On ne présente la célèbre saga de survival-horror créée par, entre autres, Shinji Mikami. Et du chemin cette saga elle en a fait depuis sa création. Traversant les époques et les générations, Resident Evil fait toujours partie du tableau vidéoludique. Et depuis 5 ans, ce sont ses premiers jeux, iconiques, qui reviennent les uns après les autres dans des versions totalement réimaginées et graphiquement remises au goût du jour. Après Resident Evil 2 (2019) et Resident Evil 3 (2020), Capcom a remis le couvert avec Resident Evil 4, le 24 mars 2023. Quelques mois plus tard, le 21 septembre de la même année, c’était au tour de Separate Ways, le DLC initialement sorti sur PS2 en janvier 2005, de s’offrir une toute nouvelle version entièrement refaite.
Cette année, le remake de Resident Evil 4 n’a pas finit de faire parler de lui, puisqu’une version « Gold » incluant donc le jeu de base et son extension est sortie le 9 février dernier. Et moi, un an après tout le monde, je me suis attelée à découvrir ce jeu mythique de la licence, que je n’avais qu’à peine effleuré à l’époque.
Version | Numérique sur PS5 fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 20h (17h pour le jeu de base, un peu plus de 3h pour le DLC) |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | Non communiquée |
Difficulté | Normale pour le jeu de base, Facile pour le DLC |
Genre(s) | Action, Survival-Horror |
Date de sortie | 9 février 2024 (séparément le 24/03/2023 et 21/09/2023) |
Prix (maximum conseillé) | 49€99 |
Plateforme(s) | PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Series, PC |
Voix | Allemand, Anglais, Français, Chinois, Espagnol, Italien, Japonais, Portugais, Russe |
Textes | Allemand, Anglais, Arabe, Chinois simplifié et traditionnel, Coréen, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Portugais, Russe |
Resident Evil 4
Nous sommes en 2004. Les événements de Racoon City (1998) sont maintenant du passé pour Leon S. Kennedy, ancien agent du RCPD (Racoon City Police Department), devenu agent spécial pour le compte du gouvernement américain. Après un entrainement drastique et éprouvant, Leon est envoyé sur sa toute première mission, en Espagne. Son objectif? Secourir la fille du président, Ashley Graham, enlevée et retenue captive dans ce bien étrange village menée par une mystérieuse organisation. Très vite, Leon est confronté à une infection qui lui est encore inconnue, Las Plagas (littéralement la peste, voire les pestes, ça annonce la couleur). Sa mission de sauvetage se révèlera bien plus ardue, renfermant de nombreux secrets et enjeux qu’il n’imaginait pas.
Adieu donc le virus T des premiers épisodes pour passé le flambeau à une nouvelle infection, bien plus virulente, et violente. Etant donné que je n’ai pas fait l’opus original de 2002, impossible pour moi de dire ce qui a scénaristiquement changé et/ou été enlevé et/ou ajouté. Mais une chose est sûre, la narration de Resident Evil 4 dans ce remake ne nous laisse aucun répit. Rythmé d’une main de maitre, sans aucun temps mort, ce nouveau périple mettant en scène Leon est parfaitement maitrisé en termes de narration et d’écriture, notamment de ses personnages, j’en ai même éprouvé une certaine sympathie pour Ashley vers la fin du jeu.
Si de prime abord le scénario se révèle relativement convenu, en passe de secourir une (insupportable, disons le) demoiselle en détresse, il réserve néanmoins quelques surprises doublées de révélations, avec des (oui, oui, des) antagonistes tous plus dérangés les uns que les autres et des alliés particulièrement casse-cou. Sa mise en scène, très hollywoodienne fait son travail à merveille, ça pète de partout, tout le temps.
Du côté du gameplay, Resident Evil 4 version 2023 quitte légèrement le côté survival-horror des premiers épisodes mais sans l’oublier pour autant. Alors que dans Resident Evil 3 Remake nous étions ouvertement invités à fuir, pauvres fous, la mission de Leon se voit bien plus orientée action. En effet, ici peu d’intérêt à compter et économiser nos balles, le jeu se révèle particulièrement généreux de ce côté là, en plus de nous permettre de « crafter » nos balles directement dans notre précieuse mallette (autrement dit, notre inventaire), en tout cas en difficulté standard. Notre arsenal, grâce au marchand, est lui aussi particulièrement généreux, permettant de varier les plaisirs, du corps à corps à la longue portée. En découle donc des gunfights grisants, des scènes qui nous bousculent dans notre avancée, et un aspect très défouloir qui fait beaucoup de bien.
