Initialement développé par les équipes d’Illusion Softworks (devenus 2K Czech depuis) et sorti sur PC en 2002, puis porté en 2004 sur Playstation et Xbox, Mafia avait réussi à se faire un nom parmi les jeux dits « GTA-like« , atteignant ainsi le rang de classique . Les années passent mais la saga ne disparait pas pour autant grâce à ses suites Mafia II et III, respectivement sortis en 2010 et 2016. En 2019, certaines rumeurs commencent à pointer le bout de leur nez et c’est à un certain Mafia IV que la sphère vidéoludique pense, en toute logique, en premier. Mais non. En mai 2020, 2K Games officialise Mafia Trilogy et Mafia Definitive Edition désormais aux mains d’Hangar 13 (papas de… Mafia III). Remake plein et entier du premier opus, remasterisation du second, complétés par Mafia III, qui avait fait couler pas mal d’encre, en bref, l’expérience Mafia complète. Prévue pour une sortie en édition physique le 28 août dernier, la crise mondiale actuelle en a voulu autrement, et c’est finalement le 25 septembre que Mafia Definitive Edition (et en toute logique, Mafia Trilogy) arrive dans nos rayons de jeux vidéo.

18 ans après sa sortie initiale, que vaut le lifting de ce grand nom du jeu vidéo? Il est temps de vous dévoiler ce que j’en ai pensé, après avoir dévoré cette aventure.

Mafia nous raconte l’histoire de Thomas « Tom » « Tommy » Angelo, chauffeur de taxi sans histoires mais pour qui une seule et unique course changera tout. En 1930, il rejoint, un peu malgré lui, la famille de Don Salieri, un des grands pontes de la Mafia à Lost Heaven (ville très inspirée de Chicago) qui le conduit tout droit dans une guerre de clans contre la famille Morello, plus puissante et plus redoutable.

N’ayant pas fait le jeu original, impossible pour moi de vous dire ce qui a changé ou non dans le scénario de ce premier épisode de la saga. En revanche, ce que je peux dire c’est que ce remake, cette édition définitive, s’en sort parfaitement tant en termes de narration que d’écriture.

L’histoire nous est comptée par le Tommy de 1938 (je vous laisse découvrir dans quelles circonstances par vous-mêmes) dans une sorte de flash-back constant, et rapporte les faits les plus marquants de sa vie d’homme de main de la mafia. Sans surprise vu son contexte, Mafia aborde des thèmes forts tels que l’esprit de famille, le sacrifice de soi, le pouvoir de la corruption et ses conséquences, la fraternité, la trahison, la vengeance et je ne cite que les évidences sans spécialement partir dans le cliché du monde de la pègre et préfère partir dans une certaine profondeur dans les liens qui unissent les différents personnages entre eux.

Dans la simplicité de son scénario, Mafia dévoile une écriture poignante de ces différents récits qui mèneront nos comparses dans de sales draps. On s’attache, on rit, peut-être même qu’on versera une larme, Mafia ne cesse d’émouvoir et pourtant on est bien dans une organisation de « méchants ».

Si le scénario fait beaucoup, c’est sa mise en scène qui fera le plus gros du travail pour nous attirer dans ses filets. Des scènes cinématiques aussi violentes que percutantes, une bande originale des années 30 à vous en donner la chair de poule tout en donnant cet aspect assez épique de certaines scènes, un doublage français aux petits oignons, bref Mafia possède tous les arguments nécessaires pour que vous vous imprégniez de son univers.

Et qui dit remake, dit forcément refonte graphique entière et remise au goût du jour du gameplay. Pour ce premier point, c’est bluffant. Pas parfait mais bluffant. Rappelons que le jeu original a 18 ans et qu’il a fallu travailler d’arrache pied pour arriver à un résultat pareil. Dans ses plus gros points forts, on notera la qualité de ses effets clinquants sur l’eau et la carrosserie des voitures. Ses points faibles notables sont, quant à eux, surtout au niveau des textures qui manquent parfois de détails et/ou d’un peu plus de résolution. Dans une certaine mesure, on pourra reprocher aussi un manque de profondeur dans certaines animations faciales, mais on va dire que de mon point de vue, c’est histoire de trouver la petite bête. Pour autant, le résultat graphique nous transporte dans un Lost Heaven aussi réaliste et vivant que possible (parfois peut-être même un peu trop lors de certaines courses poursuites) aux côtés de personnages tous plus attachants les uns que les autres (oui, oui).

