Spin-off de la série Disgaea, Phantom Brave n’a connu qu’un bref passage sur PS2 en 2004 et en 2011 sur PSP (sous forme de portage). Vingt et un ans plus tard, NIS America (Nippon Ichi Software) a décidé de relancer la série avec un tout nouvel épisode: Phantom Brave The Lost Hero. Annoncé lors du Nintendo Direct de juin 2024 pour une sortie l’année suivante, cette suite tant attendu par les férus de tactical RPG et de la série Disgaea est disponible depuis le 30 janvier 2025, au format numérique et physique (premier jeu NIS à sortir sous le label de Microids) déclinée en Deluxe Edition. Après plus de 40h de jeu, je vous livre donc mon avis sur les nouvelles aventures de Marona et Ash. Une très belle aventure mais…
Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 46h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 58% des trophées débloqués |
Difficulté | Normal |
Genre(s) | Tactical RPG, Aventure |
Date de sortie | 30 janvier 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 59€99 |
Plateforme(s) | PS4, PS5, Nintendo Switch et PC |
Voix | Anglais, Japonais |
Textes | Français, Anglais, Japonais |
Connexion obligatoire | Non |
Nous incarnons Marona, une toute jeune fille, orpheline, vivant seule depuis la mort de ses parents, qui peut parler et même voir les fantômes. Lui en ont valu de nombreuses moqueries de la part de ses congénères dans son enfance, jusqu’à ce qu’elle, accompagnée de Ash, un fantôme, soit respectée de tous par sa bravoure et son désir d’aider les autres grâce à son pouvoir. Six mois après les événements de Phantom Brave, une nouvelle aventure se profile à l’horizon pour Marona et Ash.
Alors qu’ils vivent des jours heureux, Ash et Marona embarquent à bord d’un navire pour naviguer sur les mers d’Ivoire et continuer leur quête d’aider ceux qui en ont besoin. Leur croisière tourne vite court, lorsqu’ils sont attaqués par un groupe de pirates fantômes, les Naufrageurs, qui semblent en avoir après le pouvoir de la jeune fille, appelé le pouvoir de la Chartreuse. Séparés de force, Ash disparait et Marona échoue sur la petite île du Squelette, où elle y rencontre un autre fantôme, Abricot, une jeune fille apeurée dont le seul désir est de retrouver son père, Argentos, disparu depuis plusieurs années. Ensemble, elles partiront donc à la recherche de leurs êtres chers, et leur voyage les mènera à en découvrir plus sur le monde des fantômes, tout en se faisant de nouveaux amis.
C’est ainsi que démarre ce nouvel épisode de Phantom Brave, qui grâce à une écriture soignée n’oblige pas à avoir fait le volet précédent pour le comprendre. Ainsi donc nous nous lançons corps et âme à la recherche d’Ash et le père d’Abricot, voguant d’île en île dans l’espoir de trouver des indices, nous rapprochant de nos objectifs. En découle une aventure attendrissante, souvent joviale dans les messages qu’elle veut faire passer tout en n’oubliant pas d’être également mature avec des thèmes particulièrement forts et sujets à une certaine réflexion, le tout en gardant un ton léger, presque candide, à l’image de ses jeunes protagonistes. Chaque personnage est soigneusement développé et jouit d’une belle évolution au fil des heures.
Mais si le scénario est réellement prenant, on lui reproche aisément un rythme en dents de scie avec une narration qui tirera parfois un peu trop en longueur, et un déroulement qui finira par tourner en rond donnant l’impression de prendre les mêmes pour recommencer. Il s’avère donc finalement bien trop long pour son propre bien, étiré sur 15 chapitres (plus un chapitre bonus en fin d’aventure), parfois même au détriment de son gameplay et son évolution.
Tactical-RPG et spin-off de la série Disgaea, Phantom Brave se veut être donc dans la lignée de sa série principale: original mais surtout totalement décalé qui ne s’accorde pas vraiment aux standards du genre. Marona possédant le pouvoir de la Chartreuse, elle peut donc invoquer des fantômes et les matérialiser dans des objets. C’est à partir de cette base bien précise (reprise du premier volet de 2004) que le gameplay tient toute sa boucle.
Sur un plateau, Marona est la seule à être présente en début de combat. A elle donc de placer son équipe, en fonction des objets alentours, mais aussi en fonction de ce qu’ils peuvent apporter aux différents fantômes (dextérité, intelligence, attaque, etc) qu’elle décidera d’invoquer, et prendre du terrain. Chaque combattant à une limite circulaire de mouvement, plus ou moins grande, ainsi qu’une série de compétences, liées à sa classe mais aussi à l’arme qu’il a en main. Et chaque combat doit se solder de la même manière: vider totalement le plateau de tous les ennemis présents, quoi qu’il en coûte.
