Après avoir terminé Mafia Definitive Edition (dont mon avis se trouve juste ici), il était logique que je m’attèle à sa suite Mafia II. Sorti sur PS360 et PC en 2010, Mafia II, à l’image de son prédécesseur, fut acclamé par la critique. Ainsi, le 19 mai dernier, Vito et sa bande revenaient dans une version remasterisée sur nos plateformes de téléchargement et le 25 septembre en version physique accompagnant Mafia Definitive Edition et Mafia III dans la trilogie.
Alors que Mafia a jouit d’une refonte totale de sa version initiale de 2002, Mafia II, de son côté n’a bénéficié que d’une version « remastered ». Cela suffit-il à prendre son pied comme à l’époque ou version fainéante qui méritait plus de temps? Dans les paragraphes qui suivent, je vous livre mon avis sur cette nouvelle édition de Mafia II.
Mafia II nous met dans la peau de Vito Scaletta, très rapidement aperçu dans Mafia, sicilien de naissance, expatrié avec ses parents et sa sœur alors qu’il n’était encore qu’un enfant à Empire Bay. Il y rencontre Joe Barbaro avec qui il fait les 400 coups ce qui le mène en 1943 tout droit au champ de bataille en Italie au sein de l’armée américaine, un choix qu’il fait pour éviter la prison. Une blessure grave à la jambe le ramène au bercail et Joe, grâce à des contacts hauts placés, le fait démobiliser sur le champ.
Mais le retour aux Etats-Unis est rude. Sa mère et sa sœur vivent dans la misère, avec les dettes de leur défunt père sur les bras. Vito décide de prendre le taureau par les cornes et de les sortir de cette situation le plus vite possible. Un choix qui le mènera tout droit dans les bras de la Mafia et les mésaventures qui vont avec.
Une fois de plus, 2K Czech (anciennement Illusion Softworks) prouvent leur savoir faire en termes d’écriture. Alors que Mafia premier du nom avait mis la barre très haut, Mafia II, quant à lui, arrive tout aussi bien à s’en sortir. Nouvelles familles, nouveaux thèmes, nouveaux enjeux, si le fond de son prédécesseur est très largement retrouvé, la forme quant à elle diffère par un rythme qui ne cesse d’y aller crescendo et nous tient en haleine durant la quinzaine d’heures d’histoire qui nous attend. Dans ce nouvel épisode, l’accent est mis sur l’évolution des personnages, plus ou moins prononcée en fonction de chacun d’eux, mais qui fait son effet. Du jeune Vito de 1945 à l’homme de main fort et plus déterminé que jamais de 51, Mafia II excelle dans l’écriture de la personnalité de son personnage principal. Definitive Edition oblige, et pour notre plus grand plaisir, cette édition remasterisée de D3T (Shenmue I et II remastered, Sega MegaDrive Classics) nous propose de (re)découvrir les 3 extensions solo du titre (The Betrayal of Jimmy, Jimmy’s Vendetta et Joe’s Adventures). De quoi rallonger la durée de vie, certes, et prolonger la narration principale de Mafia II.
Graphiquement parlant, impossible de ne pas comparer les 2 premiers épisodes de cette trilogie. L’un a eu le droit à un traitement de faveur, de par son grand âge avant tout et son côté culte, l’autre d’un traitement plus minime le menant sur le tableau des nombreuses versions remastered de cette génération. Et quand on enchaîne les deux jeux l’un après l’autre, forcément ça se voit.
Un poil plus lissé, légèrement plus net, des traits de visages un tantinet modifiés pour plus d’expressions et de détails, si Mafia II garde tout de même son cachet, ça pique un peu quand on vient de finir son prédécesseur. Mais sa force n’est bien évidemment pas sa plastique et c’est une fois de plus son ambiance qui primera sur le reste. Des années 40 aux années 50, Mafia II met évidemment l’accent sur son ambiance sonore grâce à une bande originale fabuleuse datant de ces 2 époques qui enchantera les oreilles musicales. Evolution temporelle qui passera également par les différents changements architecturaux ainsi que la physique et le comportement des véhicules.
Mais tout n’est pas rose sous le soleil d’Empire Bay. Si toute la première moitié du jeu s’est révélé sans encombres, la deuxième quant à elle est devenue plus fastidieuse. Si quasi 100% des joueurs ont rencontré le très célèbre bug du chapeau dans un des derniers chapitres du jeu, il n’est malheureusement pas le seul et pas le pire. Certains joueurs ont même été par la suite dans l’impossibilité d’avancer.
De mon côté, le jeu s’est tout d’abord mis à lagué dès que je faisais un trajet en automobile. Il ne s’est pas contenté de quelques courtes chutes de framerate, mais bien de lags de plusieurs secondes, parfois en pleine poursuite, amenant ces laps de temps quasiment injouables. Une optimisation douteuse, certes, mais rappelons que cette édition remasterisée est sortie au mois de mai en dématérialisé. Ensuite, j’ai également eu droit à des clignotements de textures intempestifs, et pour le moins très désagréables à l’œil. En somme, si on accepte ce côté graphique un peu dépassé du haut de ses 10 ans, on aura du mal à laisser passer la pilule d’une optimisation qui depuis le temps aurait pu être améliorée.
Dernier aspect et non des moindres: le gameplay. Alors que Mafia Definitive Edition a hérité des mécaniques de Mafia III (Hangar 13 oblige), Mafia II de son côté a gardé son gameplay original. Ainsi, on doit s’adapter à un tout nouveau gameplay, et de nouvelles touches d’action. Les premières heures sont donc plutôt dépaysantes car certaines mécaniques se veulent nettement moins intuitives qu’elles ont pu l’être à l’époque.
On lui accorde un côté nettement plus GTA-esque de par les possibilités proposées: braquages de petits commerces, achats de vêtements dans des boutiques, armurerie, personnalisation des véhicules, et j’en passe. Côté gunfights, là aussi, on pourra avoir des choses à redire. Si on aime la maniabilité des 1911 et autres Thompson de l’époque, les fusillades ne trouvent pas de juste milieu. D’un côté, assez molles du genou, de l’autre intenses mais avec un IA parfois risible. Bref, les défauts d’antan sont les mêmes 10 ans après. Un poil dommage pour une œuvre riche en narration.
Mafia II, à sa façon, a marqué et marquera encore les esprits, grâce à son scénario, malgré son classicisme certain. Son écriture tout aussi brillante a le don pour maintenir en haleine et marque avec brio le faible lien qu’il a avec son prédécesseur (ceux ayant terminé Mafia me comprendront). Malheureusement, si la narration n’en reste pas moins excellente, Mafia II souffre du syndrome du remastered fainéant manquant clairement d’un suivi. Bugs, parfois drôles certes, problèmes techniques, allant de la chute de framerate (injustifiée) au clignotements des arrières plans (je rappelle que je joue sur PS4 Pro), le jeu se dote de défauts qu’il traîne depuis des mois et dont la réputation qu’il avait su se bâtir pourra en pâtir. Mon avis malgré tout reste plutôt positif avant tout grâce à l’expérience scénaristique prenante, sa bande originale fabuleuse et le bénéfice du doute d’un jeu qui de base pouvait souffrir de quelques problèmes il y a 10 ans.
Les plus
- Une édition complète incluant les 3 extensions
- Vito, personnage principal à la hauteur de son rôle
- Le scénario qui ne prend pas une ride
- Un tantinet plus agréable à l’œil
- Une bande originale fantastique
Les moins
- Une optimisation plus que discutable
- Les gunfights qui manquent de panache