Monster Hunter Stories est initialement sorti en 2016 (2017 en Occident) exclusivement sur Nintendo 3DS. Sous l’égide de Capcom et Marvelous, le jeu avait fait forte impression malgré un changement radical de direction artistique et de gameplay. Alors que sa suite a fait son entrée sur Nintendo Switch et PC en 2021, il était temps pour le premier opus de ce spin-off de Monster Hunter de faire peau neuve dans une mouture remasterisée. Monster Hunter Stories « Remastered » sera disponible le 14 juin 2024 sur Nintendo Switch, PS4 et PC et j’ai l’immense chance de pouvoir vous en proposer mon test complet en amont de sa sortie.
Version | Numérique sur PS4 fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 33 heures |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | Non communiquée (histoire + environ 150 quêtes secondaires terminées) |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Aventure, RPG |
Date de sortie | 14 juin 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 29€99 (en version numérique), 39€99 (en version physique sur Switch uniquement en import), 59€99 (comprenant les 2 opus sur PS4) |
Plateforme(s) | PS4, Nintendo Switch, PC |
Voix | Anglais, Japonais |
Textes | Anglais, Français, Allemand, Italien, Japonais, Coréen, Portugais, Russe, Chinois traditionnel et simplifié, Espagnol, Arabe |
Connexion obligatoire | Non |
Notre aventure commence au village Hakum, un endroit où les habitants vivent non pas de la chasse mais de l’élevage de monstres et dont une poignée d’entre eux peuvent aspirer à devenir des Riders (chevaucheurs), tissant des liens particuliers avec leurs Monsties grâce à leur gemme de l’amitié. Après avoir créé notre personnage (masculin ou féminin), notre histoire commence. Alors que nous rentrons d’une balade forestière pleine de surprises, une menace nommée le fléau noir s’abat sur le village, le détruisant presque entièrement. Un an plus tard, fraichement initié en tant que Rider, l’appel de l’aventure et de l’exploration de ce vaste monde est grand pour notre personnage et son nouveau chamarade Navirou. Mais le fléau noir, lui, n’a pas disparu malgré les années passées. C’est donc un voyage semé d’embuches et de questions encore sans réponses qui nous attend.
C’est peu ou prou le postulat de départ de Monster Hunter Stories qui met les points sur les i d’entrée de jeu. Si le principe de base de Monster Hunter est la chasse aux monstres, ce spin-off quant à lui s’est orienté sur la possibilité de combattre à leurs côtés et de les élever sans mettre de côté l’essence de la série principale. C’est sur un ton plus léger qu’à l’accoutumée (qui se veut plus mature dans les épisodes principaux) que Monster Hunter Stories nous raconte son histoire, à la façon des jeux Pokémon. Au coeur de son scénario, l’importance des liens et l’amitié que doivent tisser les Riders avec leurs Monsties.
Bien que sur le ton de l’innocence, il n’en reste pas moins prenant et plutôt bien écrit. Les révélations sont légion, rendant son scénario assez surprenant. On y retrouve des thèmes relativement matures comme le courage, l’héroïsme ou encore l’espoir ou le désespoir. Si le développement des personnages est présent, certains manquent parfois d’un peu de profondeur, ce qui sera rattrapé dans la suite mais je vous laisse lire mon test du jeu pour en savoir plus. Si le public était pensé pour être de plus jeunes joueurs, d’où sa narration un tantinet plus enfantine, les plus grands pourront également y trouver leur compte dans ce Monster Hunter tant en termes d’écriture mais aussi et surtout par son gameplay atypique.
En effet, on quitte les combats en temps réel de la série principale (qui s’étoffera incessamment sous peu avec l’arrivée de Wilds en 2025) pour un JRPG en tour par tour peu commun. Si tour par tour il est, à l’instar de son scénario, Monster Hunter Stories se focalise sur les liens entre notre Rider et ses Monsties qui sera au cœur du gameplay. A la façon du jeu pierre/feuille/ciseaux, nous devons choisir scrupuleusement la bonne attaque pour gagner les duels avec les monstres qui nous font face afin d’augmenter notre lien d’amitié avec notre Monstie présent sur le terrain mais aussi faire un maximum de dégâts.
