Créée en 1974 par Toei Animation, Yūfō Robo Gurendaizā (ou littéralement Grendizer le robot Ovni) est un tel carton qu’il faudra attendre 1978 pour le voir débarquer en France, sur Antenne 2, dans la première émission de Dorothée, Récrée A2. Renommée Goldorak le robot de l’espace, l’animé en 74 épisodes (découpée en 3 saisons) va alors marquer des millions d’enfants devenus adulte entre temps. Presque 50 ans ont passés et des millions de personnes à travers le monde sont, pour le dire, fan de l’univers de Goldorak. En ce laps de temps, aucun jeu vidéo sur les aventures d’Actarus ne sont parus, mais Microids et Endroad se sont lancés le défi d’enfin transposer l’univers de Goldorak sur les machines actuelles. Pour quel résultat ?
Version | numérique sur PS5 fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | 14 heures environ |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 76% (26 trophées sur 31) |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Action, Aventure, beat them all, Shmup |
Date de sortie | 14 novembre 2023, plus tard en 2024 pour la Version Switch |
Prix (maximum conseillé) | 69€99 en Edition Deluxe, 49€99 en édition standard |
Plateformes | PS5, Xbox Series S/X, PC, Nintendo Switch (2024), PS4, Xbox One (plus tard dans l’année) |
Voix | Français, Anglais, Italien, Arabe |
Textes | Français, Anglais, Italien, Allemand, Espagnol, Arabe, Chinois simplifié/traditionnel, Coréen, Japonais, Néerlandais, Polonais, Portugais et Russe |
Editeur | Microids |
Développeur | Endroad |
Compositeur(s) | Marcin Przybyłowicz et Magda Urbanska |
Goldorak raconte l’histoire du prince de la lointaine planète d’Euphor, alors en guerre contre l’empire extraterrestre Vega. Acculé, le prince décide alors de faire appel à la technologie oubliée du Grendizer (Goldorak chez nous), une puissante machine de combat à même de faire plier le conflit à lui tout seul. Néanmoins, le prince n’a d’autre choix que de fuir sa planète natale et trouve refuge sur la notre, la Terre. Recueilli par le professeur Procyon, directeur d’un centre de recherche sur les OVNI, ce dernier lui donnera alors le nom d’Actarus Procyon et en fera son propre fils. Il mènera une vie solitaire et s’infiltrera parmi nous en travaillant au ranch du Bouleau Blanc aux côtés de Rigel, Vénusia et Mizar. Il connaitra alors la paix durant deux longues années avant de voir arriver l’envahisseur Véga, mené par Hydargos… C’est ainsi que je pourrais résumer Goldorak, animé de 74 épisodes.
Nous sommes donc en 2023 et je viens de finir, après 14 heures, la toute première adaptation en jeu vidéo de Goldorak. Au moment de voir le générique de fin défiler et durant l’écriture de ce test, plusieurs pistes de réflexions sont en train de parcourir mon cerveau. Pour être franc avec vous, je ne me considère pas vraiment fan de Goldorak, même si il fait partie de la petite liste ultra réduite de mes premiers animés « japonais » que j’ai vu quand j’étais enfant. Aux côtés de Cobra, Nicky Larson, Dragon Ball, Dragon Ball Z/GT (je ne vais pas tous les citer non plus, entre temps j’ai dû oublier ce que je regardais), Goldorak fut tout de même mon premier animé de « méchas » (dont le terme fut popularisé par Gundam, LA série qui me fera adorer ce genre si particulier, n’est-ce pas Gundam Wing???). Bref, tout ça pour vous dire que si j’ai un affect plutôt positif avec Goldorak, je n’en suis pas non plus un fan hardcore.
