Sorti en 2007 sur PS2, sous l’égide de NIS America pour l’Amérique et de Koei pour l’Europe, GrimGrimoire n’est autre que le tout premier jeu du très talentueux studio Vanillaware (13 Sentinels Aegis Rim, Odin Sphere, etc). A l’époque, le jeu est un peu passé inaperçu. Considéré comme un jeu de niche, déjà non localisé en français, par un studio méconnu jadis, un certain Odin Sphere allait sortir quelques mois plus tard, bref GrimGrimoire n’est évidemment pas le jeu le plus connu du studio mais cela n’a pas empêché à NIS America et Vanillaware de vouloir le faire revenir sur les devants de la scène, surtout après le succès de 13 Sentinels, ils auraient eu tort de s’en priver, sous forme de remastered, ou plutôt remake mais j’y reviendrai plus tard. Disponible depuis le 7 avril sur PS4, PS5 et Nintendo Switch, nous pouvons désormais (re)découvrir le premier jeu de Vanillaware sous son meilleur jour.

Conditions de test:

  • Version: physique commerciale en édition Deluxe PS5 (comprenant un mini artbook et l’OST en version digitale)
  • Fournie par Plaion France
  • Temps de jeu: environ 13h
  • Histoire terminée: Oui
  • Complétion totale: 100% du mode histoire + environ la moitié du mode « Trial »
  • Difficulté: facile

Nous suivons les aventures de Lillet Blan, une jeune magicienne fraichement admise à l’académie de magie, le Tour de la Silver Star. Après y avoir rencontré professeurs et camarades, elle commence donc l’apprentissage de la magie des Grimoires et semble être une petite prodige en la matière. Mais au cinquième jour suivant son arrivée, la tour se retrouve en proie à une invasion de démons d’origine inconnue. Lillet et ses incroyables pouvoirs est la seule à pouvoir démêler le mystère de l’Académie et sauver tout le monde.

Si GrimGrimoire est avant tout un jeu de stratégie en temps réel (ou RTS/STR), il est également un visual novel (à l’image des autres productions de son studio). Ainsi le récit se dessine sous forme de dialogues entre les nombreux personnages. Entre chaque combat, le scénario s’étoffe, de l’histoire de la tour et ses origines, en passant par celle de ses occupants, on découvrira donc bien vite le pourquoi du comment. Malgré sa courte durée de vie, GrimGrimoire a l’audace de proposer un scénario pour le moins complet et particulièrement bien écrit. Les surprises scénaristiques vont bon train, et le fin mot de l’histoire est tout aussi surprenant que passionnant. On reconnait bien là la patte si singulière du studio qui maitrise à la perfection son sujet.

On regrette néanmoins un schéma de narration légèrement répétitif. En effet, les phases de dialogues et de gameplay utilisent une certaine symétrie. Au début de chaque jour, un dialogue vient amorcer la narration, introduit le prochain combat, puis le combat se déroule pour se terminer sur un nouvel échange de quelques phrases, venant donc clôturer le chapitre pour passer au suivant, et ainsi de suite.

Le jeu se déroule entièrement dans la tour de la Silver Star ce qui vous laisse quelques indices quant à son level design lors des combats. En effet, GrimGrimoire de par son level design peut parfaitement être considéré comme un « tower defense » et le déroulement des combats se voit être sensiblement le même à chaque chapitre.

Après un didacticiel plutôt complet qui nous apprend à maitriser les différentes mécaniques du jeu (les différents grimoires et ses classes, comment sélectionner ses unités, leur déplacement, et j’en passe), il nous plonge donc relativement rapidement dans le vif de son sujet: attaquer nos adversaires mais également défendre notre position clé.

Le point central du gameplay est la collecte de Mana à partir de cristaux. De ce fait, il faudra les défendre mais également défendre les unités qui le collecte. De là, à nous de le dépenser à bon escient pour construire nos runes d’invocation et former une armée de différentes classes de combattants pour partir à l’assaut des runes adverses.

Une fois toutes les runes de notre/nos adversaires détruites, nous ressortons victorieux de cet affrontement (à noter qu’il suffira parfois de tenir durant un certain laps de temps plus ou moins conséquent). L’exploitation des unités est également au cœur de ces combats. Si les fées peuvent par exemple se déplacer librement à travers les étages sans se soucier d’éventuels obstacles, les démons par exemple peuvent se retrouver dans des culs de sac qui les empêchent d’atteindre les prochaines runes ennemies. L’apprentissage des forces et des faiblesses des différentes unités est donc de mise (on note la présence d’une forme physique ou spectrale de certaines unités qu’il ne faut pas ignorer), nous permettant ainsi au gré des combats de les comprendre pour pouvoir passer au jour suivant. Chaque classe de grimoire (au nombre de 4, Glamour, Nécromancie, Alchimie, et Sorcellerie) possède plusieurs sous-classes permettant ainsi d’invoquer différents types d’unités.

Et je pourrai continuer comme ça durant plusieurs paragraphes tant le gameplay est touffu et particulièrement complexe. Oui, n’espérez pas maitriser le gameplay de GrimGrimoire dès les premiers combats. Il y a énormément d’informations à retenir et surtout avoir les yeux absolument partout.