Ici, pas de magie, pas de points de mana, il nous suffit soit d’avoir un peu de chance, soit de comprendre le « pattern » de nos adversaires afin de le contrer avec la bonne attaque (Force, Vitesse ou Technique). A force de remporter des duels et d’augmenter nos points d’amitié avec notre Monstie, le jeu nous donne la possibilité de le chevaucher et lancer une attaque ultime. De plus quelques séquences de mini-jeux viendront agrémenter nos combats au service du gameplay.
En découle un gameplay particulièrement original, voire même déroutant dans ses premières heures puisque Monster Hunter Stories casse un peu les codes des JRPG habituels, notamment dans l’impossibilité de totalement contrôler notre Monstie pour attaquer, hormis quelques attaques spéciales. En effet chaque monstre a ses particularités, ses éléments de prédilection et son style de combat, il est donc de mise de construire son équipe en conséquence (là encore, la comparaison avec Pokémon est tout à fait pertinente). Quoi qu’il en soit, les heures filent et défilent, et ce spin-off révèlera parfois un gameplay plutôt exigeant face aux monstres emblématiques de la série (quelques premières rencontres m’ont donné des sueurs froides), demandant une certaine stratégie pour ne pas échouer.
Monster Hunter oblige, la chasse n’en a pas été abandonnée pour autant et c’est évidemment les combats contre d’autres monstres qui prévalent sur toute la partie gameplay, que cela soit dans sa quête principale mais aussi dans son (pantagruélique) contenu secondaire qui demande de combattre les différents monstres du monde, du simple monstre « lambda » aux monstres dits nommés, bien plus coriaces.
Mais en tant que Rider impossible de passer à côté de son objectif principal, c’est à dire se lier d’amitié avec de nouveaux monstres… en allant directement cueillir des œufs dans les nids afin de former notre équipe de choc, ou encore pour procéder au rite de transmission, qui permet d’agrémenter l’arbre de compétences de nos Monsties en termes d’attaques, résistances, et j’en passe, ou tout simplement compléter notre Monsterdex, Monstropédie pardon. Pour ce qui est du rite de transmission, il se révèle un tantinet sous exploité et apportera finalement peu d’éléments majeurs au gameplay, en tout cas je n’ai pas ressenti le besoin de transmettre à outrance pour arriver jusqu’au boss final.
Ainsi, l’exploration et le farm (de matériaux au besoin de la forge et améliorations d’armes et armures) dans les différentes zones (et biomes) sont également de la partie, conservant donc les codes de la série principale pour notre plus grand plaisir, ou pas. Car il faut bien le dire, Monster Hunter Stories peut se révéler parfois répétitif si tant est qu’on s’y investisse un tant soit peu (et de l’investissement il en demande évidemment un minimum). Mais est-ce là un point noir ou tout simplement la série qui veut ça, je vous laisse vous faire votre propre avis. En ce qui me concerne, je n’ai pas vu mes 30 heures passées sur cette aventure, et, par habitude, le farm s’est révélé naturel dans mon avancée, et le gameplay a été bien plus addictif que redondant.
Version remastered oblige, quelques nouveautés sont venues s’intégrer à l’expérience de jeu. En effet, cette nouvelle version comprend dès sa sortie les mises à jour 1.20 et 1.30 de la version 3DS, qui n’avaient à l’époque jamais quitté le sol nippon. Cela implique donc plusieurs nouveautés pour l’Occident dont voici les principales fonctionnalités: la possibilité de stocker 400 Monsties (contre 200 à l’époque), apparition de nouveaux monstres (Teostra, Kushala Daora et Rajang), mais aussi un contenu endgame plus que gargantuesque, comme la Tour des Souvenirs qui vient s’ajouter à la Tour de l’Illusion, qui permet de rebattre tous les boss du jeu, en plus du Labyrinthe des Epreuves. Quelque soient les activités, ce sont des combats contre des monstres dits de Haut Rang qui vous attendent, impliquant notamment la nécessité de se faire un « build » d’équipements aux petits oignons. En cela, le contenu endgame rajoute quelques belles heures de jeu au tableau et des combats épiques et bien plus difficiles.
Pour ce qui est du retravail visuel, on peut lui accorder sans sourciller qu’il est remarquable. Loin d’être à la hauteur d’un remake à proprement parlé, le lifting est ici une franche réussite. En effet, loin d’un simple lissage, le travail fourni sur les textures est impressionnant (remettons le jeu dans son contexte qui n’était sorti que sur 3DS). Du côté de la fréquence d’images, le jeu tourne en 60 FPS constants. La fluidité est donc au rendez-vous et cela de manière particulièrement stable, en tout cas dans sa version PS4.
