En 2018 (2016 au Japon), le studio Ryu Ga Gotoku (RGG) nous faisait vivre la fin de toute une ère, celle de Kazuma Kiryu, Dragon de Dojima, et yakuza légendaire. L’apogée d’une licence, celle d’une histoire qui a su nous être racontée avec brio tout au long de pas moins de 7 jeux. Mais le studio n’en avait pas fini avec son protagoniste fétiche, et ce malgré le changement de direction de la licence, devenue un RPG en tour par tour avec un nouveau personnage, Ichiban Kasuga, et une nouvelle histoire, celle de Yakuza Like A Dragon (2020). La licence Yakuza, aujourd’hui renommée Like A Dragon dans le monde entier en a fait du chemin. Alors que le papa de la licence, Toshihiro Nagoshi, quitte le navire Sega en 2021 (Lost Judgment a été le dernier jeu sur lequel il a œuvré) pour fonder son propre studio en 2022, nul doute que les fans se sont inquiétés pour le futur de leur licence fétiche. A tort? A raison? Pour en juger, c’est un nouvel opus qui nous le dira: Like A Dragon Gaiden The Man Who Erased His Name, qui remet en scène notre cher Kazuma Kiryu, quoi que pas tout à fait. Non, vous ne rêvez pas, j’ai eu l’incroyable chance de pouvoir faire cette nouvelle aventure avant sa sortie, qui est prévue le 9 novembre. Supposé être un DLC à la base pour le prochain épisode à venir en janvier 2024, le studio à décidé d’en faire un jeu à part entière, pour nous faire patienter jusqu’à Like A Dragon Infinite Wealth, mais surtout pour nous donner quelques explications.
Version | Numérique sur PS5 fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 20h (pour ce test) |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | Non communiquée par le jeu |
Difficulté | Normale |
Genre(s) | Beat’em all, Action, Aventure, RPG |
Date de sortie | 9 novembre 2023 |
Prix (maximum conseillé) | 49€99 (uniquement en dématérialisé en Occident) |
Plateforme(s) | PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S/X, PC |
Voix | Japonais |
Textes | Français, Anglais, Japonais, Coréen, Chinois simplifié, Chinois traditionnel, Italien, Allemand, Espagnol, Portugais, Russe |
Après les événements de Yakuza 6 The Song of Life, Kazuma Kiryu se retire du monde de la pègre et décide de disparaitre du paysage. Alors qu’il se terre dans un temple éloigné, il ne manque pas pour autant de faire quelques petits boulots de garde du corps et d’agent/homme à tout faire pour la faction qui l’a aidé. Derrière un nouveau nom, Joryu, une paire de lunettes, et un nouveau costume, notre homme n’a pas perdu la main pour s’attirer les ennuis. Car n’est pas Clark Kent qui veut, ce n’est pas son nouveau look qui dupera les grands pontes de la mafia japonaise, et Joryu se voit donc une nouvelle fois mêlé à une sombre affaire, qui le mène à Sotenbori à Osaka, dans laquelle il se trouvera de nouveaux ennemis mais aussi alliés. Si vous n’avez pas fait Yakuza 6 à cause de la barrière de la langue, sachez que Like A Dragon Gaiden, sans rentrer dans les détails, fait ingénieusement un petit rappel de la fin de ce dernier pour vous remettre dans le contexte.
Le but de cet opus, initialement imaginé comme un DLC, était d’apporter des réponses aux joueurs quant à Yakuza Like A Dragon (si vous ne l’avez pas fait, je ne donnerai aucun détail supplémentaire) et de faire un lien avec The Song of Life. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Like A Dragon Gaiden le fait une nouvelle fois avec brio. Comme à l’accoutumée avec le studio, le scénario se dévoile incroyablement dense, et riche en révélations. Il tisse peu à peu son lien avec Yakuza 7 tout en y incorporant une histoire inédite pleine de rebondissements. On y retrouve également un lien avec Infinite Wealth, mais ce dernier reste brièvement teasé seulement. En tout cas, chez RGG tout est calculé au millimètre près et ce, depuis très longtemps. Tout le travail du studio comme on l’aime, et ce malgré l’absence de Nagoshi, remplacé par Masayoshi Yokoyama à l’écriture, soyez donc rassurés, Like A Dragon n’a aucunement perdu de sa superbe, très loin de là.
