Souvenez-vous: durant l’E3 2017, nous découvrions Tunic d’Andrew Shouldice, qui s’est ensuite allié à Finji (Chicory A Powerful Tale) pour aller au bout de ce projet qui a démarré en 2015. Mais ce n’est qu’un an plus tard, lors de la conférence Xbox de l’E3 2018, que Tunic a réellement suscité notre intérêt lors d’une courte vidéo. Un petit renard vêtu d’une tunique verte, une épée dans une main, un bouclier dans l’autre, dans un monde en vue isométrique, nul doute que ce petit jeu allait devenir le descendant spirituel de The Legend of Zelda, mais cette fois-ci sur Xbox (PC et MacOS). Mais depuis, le petit héros s’est fait très discret. Ce n’est qu’en 2021 que le jeu refait parler de lui à travers une démo jouable. Les mois passent, et Tunic refait de plus en plus parlé de lui, en officialisant sa date de sortie en décembre 2021, lors d’une apparition éclair aux Game Awards, fixée au 16 mars 2022, oui, oui aujourd’hui même, là maintenant tout de suite.
Tunic, un Zelda-like bête et méchant ou bien plus que ça?
Après avoir terminé le jeu au bout d’une vingtaine d’heures (mais à l’heure où j’écris ces lignes, les 20h sont largement dépassées tant le jeu offre un nombre incalculable de secrets), voici mon avis complet sur cette œuvre indépendante, ô combien touchante. Cet avis est garanti sans spoilers.
Cet avis est rédigé à partir d’une version dématérialisée sur PC (Steam) fournie par l’éditeur que je remercie infiniment pour sa confiance et cette incroyable opportunité.
Conditions de test sur PC:
- PC Portable MSI GP73 Leopard 8RE
- Intel(R) Core(TM) i7-8750H CPU @ 2.20GHz 2.20 GHz
- RAM: 16 Go
- NVIDIA GeForce 1060
- Windows 10 64 bits
L’aventure commence sur la plage d’une île, au réveil de notre héros au poil roux échoué sur le sable. Une immense porte, un autre monde, bref le début de Tunic bat son plein pour éveiller notre curiosité. Ici, pas de scénario à proprement parlé, mais le jeu semble se construire autour d’un thème et appelle ses joueurs à explorer son monde pour tenter de découvrir de quoi il s’agit. Pas de dialogues, et c’est à peine si les quelques pancartes que nous croiserons sur notre route sont traduites. Mais bien vite, on se prend au jeu de la découverte et de l’exploration de cette petite bouille de jeu.
Et c’est très rapidement qu’on apprend une chose cruciale: Tunic, c’est le jeu type qui ne prend pas ses joueurs par la main et les laisse, à leur bon cœur, explorer les moindres recoins de son terrain de jeu. C’est donc à tâtons que nous démarrons cette mystérieuse aventure sans le moindre indice d’où nous devons aller précisément. Ainsi, nous devons nous armer d’un peu de jugeote, de logique, et d’une grosse pincée de curiosité qui nous fait avancer dans la quête de Tunic.
Car il faut le savoir, n’attendez pas de Tunic qu’il vous dise explicitement où aller ou quoi faire. Notre épopée se dessine autour de l’exploration, notamment pour s’armer, se défendre et survivre, mais aussi d’un certain sens de la déduction et de l’observation pour décrypter les pages du manuel (à la façon d’une notice) que nous sommes amenés à récupérer tout du long afin de résoudre les très nombreuses énigmes qu’il propose et découvrir les nombreuses zones du jeu. Quelques mots traduits, quelques dessins informatifs et explicatifs qu’il faudra apprendre à décrypter pour avancer dans l’aventure.
Et de cette aventure qui semblait n’être qu’un hommage à la célèbre licence de Nintendo que naît un jeu unique en son genre, aussi mignon que dangereux.