Evidemment, le gameplay s’habille également de quelques mécaniques supplémentaires, comme le Fantôcombinage, qui comme son nom l’indique, permet à Marona de se combiner à un fantôme, décuplant ses statistiques de façon exponentielle et même de lancer plusieurs actions d’affilée. Elle peut également lancer ses compagnons (ou des ennemis), et on pourra également profiter de gadgets présents sur le plateau (ou à invoquer grâce à Abricot). Tout est bon pour exploiter le terrain à notre avantage et venir à bout des nombreux ennemis.
De cette façon, le gameplay de Phantom Brave est aussi tactique (logique) qu’intuitif. Si les premières heures peuvent dérouter les néophytes, il en devient très rapidement addictif et plutôt bien fichu. Une fois rentrés sur l’île du Squelette, nous avons accès au « boulots de la base » débloqués en fonction de certaines classes invoquées. Par exemple, le cuistot permet de redistribuer des points d’expériences accumulés pendant le combat à la buvette, ou encore la nécromante permet d’effectuer des synthèses magiques qui permettent d’améliorer les armes de nos différents compagnons.
Si certains boulots se révèlent utiles, voire même primordiaux à notre avancée sans trop d’encombres (je n’ai essuyé que quelques rares pics de difficultés en 40h de jeu), d’autres toutefois se révèlent plus anecdotiques et manquent d’intérêt pour qu’on s’y attarde vraiment (je pense par exemple à l’attribution des titres, ou même la création de donjons, où je n’ai mis qu’une seule fois les pieds).
Quoi qu’il en soit, Phantom Brave The Lost Hero propose un gameplay particulièrement bien ficelé, avec ses subtilités qui lui permettent d’être un tactical un peu hors du commun, dont seuls NIS ont le secret. Là encore, on lui reprochera une certaine répétitivité, qui pourra faire tirer quelques chapitres en longueur, outre un level design qui saura se montrer parfois plus difficile à appréhender et aborder, le déroulement et notre avancée finissent par toujours voir la même chose au fil des chapitres.
Graphiquement et visuellement parlant, Phantom Brave The Lost Hero est une vraie douceur à l’œil. Son character design en personnages « chibi » rend l’aventure particulièrement douce et bienveillante. Sa direction artistique n’est évidemment pas en reste, avec des plateaux plutôt bien fournis et des couleurs chatoyantes. Chaque île a son biome (neige, désert, etc) et ses décors bien à lui, ainsi que son bestiaire qui lui est propre. Phantom Brave The Lost Hero possède son charme bien à lui.
Du côté de la bande son, on oscille entre pistes assez marquantes (notamment sur le fin du jeu) et mélodies oubliables au fil de l’aventure. Néanmoins, elles ont toutes le mérite de s’accorder avec l’ambiance globale du jeu, et nous immerge dans cet univers qui mêle, avec un certain talent, univers de la piraterie et magie/surnaturel. Evidemment, si l’on doit donner un point d’honneur à ce Phantom Brave, c’est bien sa localisation française, que je juge de très bonne facture, mais en tout cas présente, ce qui peut se faire rare assez rare chez NIS.
Loin d’être parfait, Phantom Brave The Lost Hero a le mérite de nous dépayser dans son univers coloré et son casting de personnages attendrissants. C’est un tactical RPG avec sa propre identité, à l’image de sa série principale, qui chamboule un peu les standards pour proposer une expérience originale et décalée (rondement menée dès lors où on peut invoquer les célèbres Prinny) tout en proposant un scénario qui mêle maturité et candeur. Malheureusement, on lui reprochera avant tout une certaine répétitivité et un scénario qui tire parfois un peu trop en longueur, justifiant donc une durée de vie plutôt conséquente, au détriment de la profondeur de certaines de ses fonctionnalités qui peinent parfois à éveiller notre intérêt. Quoi qu’il en soit, le retour de Marona et Ash met du baume au cœur en ce début d’année, et réussit à tirer son épingle dans le vaste monde des tactical.
- Marona, Ash et Abricot, un trio attendrissant
- Une écriture qui oscille entre maturité de ses thèmes et le ton innocent de ses protagonistes
- L’exploitation des plateaux très complète
- Un tactical qui ne ressemble à aucun autre
- Une vraie douceur visuelle
- L’OST qui sait se montrer mémorable à des moments clés
- La localisation française présente
- Un scénario qui manque de rythme et tire parfois en longueur
- Une boucle de gameplay qui peine à innover au fil des heures
- Certains boulots de la base trop anecdotiques