Sorti le 27 mars 2024 sur Nintendo Switch, PlayStation 5, PC et Xbox Series, Terra Memoria est le deuxième jeu du studio Montpelliérain La Moutarde. Après Old School Musical (2018), ce studio occitan composé de seulement 5 personnes s’est donné pour mission de « créer une aventure intemporelle avec un style de RPG classique accompagné de mécaniques modernes comme la construction, la cuisine, et la fabrication. » Au final, Terra Memoria « se veut être une ode au road trip, qui se concentre sur les liens qui unissent les amis, pendant qu’ils explorent des terres inconnues ensemble ». La Moutarde, tient-il, à l’instar de Holy Cap et son Promenade, l’un des meilleurs jeux indés de l’année?
Version | Numérique sur PlayStation 5 fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | 18 heures |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | Non communiquée (100% des trophées) |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Aventure, RPG |
Date de sortie | 27 mars 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 19€99 |
Plateforme(s) | PlayStation 5, Nintendo Switch, Xbox Series, PC |
Voix | / |
Textes | Anglais, Français, Allemand, Japonais, Chinois simplifié et traditionnel, Coréen, Portugais |
Connexion obligatoire | Non |
Tout commence dans la ville de Constance, où la constance est mère de sureté. Après de longues années à l’école des Karshaks majeurs, Syl revient au bercail pour y retrouver ses parents. Malheureusement, après des années d’absence dans le cocon familial, la petite renarde découvre que sa famille a quitté la ville sans laisser de traces. Elle décide donc de partir à leur recherche mais elle n’avait pas prévu qu’une mission de bien plus haute importance allait lui être confiée: enquêter sur la disparition soudaine des cristaux (la ressource nécessaire au bon fonctionnement de la ville) et l’apparition soudaine d’une multitude de carcasses (des créatures robotiques hostiles).
Derrière son simple postulat de départ, Terra Memoria dévoile un vrai message de fond à son aventure. Un message qui fait sens au fil que l’on parcours les nombreuses zones, villes et refuges de Terra en plus de traiter une multitude de thèmes qui portent à la réflexion. Mais si son fond se veut relativement sérieux, Terra Memoria n’en oublie pas sa joie, sa bonne humeur et surtout son humour. Les plus attentifs n’auront aucun mal à reconnaitre quelques expressions issue d’une célèbre série française (diffusée sur M6 entre 2005 et 2009, oui, je vous aide un peu).
Notre voyage ne manque donc pas de nous esquisser quelques rictus, et qui, du long de sa quinzaine d’heures (en explorant contenu principal et secondaire), transpire la joie de vivre et la bonne humeur. En découle donc une aventure rafraichissante, qui sait d’une part poser des enjeux à son scénario mais aussi ne pas se prendre totalement au sérieux. Notre groupe, composé de 6 membres, est également au cœur de cette histoire et est également développé au fil des heures et des quêtes pour apporter une certaine profondeur à ses personnages et leurs histoires respectives.
De plus une quête dite « endgame » nous est proposée pour prolonger l’aventure (si tant est que nous n’avons pas trop exploré le contenu secondaire, ce qui n’est évidemment pas mon cas) et permettre une toute dernière fois d’en apprendre un peu plus sur Syl, Moshang, Opale, Méta, Edson et Alto.
Terra Memoria est un RPG en tour par tour. Si dans les grandes lignes il est tout ce qu’il y a de plus classique, et c’est voulu, le jeu de La Moutarde dévoile quelques belles idées de gameplay pour ne pas tomber dans le trop convenu et trop déjà-vu. Ainsi, Terra Memoria en divise en 3 temps: les combats, l’exploration et la gestion.
Evidemment, là où on attend le plus un RPG en tour par tour, ce sont ses combats. Notre équipe est donc composée de 6 membres, 3 attaquants et 3 personnages soutien qui forment 3 binômes. Les 3 premiers personnages n’ont pour seul but de terrasser leurs adversaires à l’aide de leurs faiblesses élémentaires (du feu, en passant par la glace, la terre, l’eau, le vent, et j’en passe). Les 3 autres, en formant des binômes, leur octroient divers avantages de transformation de leur compétences (allant de l’attaque pure en passant par le soin).
En découle un gameplay particulièrement intuitif à prendre en main, mais surtout addictif au possible qui saura alterner entre une certaine simplicité mais aussi son petit lot de difficulté notamment contre certains combats de boss. Pour autant, dans sa globalité, Terra Memoria se veut relativement facile malgré l’absence de modes de difficultés.