Mais bien au delà de proposer du Yakuza (oui, je sais, j’ai du mal à me faire au changement de nom) comme l’aiment les fans, ce nouvel épisode, cet entre-deux, du long de ses 5 chapitres, permet également de poser la psychologie d’un personnage que les nouveaux venus n’ont pas connu. Pour ce faire, il regorge de références aux anciens opus afin de mieux poser ses valeurs et ses idéaux mais bien évidemment aussi son passé. Une idée brillante, perçue comme du fan service bien placé pour les anciens joueurs et une jolie façon de faire découvrir ce personnage énigmatique dont beaucoup de joueurs n’ont pas pu faire la rencontre avant. Au delà d’un scénario coup de poing, en découle une histoire incroyablement touchante et poignante qui saura faire son effet quelque soient les joueurs. Du grand RGG!
En termes de contenu, une fois de plus la saga Yakuza/Like A Dragon se dévoile incroyablement généreux pour un « plus petit » épisode, et pas seulement dans le nombre de missions à accomplir. En effet, Joryu rencontrera durant l’intrigue principale, Akame, responsable d’un réseau d’aide aux sans-abris, qui lui confiera de nombreuses intrigues secondaires. Si cet aspect du jeu est primordial notamment pour étoffer les différents arbres de compétences (grâce aux points d’Akame et de l’argent) de notre bagarreur invétéré, le réseau d’Akame propose des intrigues secondaires brillantissimes en matière d’écriture, et qui réserve de bien jolies surprises, quelques belles références à la pop culture et des rencontres inattendues qui feront pétiller quelques yeux. Tout ce que j’oserai seulement vous dire, c’est que c’est du caviar servi à la Ryu Ga Gotoku Studio.
Plus loin encore dans les activités secondaires, le Colisée, mode Arène qui perpétue la tradition, qui permet de s’adonner à des combats seul ou en équipe, les éternels Cabarets et leur hôtesses pulpeuses en prises de vues réelles cette fois-ci, les missions de patrouilles du réseau d’Akame, qui vous demanderont de résoudre les petits problèmes des habitants de Sotenbori, comme récupérer une culotte dans un arbre, donner certains plats à des sans-abris ou encore retrouver 4 poules ainsi que les mini-jeux en voulez vous en voilà, du mini-golf, au karaoké, en passant par les fléchettes, le billard et les bornes d’arcades. Sotenbori regorge d’activités en tous genres pour vous perdre sans ses rues et ruelles et faire gonfler la durée de vie sans que voyiez le temps passer. A noter que j’estime la durée de vie en ligne droite à environ 12h pour l’intrigue principale mais moi aussi je me suis un peu perdue, pour mon plus grand plaisir. On déplore néanmoins quelques missions secondaires qui ont tendance à se ressembler avec un schéma identique. C’est dommage.
Pour cet épisode, le gameplay action/beat’em all fait son grand retour, à l’instar des épisodes mettant en scène Kiryu (0 à 6 en passant par Ishin) ainsi que les spin-off Judgment. C’est donc grâce à deux styles de combats que nous sommes amenés à nous battre. Le premier, le mode Agent, permet des mouvements rapides et acrobatiques, mettant en avant la nouvelle fonction de Kiryu, avec l’utilisation de nombreux gadgets comme un câble, par exemple. On peut aisément comparer ce style avec ceux de Yagami de Judgment. Le second est le mode Yakuza, qui n’est pas sans rappeler les styles de combats des opus précédents. Au programme un peu moins de rapidité mais beaucoup plus de dégâts.