Place maintenant à ce premier jeu vidéo Goldorak qui se veut être d’une fidélité exemplaire à l’animé. Je vous laisserai la surprise du premier chapitre dont je tais volontiers la teneur et je vais vous parler du contenu du jeu vidéo à partir de son chapitre 2. Celui-ci commence exactement comme l’animé en son temps, c’est à dire la rencontre des Véga, de la soucoupe d’Alcor et du déploiement de Goldorak pour lui venir en aide. C’est ainsi que commence notre aventure. Entre phases de shmup (Shoot’em up) avec Alcor et explorations de cartes semi ouvertes (avec collectibles en tous genres) pour Goldorak, le studio de développement a essayé au maximum de gommer l’un des défauts majeur des adaptations vidéoludiques d’animé : la répétitivité. Toutes les adaptations y sont passées, c’est inhérent au genre et même encore maintenant (je pourrais citer Dragon Ball Kakarot au hasard), toutes les adaptations partent toujours avec cet handicap. Goldorak le sera certainement pour vous, en ce qui me concerne, je trouve que le studio a réussi au maximum à estomper ce sentiment.
Les phases de shoot sont plaisantes à faire et les combats, du beat them all à l’ancienne vous demanderont d’être vif, de prendre des risques en vous servant de vos armes contre vos ennemis qui vous demanderont, parfois, une séquence à entrer avant de pouvoir attaquer sa barre de vie. Par exemple, sachez que certains ennemis auront des logos au dessus de leur tête et l’aide de vos poings, de votre cervofulgure et de vos clavicogyres, vous devrez être attentifs a cette particularité lors de vos combats, sous peine de voir votre barre de vie fondre à vue d’œil, puisque si la difficulté de Goldorak est relativement normale (nous ne sommes ni dans un Souls, ni dans une production pour enfant), il vous faudra tout de même être très attentifs durant les combats puisque ceux ci peuvent être très rapides, d’un côté, comme de l’autre. Toujours en termes de fidélité, sachez que toutes les armes (ou presque) de Goldorak sont mises à notre disposition pour défaire les troupes végas (fulguro-poing, astérohache, cervofulgure, clavicogyre, etc…). Les combats donc, sont la première force de ce Goldorak, puisque grisants, addictifs, défoulants, surtout après une grosse journée de travail et représente donc une bien belle (première) surprise.
Au niveau de l’histoire, c’est la seconde force de cette adaptation, c’est sa fidélité quasi maladive à l’animé. Néanmoins, cette fidélité exemplaire a sa part de démon puisqu’une fois arrivé au générique de fin, on se rend compte qu’un court échantillon de Goldorak vient d’être adapté, puisque comme son titre l’indique, Goldorak s’arrête au Festin Des Loups et baissé de rideau, au revoir. Comme si le studio voulait absolument un happening et revenir en force pour la suite des réjouissances. Faute de moyens humains? Financiers? Les deux? Chose est-il que la manœuvre est, pour moi, hasardeuse puisque si la pratique se faisait en 2002 avec Dragon Ball Z Budokai (du studio Dimps qui s’était alors arrêté à l’arc Cell…), nous sommes en 2023 et il est inévitable aujourd’hui pour ce genre de productions, bien que très bien intentionnées, de subir les foudres de ses joueurs et joueuses, et se révèle être une énorme prise de risque, surtout que je rappelle qu’on parle ici de Goldorak, une légende de l’animation japonaise. En sachant qu’aujourd’hui, les mauvais retours peuvent être fatals. De plus, pour un premier jeu vidéo Goldorak, qui, à quelques deux douzaines de mois près, aurait fêté les 50 ans d’un des pionniers de l’animation japonaise, et donc avec les droits que cela implique, aurait pu créer un véritable événement, et en ce qui me concerne, j’aurais aimé que cet aspect, cet effet « wow » soit renforcé. Donc si sa fidélité à l’histoire originale est à féliciter, et se révèle être une véritable force, sa couverture néanmoins peut être également une faiblesse.
La troisième force de ce Goldorak, c’est bien évidemment sa bande son. Entre remix de chansons de l’animé et nouveaux thèmes, la bande son du jeu vidéo est, j’ose le dire : magistrale. Rien de plus, rien de moins. Marcin Przybyłowicz (qui a oeuvré sur des monuments tels que The Witcher 2, 3 et ses DLC, ainsi que Cyberpunk 2077) et Magda Urbanska (elle aussi très proche de CD Projekt Red puisqu’elle a composé la bande originale du jeu dédié au Gwent) ont su garder l’essence de l’œuvre d’antan tout en se l’appropriant et en la modernisant avec parcimonie pour ne pas non plus la dénaturer.
