Véritable monument des années 2000 sur Gamecube et premier opus d’une trilogie devenue mythique, après avoir fait un bref retour sur Wii en 2009, Metroid Prime a enfin investi la Nintendo Switch en attendant patiemment la sortie de Metroid Prime 4 (annoncé en 2017, il commence à se faire attendre), sous le nom Metroid Prime Remastered. Tout d’abord sorti uniquement en version dématérialisée le 8 février, il n’a fallu attendre qu’un mois pour le voir arriver dans nos rayons physiques, le 3 mars. Me voilà donc, 20 après tout le monde, et 20 ans après tout court, partie à la découverte de Metroid Prime dans les bottes et l’armure de Samus Aran.

VersionPhysique commerciale sur Nintendo Switch achetée par mes soins
Temps de jeu19h33, entièrement fait en stream, pour un total de 10 live
Histoire terminéeOui
Complétion totale58% (oui, j’ai pas scanné des masses)
Difficulté Normale
Mode de jeu Exclusivement en mode docké
GenreFPS, Action/Aventure
Prix (maximum conseillé)39€99
Plateforme(s)Nintendo Switch
TextesJaponais, Anglais, Espagnol, Français, Allemand, Italien, Néerlandais, Coréen, Chinois
Voix/
JouabilitéCompatible Nintendo Switch Pro

Samus Aran, à bord de son vaisseau, atterri sur la planète Tallon IV aux mains des pirates de l’espace, qui s’en donnent à cœur joie pour faire mumuse avec le Phazon, un minerai particulièrement radioactif amené par une météorite. Samus, suite à la réception d’un message de détresse, se donne pour mission d’éradiquer toute forme de vie hostile à ses habitants: les Chozos.

Si le scénario de Metroid Prime se veut plutôt simple, il en est tout le contraire de son lore, incroyablement dense et développé. En effet, si le jeu ne présente aucun dialogue, et seules de très rares cinématiques viennent agrémenter notre aventure, Metroid Prime, qui se situe entre Metroid et Metroid II Return of Samus (respectivement sortis sur NES et Gameboy à la fin des années 80 et début des années 90), jouit d’une multitude d’informations a récolter lors de notre périple pour en apprendre plus sur l’histoire de Tallon IV, ses habitants mais aussi sa faune et sa flore. Je n’ai terminé le jeu qu’avec 58% de complétion, autant vous dire que je suis très très loin d’en avoir fait le tour, tant les informations qui gravitent autour de son univers et son histoire sont nombreuses. En résulte donc un univers particulièrement complexe, qui 20 ans après fait encore la primeur de la licence.

Si pour les aficionados de la licence revenir sur Tallon IV est devenu une promenade de santé, ce ne sera pas la même rengaine pour les nouveaux joueurs qui tenteront d’enfiler les bottes de Samus. Et j’en sais quelque chose. Pour rappel, la série des « Prime » a marqué un énorme tournant pour la licence. On quitte le monde de la 2D des premiers volets pour opter pour un monde entièrement en 3D. Une véritable révolution à l’époque.

Et c’est là que toute l’identité de cette série novatrice s’est révélée. Si vous attendez de Metroid Prime qu’il soit facile, vous vous êtes trompés de jeu. Entièrement orienté sur l’exploration, l’escale de notre chère Samus sur Tallon IV est semée d’embûches, d’obstacles et de difficultés. Vous êtes livrés à vous-mêmes et si votre objectif est indéniablement de quitter la planète une fois avoir éradiqué toute forme de menace, le voyage sera bien plus complexe que cela.

Tallon IV se divise en pas moins de 5 zones, de sa surface aux mines de Phazon, en passant par les Cavernes de Magmoor et j’en passe. Toutes ces zones, labyrinthiques au possible, renferment leurs secrets qu’il vous est nécessaire de découvrir pour avancer. Notre but premier étant de récolter les 12 artéfacts Chozos, il faudra surtout trouver les nombreux équipements d’armure et améliorations liées à l’arsenal de Samus pour pouvoir avancer (et trouver ces fameux artéfacts, donc). Et, vous l’aurez certainement compris, vous êtes seuls avec vous-mêmes pour les trouver.

Car le jeu se veut très exigeant dans sa proposition. Aucune aide, aucun objectif à suivre, oubliez tout ce qu’est le jeu vidéo aujourd’hui, Metroid Prime ne mange pas de ce pain là. On part à l’aventure à l’aveuglette dans l’espoir d’être dans la bonne direction, et d’arriver à bon port sans encombres.

En 2023, la question est: est ce que cela fonctionne encore? La réponse est oui, et non. C’est un fait, aujourd’hui nous ne sommes plus habitués à de telles expériences, ou très rarement. On a pris l’habitude d’avoir un objectif clair, de pouvoir s’aider d’un GPS, ou éventuellement d’une boussole sur l’ATH. Jouer à Metroid Prime c’est accepter d’y aller à tâtons, de tourner en rond, et de se perdre (surtout) dans l’espoir que le jeu finira bien par nous dire où aller. Ouf, de temps en temps, il se montrera clément et nous indiquera notre objectif (marqué d’un point d’interrogation), mais c’est sans compter qu’il estime que vous avez trouvé les éléments d’armures nécessaires à votre avancée (la boule morphing et ses nombreuses améliorations, les différentes armes élémentaires ou encore le précieux grappin pour ne citer qu’eux).