Techniquement, là encore on peut être amenés à tomber sur un os ou deux. Cela peut aller de la simple chute de framerate intempestive, au bug de texture d’un bras d’un passant dans la rue jusqu’au bug de son qui demandera de relancer le jeu si on veut éviter le mal de crâne, ou encore à la cinématique de début de chapitre qui se lance sans son ni image et pour seule indication les sous-titres qui défilent (si toutefois on les a activé évidemment). Mon lot de bugs je les ai une fois de plus eu. Ca arrive, on reste dans un monde ouvert, et puis rien de véritablement dérangeant en ce qui me concerne. On quitte, on relance, et tout redevient à la normale.

Côté gameplay, là encore, ça sent le renouveau surtout en termes de maniabilité. Monde ouvert dans une ville menée par le bout du nez par la pègre, cela rappelle, dans une certaine mesure, un certain GTA (l’écriture et l’intensité du scénario en plus, nous en conviendrons). Ainsi, le jeu proposera principalement des gunfights, assez simples à maîtriser dans l’ensemble, mais qui néanmoins demandent une certaine dextérité et un tantinet d’attention si on veut s’en sortir sans trop de bobos. Les bagarres à mains nues, quant à elles, bien qu’elles manquent parfois d’un peu de punch, sont ultra jouissives tant les coups finaux portés sont plutôt bien chorégraphiés.

Ex-chauffeur de taxi oblige, vous serez par la force des choses chauffeur attitré de la famille Salieri, et vos talents de pilotes seront ainsi mis à rude épreuve. Courses automobiles, poursuites, bref vos réflexes demandent d’être affutés car si la conduite se maitrisera plutôt simplement, il n’en reste pas moins que certains passages vous demanderont de recommencer une à plusieurs reprises, la faute aux savonnettes collées sous vos pneus. Sous la pluie, c’est très réaliste, sur sol sec ça pique un peu. Mais plus les heures passent et plus on commence à anticiper le comportement de nos bolides. Mais gardez en tête que le limiteur de vitesse pourra toujours vous sauver la peau. Le tout est parsemé de quelques phases d’infiltration qui pour autant ne riment pas avec repos, la moindre erreur peut être fatale mais cela dit, c’est une fois de plus très réussi et on se prête parfaitement à ce petit jeu.

En termes de mécaniques de gameplay, Hangar 13 a décidé de s’inspirer de son Mafia 3, on retrouve ainsi les mêmes touches que sur le troisième épisode pour sauter ou encore porter un coup de poing. Si pour vous Mafia 3 c’était il y a 4 ans, autant vous dire que ça risque de dépayser pendant les premières heures mais on assimile tout ça assez vite.

Sans nul doute, Mafia, premier du nom, en version définitive entièrement refaite, est une franche réussite. Tant en termes de scénario, que graphiquement et dans sa jouabilité. Les retardataires qui, comme moi, avaient loupé le jeu original de 2002, peuvent foncer sur cette refonte les yeux fermés. Les autres, les connaisseurs, eux, peuvent ressauter dessus aussi. Evidemment, tout n’est pas parfait, on garde en tête notamment certains bugs mais qui ne sauraient gâcher l’expérience pour autant. Quoi qu’il en soit, Hangar 13 s’étaient lancés sur un pari plutôt risqué (à en croire les retours sur leur Mafia 3) et pourtant le résultat final est pour moi sans appel!

Les plus

  • Un scénario poignant qui ne tombe pas dans le cliché…
  • Une refonte graphique plus que satisfaisante
  • Son gameplay simple mais efficace
  • Une fin à vous en briser le cœur
  • Une durée de vie convenable, une dizaine d’heures pour terminer l’histoire principale et la présence du mode exploration libre

Les moins

  • Quelques bugs au tableau
  • La conduite des véhicules parfois trop nerveuse
  • Des gunfights parfois trop approximatifs