Enfin, sa dernière force, c’est surtout la version française qui est une déclaration d’amour aux fans inconditionnels. Bien que ce ne soient pas les voix de l’époque, l’ensemble du casting vocal y a mit tout son cœur et son amour et on le ressent immédiatement à l’écoute. Mené par Jérémie Bedrune (que l’on peut entendre dans le film Jujustu Kaisen 0, ou encore dans la série d’animation Chainsaw Man) dans le rôle d’Actarus, Stéphane Ronchewski (voix française récurrente de David Tennant mais aussi entendu dans de nombreux jeux qui mettent en scène le Joker de l’univers DC ou de nombreux épisodes d’Assassin’s Creed) dans celui d’Alcor, mais aussi Frédéric Souterelle (Kratos dans God of War depuis 2018) dont je tairai volontiers le rôle ici, le casting fait à mon sens franchement honneur à la série originale. A une époque où l’on souhaite toutes et tous un doublage français puisque nous avons la chance d’avoir des comédiens et comédiennes français d’un très grand talent, voir que Goldorak en possède une peut nous faire espérer qu’à l’avenir d’autres adaptations prendront l’exemple. En attendant, le doublage français marque, car il nous renvoie tout droit à l’époque de l’animé, avec ses intonations caractéristiques de l’époque (mais si, rappelez vous des VF d’Olive et Tom, Nicky Larson et d’autres) et vous comprenez à quel point cette version française de Goldorak est d’un tel respect envers l’animé qu’il faudrait l’applaudir à elle toute seule, si si ! Ce petit goût des années 70/80 en 2023 est un réel plaisir, nous renvoyant tout droit à cette époque si singulière et unique et jouant sur une nostalgie très bien exploitée.
Place maintenant aux faiblesses parce que, oui, elles sont nombreuses. Pour commencer, attardons nous sur les détails qui peuvent chiffonner. Je vous ai dit plus haut que Goldorak vous propose de petites cartes que vous pouvez explorer à loisir dans lesquelles vous pourrez accomplir quêtes secondaires, l’histoire et la récolte de collectibles divers et variés. Il faut savoir que ces petits mondes ouverts ne proposent aucune carte pour nous repérer et sur laquelle le studio aurait pu et dû y faire figurer l’emplacement des collectibles afin de garantir aux joueuses et joueurs un rythme élevé en toute circonstance. J’ajouterai qu’afin de passer d’une carte à une autre, il nous faut passer à une tour radio au préalable pour ensuite changer de monde. Il aurait été une fois de plus intéressant de changer le monde via le menu accessible a tout moment. Un gain de temps et d’accessibilité aurait représenté une bonne idée dans le développement. De plus, une fois l’aventure finie, il aurait été judicieux de proposer pourquoi pas une sélection des chapitres (ou un NG+), afin d’accomplir à nouveau l’aventure avec toutes les améliorations de Goldorak précédemment acquises. J’ajoute l’idée que le studio aurait pu et probablement dû proposer un système d’arène, afin de se battre à nouveau contre les boss iconiques de la série, présent dans le jeu vidéo, afin de capitaliser sur le bon gameplay de Goldorak.
Graphiquement parlant, je ne vais pas y aller par quatre chemins (et vous vous en rendrez compte dans les captures d’écran qui émaillent ce test), mais Goldorak n’est franchement pas une claque graphique. Même si je sors de The Invincible, Robocop Rogue City et Alan Wake 2, donc un large panel de ce que peut faire l’industrie actuelle, du gros studio à gros budget, dit AAA, au studio indé, Goldorak ne peut tenir la comparaison et ne s’en sort que grâce à sa direction artistique, fidèle au matériau qu’elle adapte. On lui accorde tout de même parfois de très jolis plans de vue, qui égayent malgré tout notre rétine. Mais cela s’arrête là hélas. Goldorak fait très daté et n’est pas à la hauteur des standards actuels, ni des attentes que l’on pourrait avoir à notre époque. J’aurai pu lui pardonner aisément ce manque de travail de la part du studio si du côté de la technique, elle aurait été irréprochable mais là encore, Goldorak manque le coche, puisque même si je n’ai eu aucun freezes ni aucun bug bloquant ma complétion de l’aventure, j’ai malheureusement dû essuyé moultes ralentissements, divers et variés (Goldorak est tout de même en 60 FPS sur PS5, NDLR), micro freezes lors de l’apparition simultanés d’ennemis, sans oublier le clipping de textures et décors et aussi j’ai eu la surprise de passer au travers des décors dans la dernière carte du jeu (donc en soi, très tardivement dans le jeu) et ce, à plusieurs reprises.
