[ Test ] Creatures of Ava – Une fable engagée pertinente et intelligente

Fort de son expérience sur son premier jeu vidéo, Effie (sorti sur Xbox One, PS4, Nintendo et PC), ainsi que de ses 4 jeux mobiles pour IOS et Android, le très jeune studio Inverge Studio, basé à Valence en Espagne, nous propose sa plus grosse production à ce jour avec Creatures Of Ava, en collaboration avec Chibig (Koa, Ankora, et prochainement Mika and the Witch’s Mountain), avec à l’édition 11 Bit Studios (Indika, The Invincible, The Thaumaturge, This War of Mine, The Alters, Frostpunk). Prévu le 7 août sur Xbox Series S/X et PC mais aussi prévu dans le Game Pass dès sa sortie, la nouvelle production du studio souhaite nous offrir beaucoup d’aventures, de dépaysement et de créatures toutes plus insolites les unes que les autres. Après l’avoir fini une première fois, je vous propose ce que j’en pense dans les lignes qui vont suivre.

Vous incarnez la très jeune et intrépide Victoria Hamilton qui a pour mission d’investiguer sur la planète Ava pour le compte d’une société technologiquement avancée afin de faire toute la lumière sur le mystérieux phénomène du « Dépérissement » qui menace, à lui tout seul, l’écosystème tout entier de la planète.

C’est peu ou prou le scénario du jeu, expurgé de tout divulgacheur, de ce Creatures of Ava qui vous offre à la fois beaucoup d’aventure, d’exploration, de récompenses à votre curiosité mais aussi la possibilité, non pas de capturer les créatures comme un simili Pokémon, mais bel et bien de les sauver à l’aide d’un drone de récupération.

L’écriture, au travers de la narration, s’est vu offrir le renfort d’une certaine Rhianna Pratchett que je ne vais pas présenter mais pour la petite anecdote, durant toute mon aventure, son influence est palpable puisque je n’ai cessé de penser à son Tomb Raider de 2013. L’écriture, parlons-en, puisque le regard que pose l’œuvre sur nous en tant qu’humanité lors des échanges avec les habitants d’Ava se permet certaines fulgurances et soulève, pour moi, quelques points de débats que j’ai trouvé très intéressant.

Un mot sur les influences, durant toute mon aventure, Creatures of Ava m’a fait penser à un mix entre Avatar de James Cameron (les similitudes sont assez évidentes) et Tomb Raider, évidemment. Je vais néanmoins éviter de trop vous en dire puisque je ne souhaite pas vous spoiler des aspects du jeu qui méritent d’être découverts par vous-mêmes.

Du côté du gameplay, sachez que ce Creatures Of Ava se veut être un TPS (vue à la troisième personne) et que pour progresser dans l’aventure, vous devrez résoudre des énigmes environnementales à l’aide des pouvoirs contenus dans votre équipement mais aussi à l’aide des capacités des créatures que vous aurez amadouées à l’aide des mélodies que vous émettrez avec votre flûte. Ces capacités vous permettront de créer de nouveaux passages nécessaires à progresser toujours plus loin dans votre aventure. De plus, sachez qu’il y aura pas mal de grimpette à faire (gardez tout de même à l’esprit que nous ne sommes pas dans un Tomb Raider). Pour finir, il y a un peu de combats au programme vous demandant de vous servir de vos pouvoirs pour calmer les créatures (et non pas de les tuer). La boucle de gameplay est simple et très efficace et on sent que le studio a voulu faire les choses bien, en tout cas c’est ainsi que je l’ai ressenti.

Vous pourrez donc explorer 4 biomes différents (la prairie, la jungle, les marais et les dunes), chacun recélant ses propres créatures, ses paysages à couper le souffle, ses collectibles et ses mystères qui n’attendent plus que vous pour les trouver. Un contenu qui se révèle donc plutôt généreux pour une production indépendante.

Parlons rapidement des graphismes. Je ne vais pas épiloguer sur ce point très précis : Creatures of Ava est magnifique. Dans sa direction artistique pour commencer, cela regorge de couleurs, tout le temps, partout. De plus, les multiples panoramas que nous offre l’aventure sont un dépaysement total et j’ai toujours eu cette envie de me poser quelque part pour observer les décors, et aussi beaucoup me balader en errant sans véritable but juste pour le plaisir de la découverte et des yeux. Pour finir, mais les captures d’écran parleront plus à ma place mais la patte graphique est elle aussi vraiment jolie.

