Souvenez vous. E3 2014, nous sommes le 10 juin. Deep Silver annonce Dead Island 2 avec un teaser aujourd’hui devenu culte. Techland, papas du premier opus et de son stand-alone Riptide, étant à l’époque sur le projet Dying Light, l’éditeur confie la suite de Dead Island à Yager Entertainment. Mais le partenariat tourne au vinaigre en 2015, année supposée de la sortie du jeu, et l’éditeur se tourne vers Sumo Digital (Crackdown 3, Team Sonic Racing, Sackboy A Big Adventure…) en 2016 pour mettre le projet Dead Island 2 à bien. Les années passent et le jeu disparaît des écrans radars, si bien qu’on a tous imaginé le pire: l’annulation pure et simple du jeu. C’est en décembre 2022 que Deep Silver lève la malédiction de Dead Island 2. Aux mains de Dambuster Studios (Homefront: The Revolution) depuis 2019, le jeu revient contre toute attente d’entre les morts et est prévu de sortir le 28 avril 2023. A la surprise générale, la sortie du jeu est même avancée d’une semaine. Dead Island 2 est dorénavant disponible depuis le 21 avril sur consoles Xbox, PlayStation et PC, 9 ans après son annonce initiale. Le résultat final est-il aussi chaotique que son développement?
Conditions de test:
- Version: numérique Deluxe sur Xbox Series X
- Fournie par Plaion France
- Temps de jeu: environ 17h (d’après les statistiques sur la console)
- Histoire terminée: Oui
- Complétion globale: 66% (plus de la moitié du contenu secondaire terminé)
- Difficulté: unique
Dead Island 2 est une suite directe au premier volet sorti en 2011 dans lequel une mystérieuse épidémie se déclarait sur l’île de Banoï, transformant tous les êtres humains en zombies. Dans ce second volet, par la force des choses, l’épidémie s’étend jusqu’aux côtes nord américaines, à Los Angeles pour être précise, destination finale de cette suite. L.A, surnommée Hell-A, est en proie à la disparition de toute vie humaine. Mais une bande de tueurs de zombies se mobilisent pour trouver un remède, dont vous êtes le dernier espoir.
Si vous décidez de laisser une chance à Dead Island 2, il va de soi qu’il ne faut pas en attendre autre chose qu’un sympathique jeu de survie contre des zombies en termes de scénario. Quoi que. Là où d’autres jeux du genre ne se sont contentés que de proposer une histoire banale de série Z, Dead Island 2 tente de creuser un peu plus pour proposer un scénario légèrement plus travaillé et développé. Bon, n’attendez pas des twists mirobolants non plus, mais Dead Island 2 a pris le pari d’être un tout petit peu plus original à base d’immunité et comment la faire devenir une force, mais motus et bouche cousue, je ne vous en dirai pas plus. Et cela fonctionne plutôt bien. Le scénario se révèle fun d’un côté mais également plaisant en termes d’écriture sans que cela ne parte trop loin.
Quelques minutes après le début du jeu, il nous est proposé de choisir notre personnage parmi 6 survivants: Dani, Ryan, Carla, Jacob, Bruno et Amy. Et notre choix se portera sur les compétences vitales qui nous correspondent le mieux. En ce qui me concerne, j’ai choisi la sympathique hispano-américaine Carla, sorte de « tank » capable de résister aux dégâts.
Si le gameplay de chaque personnage peut se révéler plus ou moins différent en fonction de chacun notamment si on préfère l’esquive au blocage ou vice versa, la boucle de gameplay, elle se dessine de façon similaire. Rappelons qu’à la base Dead Island 2 est un jeu de survie dans un monde post-apocalyptique où seuls quelques survivants ont réussi à s’en sortir (pour certains on ne sait pas trop comment d’ailleurs). De ce fait, on retrouve donc les mécaniques habituelles du genre: fouilles de long en large et en travers des lieux que nous visitons, craft, ou plutôt améliorations et personnalisation d’armes, tout en ayant des mécaniques RPG-esques (prise de niveaux, système de compétences), loot, en d’autres termes, Dead Island 2 n’a pas a vocation de réinventer le genre mais plutôt de mettre à profit ce qui se fait déjà, mais surtout de le faire bien.
Et de ce côté là, impossible de ne pas le féliciter. Car manette en main, Dead Island 2 est incroyablement…jouissif. Et je pèse mes mots. Armes tranchantes, contondantes, à feu mais aussi de lancer, grâce à l’arsenal mis à notre disposition et surtout son évolution grâce aux nombreuses possibilités de personnalisation (ajouter des dégâts élémentaires, ou les rendre encore plus efficaces), cette virée en enfer devient une promenade de santé aux vertus presque thérapeutiques si on a passé une mauvaise journée. Si l’arsenal est tout à fait correcte quand on fait une liste complète des armes disponibles dans le jeu, certaines sont malheureusement absentes. Pour ma part, j’aurai aimé voir l’exotisme d’un arc ou d’une arbalète mais je vais pas vous mentir, je chipote fort.
Dead Island 2, au même titre que ses prédécesseurs, est un défouloir nerveux et efficace. La physique du démembrement, la réactivité du blocage et ses contre-attaques, les coups de pieds sautés, le fun est en tête d’affiche de cette suite qu’on espérait plus. Ajoutez à cela la petite attaque « ultime » qui ajoute un peu de peps (et beaucoup de sang) au tout.
