L’année dernière, après 2 ans d’absence, la série Assassin’s Creed faisait son grand retour sur le devant de la scène grâce à Origins, véritable renouveau pour la licence qui s’essoufflait un peu plus chaque année. En cette fin d’année 2018, c’est la Grèce Antique qui succède à l’Égypte, qui avait conquis de nombreux joueurs par son univers et le contexte qu’il apportait à la série toute entière.
Assassin’s Creed Odyssey, tel est son nom, a pris le risque de succéder aux aventures de Bayek. A-t-il les épaules assez larges pour sortir de l’ombre de son prédécesseur? Peut-il aspirer à enlever son étiquette de pâle copie qui lui a été collé sur le front? Mon odyssée étant achevée, voici mon avis sur cette nouvelle aventure assassine.
1. Mercenary’s Creed?
Le point commun scénaristique entre Origins et Odyssey est la méta histoire. Une fois de plus dans la peau de Layla Hassan, nous partons dans l’Animus pour trouver des réponses capables de lutter contre l’Ordre des Templiers et Abstergo. Commençons donc notre odyssée.
Nous sommes en moins 431, en plein cœur de la guerre du Péloponnèse durant laquelle les Spartiates et les Athéniens sont en perpétuel conflit. Après notre première bataille, le jeu nous offre la possibilité de choisir notre héros, Alexios ou Kassandra. Pour ma part, j’ai opté pour une aventure masculine mais il est à souligner que le choix de notre personnage n’influe pas sur le scénario. Quelle que soit votre préférence, chaque joueur vivra la même expérience, ou presque. Quoi qu’il en soit, nous incarnons le porteur d’Aigle à la lance brisée (pas n’importe laquelle, mais je vous laisse le plaisir de découvrir tout ça), un misthios, un mercenaire, descendant d’une des plus grandes figures martiales de la Grèce Antique, partant à l’aventure pour réparer un drame familial causé par le Culte du Kosmos, qui n’a qu’un seul but: être à la tête du monde grec tout entier. Aux côtés des plus grandes personnalités de l’époque, notre quête se transforme en une véritable chasse à l’adepte du culte. Notre objectif principal sera d’atteindre et de vaincre à tout prix, Deimos, une déesse, une arme, capable d’une puissance hors du commun pour arriver à ses fins, pour éventuellement aspirer à réduire l’emprise de son culte.
Cette Odyssée nous propose plusieurs arcs narratifs permettant de mettre en oeuvre l’une des plus grosses nouveautés de cet Assassin’s Creed: le système de choix. S’inspirant d’innombrables RPG, il nous permet de suivre notre aventure comme bon nous semble et faire évoluer la narration. Pour la plupart, ces choix ne sont pas décisifs dans le déroulement de l’histoire et pourtant, d’autres dévoileront une certaine importance dans l’ajout ou le retrait de certaines missions et le regard de certains personnages envers vous. En somme, Assassin’s Creed Odyssey renouvelle à sa manière la narration de la licence, permettant ainsi de nous faire découvrir un scénario des plus complets et développés. Huit épisodes et une cinquantaine d’heures, voilà le temps qu’il faut prévoir pour terminer l’Odyssée principale en se perdant dans les quêtes annexes précieuses à votre montée de puissance.
L’aventure passionne, par son déroulement, ses personnages, on lui accorde même un petit humour bienvenu et pourtant il lui manque quelque chose: une place parmi tous ces Assassin’s Creed. Que peut-il bien apporter à la licence sachant que la création du Credo se déroule dans Origins en 49 avant JC? La fin de mon aventure, plus expéditive que jamais, m’a déçue. La notion d’assassin n’étant pas présente, mes questions sont restées sans réponses. Malgré une explication implicite, j’avais besoin de concret. Et j’ai trouvé ce qu’il me fallait: dans les quêtes dites principales qu’il me restait à finir, petites par leur importance dans l’histoire « de base », grandes par ce qu’elles apportent à la saga. Il m’aura donc fallu 15 heures supplémentaires pour comprendre où voulait en venir Ubisoft Montréal.
En tout cas, l’aventure ne manque pas de contenu et d’activités en tout genre pour nous immerger le plus longtemps possible dans l’aventure. Ne pas en manquer est une chose, ne pas tomber dans le remplissage superficiel en est une autre. Alors que certaines missions secondaires apportent un peu de diversité narrative, d’autres tomberont dans la répétitivité en mode Fed-ex « va me chercher ceci et rapporte le moi », un aspect dont on aimerait bien se passer.