Si découvrir Metroid Prime aujourd’hui a été un véritable plaisir, que ce soit pour rattraper mon honteux retard dans ma culture vidéoludique des années 80 à 2000 (oui, j’ai encore du chemin à faire), il est indéniable de dire que cette proposition a tout de même pris quelques rides surtout pour la nouvelle génération qui attendrait Metroid Prime 4 avec impatience et qui pourrait manquer de remettre le jeu dans le contexte de son époque de sortie initiale. En ce qui me concerne, si je dois reprocher une seule chose au jeu, c’est sa carte en 3D pas toujours très lisible.

Lorsque j’ai lancé Metroid Prime Remastered pour la première fois, ma réaction a été « c’est un jeu Gamecube ça? ». Là encore, oui et non. La base de 2002 (année de sortie initiale du jeu en Amérique de Nord, l’Europe et le Japon ont dû attendre 2003) est belle et bien là, mais il faut avouer que le travail graphique de la part de Retro Studios sur ce « Remastered » est assez incroyable pour le remettre au goût du jour qu’on pourrait presque parler de remake. Les textures modernisées lui ont clairement donné un sacré coup de jeune au point qu’on ne se doute pas que le jeu puisse avoir 20 ans. Pour le petit détail, le reflet du visage de Samus dans son casque observé lors de certaines explosions est du plus bel effet. Le bestiaire, quant à lui, a lui aussi subit ce « glow up » le rendant encore plus monstrueux et inquiétant. Evidemment, tout n’est pas parfait, on remarque ci et là quelques petites bavures, mais rien de véritablement dérangeant dans notre immersion. Les musiques elles aussi ont subit un petit lifting bien que ce soit un tantinet moins évident à l’oreille.

Le jeu propose des biomes diversifiés, agrémentant eux aussi son lore, des plaines verdoyantes de la surface de Tallon, aux monts enneigés de Phendrana en passant par les sous terrains de lave de Magmoor, Metroid Prime vous en met plein les mirettes dans le bon sens du terme tout en rendant son périple particulièrement dangereux.

Ce qu’il manque à cette mouture, à mon sens, c’est la possibilité de switcher entre l’avant (le jeu de 2002) et l’après (celui de ce remastered) que ce soit visuel ou sonore. Quand je découvre un jeu pour la première fois et qu’il commence à dater, j’aime me rendre compte à la volée des améliorations dont il jouit (visuelles, sonores ou même de gameplay quand il y en a). Si elles sont évidentes à l’œil nu, c’est toujours un petit plus (je pense notamment à la version Deluxe d’Atelier Marie Remake qui inclut Atelier Marie Plus sorti en 1998 ou encore à Chrono Cross ressorti l’année dernière, pour ne citer qu’eux), mais c’est un détail je vous le concède.


Après 10 streams et un peu moins de 20 heures de jeu, la découverte de ce monument du jeu vidéo a été un véritable plaisir aussi bien pour ma culture que pour sa proposition originale aujourd’hui oubliée par une grande majorité des productions vidéoludique. L’aventure a souvent été fastidieuse, la faute à mon sens de l’orientation inexistant (merci à toutes ces personnes présentes lors de mes lives qui ont vu la détresse dans mes yeux et ont accepté de m’aider dans mon périple), mais d’une incroyable richesse, notamment grâce à son lore extrêmement dense. Si le gameplay à proprement parlé n’a pas été retouché, la partie visuelle du titre est impressionnante pour l’âge qu’il a et on ne manquera pas de féliciter l’exploit de Retro Studios d’avoir fait de Metroid Prime un jeu visuellement incroyable sur Nintendo Switch. On regrette néanmoins un manque de lisibilité sur sa carte et éventuellement l’absence d’un avant/après (mais nous mettrons cela sur le dos du stockage potentiellement limité du support physique de la Switch) et parce que je suis tatillon. La proposition en elle-même a néanmoins pris quelques rides notamment si on manque de remettre le jeu dans son contexte de sortie initiale. Pour le reste,

  • Une remise au goût du jour visuelle impeccable
  • Samus Aran, héroïne intemporelle
  • La joie de pouvoir faire Metroid Prime à prix doux
  • Le lore dense et riche
  • Un gameplay varié grâce aux nombreuses améliorations de l’amure et de l’arsenal de Samus
  • L’OST superbe
  • Le bestiaire particulièrement diversifié
  • Les biomes et l’histoire qu’ils racontent
  • La carte en 3D qui manque de lisibilité
  • La remasterisation des musiques parfois moins frappante
  • Proposer la version originale de 2002 aurait été un plus
  • Le game design peut avoir pris quelques rides (cela peut varier en fonction des joueurs)