Une fois de plus, le gameplay se révèle jouissif par sa brutalité, mais aussi grâce aux quelques ajouts apportés. Les gadgets, d’une part, qui apportent un peu de fantaisie bien amenée, mais aussi les contre-attaques, nouvelle mécanique de gameplay disponible durant les combats de boss et mini-boss, très très très très (encore un p’tit) très utile, voire salvatrice. Seul bémol, une caméra parfois capricieuse, qui donne du fil à retordre le temps de quelques instants.
Alors que le remake de Like A Dragon/Yakuza Ishin sorti en début d’année avait utilisé le moteur graphique Unreal Engine, le rendant un tantinet moins clinquant que le reste des épisodes, Ryu Ga Gotoku est cette fois-ci revenu aux sources avec son Dragon Engine. Un moteur qui fait toujours autant de merveilles aussi bien graphiques qu’en termes de direction artistique. Les rues de Sotenbori sont à tomber à la renverse et le Château, ville casino merveilleusement éclairée, est splendide.
Quant à la mise en scène… c’est sans l’ombre d’un doute l’œuvre du studio toute crachée qui a façonné son identité si singulière, des scènes de combats dont la violence n’est plus à présenter, la photographie absolument fabuleuse, sans oublier l’expression de visages comme seul le studio en a le secret, menée une nouvelle fois par la prestation de Takaya Kuroda au doublage.
L’OST n’est pas en reste, et se dévoile à la hauteur des épisodes précédents, rythmée et nerveuse, que cela soit durant les nombreux combats ou même dans de simples menus. L’opening « Katatoki » de Yojiro Noda en collaboration avec le rappeur J.I.D est tout aussi exceptionnelle bien que le style soit assez inédit pour la licence.
Si l’information n’est plus un secret, les sous-titres français sont une nouvelle fois de la partie et se dévoilent particulièrement qualitatifs malgré quelques petites fautes ci et là, mais en de rares occasions.
Initialement prévu pour être une extension à Like A Dragon Infinite Wealth, Like A Dragon Gaiden The Man Who Erased His Name a toutefois tout d’un grand jeu de la licence. S’il est indéniablement plus court qu’on épisode majeur, il n’a pas à rougir en termes de scénario et d’écriture qui sont signés par la patte si singulière et reconnaissable du studio. Un scénario qui ravira les fans pour son fan service bien amené et bien exploité, mais aussi pour les nouveaux joueurs qui feront la connaissance du personnage emblématique de la saga. En termes de gameplay, RGG sont restés sur la valeur sûre qu’est leur beat’em all nerveux, dynamique et ô combien jouissif, tout en y ajoutant quelques nouvelles mécaniques qui rafraichissent la formule. On déplore éventuellement quelques soucis de caméra mais rien d’insurmontable. Pour ce qui est de son contenu secondaire, là encore Like A Dragon Gaiden fait tout comme ses prédécesseurs, de ses missions rocambolesques à l’écriture d’intrigues qui raviront les fans du studio et promettent de bien belles surprises. Après un petit récap’, place à mon ressenti: comme Yakuza/Like A Dragon sait le faire, je me suis pris une tartine en pleine poire, tant son scénario revisite les anciens épisodes avec un respect immense pour la saga toute entière. Encore un épisode à jamais gravé dans ma mémoire! M’en voulez pas, j’y retourne.
- Un scénario grandiose
- Le fan service qui explore la psychologie de Joryu
- Le style Agent qui innove en matière de nervosité dans les combats
- L’OST fabuleuse
- Une vraie claque visuelle
- Un entre-deux épisode parfaitement exploré
- Les sous-titres en français, on ne peut plus s’en passer
- Le réseau d’Akame, du caviar
- Le contenu en général très généreux
- La caméra pas toujours très au point
- Quelques missions secondaires se ressemblent trop
- Pas de version physique en Occident
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