Après Life is Strange, Life is Strange 2, ou encore Tell me Why, pour ne citer qu’eux, le studio français DON’T NOD a décidé de changer de cap dans les métiers du jeu vidéo pour se tourner vers l’édition. Leur premier projet c’est celui dont je vous parlerai aujourd’hui : Gerda A Flame in Winter, développé par le studio danois PortaPlay. Annoncé lors du Nintendo Indie World de décembre 2021, le jeu de PortaPlay, inspiré d’une histoire vraie, a su attirer l’attention par sa patte graphique unique. Il est disponible dès aujourd’hui, 1er septembre, sur PC (Steam) et Nintendo Switch.

Gerda A Flame In Winter, une nouvelle pépite indépendante? Je vous dévoile mon avis après terminé l’histoire principale en environ 8/10h.

Cet article est rédigé à partir d’une version dématérialisée sur Nintendo Switch fournie par l’éditeur que je remercie infiniment pour leur confiance.

L’histoire prend place en février 1945 dans une petite ville danoise, Tinglev. Nous rencontrons Gerda Larsen, une infirmière germano-danoise, et son mari Anders, un brave mécanicien. Alors que la ligne de front semble bien lointaine, le Danemark, et notamment Tinglev, n’en reste pas moins une région occupée par l’armée allemande. Un détail qui implique énormément de choses, notamment pour Gerda, qui possède la double nationalité et dont le père est très engagé du côté allemand. Mais alors que la vie suit son cours loin des tirs, un événement va venir perturber la vie paisible de Gerda et Anders qui poussera la jeune infirmière à faire des choix cornéliens pour mettre la lumière sur ce qui vient de chambouler sa vie.

Gerda A Flame In Winter est un jeu narratif sous forme de visual-novel aux mécaniques de RPG-lite. Grâce à son scénario tiré de faits réels, le jeu de PortaPlay propose une expérience immersive tant par les thèmes qu’il aborde tels que le courage ou le sens du sacrifice que par ses propos matures et sa façon de nous les conter. Un scénario poignant qui nous met à la place de Gerda, et durant lequel nous devons faire des choix et nous confronter à des dilemmes cruciaux. Face à des choix moraux, ces derniers se voient décisifs pour tenter d’orienter le périple de Gerda vers la meilleure finalité possible. En découle une narration émouvante, parfois déchirante, mais non moins passionnante. C’est une vraie leçon de vie qui s’offre à nous.

Jeu narratif oblige, les nombreux dialogues forment une grande partie de l’aventure (ou plutôt de la mésaventure). Mais Gerda A Flame In Winter ne se résume pas à de simples échanges avec de nombreux PNJ tout au long de l’histoire. En effet, il se transforme bien vite en jeu de gestion peu conventionnel grâce à ses mécaniques de lite-RPG. Certains dialogues, en fonction de nos réponses nous rapportent (ou sont soustraits) différents points d’affinités qui permettent de faciliter certains échanges, plus tard dans l’aventure, ainsi que des points de compassion, perspicacité, ou encore d’intuition. Ces traits de caractère servent de « monnaie d’échange » (pour simplifier l’explication) pour débloquer certaines réponses, certains choix. Ainsi, nous découvrons l’importance que peuvent avoir nos choix au fil de l’histoire. Une bonne entente avec certains personnages pourra s’avérer cruciale, tout comme une mésentente avec d’autres.

Bien que le déroulement de l’histoire se fasse de façon assez linéaire, le jeu nous propose tout de même de façonner notre propre récit. D’une part grâce aux choix de dialogues, comme expliqué ci dessus, mais également en nous permettant de choisir nos actions, les lieux où nous rendre, en fonction de notre perception mais aussi de notre morale et de notre sens des priorités. A travers Gerda, le jeu nous met face à nos propres convictions, à nous de découvrir si cela nous sera bénéfique ou non. Car c’est un fait, ce qu’on pense être un bon choix peut s’avérer être tout le contraire, et met à mal notre analyse de la situation.