En effet, si en apparence le jeu d’Andrew Shouldice est un véritable bonbon pour les yeux tant la direction artistique est enchanteresse, colorée et envoutante, me rappelant dans une certaine mesure celle du remake de Link’s Awakening sorti en 2019, et sa bande originale est des plus réussies, mais il sait également se montrer exigeant dans ses combats. Outre un bestiaire varié de créatures parfois aussi adorables qu’impitoyables, le gameplay de Tunic ne peut sans le moindre doute que rappeler les jeux d’un certain studio japonais: From Software, et ses Dark Souls, notamment au travers de sa difficulté. Sa difficulté à devoir l’arpenter dans l’inconnu le plus total et sa difficulté liée à ses combats et notamment dans ses mécaniques. Épée au poing et bouclier en main, n’espérez pas de vos ennemis qu’ils vous facilitent la tâche, il vous faudra aussi bien esquiver les coups, tout en étant attentifs à votre endurance (une petite option, non négligeable, d’accessibilité vous est proposée tout de même), ou encore parer les attaques en faisant attention de ne pas vous fatiguer, le tout en laissant votre lame se frayer un chemin vers vos adversaires. Sans oublier de mentionner les stèles de récupération des points de vie/magie et de sauvegarde, ainsi que la perte de quelques piécettes, la monnaie du jeu qui est primordiale pour absolument tout, à chaque mort. L’inspiration est là sans le moindre doute.
Là où Tunic sait également surprendre, c’est du côté de son ambiance. Tantôt guillerette, rondement menée par sa direction artistique, tantôt pesante, presque angoissante dans ses donjons. Une ambiance sombre, au sens propre comme au figuré, qui annonce que tout peut nous arriver. Deux salles, deux ambiances comme on le dit si bien, et, ici, c’est incroyablement maitrisé.
Si je n’avais qu’un défaut à trouver à Tunic, et c’est vraiment en me creusant la tête, ce serait au niveau de l’esquive que j’ai trouvé parfois un peu lourde, ou en tout cas moins rapide que je l’espérais, moins vivace, mais cela ne tient qu’à moi et n’a finalement pas entaché mon aventure. On pourrait également trouver que la vue isométrique peut aussi bien être une bénédiction visuelle qu’un choix discutable notamment dans l’appréhension et la compréhension du level design. Mais comme je vous le disais, Tunic assume sa difficulté et sa volonté à nous faire chercher.
Vous imaginiez que Tunic serait une promenade de santé ? Détrompez vous. D’ailleurs même si vous pensez être à la hauteur de vos ennemis, les boss, eux, saurons vous remettre à votre place. Mais rassurez-vous, aussi exigeant puisse-t-il être, Tunic se veut avoir un gameplay intuitif et clair tant dans ses mécaniques ainsi que dans son inventaire. Et au delà de la simplicité de sa prise en main, il développe au fil des heures un côté particulièrement addictif, on ne s’empêcher d’y revenir même une fois l’ultime boss vaincu.
Et pour preuve, Tunic regorge de secrets à découvrir et des mystères à résoudre. Des questions auxquelles on veut absolument trouver les réponses. Ainsi, les heures continuent de s’additionner très facilement tant on reste happés par cet incroyable univers et hypnotisés par son contenu. Pour autant, ne vous attendez pas à tout découvrir seul. En effet, malgré l’absence d’une fonctionnalité multijoueur ou plutôt communautaire dans le jeu, Finji ne se cache pas pour affirmer qu’ils souhaitaient que Tunic soit orienté vers la communauté et l’entraide. Entraide qu’ils ont mis à disposition au travers d’un serveur Discord fermé afin que les testeurs du monde entier puissent partager leurs astuces, leurs conseils et quelques pistes de recherches. Un aspect que j’ai particulièrement apprécié et qui a clairement donné une certaine plus value à l’expérience déjà particulièrement réussie.