Sans réellement proposer d’arbres de compétences comme on l’entend habituellement, Terra Memoria ne manque pas d’offrir un système de points d’expérience qui permettent aussi bien de gagner des niveaux mais aussi des matériaux précieux à la fabrication/cuisine, mais j’y reviendrai plus tard. A la façon d’un Dark Souls (ça fait peur en le lisant mais ne vous en faites pas, tout va bien), les points d’expériences s’accumulent tant que nous ne les validons pas à un camp/dans une auberge avant une bonne nuit de sommeil. De ce fait, le farm se révèle particulièrement plaisant et récompense ceux qui s’investissent, d’autant que Terra Memoria est loin d’être avare de ce côté là. Malheureusement, chaque combat commencé doit être terminé, puisque le jeu ne propose aucun moyen de fuir (hormis esquiver les ennemis tant bien que mal).
Nous en venons donc à la seconde partie la plus importante de l’aventure: l’exploration. Permettant d’une part bien évidemment de débloquer les quêtes secondaires et les accomplir, l’exploration de l’archipel de Terra se dévoile cruciale quant à l’évolution de nos personnages (du moins les attaquants) en matière de combats afin de débloquer de nouvelles compétences/pouvoirs pour chacun d’eux. De plus la collecte de matériaux (et d’argent) se révèle être une fonctionnalité à ne surtout pas ignorer pour le dernier pan de gameplay: la gestion.
Tout en créant un RPG classique, le studio souhaitait incorporer des mécaniques modernes telles que la construction, la fabrication et la cuisine. Si la construction peut se révéler un peu plus anecdotique, les deux autres quant à elles sont un passage obligatoire pour terminer l’aventure. Ici, point d’équipements d’armures comme nous avons l’habitude d’en voir mais des pin’s, qui ont globalement le même intérêt: améliorer nos attributs principaux (attaque, défense, vitesse) mais aussi la puissance de nos compétences. Si nous pouvons en trouver aux quatre coins de Terra, nous avons également la possibilité d’en forger (pour les revendre).
Quant à la cuisine, elle permet de concevoir de bons petits plats (logique) pour augmenter les points de vie maximum des membres de notre équipe. En effet, la prise de niveaux seule ne suffit pas pour être à la hauteur des puissantes attaques de nos ennemis, surtout sur la fin du jeu. En plus, la cuisine se joue à la façon d’un jeu de rythme, ça change, c’est frais.
Mais pour bien exploiter la gestion, il faut de l’argent. Obtenu dans des coffres ou en accomplissant les quêtes secondaires, on pourrait penser qu’il coule à flot, malheureusement Terra Memoria tient ici son point noir: l’équilibrage de l’argent fait défaut, tout coûte bien trop cher pour le peu qu’on gagne, que cela soit les ingrédients pour cuisiner ou le prix des matériaux pour construire.
Passons au côté visuel, technique, et musical. Terra Memoria est bluffant. Il reste un petit jeu indépendant qui déborde d’humilité, qui arbore fièrement une 2D HD somptueuse, à la façon d’un Octopath Traveler ou le récent remake de Live A Live. On lui apprécie une direction artistique des plus soignées, proposant une multitude de biomes à arpenter, tous plus beaux et colorés les uns que les autres. Sa bande originale n’est pas en reste, du thème de Constance en passant par les rythmes festifs d’OpU, Terra Memoria possède une véritable ambiance, qu’elle soit visuelle ou musicale. Le compositeur surnommé Yponeko (ayant également œuvré sur Promenade, tiens donc) a fait un vrai travail d’orfèvre avec ses instruments à corde, à vent et à percussions en tous genres pour nous immerger dans ce voyage onirique.
Terra Memoria s’est révélé être une incroyable surprise! S’il coche toutes les cases des jeux que j’aime, j’étais loin de me douter qu’il s’élèverait au rang de coup de cœur indépendant (…et français). Après l’exceptionnel Promenade du studio nantais Holy Cap sorti fin février, La Moutarde tient également sa pépite, façon RPG cette fois-ci. Bourré d’humour, un scénario simple sans en oublier de nous proposer une certaine réflexion, des personnages attachants et bien développés, un univers onirique et enchanteur, une direction artistique à tomber, une magnifique OST, Terra Memoria dispose d’un bon nombre d’arguments pour tous les joueurs qui veulent explorer la scène indépendante française, qui prouve une fois de plus son talent. Il n’est évidemment pas dénué de défauts, qui ne tiennent parfois qu’à quelques détails, mais qui sont bien moindres à côté d’une proposition solide forte de ses innombrables qualités. Terra Memoria est un vrai bol d’air frais!
- Un RPG en tour par tour classique et intuitif
- La gestion, un petit plus pour l’aventure
- Terra et sa direction artistique somptueuses
- L’OST sublime
- La 2D HD fait toujours son petit effet
- L’humour omniprésent
- Les références à Kaamelott qui sonnent comme des mots doux
- L’exploration bien dosée
- L’équilibrage de l’argent à revoir
- Impossible de fuir les combats
- La construction un peu trop en retrait