Le cœur a ses raisons que la raison ignore. C’est l’explication la plus plausible que j’ai réussi à donner à mon attrait pour Kingdom Hearts 3 survenu il y a quelques mois alors que je n’ai jamais fait les anciens jeux. Mais le goût pour la découverte et la curiosité de découvrir le pourquoi du comment tant d’engouement autour de la licence a été plus fort que tout. Me suis-je tiré une balle dans le pied malgré moi?

Kingdom Hearts, qu’est ce que c’est ? Du peu que j’en savais, c’est un cross-over entre l’univers de Final Fantasy et, aussi curieux cela puisse être, Disney, créé par Tetsuya Nomura, papa de Final Fantasy VII et VIII, pour ne citer qu’eux. Un mélange intriguant, original, qui m’a alpagué pour la première fois en ce début d’année 2019.

Suis-je ressortie indemne de cette première approche avec la licence? Je vous laisse le libre choix de lire cet avis de façon totalement objective ou subjective.

Note importante: ne sachant pas ce qui peut-être considéré comme un spoiler ou non, je ne mentionnerai que très peu (voir pas) les mondes visités et les personnages rencontrés.

1. Compliqué pour pas grand chose?

S’il est bien numéroté 3, il est loin de se placer en troisième position dans la time line de la licence, rendant donc tous les épisodes sortis importants à la compréhension de l’histoire. Se lancer dans Kingdom Hearts 3 sans en connaître le passé c’est envoyer son cerveau au casse pipe, le mien étant toujours en convalescence tant il a bouillonné pour s’adapter à ce scénario. Car je ne mâcherai pas mes mots, Tetsuya Nomura a décidé de mettre à mal nos facultés de compréhension quant à l’histoire qui se cache derrière le mélange atypique de ces deux univers et ce malgré les 5 cinématiques récapitulatives ajoutées à la mise à jour 1.01 quelques jours avant la sortie du jeu. Disons le clairement, le scénario de Kingdom Hearts est un vrai casse tête pour lequel il faut repousser les limites de notre concentration. Je vais donc tenter de résumé au mieux ce que raconte (ou ce que j’ai compris) ce nouvel épisode. Pour un résumé entier de Kingdom Hearts, je vous invite à aller lire Ashesheart qui a brillamment écrit sur toute l’histoire de la licence permettant d’un peu mieux comprendre les événements du 3.

Le monde a une nouvelle fois besoin de Sora, un jeune porteur de Keyblade, et ses acolytes, Donald et Dingo. Maître Xehanort et son Organisation XIII sont de retour pour tenter (encore) de réunir les 13 réceptacles dont ils ont besoin pour créer la x-blade (à prononcer khi), une épée unique capable d’ouvrir le Kingdom Hearts et le contrôler. Mais pour se faire, Sora devra recouvrir le pouvoir de l’éveil, retrouver d’anciens amis et libérer les cœurs qui sommeillent en lui.

Dit comme ça, ça a l’air simple, le Bien contre le Mal, la Lumière contre les Ténèbres, un scénario basique mais dont les subtilités le rendent bien trop compliqué à comprendre. Des allusions à ses prédécesseurs, il en fait des tas sans aller dans le détail. Pour ma part, j’ai commencé l’aventure confiante, imaginant que malgré 7 épisodes passés, je finirais bien par mettre les points sur les i. J’ai donc affûté ma concentration et ouvert mon esprit pour suivre pas à pas le déroulement de l’histoire. Mais ça c’était avant. Vers les trois quarts du jeu, je n’essayais même plus de comprendre, l’apparition de chaque nouveau personnage à coup de « YOU! » me perdait de plus en plus. C’est là que j’ai compris que le jeu ne m’étais clairement pas destiné.

Trop de scénario, tue le scénario. A vouloir trop en faire, Nomura en dit trop ou pas assez et on se demande même si chaque nouvelle ligne du scénario n’était pas ajoutée au fur et à mesure histoire de meubler. Dans tant de complexité, cela m’a valu finalement de ne m’attacher à quasi aucun personnage, sauf un réel coup de cœur pour le trio Sora/Donald/Dingo et rester de marbre face aux autres. Mais je vous rassure, Kingdom Hearts 3 n’a pas que du mauvais et a réussit à me séduire sur d’autres aspects.

2. Do you believe in magic?

Manette en main, les premières heures sont tout aussi compliquées, et sont loin d’être instinctives mais on arrive à apprivoiser les commandes après quelques combats. Imaginez vous donc de sauter avec rond (B), attaquer avec X (A), esquiver/parer avec carré (X), et utiliser les supers attaques avec triangle (Y). Dans les premiers temps on se mélange un peu les pinceaux mais une fois tout ça bien assimilé, les choses sérieuses peuvent commencer. Les combats étant au centre de l’action, il était donc important que leur réalisation soit impeccable.

Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est très réussit, c’est ultra dynamique et varié et il faudra être attentif à l’apparition éventuelle dans le coin inférieur gauche de nos écrans d’une seconde forme de notre Keyblade, d’attaques dévastatrices d’attractions dignes des Parcs Disney ou encore d’attaques en duos avec nos alliés. Dépensez un peu de MP pour des attaques magiques et le résultat est très plaisant. Chaque apparition de Sans-Cœur et de Simili est une délectation. Attention toutefois à la caméra parfois très capricieuse qui peut gâcher un peu le plaisir. Quoi qu’il en soit le RPG qui sommeille en Kingdom Hearts est bien présent, avec l’acquisition de nouvelles Keyblades et la possibilité de s’équiper de nouveaux objets pour améliorer notre attaque, défense et nos résistances.

A côté de ça, la jouabilité n’en est pas pour autant un modèle de perfection. Je reproche principalement des combats de boss beaucoup trop à rallonge, perdant peu à peu d’intensité et de notre intérêt. Ils en deviennent trop répétitifs et on ne demande qu’à en finir, vite. Puis, il y a ces arbres de compétences sous forme de listes dont le contenu s’étoffe au fur et à mesure que l’on grimpe les échelons des niveaux et dans lesquels il faut dépenser des points. Visuellement, ce n’est pas spécialement agréable mais au delà de ça, ils semblent être plus anecdotiques que concrets dans l’apport de compétences et de puissance.

Pour varier les plaisirs, entre deux mondes, Kingdom Hearts 3 propose quelques mini-jeux, notamment à la Cité du Crépuscule et chez la bande du petit ours goulu, mais également des phases spatiales dans notre vaisseau gummi qui servent de transition entre deux nouvelles aventures. Réalisées sous forme de shoot them up pour les combats, elles permettent de casser un peu la routine dans notre avancement sans pour autant en être passionnantes. Du coup, on a tendance à éviter les combats et enquiller avec le prochain monde.

3. Kingdom of Disney?

Graphiquement, et dire le contraire serait être de mauvaise foi, c’est magnifique et tout à fait en accord avec les thèmes et les mondes présentés. C’est beau, c’est coloré, c’est souvent un déluge de particules qui virevoltent sur nos écrans. Les univers visités mêlent avancement en couloir et monde ouvert permettant à la fois de s’adonner à l’exploration et permet un déroulement de l’histoire fluide. Malheureusement, on rencontrera bien souvent quelques ralentissements durant les phases de combats les plus fournies en ennemis et certaines cinématiques, notamment sur PS4 Pro.

On reprochera surtout un effet plastique sur certains personnages, notamment dans la motion capture des acteurs de Pirates des Caraïbes, on va pas se mentir, ils sont reconnaissables mais ils ont sacrément pris cher et certaines expressions faciales tendent à faire peur. Pour autant, et sans trop développé, leur monde reste mon préféré de tout le jeu.

A côté de la beauté graphique, j’attendais de Kingdom Hearts 3 qu’il ne soit pas trop tourné à la Disney et qu’il assume son statut de cross-over. Pour l’anecdote, je ne suis pas une grande fan de Disney (oui, je sais) et de son penchant à tirer la chansonnette. Ma plus grande frayeur était que Disney s’immisce un poil trop dans le jeu. Les premiers mondes se sont passés sans encombres, tout se passait plutôt bien, je partais confiante, puis, LE monde que je redoutais le plus est arrivé. Et là, ce fut le drame. Les premières notes ont commencé à retentir, puis les premières paroles. Et voilà comment Disney a réussit à pousser le bouchon trop loin. Et Final Fantasy dans l’histoire? Inconnu au bataillon. Nous devons nous contenter d’une unique musique et d’une forme rappelant un ennemi mythique de la saga. Puis plus rien.

Côté mise en scène, on revit des passages de films, en y ajoutant Sora et ses acolytes. Dans l’absolu, ce n’est pas bien dérangeant mais ça manque de recherche et d’originalité.

Parlons maintenant doublages. On le sait, nous devons nous contenter de la version anglaise (ou japonaise) et des sous-titres français. De prime abord, c’est acceptable, ils restent tout de même de qualité, et pourtant, l’immersion en prend un sacré coup dans les gencives. Car ces voix françaises nous ne les connaissons que trop bien et manquent à Kingdom Hearts 3. Mickey devient Micki, Donald est incompréhensible, et les intonations de voix manquent à nous plonger intensément dans les dialogues, surtout que des dialogues il y en a, beaucoup.

Je ne peux pas dire que Kingdom Hearts 3 est un mauvais jeu. Malheureusement, pour moi, la magie n’a pas opéré plus que ça. Je n’ai pas eu l’effet wow auquel je m’attendais. Graphiquement joli, une maniabilité haute en couleurs mais une histoire bien trop prise de tête. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Kingdom Hearts 3, aussi bon puisse-t-il être pour les fans de la première heure, aura du mal à séduire les nouveaux joueurs et à les maintenir captiver. Et si de surcroît on s’attend à un réel cross-over entre Final Fantasy et Disney, la déception n’en est que trop présente.

Les +

  • Sora/Donald/Dingo
  • Pirates des Caraïbes
  • Le gameplay dynamique et varié
  • Une durée de vie honorable (une trentaine d’heures)

Les –

  • Une histoire compliquée…
  • …qui ne s’adresse qu’aux fans
  • Du Disney pur dispensable
  • Où est Final Fantasy?
  • La VF manque malgré tout