Si je prend le temps d’entrer dans les détails du côté des graphismes loin des standards actuels, ainsi que sa technique qui peine à voir, j’ai décidé, après quelques minutes de concertation avec moi même de ne pas lui en tenir rigueur. Pourquoi me demanderez vous ? Pour la simple et bonne raison qu’un jeu vidéo, une série tv ou un film est avant tout une somme de bons et mauvais points et que dans la grande majorité des cas, la balance se dirigera d’elle même d’un côté ou l’autre de l’équation. Pour Goldorak, je me suis donc posé une seule et unique question : Me suis-je amusé durant 14 heures ? La réponse, elle est vite répondue (la rédactrice en cheffe n’est en rien complice de cette hérésie linguistique) puisque oui. Oui, durant ces 14 heures que m’a occupé Goldorak, j’ai passé un (très) agréable moment, à tel point que j’ai cherché à le terminer à 100%, à tel point que j’en redemande encore, même pendant l’écriture de ce test.
Je m’apprête donc à lui attribuer une plutôt bonne note, représentative avant tout de mon plaisir de jeu, tout en assumant ma décision (et sans chercher le moins du monde à me justifier), j’ai donc décidé de prendre le pari de supporter le projet à ma hauteur, tout du moins. Puisque j’ai une certaine responsabilité en tant que testeur mais surtout en tant que joueur, c’est de vous expliquer pourquoi et comment je juge tel jeu vidéo, sur telle base, sur tel critère. Parce que, pour finir, de nos jours, il est plus facile d’être médisant que bienveillant.
Qui est la cible de ce premier jeu vidéo Goldorak Le Festin Des Loups ? Certainement pas des joueurs et des joueuses d’une exigence absolument folle comme vous et/ou moi, tous nourris aux AAA à outrance, qui ne font que consommer du jeu vidéo comme si c’était du fast-food, mais pour des fans de la première heure de l’animé sorti fin des années 70 qui trouvent dans cette proposition le moyen de renouer avec l’univers de leur enfance, de retrouver Actarus et Goldorak en prise avec les Vegas. De mon côté, j’ai réellement passé 14 très bonnes heures, en me replongeant dans cet univers si unique et j’assume pleinement mon avis. Souvenez vous, à votre tour votre premier jeu vidéo Dragon Ball, Naruto ou autre, c’était pas non plus extraordinaire pour l’époque mais c’était fait avec l’intention de vouloir faire plaisir et vous comme moi avions aussi passé un agréable moment, alors moins exigeants que maintenant. Néanmoins, vu l’époque que nous traversons, j’ai plus cette envie de vouloir encourager et supporter du mieux que je peux pour la suite des événements que de vouloir jeter l’eau du bain, le bébé avec. Maintenant, au tour du studio et de l’éditeur de nous prouver qu’on peut leur accorder notre confiance pour qu’une suite ambitieuse voit le jour afin de nous prouver qu’ils sont tout autant amoureux de Goldorak que nous (bien qu’ils nous l’aient déjà malgré tout prouvé ici) et d’apprendre de leurs erreurs sur cette première adaptation, qui mérite un traitement technique bien plus avancé, c’est un fait.
- Une version française magistrale
- Une bande son marquante
- Le scénario, d’une fidélité quasiment maladive
- Le gameplay addictif
- Une direction artistique qui tire ses faiblesses graphiques vers le haut
- La nostalgie des années 70/80 qui fait un bien fou
- Graphiquement en dessous des standards actuels de cette fin d’année 2023
- Techniquement, il y a beaucoup de boulot pour arriver à le stabiliser
- Beaucoup trop court dans son scénario
- Contenu qui sous-exploite l’or que le studio a entre les mains