de découvrir chaque boucle de façon différente.

Mais au delà de cette simulation de la vie d’un lycéen aux côtés de ses semblables se cache aussi des phases de combats. Et là accrochez vous. Car en termes de codes, Loop 8 a aussi bien assimilé ce qui se faisait de mieux tout en faisant sa petite tambouille qui lui donnera une véritable identité. Malgré tout et il faut le dire cela ne conviendra pas à tout le monde. Loop 8 vous donne la possibilité de fonder une équipe de 3 personnages maximum, s’ils peuvent tous vous rejoindre, certains néanmoins refuseront de vous suivre dans le monde miroir. Très vite les combats se dévoileront à contre courant de ce que le JRPG propose habituellement, puisque ce sont nos émotions et celles de nos alliés qui feront toute la différence pour sortir victorieux des combats pour poursuivre l’aventure, oui, mais surtout ne pas tomber dans la fameuse boucle qui régit leur quotidien. Car chaque échec vous fera recommencer à ce 1er août, date de votre arrivée à Ashihara. Fort heureusement, le jeu est malgré tout pensé pour que nous avancions, donc ce ne sera pas un éternel recommencement de zéro.

Intrigants mais surtout exigeants, les combats de Loop 8 se veulent aussi grisants que frustrants. D’une part car nous nous devons d’apprendre à maitriser le système d’émotions, et la vue démoniaque de Nini qui s’avère fortement utile oui, d’autre part, car seul Nini est contrôlable durant les combats et qu’il est dénué de toute possibilité de soigner ses alliés, voir même de les réanimer et toute mort d’un membre de l’équipe est définitive à moins de recommencer la boucle de notre plein gré. De ce fait, Loop 8 peut paraitre particulièrement complexe notamment durant les combats les plus avancés du jeu (j’ai d’ailleurs voulu recommencer le boss de fin pour débloquer une autre fin, sans succès). A nous de trouver notre équilibre, et ce n’est pas si évident qu’on le pense, grâce aux différentes activités et bénédictions pour nous et nos coéquipiers.

On lui regrettera surtout l’impossibilité de passer les cinématiques ou les animations des attaques, un seul personnage jouable est particulièrement contraignant, et les premières boucles peuvent également avoir un petit arrière goût de répétitivité: pour la petite histoire, j’ai mis une dizaine d’heures avant de réellement comprendre ce que le jeu attendait de moi aussi bien pendant la journée et surtout dans son système de combat.

Visuellement, là encore, impossible de ne pas voir du Persona en Loop 8 ou même du Shin Megami Tensei tant les décors, la direction artistique et le character design sont ressemblants, et ce n’est ici absolument pas un reproche, en tout cas, pas de ma part. C’est un vrai bonbon pour les yeux, tant sa direction artistique est très réussie dans ses couleurs, ses environnements, et son cycle jour/nuit.

On retrouve donc cette patte si singulière à ces licences, de la salle de classe en passant par la rue principale et ses alentours. Ashihara est une très petite ville qui ne contient que quelques zones « explorables ». Ainsi on en aura vite fait le tour, et si cela peut être un point fort pour la gestion de notre temps, ça l’est beaucoup moins quand il s’agira de tout recommencer, appuyant donc sur une certaine répétitivité.

L’OST quant à elle fait plaisir aux oreilles, notamment grâce au changement de piste en fonction de l’humeur de Nini mais là encore, le nombre de piste étant plutôt réduite, la répétitivité peut être de mise et les différentes mélodies auront souvent tendance à tourner en boucle (ah, encore elle).

Si dans sa technique on est proche du sans faute, on regrette néanmoins le choix d’une certaine « mollesse » dans les déplacements, feintant même des saccades dans la course de notre protagoniste donnant l’impression que le jeu « ramouille » que ce soit en mode docké ou en nomade (et pourtant non). De plus, le jeu souffre de temps de chargements à outrance, en changeant de zone, en démarrant un dialogue, en faisant une activité, cassant indéniablement son rythme.

Impossible de ne pas ressentir cette patte Persona en jouant à Loop 8. Une comparaison qui invite certes à complimenter le jeu mais aussi à ne pas l’en défaire. Marvelous Inc. a indéniablement pris des risques en tentant l’inspiration au géant d’Atlus tout en se forgeant une identité bien réelle. L’utilisation d’une boucle, en faire un (excellent) prétexte pour rendre le jeu évolutif et personnalisé grâce à un système de choix, dessiner son aventure autour de l’humeur des personnages non jouables, briser les codes du JRPG actuel dans ses mécaniques de gameplay, en font clairement un jeu original et franchement bon. Malgré tout Loop 8 porte aussi ce lourd fardeau de la comparaison évidente et malgré ses efforts pour s’en détacher, tombe dans le piège de la répétitivité et d’une innovation qui peut tendre à tout aussi bien nous happer dans son univers que nous perdre dans sa complexité. Si j’ai pris énormément de plaisir à arpenter Ashihara et découvrir les mystères qui gravitent autour de Nini (ses amis et ses ennemis), ce ne sera pas une évidence pour tout le monde. Ses bases sont solides et ne manquent plus qu’à être améliorées pour de futurs projets de cet acabit.

Les plus

  • La boucle temporelle, une bonne idée si on aime voir l’impact de nos choix
  • La patte Persona, tout ce que j’aime
  • Une écriture évolutive en fonction de nos choix
  • Le système de combat par émotions
  • La vue démoniaque, une mécanique originale
  • La direction artistique, une valeur sûre
  • La gestion du temps très poussée

Les moins

  • Mais qui peut vite tomber dans la répétitivité dès les premières heures de jeu
  • Mais qu’on peinera à en détacher le jeu de Marvelous
  • Trop de temps de chargements tuent les temps de chargements
  • Un système de combat qui peut paraitre aléatoire (impossible de rebattre le boss de fin pour ma part)