En plus d’une pluie de balles qui déferlent sur nos ennemis infectés, le jeu nous muni d’un précieux objet: le (voire les puisqu’on peut aussi en trouver sur la route) couteau. Destructible à force de s’en servir pour attaquer et parer, notre arme blanche se voit être un atout majeur à ne surtout pas sous-estimé en cas de pépin. Ainsi le gameplay de Resident Evil 4 se dévoile riche, mêlant toutes les approches, qu’elles soient furtives ou explosives et rentre dedans (vous me connaissez j’opte toujours pour la deuxième).
Néanmoins, si on ne peut lui reprocher une certaine maitrise dans sa maniabilité, il aurait pu proposer beaucoup plus. En effet, je me suis souvent fait plusieurs réflexions durant mes 17h de jeu. La première, la lampe torche. Cette dernière ne s’allume qu’à certains moments du jeu, mais j’aurai aimé qu’une fonctionnalité nous permettent de l’allumer ou l’éteindre à notre guise, ce qui, à mon sens, aurait pu parfois mettre l’accent sur une certaine tension en présence d’ennemis. De plus, l’esquive. Là encore, le jeu ne nous permet d’esquiver qu’à certains moments précis uniquement. En résulte donc qu’on aurait parfois bien aimé esquiver mais impossible vu que la touche ne permet que de se baisser. Autant dire, que ça peut souvent mettre dans la panade en cas de panique à bord. Dernier petit point sensible, Ashley. Ma chère Ashley, j’aurai tant aimé que tu restes plantée là où je t’avais laissée (hors cachettes, entendons nous), plutôt que tu me suives même à distance. Parce que tu m’as mise dans de beaux draps un sacré paquet de fois.
Car oui, c’est un fait, en normal, Resident Evil 4 se révèle parfois plutôt ardu, avec des pics de difficultés et des scènes de combats longues, parfois trop longues et épuisantes, à en devenir souvent frustrantes. Les ennemis sont d’une résistance que je n’imaginais pas, sans parler des boss qui ont souvent fait roter du sang à ce pauvre Leon déjà éreinté.
Graphiquement, à l’instar des précédents remake mais en mieux, Resident Evil 4 est d’une beauté insolente. Le RE Engine est un moteur époustouflant! Que cela soit les visages et leurs expressions, les décors, les effets de lumières, la photographie, il en découle une ambiance folle, pesante, sanglante. Son level design, linéaire pour les besoins du scénario n’en reste pas moins souvent labyrinthique, nécessaire à fouiller et scruter pour le moindre objet. L’exploration fait donc partie intégrante du jeu et c’en était un plaisir d’arpenter ces ruelles, maisons et autres bâtiments dévastés. La réalisation de Yasuhiro Anpo et Kazunori Kadoi (Resident Evil 2 Remake) n’est pas en reste, comme je vous le disais grâce à la mise en scène spectaculaire. Les cinématiques sont d’une beauté affolante.
Quant à l’OST, c’est Kota Suzuki (Onimusha 3: Demon Siege, Shadow of Rome, Resident Evil 5) qui est aux commandes. Une bande originale magistrale, souvent épique, mêlée à l’urgence de certaines situations, l’ambiance musicale de Resident Evil 4 est clairement à saluer. Sans oublier ce générique de fin mené par The Bullet or The Blade de Craig McConnell.
Le doublage français mené par le duo Anatole de Bodinat (déjà voix française de Leon dans le remake de Resident Evil 2, Noctis Lucis Caelum dans Final Fantasy XV, ou encore Josh dans Until Dawn) et Marie Nonnenmacher (Sarah dans The Last of Us, ou encore Failsafe de Destiny 2) dans le rôle d’Ashley, qui disons le, tient son rôle à merveille pour rendre la demoiselle particulièrement insupportable. Le retour des doublages espagnols pour les infectés locaux est une nouvelle fois de la partie, renforçant l’immersion avec brio.