Une fois chaque combat terminé, nous sommes récompensés de quelques piécettes, dont le montant varie selon si on ne fait que l’objectif principal ou si nous décidons également de faire l’objectif secondaire (qui peut varier: n’utiliser qu’un seul type de grimoire, n’exploiter qu’un seul cristal de mana en sont des exemples). Ces quelques pièces serviront à améliorer nos runes et nos unités dans plusieurs arbres de compétences, un aspect primordial notamment dans les derniers chapitres. A noter que certaines compétences, très peu cela dit, ne sont disponibles qu’à partir du mode difficile.



Maintenant que je vous ai dis que le gameplay de GrimGrimoire pouvait se révéler particulièrement exigeant, sachez néanmoins qu’il est tout à fait accessible aux néophytes du genre grâce à plusieurs modes de difficultés. N’ayant pas touché à un tower defense depuis des lustres (mon dernier étant Crystal Defenders de Square Enix sur PS3, autant vous dire que ça fait quelques années que je ne m’étais pas essayé au genre), j’ai moi-même opté pour le mode facile.

En termes de contenu, le jeu se dote de « seulement » 2 modes de 25 « niveaux »: le mode histoire dit « Diary » et le mode « Trial », entièrement secondaire et facultatif mais qui peut s’avérer utile pour obtenir quelques pièces supplémentaires. Ce dernier se révèle bien plus technique notamment dans la limite d’utilisation des runes. Contrairement au mode histoire qui nous laisse la possibilité d’invoquer n’importe quel grimoire disponible, le mode Trial quant à lui se jouera nettement plus de nous en nous limitant qu’à certaines unités en particulier. Un bon mode pour s’entrainer mais également comprendre les différentes possibilités d’utilisation des différents combattants.

Quoi qu’il en soit, le gameplay est particulièrement grisant au fil des heures et malgré les appréhensions quant à l’utilisation de la manette pour ce type de jeu, il faut dire que la maniabilité est plutôt exemplaire et même surprenante.

Visuellement, impossible ne pas trouver cette mouture de GrimGrimoire absolument somptueuse, nous faisant donc plus parler d’un remake plutôt qu’un remastered dans la mesure où le jeu n’a pas eu qu’un traitement à base de « filtre HD ». Le passage du 4:3 en 16:9 est particulièrement réussi sans étirement, améliorations visuelles de l’HUD, netteté des unités et des décors revus à la hausse, la colorimétrie, les détails du décor, les phases de gameplay se voient avoir été bonifiées avec le temps. La partie visual novel quant à elle a subit le même traitement, troquant les dialogues en bas de l’écran par des bulles de dialogues, permettant ainsi de déceler la direction artistique et le character design qui a façonné aujourd’hui toute l’identité du studio.


Version PS2 (source: https://www.gameblog.fr/jeu-video/jeux/ps2/26300)
Version PS5

Version PS2 (source: https://www.youtube.com/watch?v=Ey3O-pIJXLY)
Version PS5


Sans oublier les magnifiques artworks qui viennent s’immiscer sur nos écran à la fin de chaque chapitre et qui sont un véritable appel à les immortaliser en capture d’écran.

Malgré tout, on pourra reprocher au level design d’être finalement peu varié à chaque chapitre. On retrouve ainsi les même décors au fil des combats dans la tour. Bien que cela soit vraisemblablement expliqué par le contexte du jeu, on aurait aimé un peu plus de diversité de décors.

Le doublage japonais a lui aussi été entièrement changé, proposant ainsi la voix de Iori Saeki pour Lillet ou encore Teruo Seki qui interprète le professeur Gammel Dore. En termes de localisation, une fois de plus NIS America n’a pas opté pour des sous-titres en français, ainsi GrimGrimoire n’est jouable qu’en version originale en japonais, ou en anglais pour les voix et uniquement avec des textes en anglais.

Si le jeu n’est pas particulièrement difficile à comprendre, les termes liés au gameplay peuvent néanmoins posé souci pour le comprendre pleinement et entièrement.

GrimGrimoire, et de ce fait GrimGrimoire OnceMore n’est probablement pas le jeu le plus mémorable de Vanillaware. Un jeu en RTS/tower defense qui reste aujourd’hui très niche et toujours pas de localisation française ne l’aidera surement pas à se faire connaitre d’un très large public. Néanmoins, il a pour grande qualité d’avoir remis au goût du jour le premier jeu du studio avec un traitement des plus remarquables. Graphiquement magnifique à la hauteur des productions les plus récentes du studio, et un gameplay à la manette particulièrement surprenant et maniable. On regrette néanmoins, et cela vaut du coup pour le jeu initialement sorti sur PS2, un level design trop peu varié, et un schéma de narration/phases de gameplay un tantinet répétitif. Malgré tout, on retrouve la patte si singulière de Vanillaware, le scénario qui fait mouche sans oublier son écriture toujours aux petits oignons. Côté durée de vie, comptez une douzaine d’heures pour le mode histoire et ses 25 niveaux mais une quinzaine pour terminer également le mode trial. Quoi qu’il en soi, il m’a permis de gagner en connaissance du travail du studio que je n’ai découvert que depuis 13 Sentinels.

Les plus

  • Un scénario plutôt bien ficelé malgré une courte durée de vie
  • Le gameplay à la manette étonnamment maniable
  • La DA du studio toujours aussi exquise
  • Une mouture « HD » particulièrement réussie
  • Le tower defense, un genre addictif
  • Plusieurs modes de difficultés
  • Les arbres de compétences des unités

Les moins

  • Pas de localisation française, une habitude chez NIS America
  • Un schéma narration/gameplay répétitif
  • Le level design pas diversifié