Sorti le 15 mai 2020 sur PC et consoles Xbox, Library of Ruina s’est également offert une sortie sur PlayStation 4 et Nintendo Switch quatre ans plus tard, soit le 25 avril dernier. Accueillant tous les DLC sortis jusqu’ici ainsi qu’un doublage japonais exclusif, le jeu de Project Moon (édité par Arc System Works) s’inscrivant dans l’univers de leur premier jeu Lobotomy Corporation, propose ici une édition des plus complètes pour tous les joueurs n’ayant toujours pas pu s’y atteler. En quête de curiosités, je suis partie à la découverte de cette aventure singulière au sein d’une mystérieuse bibliothèque visant à obtenir le livre ultime.

VersionNumérique sur Nintendo Switch fournie par l’éditeur
Temps de jeuEntre 15 et 20h
Histoire terminéeNon
Complétion totaleNon communiquée
DifficultéUnique

Genre(s)Deckbuilder, RPG, Stratégie, Aventure, Visual Novel
Date de sortie25 avril 2024 (15 mai 2020 sur PC et Xbox)
Prix (maximum conseillé)34€99
Plateforme(s)Nintendo Switch, PlayStation 4
VoixJaponais, Coréen
TextesAnglais, Chinois traditionnel et simplifié, Coréen, Japonais
Connexion obligatoireNon

Roland, notre personnage, est accueilli par Angela dans un mystérieuse endroit, une bibliothèque. Au détour d’une longue conversation, Angela nous propose une mission: envoyer des invitations dans le monde « réel » et accueillir ceux qui y répondent. Pourquoi? Dans quel but? L’objectif de notre hôtesse est de mettre la main sur le livre ultime qu’elle recherche depuis si longtemps. Mais son acquisition demande bien des sacrifices.

Dès les premières minutes, Library of Ruina intrigue. Son univers, son lieu principal, les premiers personnages que nous rencontrons, mais aussi au fil des dialogues, ses enjeux, et la noirceur qui se cache derrière son scénario. Le jeu de Project Moon est particulièrement sombre, tant dans ses propos, que dans certaines de ses scènes (cannibalisme, mutations, torture, par exemple), dans l’histoire de ses personnages (nombreux d’entre eux semblant avoir été présents dans Lobotomy Corporation) que dans le but d’Angela, la bibliothécaire « en cheffe ».

Mais dans son originalité certaine, Library of Ruina pourra également se perdre dans une narration parfois alambiquée, dans laquelle on peine à faire le lien entre les différents groupes de personnages que nous sommes amenés à rencontrer, et à combattre. De plus, cette sensation se voit fortement appuyée par l’absence de localisation française, dont le vocabulaire peut parfois même être particulièrement soutenu, voire familier, et finalement peu accessible à un niveau d’anglais tout juste correct.

Son gameplay est orienté sur du « deckbuilding« . En d’autres termes, son système de combat se base sur un jeu de cartes dont il faudra créer des decks de combats à l’image des nombreux jeux de cartes qui sont pratiqués. De prime abord, on pourra lui attribuer une certaine similitude avec Mato Anomalies (2023). Mais le jeu d’Arrowiz est bien plus simpliste dans cet aspect et bien plus mis en retrait que celui de Project Moon. En effet, ici tout est basé sur la création de decks pure à partir des livres, pages et cartes récupérées au fil de notre avancée.

En ce sens, Library of Ruina propose un gameplay particulièrement complexe, où les subtilités sont omniprésentes (en passant par les bonus/malus obtenus auprès des Anomalies), avec un nombre d’informations pantagruélique à emmagasiner (et je le rappelle, tout en anglais). En découle donc un jeu particulièrement difficile si tant est que nous ne sommes pas familiers avec le genre.