Et cité des anges oblige, l’exploitation de son environnement est également de la partie. D’Hollywood Boulevard à Venice Beach, en passant par les lieux les plus emblématiques de la ville des célébrités, Dead Island 2 se veut incroyablement inventif pour mettre en évidence les possibilités de notre environnement. On se retrouvera donc parfois à devoir faire preuve d’inventivité et se servir des machines d’effets spéciaux pour rajouter un peu de « wow » à nos exploits.
Du côté de l’arbre de compétences, celui-ci se présente sous forme de cartes à collectionner, qu’il faudra trouver/débloquer (pas de panique, rien de bien méchant). Plutôt original si on compare à ce qui se fait ailleurs, ce système se paye également le luxe d’être évolutif quand ça nous chante. A base de « buff » pour notre personnage, on peut switcher d’une compétence à l’autre rapidement et sans que cela ne soit punitif (par exemple, pas d’échange contre de l’argent si on veut changer une carte). Cela permet ainsi de découvrir les possibilités de son personnage, et elles peuvent être nombreuses.
Le studio britannique a eu la présence d’esprit de ne pas tomber dans le piège du monde ouvert. A la place, il a préféré gardé un semi open world délimité en plusieurs zones. Et cela permet d’avoir les avantages du monde ouvert sans ses inconvénients. Tout d’abord techniquement. Alors que les mondes ouverts sont réputés pour leurs nombreux bugs, Dead Island 2 est de ce côté irréprochable ou presque. Pour ma part, je ne me suis heurtée qu’à un léger bug lors d’une quête qui me faisait apparaître les zombies indéfiniment. Rien de compliqué à surmonter toutefois, puisqu’il m’a suffit de revenir au menu principal et relancer. Ensuite, Dead Island 2 n’est pas indigeste en termes de contenu. Il ne se limite qu’à ses quêtes principales au nombre de 24, ses quêtes secondaires pas beaucoup plus nombreuses, et quelques quêtes d’avis de recherches (d’objets et de survivants). Et le tout est parsemé d’un peu d’exploration pour ouvrir les portes à fusibles ou les pièces et coffres à clés qui peuvent s’avérer certes fort utiles mais finalement totalement ignorables.
Car il faut le dire, Dead Island 2 reste un jeu dont le but principal est de bousiller du zombie à tour de bras. Si d’un côté, certains pourront lui reprocher d’être répétitif, moi, je n’ai pas vu le temps passer et sans mentir, si mon planning de jeux me le permettait, je serai encore dessus à jouer les complétionnistes tant je prend un pied monstre sur le jeu. Du côté de son éventuelle répétitivité, c’est ici une simple question de feeling propre à chacun.
Parlons maintenant de son aspect graphique. Et là encore, Dead Island 2 nous laisse pantois. De ses environnements intérieurs à ses panoramas et ses décors extérieurs, il est tout bonnement surprenant et le résultat est franchement inespéré. De ses villas de luxes, à son ambiance sanguinolente, Hell-A est aussi belle que gore pour le plus grand plaisir de nos mirettes.
Je parlais également plus haut de la physique du démembrement de nos assaillants assoiffés de chair et de sang qui est tout bonnement exquise (non, je vous assure, je vais bien, vraiment) et jouissive.
Plus loin encore, Dead Island 2, au delà de sa brutalité pure, se veut être également un hommage au genre, notamment cinématographique et à l’un de ses fervents précurseurs modernes: George A. Romero. Mais je n’en dirai pas plus.
Un dernier mot sur le mode coop. Jouable donc seul ou à 3 maximum, la plus value de la coopération est effectivement présente notamment en termes de fun. La stabilité est quant à elle présente (pas de déconnexions intempestives). Seul regret? L’absence de cross platform alors que le cross gen (possibilité de jouer avec des joueurs sur la génération précédente) est de la partie. J’espère que cette fonctionnalité deviendra à termes une norme pour les jeux coop/multijoueurs.
Dead Island 2 revient de loin, très loin. Passant de studio en studio, disparaissant des écrans radars pendant près de 9 ans, son retour sur le devant de la scène était inespéré. Et par expérience quant à des développements aussi chaotiques et maudits, le résultat final attendu ne présageait rien de bon. Et pourtant, que dire de Dead Island 2 si ce n’est qu’il relève du miracle dans la sphère vidéoludique. Beau, incroyablement jouissif manette en main, techniquement irréprochable, qui aurait pu penser qu’il serait aussi abouti de toutes parts? En tout cas, pas moi. Le jeu de Dambuster Studio et Deep Silver est une incroyable surprise de bien des manières. S’il ne faut pas en attendre un chef d’œuvre scénaristique (on parle d’un jeu sur des zombies n’abusons pas sur nos attentes), il réussi à se démarquer de ses homologues zombiesques sans pour autant tenter de réinventer ni révolutionner le genre. Il n’est ni plus ni moins ce qu’on lui demande: un jeu défouloir sans prise de tête et il le fait bien.
Les plus
- Sanglant et gore
- La cité des anges bien exploitée
- Le gameplay nerveux et jouissif
- L’aspect RPG efficace et bien pensé
- Techniquement irréprochable
- Le casting de tueurs diversifié
- La coop, toujours une plus value pour le genre
- Le contenu généreux sans être indigeste grâce au monde semi-ouvert en plusieurs zones
Les moins
- Quelques armes peuvent manquer à l’appel
- Pas de cross platform pour jouer à plusieurs