
De son nom complet, L’Amerzone : Le Testament de l’explorateur est un jeu d’aventure daté de 1999 sorti sur PC, Mac et PlayStation, édité par Microids déjà à l’époque, créé par l’illustre et regretté Benoit Sokal, également papa de la série Syberia. Très vite, il est devenu une œuvre culte de la fin des années 90. Pour donner vie à L’Amerzone, Sokal, scénariste et dessinateur de bande dessinée, a réutilisé l’univers du cinquième album des Aventures de Canardo, sa propre BD, paru en 1986, intitulé du même nom. En ce 24 avril 2025, L’Amerzone revient dans un remake pour fêter les 25 ans du titre. Annoncé en mars 2024, cette nouvelle mouture a subit de nombreux reports, pour finalement trouver sa date de sortie au deuxième trimestre 2025. A l’instar de Syberia: The World Before, dernier jeu de la franchise sur lequel Benoit Sokal a pu participer, c’est Microids Studio Paris qui est aux commandes de ce remake, réalisé et scénarisé par Lucas Lagravette. L’Amerzone : Le Testament de l’explorateur sera disponible sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series S|X. Une démo est également disponible sur ces mêmes plateformes depuis plusieurs semaines.

Version | Numérique sur Xbox Series X, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | 10h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 77% |
Difficulté | Voyage |

Genre(s) | Aventure, Point’n Click |
Date de sortie | 24 avril 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 39€99 en édition numérique, 49€99 en édition physique |
Plateforme(s) | Xbox Series S/X, PC et PS5 |
Voix | Français, Anglais |
Textes français | Oui |
Connexion obligatoire | Non |

Dans L’Amerzone, nous incarnons un journaliste dont nous ignorons l’identité. Notre périple commence en 1998. Fraichement accueilli chez Mondial Magazine, il est missionné sur une entrevue avec Alexandre Valembois, un vieil explorateur reclus dans un phare exclut de la communauté scientifique après avoir réalisé une expédition en Amerzone, un pays reculé de tout, dans les années 30. Il nous conte son récit, ses mésaventures, les recherches qu’il a mené, et surtout l’erreur qu’il a commise: prendre l’œuf d’une espèce sacrée. Dans son dernier souffle, Valembois nous fait part de sa dernière volonté, ramener l’œuf là où il doit être, en Amerzone, quoi qu’il en coûte. Et il est évident que nous acceptons. Nous voilà donc embarqué dans un voyage vers l’inconnu. Mais avant de partir, nous devons bien trouver un moyen de transport: l’Hydraflot. Cette vieille guimbarde aux allures bien étranges est notre seul moyen de nous rendre dans ce pays éloigné, sur lequel pèse une mystérieuse légende.

C’est peu ou prou le postulat de départ de L’Amerzone: Le Testament de l’explorateur et le contenu de la démo publique. Et je me garderai évidemment d’aller plus loin dans les détails de son scénario. S’il est peu bavard, L’Amerzone a pourtant énormément de choses à raconter que cela soit au travers de ses collectibles, qui serviront à résoudre différentes enquêtes, mais aussi au travers de son gameplay, sur lequel je reviendrai évidemment.
Accepter ce voyage, c’est accepter de se prendre une claque magistrale tout au long de sa dizaine d’heures. Oui, je ne prends ici aucune pincette pour vous dire que L’Amerzone est une merveille, qu’elle soit scénaristique, narrative, mais aussi d’écriture. Parce qu’il n’y a pas d’autre mot pour le décrire. Mais s’il est aussi spécial c’est aussi grâce à son univers, entre science fiction, fantastique, légende locale, folklore et l’aventure, la plus pure et la plus simple qui soit en terrain inconnu ainsi qu’à une ambiance unique et dépaysante. L’Amerzone est un jeu qui prend son temps pour répondre à nos questions. Chaque nouvelle étape, chaque pas franchi nous récompense de la plus belle des manières, rouvrir un nouveau pan de son lore et de son histoire.

En 1999 comme en 2025, L’Amerzone est un point’n click en vue à la première personne. Pas de déplacement libre, pas de liberté à proprement parlé, il suffit juste d’interagir là où le jeu nous le permet. De facto, le tout se révèle assez simple mais particulièrement systémique. Tout le gameplay, notamment les nombreuses énigmes qu’il nous faudra résoudre tout au long de l’aventure pour arriver à notre mystérieux point de chute, s’imbrique parfaitement pour servir son univers et surtout sa narration sans qu’il n’ait besoin de partir dans de longues tirades le tout avec une cohérence maladive. Et c’est là toute la magie de l’Amerzone. En résulte un jeu qui passionne, qui nous scotche manette en main et qui ne laisse aucun répit émotionnel.
Un mot sur l’Hydraflot, cette mystérieuse invention, ce moyen de locomotion pour le moins atypique. Faisant partie intégrante de l’aventure, il est lui aussi ancré dans la narration, devenant presque un personnage clé à part entière du voyage. Monter à bord de l’Hydraflot est synonyme d’une avancée majeure dans notre périple et on en viendrait même à s’attacher à cette machine.