Parlons maintenant de la technique. Si, au début de l’aventure, dans le premier biome, je n’avais pas de gros problèmes mis à part la caméra qui faisait n’importe quoi dans les endroits exigus, il me faut malheureusement vous dire que cela se gâte dès que vous arriverez dans le second biome. Sans avoir le moindre freeze ou retour au dashboard, Creatures of Ava m’a tout de même gâté avec ses multiples ralentissements, intempestifs, son clipping ainsi qu’un retard d’affichage dans ses textures. Sans parler d’un souci avec les créatures, qui parfois, alors même que j’utilisais la flûte, ne voulaient pas du tout me suivre. Je finirais par vous parler d’un bug qui m’a fait obtenir un succès gratuitement qui m’a fait un peu rire (mais là c’est à mon avantage). Sans que j’en sois réellement témoin, un sombre bug lors d’une cinématique.

Nous en sommes donc à la partie où je vous donne mon avis. J’attendais ce Creatures of Ava pour sa promesse d’aventures en tous genres et j’ai été plus que servi. Je n’ai pas cherché, en amont, à me renseigner plus que cela sur la proposition faite par le jeu et la surprise fut totale. J’ai vraiment passé un très bon moment aux côtés de l’intrépide Victoria Hamilton dans sa quête pour sauver Ava et le concept même du jeu, sauver les créatures (et non pas les capturer ni les tuer) est une proposition audacieuse, au service de sa narration qui évoque des sujets que je juge pertinents (l’écologie pour ne citer que ce thème bien précis). Néanmoins, il y a quelques petites choses qui m’ont un peu chagriné durant mon aventure puisque pour commencer, il n’y a pas de mode photo. Pour une œuvre aussi belle (et ce reproche concerne toutes les œuvres vidéoludiques qui nous propose des superbes graphismes mais sans mode photo à sa sortie), c’est franchement dommage.

De plus, pour une œuvre portée sur l’aventure, fermer l’accès des biomes après avoir complété son histoire est un peu singulier puisque l’un des maitres mot de l’aventure, c’est la liberté. Je trouve donc que ça le fait un peu mal de bloquer des biomes après notre passage. J’aurais aimé une nouvelle partie + pour refaire l’aventure avec toutes les compétences déjà débloquées. Je finirais par évoquer les nombreux bugs que j’ai essuyé durant mon aventure. Rien de très grave non plus (un petit patch devrait régler les problèmes) mais cela a tout de même joué un impact lors de mes sessions. Je me répète, ce n’est pas non plus dramatique en soit, puisqu’aucun n’a bloqué ma progression, mais je pense que le développement fut compliqué pour le studio et je ne cherche pas non plus à le casser plus que nécessaire puisqu’il ne le mérite pas. Il mérite avant tout notre soutien puisque Creatures of Ava est une nouvelle IP, ambitieuse et a le mérite d’avoir une proposition rafraichissante tout en étant engagée.

Un très jeune studio de 14 membres (oui je compte le chien !) qui nous propose une œuvre engagée, intelligente, pertinente et inédite ? J’ai signé de suite et je n’ai pas regretté d’y avoir jeté mon attention puisqu’à l’arrivée, j’ai été plus que bien servi. Une aventure écologique, chatoyante, dépaysante, poétique, voilà comment je résume Creatures of Ava. Sans ses petits soucis techniques, il aurait décroché ses cinq étoiles avec un immense plaisir mais les cicatrices d’un développement loin d’être simple sont palpables. Mais retenez bien une chose : si le sujet de l’écologie vous parle, foncez lui donner une chance puisque vendu à un petit prix mérite votre attention (sans oublier sa disponibilité dans le Game Pass). Une fois de plus, 11 Bit Studios fait fort et nous offre une nouvelle fois une pépite qui restera gravé dans un coin de mon cœur de joueur.

• Une fable écologique engagée d’une pertinence rare dans notre média
• Une aventure dépaysante
• Une magnifique direction artistique
• Le fait de sauver les créatures, un point précis, au service de son scénario
• Une grosse durée de vie au rythme solide
• Victoria Hamilton, attachante et humaine

• Une technique compliquée qui vous demandera d’être aussi compréhensif/ve que je le suis
• Pas de mode photo, une hérésie pour une œuvre aussi belle
• J’aurais aimé une Nouvelle Partie +
• Le fait de bloquer les biomes après notre passage, c’est contreproductif pour une œuvre portée sur l’exploration et l’aventure