Au sommaire des jeux indés de ce mois de septembre particulièrement chargé, il y a eu Selfloss. Disponible depuis le 5 septembre sur PC et depuis le 12 sur Nintendo Switch, PS5 et Xbox Series S/X édité par Merge Games (dont la fermeture a très récemment été annoncée) et distribué par Maximum Entertainment en édition physique, Selfloss est un jeu orienté sur l’exploration développé par le studio Goodwin Games, basé à Almaty au Kazakhstan, qui ne compte que 3 développeurs. Premier jeu du studio mais pas forcément celui de ses membres, Selfloss fait partie de ces petites curiosités qui sortent parfois dans l’anonymat le plus total, noyé dans les nombreuses autres sorties. Dans ce test je vous dirai donc tout ce qu’il y a à savoir sur cette production poétique et émouvante.
Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Entre 6 et 8h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 72% des trophées (et environ 98% des collectibles) |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Aventure, Réflexion, Action |
Date de sortie | 5 septembre 2024 sur PC, 12 septembre 2024 sur Nintendo Switch PS5 et Xbox Series (en version numérique et physique) |
Prix (maximum conseillé) | 24€99 en version numérique PC, 29€99 sur consoles, et 34€99 en édition physique sur PS5 et Nintendo Switch |
Plateforme(s) | PC, Nintendo Switch, PS5, Xbox Series S/X |
Voix | / |
Textes | Allemand, Anglais, Chinois, Coréen, Français, Espagnol, Italien, Japonais, Polonais, Portugais, Russe |
Connexion obligatoire | Non |
Le scénario de Selfloss est de prime abord très vague et énigmatique. Nous incarnons Kazimir, un vieil homme, qui ne se déplace jamais sans son bâton de lumière et qui évolue dans un monde inspiré de l’univers slave qui voue une adoration, un véritable culte pour les baleines. Nous apprenons petit à petit qu’il peut exécuter le rituel du Selfloss qui permet de guérir les maux intérieurs de ceux qui ont perdu des êtres chers. Mais le périple de Kazimir semble peu à peu se diriger vers une aventure bien plus profonde et personnelle.
Difficile de parler du scénario de Selfloss sans spoiler les événements majeurs du jeu. Ainsi je ne m’étalerai pas plus sur son personnage principal ni ses motivations mais toujours est-il que Selfloss propose ici une histoire profondément touchante et poétique. En effet, sa narration ne se résume qu’à quelques dialogues ci et là, et son univers, son lore et sa mythologie sont racontés au travers des quelques collectibles à trouver aux quatre coins de son monde fantastique. En tout cas, il faut savoir que Selfloss traite des sujets qui peuvent être très durs à encaisser, notamment le deuil, la mort, évidemment, ou même le suicide pour ne parler que de ceux-là. En découle donc de ces quelques heures aux côtés de ce mystérieux vieillard, une histoire qui nous touchera forcément, nous prendra aux tripes, et ce malgré ses défauts.
Car je ne vais pas vous mentir, Selfloss peut laisser derrière lui quelques appréciations en demie teinte. Mais alors que je voyais le générique de fin du jeu défiler, je ne me voyais pas lui donner des coups de bâtons, qu’il pourrait mériter, et en ignorer son âme, ses thèmes, sa mise en scène, et son fond qui m’ont tous profondément touchés.
Selfloss est donc un jeu d’aventure, qui alterne phases en 2D et phases en 3D, très orienté sur l’exploration, à pied ou à bord de notre embarcation, qui demande de résoudre avant tout des énigmes pour pouvoir exécuter le fameux rituel du Selfloss (de Self et Loss, littéralement la perte de soi-même, assez lourd de sens soit dit en passant) et ainsi arriver à l’objectif de Kazimir, que je tairai volontiers. Tout au long de notre périple nous sommes donc amenés à explorer différentes zones du jeu, toutes envahies d’un miasme, donnant vie à des ennemis, dont la seule faiblesse est la lumière qui jaillit de notre bâton. Ce sont donc des mécaniques centrées sur ce simple objet qui nous permettront d’arriver au bout de notre chemin. Eclairer des symboles, détruire des objets, ou encore récolter l’âme des différents mammifères marins, c’est peu ou prou ce qui vous attend dans le jeu de Goodwin Games.