Le gameplay de l’Amerzone se résume globalement à résoudre une succession d’énigmes, en résoudre une permettra de résoudre la prochaine et ainsi de suite. Pour ceux qui se poseraient l’éternelle question de ce qu’apporte ce remake, il faut savoir que Microids Studio Paris a pris le grand soin d’ajouter, de refaçonner et moderniser les énigmes de l’époque permettant ainsi d’allonger sa durée de vie de façon assez significative (on parle ici d’un jeu d’une dizaine d’heures contre environ 4h à l’époque). Ainsi donc, certaines énigmes ont été rallongées, développées, non pas artificiellement mais bien pour apporter une plus-value au gameplay original. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il rempli sa mission haut la main.
Réputé pour être un jeu difficile à l’époque, les énigmes sont ici plus intuitives, pêchues, et même logiques (en tout cas en mode voyage). Tout est question d’observation et d’un certain sens de la déduction. Mais en tant que remake, il a pour vocation à s’adresser aux anciens joueurs, ceux des années 2000 mais aussi, comme moi, ceux qui découvrent l’aventure. Il dispose donc d’un système d’indices intelligent dont le joueur a les commandes. Il n’est pas intrusif et c’est le joueur qui décide de dévoiler ces indices, à son bon vouloir.
Mais son ambition, au delà de proposer un bête remake, était de rendre hommage à son créateur originel: Benoît Sokal, qui nous a quitté en 2021. Tout en s’appropriant cette revisite du premier jeu du dessinateur, Microids Studio Paris a pris le soin de le respecter, en tant qu’œuvre. Là encore, cette envie, cette ambition, cette volonté en est presque palpable, et ce même si on découvre à peine le jeu. Une certaine émotion s’installe au fil des heures, jusqu’à sa toute fin. Un hommage, l’héritage de l’œuvre de Sokal.

Remake oblige, tout a été modernisé. Ses icônes en premier lieu mais évidemment toute la partie graphique entièrement refaite sous Unreal Engine 5. Le studio nous propose ici une Amerzone éblouissante, dépaysante, à l’ambiance singulière. Toutefois, on lui regrette quelques inégalités notamment sur certaines textures qui manquent d’un petit peu de polissage. Pour autant, L’Amerzone est de toute beauté malgré ces quelques faiblesses, relatives. Ses jeux d’ombres, de lumières, ses intérieurs, ses panoramas, sa direction artistique nous transportent dans son univers bien à lui. Son sound design n’est pas en reste et nous immerge à chaque instant. Le piaillement des oiseaux, chaque bruit sous nos pas, le crissement du bois, la taule de l’Hydraflot qui claque, chaque minute, chaque seconde est un régal sonore (pour votre information, j’y ai joué au casque, faites de même).
Pour la partie musicale, c’est Inon Zur (déjà à l’œuvre sur de nombreux épisodes de Syberia, Fallout, ou encore Dragon Age) accompagné de son fils Ori qui sont sur la composition des pistes. Et que dire de plus si ce n’est qu’ils nous proposent ici un travail d’orfèvre. L’OST est d’une beauté subjuguante dans laquelle chaque note est un réel frisson. De son thème principal, en passant par un certain nombre de pistes qui se déclenchent au fil de notre voyage, l’immersion est au rendez-vous tant par la douceur des mélodies que par les instants qu’elles marquent.


En 2025, 26 ans après sa sortie initiale, la magie de L’Amerzone est époustouflante et saura toucher les aventuriers en herbe en plein cœur. Et alors que cela fait plusieurs jours que j’ai terminé le jeu, je n’ai qu’une envie: y retourner. Un voyage paisible, où règne la solitude mais aussi ce mystère de l’œuf, cette invention saugrenue mais qui relève du génie qu’est l’Hydraflot, cette faune si spéciale, ses paysages, cette ambiance, cette musique. Je pourrai vous parler de la beauté de l’Amerzone, en tant que jeu, en tant qu’œuvre, en tant qu’aventure, tant je me suis pris une claque magistrale, pendant des heures. Un voyage inoubliable, une aventure unique, un jeu qui ne ressemble à aucun autre. Plus qu’un remake, un hommage. Plus qu’une aventure, un voyage. Et alors que je ressasse mon expérience durant cette dizaine d’heures pour lui trouver des défauts, je ne lui en trouve aucun, aucun d’assez significatif qui pourrait renverser l’admiration et l’amour profond que j’ai aujourd’hui pour ce jeu.

- Amerzone synonyme d’Aventure avec un grand A
- Le gameplay systémique, tout s’imbrique de façon logique, fluide et avec une cohérence maladive
- Une histoire et un univers passionnants et envoutants
- Un système d’indices qui n’est pas intrusif
- L’Hydraflot, un compagnon de route auquel on s’attache
- L’OST, une merveille
- Tout simplement magnifique

- Quelques inégalités graphiques (vraiment parce que je chipote)