Ses couleurs éclatantes, la diversité de ses biomes, ses monstres, si ce Monster Hunter Stories est loin du style réaliste de la série principale, il est indéniable qu’il jouit d’une direction artistique qui titille nos pupilles. Outre la remasterisation à proprement parlé, le jeu possède un style visuel coloré particulièrement réussi, et je dirais même très joli. On apprécie également la possibilité d’accélérer la vitesse des combats, les animations ne pouvant pas être passées, la sensation de répétitivité peut ainsi être atténuée. Dans sa version PS4, jouée sur PS5 (en 4K), on regrette toutefois un aliasing parfois particulièrement prononcé autour des personnages.
Du côté de la technique, je n’ai qu’un minuscule reproche à faire: les temps de chargement. S’il sont loin d’être insurmontables, n’étant longs que d’à peine quelques secondes, ils seront relativement nombreux durant l’aventure. Lorsque l’on change de zone, quand on entre dans une tanière de monstres, l’exploration étant au cœur du jeu et les allers et retours pouvant être nombreux, cela pourra en démoraliser plus d’un.
Cette version remastérisée propose également une nouveauté de taille: le doublage complet en anglais et japonais, jadis absent de la version originale sur 3DS. Une immersion renforcée mais aussi particulièrement réussie par l’implication des comédiens de doublages anglais et seiyu, porté notamment par le Felyne Navirou, compagnon de route en toutes circonstances qui ne nous quitte pas d’une semelle, doublé en anglais par Wyatt Bowen (Daikichi Karube dans Alice in Borderland) et en japonais par M.A.O (Nim dans Xenoblade Chronicles 2, Tomi Kisaragi dans 13 Sentinels Aegis Rim, Ashera dans Xenoblade Chronicles 3, pour ne citer que quelques exemples de sa très longue voxographie).
Pour ce qui est de l’OST, la mention revient évidemment au thème principal du jeu revisité tout en ayant une tonalité différente de sa suite, mais le travail de composition de Marika Suzuki (Monster Hunter 3 Ultimate, 4 et 4 Ultimate, Dead Rising) et Hiromitsu Maeba (Monster Hunter 4 Ultimate, Resident Evil 4 Separate Ways) allié à une orchestration aux petits oignons rend l’expérience musicale de ce Monster Hunter Stories mémorable. Petit clin d’œil à la musique des combats qui ressemble étrangement (ou pas) à celle des jeux Pokémon.
Quand on a déjà fait Monster Hunter Stories 2, il est indéniable de dire de Monster Hunter Stories qu’il est un tantinet moins abouti sur plusieurs points. Néanmoins, cette version remasterisée ne manquera pas de ravir les joueurs et joueuses qui n’ont pas pu le faire à sa sortie initiale sur 3DS (dont je fais partie) en plus de combler les joueurs qui n’ont pas pu s’essayer au contenu endgame bloqué en son temps au Japon. Sur un ton plus léger que la série principale, ce premier opus de Stories a initié une série de spin-off particulièrement originale en termes de gameplay avec ses combats en pierre/feuille/ciseaux en tour par tour. L’aventure se révèle prenante, et demande un minimum d’investissement. Son gameplay en tour par tour conviendra à un public différent des jeux principaux tout autant qu’aux joueurs habitués de la licence. Une chose est sûre, je suis tombée sous le charme de cette série dérivée de Monster Hunter!
- Le gameplay « pierre/feuille/ciseaux » original
- Addictif au possible
- Un ton plus léger mais un scénario qui tient la route
- La possibilité d’augmenter la vitesse des combats
- La remasterisation graphique est une franche réussite
- Le bestiaire très honnête (une centaine de monstres à combattre et élever)
- La stabilité des 60 FPS
- Un contenu pantagruélique
- L’OST orchestrale sublime
- L’essence de Monster Hunter toujours présente
- Le Rite de Transmission un peu trop anecdotique
- Un aliasing parfois assez prononcé
- Peut paraître répétitif pour les non initiés à Monster Hunter
- Les très nombreux temps de chargement
- Pas de version physique sur Switch en Occident