Separate Ways
Sorti en 2005 sur PS2, l’absence de cette extension centrée sur Ada Wong dans le remake n’avait pas forcément plu aux fans. Une déception légitime, nous en conviendrons, je suis moi-même la première à déplorer ce genre d’absences (coucou Persona 3 Reload). Quoi qu’il en soi, Capcom n’a pas oublié cet épisode pour autant. Sorti en septembre 2023 au prix de 9€99, les fervents admirateurs de cette femme fatale au grand cœur, ont pu se lancer dans la réécriture de cet arc.
Nous ne quittons donc pas cet affreux village espagnol, puisque notre chère Ada est là elle aussi. Si elle fait quelques apparitions qui sauveront le derrière de Leon plus d’une fois dans le jeu de base, sa présence n’est pour autant pas là pour les beaux yeux de notre agent. Mercenaire pour le compte d’un homme mystérieux, elle est envoyée sur place pour récupérer un objet précieux aux yeux de son employeur. Mais Ada, aussi féroce qu’une lionne soit-elle, a encore un semblant de moralité en elle.
Ainsi, le scénario de Separate Ways se découpe en plusieurs parties. La première, l’avancée de Leon dans sa mission du point de vue d’Ada, mais aussi son avancée à elle dans sa propre mission indépendante. En découle des scènes là encore à la hauteur du remake de base, explosives, qui permettent de mettre la lumière sur ce qui s’est réellement passé à l’instant T dans notre « run » initiale. Bref, c’est maitrisé à souhait, très bien mis en scène, permettant au passage d’approfondir le personnage d’Ada dans sa psychologie et son tempérament (de feu).
Du côté du gameplay, il est évident que cette extension narrative conserve les bases de son jeu de base, on y retrouve donc toutes les mécaniques déjà présentes avec quelques ajouts, propres à Ada. Son déplacement, plus nerveux, plus dynamique, mais aussi son pistolet grappin. Un accessoire primordial à notre avancée vers notre objectif mais qui donne également une nouvelle dimension aux combats. Si Leon est, lui, obligé de s’approcher avant d’éliminer un ennemi à terre, Ada peut se servir de son grappin, à bonne distance (mais pas trop quand même), pour achever ses ennemis. En résulte donc des combats parfois moins rigides et plus nerveux, à la hauteur de la cascadeuse en herbe.
En ce qui me concerne, après un run parfois éprouvant en termes de difficulté dans mon périple sur Resident Evil 4, j’ai opté pour la difficulté facile pour l’extension, me permettant de bien plus profiter de son scénario, mais aussi de moins m’inquiéter lors des phases de combats acharnés. Ce DLC m’a mis une sacrée claque, qui annonce la suite que j’attends avec une impatience que vous n’imaginez pas. Olivia Nicosia (Ashe dans Overwatch 1 et 2) reprend logiquement le rôle d’Ada, ayant elle aussi déjà œuvrée sur le Resident Evil 2 de 2019, et signe une prestation épatante.
Alors que je n’avais pas particulièrement accroché au peu que j’avais joué sur le Resident Evil 4 original sur GameCube, ce remake a le mérite de m’avoir reconcilié avec ce périple de Leon. D’une beauté insolente, en passant par un doublage français aux petits oignons, et une OST incroyable, Resident Evil 4 jouit d’innombrables qualités. Son gameplay, mêlant action et survie est d’une réussite indéniable, et la mise en scène hollywoodienne et explosive est à couper le souffle. Evidemment, tout n’est pas parfait, je lui déplore un petit manque de fonctionnalités (lampe torche et esquives non utilisables à notre guise), ainsi que quelques pics de difficulté parfois frustrants. Malgré tout, avec sa série de remakes (oui, j’ai bien aimé celui de Resident Evil 3), Capcom tient là quelque chose pour remettre sa madeleine de Proust au goût du jour pour accueillir anciens et nouveaux joueurs. Et moi, je vous le dis, j’ai hâte, hâte que l’annonce du remake de Resident Evil 5 soit faite (avec le mode coop s’il vous plait).
- D’une beauté insolente
- L’ambiance exceptionnelle
- Le mélange action/survie
- La nervosité du gameplay d’Ada
- Le doublage français à la hauteur de la situation et de ses personnages
- L’OST
- La mise en scène explosive
- Aucun temps mort
- Le mode photo
- Quelques pics de difficulté frustrants en mode normal
- Des phases de combats parfois trop longues
- J’aurais aimé que la lampe et l’esquive soient plus présents dans les mécaniques de gameplay