Les livres, à brûler, permettent d’obtenir des pages, qui influent sur les points de vie et notre endurance ainsi que sur des attributs passifs mais aussi des cartes qui permettent d’obtenir nos attaques (avec 3 types de dégâts différents), nos défenses mais aussi des attributs actifs. En découle donc un jeu exigeant dans son exécution, mais particulièrement complet dans le genre, tant il propose une véritable boucle de gameplay évolutive au fil des étapes que nous atteignons.

En ce qui me concerne, j’ai largement sous-estimé le potentiel de Library of Ruina, le prenant pour un bête jeu de cartes avec un système de combat en tour par tour, bref un jeu que je pensais m’être destiné. Malheureusement, le sous-estimer c’est aller droit dans le mur, et j’ai à plusieurs reprises dû m’en référer à des connaisseurs en la matière, grâce à des « soluces » et autres conseils de decks à jouer trouvés ci et là sur la toile, pour avancer dans mon aventure. Particulièrement novice en la matière, il a donc été pour moi difficile d’apprécier Library of Ruina à sa juste valeur et à son plein potentiel. En a découlé une expérience plus frustrante qu’agréable, avec une difficulté et un déséquilibre qui y vont crescendo, et surtout peu accessible (notamment en l’absence de mode de difficultés).

Visuellement, Library of Ruina reste dans les standards du genre façon animé. En découle donc une direction artistique particulièrement réussie qui met en avant son côté très sombre, voire même violent. Malgré tout, à l’image de son gameplay, on lui regrette un ATB particulièrement fourni en informations diverses dont il faut capter la signification et les éléments à extraire pour comprendre ce qu’on attend de nous et ce à quoi on doit s’attendre. De plus, en mode nomade, sur Nintendo Switch, la lisibilité est réduite par des textes parfois bien trop petits pour être lus correctement.

Pour ce qui est de la grosse nouveauté de cette version Switch/PS4, le doublage japonais. Accueillant des seiyuu de renom tels qu’Ikumi Hasegawa (Citrinne dans Fire Emblem Engage, ou encore Übel dans Frieren) dans le rôle d’Angela ou encore Shunsuke Takeuchi (Makoto Suzuki dans Tokyo Revengers, Aoi Kaguragi dans Kaiju no.8, Hishima Sazakuchi dans Neo The World Ends With You, Olaf dans Kingdom Hearts III, la liste est encore longue) dans le rôle de Roland, il se révèle particulièrement qualitatif.

Son OST n’est pas en reste, proposant pas moins de 80 pistes composées par Mili et Studio EIM, l’ambiance musicale de Library of Ruina est au rendez-vous, qui là encore donne une dimension mystérieuse et sombre à la production de Project Moon, l’opening, String Theocracy, étant la première approche avec cette ambiance si singulière.


Library of Ruina est un jeu singulier par bien des aspects. Son univers, tout d’abord, et son concept. Une bibliothèque qui récupère des livres grâce à la mort de ses invités, et dans laquelle les enjeux se dessinent au fil de son scénario. De plus, son gameplay en deckbuilding est d’une incroyable densité. Mais il faut le dire, le jeu de Project Moon n’est pas destiné à tous les joueurs et s’adresse à un public bien ciblé. En effet, par son manque d’accessibilité (localisation française et modes de difficultés absents), Library of Ruina peine à pouvoir être apprécié à sa juste valeur. Entre la densité des informations à retenir, sa narration parfois alambiquée, et un système de construction de decks en constante évolution, seuls les joueurs les plus avertis dans le genre pourront espérer en voir la fin. Et il est indéniable que pour ce public ciblé, Library of Ruina ne manque pas d’arguments pour les combler. Pour les autres, l’apprécier se révèlera forcément bien plus compliqué, l’avancée étant particulièrement difficile et frustrante.

  • Le deckbuilding particulièrement complet…
  • Un gameplay en constante évolution
  • Un univers singulier
  • La direction artistique particulièrement sombre
  • L’OST
  • Le doublage japonais très qualitatif
  • …mais qui ne s’adresse pas du tout aux néophytes
  • Pas de localisation française
  • Modes de difficultés absents
  • Des textes souvent trop petits en mode nomade