De plus, bien que le jeu n’offre pas de grandes zones à arpenter, il n’en reste pas moins qu’il faut rester attentif à notre environnement, et explorer les moindres recoins que nous sommes amenés à visiter afin d’accumuler différentes ressources. Là encore, elles serviront de monnaie d’échange pour débloquer certains choix, certaines possibilités. Mais cela ne s’avèrera pas toujours aussi simple, notre sens de l’analyse d’une situation sera parfois sollicité, et il faudra là encore décider de ce que l’on pense être le mieux pour mettre à bien notre mission.

Ainsi, le jeu s’arme d’une certaine réjouabilité, afin d’influer notamment sur la fin, mais finalement pour explorer toutes les possibilités qui s’offrent à nous. Malgré tout, on peinera parfois à comprendre l’impact du chemin que nous avons décidé de prendre, et ce n’est finalement que bien plus tard que les conséquences de nos actes et de nos mots se dévoileront.

Visuellement, le jeu de PortaPlay est fabuleusement enchanteur. Inspiré de l’impressionnisme nordique, le périple de Gerda offre une expérience visuelle inédite sous forme de tableau. On quitte ainsi toute forme de détail en faveur d’une direction artistique fabuleuse qui saura mettre en avant la beauté du titre ainsi que toute la noirceur et la mélancolie qu’implique son sujet principal. En mode nomade, bien que parfois un peu petit, le résultat est particulièrement réussi pour nous plonger dans ce récit. On ne saura que trop admirer la beauté des décors et des lieux enneigés que nous sommes amenés à parcourir.

Du côté de la bande-son, là encore, PortaPlay frappe fort pour nous immerger dans son histoire. Tantôt calme et mélodieuse, tantôt dramatique et rythmée, le jeu se dote d’une bande originale aussi calme et apaisante qui sait aussi se fondre avec la dureté de ses thèmes et la gravité de certaines scènes.

En termes de localisation, le jeu propose des doublages en anglais de belle facture mais également, pour plus d’immersion, un doublage en danois, le tout sous-titré dans notre langue de Molière. Attention toutefois, en lançant ma partie, le jeu avait automatiquement mis les textes en anglais, mais il suffit de passer par la case options dans le menu principal pour palier à ce petit désagrément.

Techniquement, peu voire rien à signaler. En mode portable, j’ai du avoir une (2 grand maximum) courte chute de framerate et un très léger bug sur la fin (un PNJ allongé qui glissait sur le sol enneigé). Pour le reste, la Switch est parfaitement maitrisée, on appréciera également ses fonctionnalités tactiles, bien que classiques.

Gerda A Flame In Winter s’est révélé être une incroyable leçon de vie me confrontant à mes propres choix, mes propres principes, mes propres convictions à travers l’histoire de Gerda Larsen, infirmière germano-danoise pendant la Seconde Guerre Mondiale. Une histoire captivante, parfois déchirante, qui nous pousse à explorer ce que l’on serait prêt à faire pour sauver ceux que l’on aime. Une histoire d’amour, de courage, de sacrifice, qui ne peut que nous toucher tant par sa beauté visuelle, que par la beauté de son écriture et de ses propos. Un récit narratif, visuel et sonore qui peut sans mal se propulser au rang de coup de cœur indé de l’année pour de nombreux joueurs. On regrette touetois que certains de nos choix peinent à nous dévoiler leur réel impact, mais après tout, le jeu proposant une certaine rejouabilité (appuyée par sa courte durée de vie), il n’est pas impossible qu’on le découvre après plusieurs runs. De plus, on lui accorde parfois un certain manque de lisibilité sur la version Switch en mode portable (un détail me direz vous, et je vous l’accorde, je chipote). Quoi qu’il en soit, Gerda A Flame In Winter est à mes yeux une petite pépite qui mérite qu’on s’y attarde, tant par la dureté de ses thèmes et ses propos que par la douceur de sa direction artistique.

Les plus

  • Une histoire poignante
  • Un jeu dont vous êtes le héros dans les pas de Gerda Larsen
  • Un style graphique atypique mais néanmoins enchanteur
  • L’aspect RPG-lite maitrisé
  • Une OST qui se fond dans les scènes et les propos en cours
  • Une fonctionnalité tactile classique mais appréciable

Les moins

  • Certains choix peuvent peiner à dévoiler leur réel impact
  • Un léger manque de lisibilité en mode portable à certains moments
  • De maigres chutes de framerate et bugs peuvent être à prévoir (sur Nintendo Switch en tout cas)