Pour ce qui est de cet aspect du gameplay, Selfloss s’en sort très bien et propose une certaine variété dans ses énigmes tout en ne s’éloignant pas trop de son gameplay initialement instauré avec le fameux bâton dont la visée est contrôlée avec le stick droit. De plus, sachez qu’il sert également à créer une voile à notre bateau pour les phases en mer. Enfin, quelques améliorations à notre « binôme » en bois seront apportées automatiquement durant l’aventure.
Malheureusement, Selfloss souffre d’un déplacement qui se prend les pieds dans une certaine lourdeur, logique, de notre personnage, qui, rappelons-le, est un vieil homme, on ne lui demande évidemment pas de faire un record olympique au 100m, mais aussi dans une certaine légèreté. C’est assez difficile à expliquer mais Kazimir est aussi lourd qu’il donne l’impression de marcher sur des œufs. En découle donc une certaine imprécision notamment dans les phases de plateformes, qui peuvent donc faire naitre quelques moments de frustration après plusieurs essais, mais aussi et surtout de nombreux bugs de collisions avec les textures du sol qui donnent une impression de glissade. Si cela peut être handicapant à de nombreuses reprises, dans les phases de plateformes donc, et pendant les combats, il n’en a cependant jamais résulté, durant mes sessions de jeu, des bugs réellement majeurs, me coinçant et me laissant sur le carreau.
Néanmoins, j’ai tout de même été confrontée à un autre type de bug: il m’est arrivé à plusieurs reprises (peut-être 4 ou 5 fois) de ne plus pouvoir viser avec le bâton, il n’était tout simplement plus opérationnel, il était figé. De plus, dans ces quelques moments, je ne pouvais pas non plus mettre le jeu en pause pour éventuellement repartir sur le menu principal et recharger ma partie. J’étais dans l’obligation de quitter le jeu et le relancer pour repartir de plus belle.
Ainsi, le gameplay de Selfloss laisse donc un petit goût amer puisque vraiment très imparfait et imprécis, bien qu’on puisse tout de même lui accorder sa volonté d’être en cohérence avec l’âge et la condition physique de son personnage, mais c’est l’exécution qui aurait mérité un peu plus de « peaufinage ».
Graphiquement, Selfloss est une petite merveille. Mais ce ne sont pas tant ses graphismes qui ont la part belle de l’histoire. C’est sa direction artistique, son ambiance, ses couleurs ternes, ses décors qui font toute sa beauté et son charme. Il est imprégné de ces thèmes, de sa mélancolie, sa douleur, sa souffrance, tout en étant onirique, presque parfois même rassurant.
Du côté de sa bande-son, c’est son sound design qui fait le plus gros travail. Cris de baleines, effets sonores, ce sont tous ces bruits qui nous accompagnent tout au long de notre périple désolé. Evidemment, il dispose également de belles pistes, composées par Arigto, mais bien plus discrètes et qui ne s’enclenchent qu’à certains moments fatidiques permettant ainsi de sublimer la partie sonore de notre aventure et en mettant l’accent sur des scènes, déjà fortes qui en deviennent donc mémorables.
Selfloss est une aventure unique au cœur d’un monde inspiré de la culture slave qui nous permet de suivre le périple d’un mystérieux vieil homme dont l’histoire s’étoffe au fil des heures, dévoilant peu à peu ses motivations d’aller jusqu’au bout. En découle de cette petite production, un voyage mélancolique, sombre, et profondément triste mené par sa palette de thèmes particulièrement durs (je le rappelle: le deuil en tête de liste, la mort, le suicide) et illustré par sa direction artistique et ses couleurs. Mais Selfloss souffre également de quelques faiblesses surtout du côté de son gameplay qui ouvre la porte à de nombreux bugs de collision qui peuvent ternir le voyage, et parfois même le rendre frustrant dû à ses imprécisions. Malgré tout, j’ai beaucoup de mal à lui en tenir rigueur tant le jeu de Goodwin Games a une âme, une belle âme, une identité, et un message qui m’ont profondément touchés. Si vous êtes réceptifs à ce genre de jeux, et êtes peu regardants sur ses défauts, je vous le conseille fortement!
- Le périple de Kazimir, son histoire, ses motivations
- Le lore et la mythologie de son monde
- Une direction artistique époustouflante
- Le sound design et l’OST en adéquation avec l’histoire
- Des thèmes particulièrement forts
- L’ambiance mélancolique et poétique
- Un gameplay imprécis qui mêle lourdeur et légèreté des déplacements ouvrant la porte à de nombreux bugs de collision
- Un bug récurrent sur PS5: le bâton qui ne répond plus et aucune interaction possible (pas même le bouton pause)