2. Origins x Black Flag’s Odyssey
L’année dernière nous découvrions une toute nouvelle expérience d’Assassin’s Creed dévoilant au grand jour des mécaniques d’un jeu de rôle assumé des plus plaisants. Et l’équipe en charge de ce nouvel épisode a choisi de garder cet aspect de la licence qui lui va à merveille. C’est donc sans grande surprise que nous retrouvons un gameplay typé action RPG quasi identique à celui de l’aventure égyptienne, le bouclier en moins.
Peu à peu, on se réhabitue à ce gameplay encore frais qui dépayse totalement quand on se remémore les réflexes de l’avant Origins (oui, il m’arrivait encore de vouloir utiliser la gâchette de droite pour sprinter). On redécouvre donc les attaques, l’esquive, ou encore le système de chasseurs de primes (ici, mercenaires) qui se montrera parfois un peu rageant quand ces derniers se pointent au pire moment. Mais cet opus n’a pas fini de nous surprendre. Immersion et cohérence oblige, Ubisoft a su réutiliser, pour le plus grand plaisir des mordus de batailles navales, un peu d’un certain Assassin’s Creed IV Black Flag. Vous l’aurez compris, l’occasion de redevenir capitaine de navire est à portée de main et permet de varier les plaisirs de déplacement et de farm.
Mais cet épisode grec a plus d’un tour dans son sac pour réussir à nous en mettre plein les yeux et a su ajouter sa petite touche personnelle. Dans un contexte historique, le studio a mis en place les batailles de conquêtes, une toute nouvelle facette de gameplay disponible lorsqu’on a assez affaiblie la puissance à la tête de chaque zone du jeu. Une fois chose faite, vous pourrez choisir votre camp, les Sparte ou Athènes. C’est donc pour notre plus grand plaisir qu’il nous propose une jouabilité maîtrisée et complète.
On déplorera quelques petits couacs comme l’assassinat automatique en pleine course qui surgit d’on ne sait où et qui peut mettre une sacrée pagaille, surtout en terrain ami ou si on veut jouer la carte de l’infiltration à fond.
Qui dit Assassin’s Creed, dit bugs made in Ubisoft, et pourtant je ne fait pas partie de ceux qui pourront se plaindre. Outre quelques bugs de sous-titres qui faisaient passer mon pauvre Alexios pour une femme, je n’ai pas eu de désagréments réellement gênants. Contrairement à d’autres joueurs, je n’ai pas eu le plaisir d’explorer sous la carte, ou n’ai pas nagé dans les airs. Comme tout jeu à monde ouvert, l’expérience de chacun lui est propre.
3. Dépaysant à souhait
La comparaison avec son prédécesseur ne s’arrête bien évidemment pas là. L’Egypte et sa beauté ayant marqué un réel renouveau pour la licence, un an après, le souvenir et l’expérience visuellement sublime est toujours présente.
Assassin’s Creed réitère le graphiquement magnifique avec une Grèce Antique des plus réalistes. Dans cet univers mythologique, nous posons nos yeux sur des paysages somptueux, des villes à couper le souffle, nos touches de captures d’écran en prennent encore un coup tant on immortalise presque chaque nouvelle prise de vue. A titre entièrement informatif, j’ai vécu l’aventure sur Xbox One S.
Malgré tout, on notera une petite perte de netteté et moins de photo réalisme sur les textures au sol, ou sur certains décors en général. Une infime perte de qualité compensée par la taille de notre terrain de jeu immense entre terre et mer. A cela j’ajouterai quelques pertes de fluidité par endroits et quelques courts freezes en plein jeu qui peuvent alarmer.
Cela étant dit, on passera le plus clair de notre temps à nous demander si on change réellement de zone. Malheureusement tant de beauté n’est pas synonyme de diversité et on gambadera dans un level-design qui se ressemble où qu’on aille. Gambader est bien ce qui défini le plus mon aventure puisque j’ai parcouru pratiquement tous mes allers et venues à pied, admirant l’horizon, découvrant de nouvelles villes, gravissant de nouveaux sommets, me rendant compte que le chemin le plus direct n’est pas forcément le plus court.
Assassin’s Creed Odyssey est probablement la plus belle surprise que pouvait me réserver un jeu en cette fin d’année. Alors qu’ une nouvelle annualisation de la licence me préoccupait, je n’ai pas manqué de lui coller moi-même l’étiquette copié/collé sur le front. Et quelle belle claque de me dire que j’avais tort. Malgré des mécaniques identiques à Origins, il a su tirer profit de cette ressemblance et s’est doté de quelques nouveautés. Côté scénario, malgré une fin décevante, il nous donne la possibilité de creuser un peu plus pour combler certains mystères de la licence. Je ne peux qu’applaudir l’effort fait sur le personnage d’Alexios qui dégage un charisme et une personnalité énorme. Plus qu’une aventure épique, une véritable odyssée.
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