C’est donc sur PC que j’ai eu la chance de tester Tunic. Si les paramètres graphiques sont eux très restreints, où les fioritures habituelles sont absentes, le jeu n’en reste pas moins, à mon sens, sublime, fortement porté par sa direction artistique, oui. On remarquera néanmoins certains plans très flous en vue d’ensemble.
Quoi qu’il en soit, sur PC, il n’est pas gourmand, soyez rassurés. Mon humble configuration (on ne parle ici que d’une Nvidia 1060 portée par 16Go de RAM et un i7-8750H) a réussi à me le faire tourner à 120FPS, quasi constants. J’ai eu quelques chutes de framerate mais qui n’ont pas été bien loin. Quoi qu’il en soit, il est à parier que la version Xbox est équivalente aux vues de son optimisation.
Côté bande son, là encore Tunic sait jouer avec nos émotions et nos nerfs. Douces et mélodieuses quand il faut, tonitruantes et épiques quand la situation l’exige, l’immersion visuelle alliée à ses musiques est belle et bien présente.
Quel jeu mes aïeux! Quelle aventure! Un voyage aussi onirique que frustrant, mais il est indéniable que Tunic est un réel coup de cœur. Une épopée dépaysante tant par sa direction artistique que par sa volonté à nous laisser livrés à nous-mêmes, libres de toute exploration, libres de tout découvrir par nos propres moyens, libres quant à l’ordre de ses énigmes et ses donjons. Une dimension Zelda-like alliée à une inspiration aux Souls font de Tunic un jeu unique, prenant et addictif. Son gameplay aussi exigeant qu’intuitif et efficace, son level design empli de cachettes et de mystères, ses musiques, son système de pages de manuel, autant de choses qui font l’originalité de l’œuvre tant dans son fond que dans sa forme. Tout simplement: une pépite. Alors oui, il n’est pas sans défauts et pourtant ils semblent être d’autant plus personnels qu’à l’accoutumée. Pour ma part, son esquive qui fait preuve d’une certaine lourdeur mais qui d’un autre côté étoffe sa difficulté, ou encore son level design et sa vue isométrique pas toujours évidents à cerner, mais qui là encore font partie intégrante de l’expérience. Quoi qu’il en soit, s’il a clairement sa place dans ma sélection des meilleurs jeux indés de l’année, ce petit goût sucré de meilleur jeu de l’année fait palpiter mon cœur de joueuse. En tout cas, si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure, n’hésitez pas à revenir vers moi si vous avez besoin de conseils, je me ferai un plaisir de vous épauler dans ce sublime petit jeu indé.
Les plus
- La sensation de liberté incroyable
- Un hommage aux premiers Zelda mais pas que
- Un univers haletant
- Une aventure à suivre grâce à une « notice »
- Qui trouve ses forces dans l’exigence de son gameplay
- Et dans sa volonté à nous laisser livrés à nous-mêmes
- Des mécaniques intuitives
- L’ambiance globale maitrisée
- Un contenu post-game dantesque dans sa proposition (des secrets à résoudre à gogo)
- Sa rejouabilité
- Très peu gourmand sur PC
- Une dimension communautaire qui rajoute une certaine plus-value à l’expérience
Les moins (ou pas)
- Une esquive qui peut être perçue comme très lourde
- Le level design et la vue isométrique pas toujours faciles à cerner
- Des plans d’ensemble parfois flous
Pas encore essayé mais, vu que tu as réussi à me convaincre de lire un manga après 15 ans sans en avoir touché un, me faire télécharger un jeu du Game Pass ne relève pas du défi insurmontable…
De toute façon, comme d’habitude, tu en parles très bien et je suis impressionné par tous ces jeux que tu arrives à terminer aussi vite ! Surtout qu’ici, le niveau a l’air très relevé et je me dis que je vais avoir du mal à surmonter la violence de ce monde acidulé ! Aïe, aïe, aïe…
Je t’avoue que c’est du temps, beaucoup de temps, mais c’est un régal à chaque fois 🥰